Ce matin Michèle Alliot-Marie était entendue par la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale.
Pour la première fois et en violation de tous les usages parlementaires, le Président de la Commission Axel Poniatowski a décidé de limiter les échanges à quatre questions, une par groupe politique. Sur une heure d’audition, la Ministre a parlé 52 minutes et les Députés 8 minutes.
Les Députés non-inscrits étaient par avance interdits de parole. Les autres parlementaires étaient aussi scandalisés d’être bâillonnés. Mais j’ai été le seul, une nouvelle fois, à protester.
Sur le fond, Michèle Alliot-Marie n’a fait que justifier l’injustifiable, oubliant au passage qu’elle avait refusé de condamner la violence policière du régime BEN ALI lors de son intervention aux questions d’actualité à l’Assemblée Nationale, mardi dernier.
Le Général de Gaulle affirmait qu’il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde. Force est de reconnaître que le gouvernement a été, dans cette affaire, d’une petitesse à faire honte.
En effet, si on peut comprendre la difficulté à critiquer un régime en place au nom d’un principe de non ingérence, on ne peut pas accepter le silence total et, pire, la proposition d’une aide policière française, même pour éviter le sang lorsqu’un régime tire sur la foule faisant des dizaines de victimes.
Au-delà des fautes du gouvernement, force est de reconnaître le réveil bien tardif de la classe politique dans son ensemble. Je crois d’ailleurs avoir été l’un des seuls à évoquer le départ de BEN ALI, ce qui est stupéfiant.
En vérité, il s’agit bien là d’une faillite morale, d’un manque de sens de l’Histoire, d’une forme de mépris pour les peuples.
Comment s’en étonner dans un pays qui, en 2007, a osé approuver par le Parlement, le traité de Lisbonne qui était la copie conforme du Traité Constitutionnel rejeté par référendum en 2005.
Violation de la démocratie préméditée et théâtralisée par la majorité de l’UMP et du PS.
A force de s’asseoir sur les valeurs de la République, l’oligarchie politique et économique, qui gouverne la France a perdu toute humanité. Ce faisant par son insensibilité, elle commet des fautes lourdes qui vont à l’encontre des intérêts de la France.
Notre pays a toujours eu des hauts et des bas, des forces et des faiblesses. Aujourd’hui la situation est d’autant plus grave que le bateau n’a plus de gouvernail. La vertu au sens ancien, la différence entre le bien et le mal n’imprègne plus les cerveaux. Alors, tout est possible.
Cela me rappelle le magnifique livre de Marc Bloch : « l’étrange défaite ».
Pour autant ne cédons pas au pessimisme car l'exemple tunisien prouve bien que les peuples encaissent jusqu'au moment où ils se réveillent.
Nicolas Dupont Aignan