Hier, Nicolas Sarkozy a tenu une conférence de presse sur les questions internationales, histoire de se présidentialiser un peu plus. Outre les sujets d’actualité récente, il a longuement développé son agenda de réforme du capitalisme. Pas de révolution en vue…
De l’ambition à la sobriété
Il y a encore peu de temps, Nicolas Sarkozy parlait de nouveau Bretton Woods et de la nécessité de refonder un capitalisme qu’il convenait de moraliser. Il n’avait pas de mots assez durs contre les spéculateurs, les banquiers ou les paradis fiscaux. Le président de la République, qui préside le G20 cette année, assurait que grâce à son action, le cas de ces trous noirs de l’argent sale avait été traité. Las, déjà sur ce sujet, il pêchait une nouvelle fois par fanfaronnade.
Comme le montre bien Hervé Nathan, Nicolas Sarkozy a de lui-même considérablement réduit les ambitions pour cette année 2011. Les trois priorités fixées par la présidence Française n’étaient pas inintéressantes (réforme monétaire, règles sociales pour la mondialisation, maîtrise des prix agricoles), mais alors qu’il se met au travail, il abandonne le lyrisme devant la petitesse de ce qu’il s’apprête à réaliser. Nous sommes bien loin des accents de 2008-2009.
La régulation ultralégère
Sur les questions monétaires, si certains problèmes sont bien analysés, pas une réponse sérieuse n’est proposée puisqu’il n’y a pas de remise en cause du dollar ou de la libre-circulation des capitaux et que la mise en place d’une taxe sur les transactions financières est exclue en solo. Comment ne pas halluciner en constater que l’agenda se limite à l’établissement de « critères du déséquilibre » ? Pas besoin de réfléchir aussi longtemps : les balances des paiements sont un bon indicateur…
De même, vouloir instaurer des règles sociales au sein du G20 est totalement illusoire. Déjà que les pays européens n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le sujet, alors mettre l’Europe et la Chine d’accord est inimaginable. Enfin, sur les prix agricoles, il propose une régulation de la spéculation dont on se doute qu’elle ne sera pas bien sévère et une plus grande transparence des stocks. Bref, ce n’est pas ce G20 qui va mieux encadrer l’anarchie économique actuelle.
Par-delà le retour à la réalité soudain de Nicolas Sarkozy, il est triste de constater à quel point les leçons de la crise n’ont pas été retenues. Rien ne sera fait avant une nouvelle crise. Cela démontre également les limites des forums trop importants pour réformer quoique ce soit.
Laurent Pinsolle
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