HD : Comment faire, pour que la gauche « remette les yeux en face des trous », pour reprendre une de vos expressions ?
JPC : Après leurs séjours prolongés dans le bain acide du néo-libéralisme, il faut dépasser la droite et la gauche telles qu’elles sont devenues, l’une ayant tourné le dos à la nation, l’autre aux couches populaires par une stratégie de rassemblement républicaine sur un projet de gauche profondément renouvelé. Il faut une gauche rassembleuse sur un projet de redressement de la France dans l’Europe et de l’Europe elle-même. Une Europe fondée sur les nations qui sont les cadres essentiels de formation de la volonté démocratique. C’est en s’appuyant sur la volonté démocratique des peuples qu’on redonnera l’élan à l’Europe et à ses nations.
Avoir « les yeux en face des trous » c’est comprendre que la crise est devant nous et s’armer pour y faire face, c’est savoir qu’en dernier ressort on ne pourra s’appuyer que sur la souveraineté nationale pour redresser l’Europe. La France doit peser pour amener le gouvernement allemand à revoir ses priorités budgétaires et monétaires dans l’intérêt de l’Europe et de l’Allemagne elle-même, qui n’a pas intérêt à une récession européenne généralisée. C’est aborder la crise de l’euro de préférence en en changeant les règles du jeu pour préserver l’euro et sinon en préparant un plan B en changeant de jeu- monnaie commune-SME bis- pour enrayer la désindustrialisation qui fragilise notre modèle social.
C’est également assumer les valeurs qu’avait su assumer la Troisième République et soi dit en passant le Parti communiste à la Libération dans des domaines comme l’école, la science, les valeurs de la connaissance, l’effort, le souci de la sécurité, et enfin le civisme qui ne va pas lui-même sans le patriotisme… Nous ne devons pas laisser ces valeurs à la droite. Bref, nous devons rompre aussi avec l’héritage libéral-libertaire.
HD : Quel regard portez vous sur ce qui se passe à la gauche du PS ?
JPC : Ce qui se passe à la gauche du PS m’intéresse. Jean-Luc Mélenchon n’a pas toujours eu les même choix que les miens. Il était pour le traité de Maastricht, mais à tous pécheurs miséricorde ! Je lui trouve un certain mérite. Il a eut la volonté de rompre avec le PS. Mais est-ce qu’il suffit de créer un pôle de radicalité ou un pôle de gauche à coté du PS ? Est-ce qu’il ne faut pas avoir une ambition plus large ? C’est là que se trouve la pertinence de l’idée républicaine, pour rassembler plus largement, pour imprimer un autre cours à la politique Française. Le Front de gauche, à mon sens, porte certaines ambigüités sur la nation, la souveraineté nationale et le bon usage que l’on peut en faire pour rassembler, redresser la construction européenne et peser sur le cours de la politique allemande actuelle pour pouvoir l’amener l’Europe et l’Allemagne, encore une fois dans son intérêt même, à revenir sur un certains nombre de choix budgétaires et monétaires qui risquent de plonger l’Europe dans une profonde régression.
HD : Serez-vous candidat à l’élection présidentielle de 2012 ?
JPC : Je constate une chose, dans le système politique actuel, la seule véritable occasion de peser c’est la présidentielle. En 2012, il faut un candidat républicain avancé et capable de rassembler largement. Je n’en écarte pas l’hypothèse, y compris pour moi-même.
Propos recueillis par Stéphane Sahuc