Le Parlement étudie en ce moment un texte qui pourrait rendre l’euthanasie plus facile en allant plus loin que la loi Léonetti. Malheureusement, une partie de l’UMP et François Fillon freinent des quatre fers sur un sujet où l’influence religieuse semble forte…
Un débat très vif
Le débat sur l’euthanasie ressurgit fréquemment dans l’actualité. Le cas de Chantal Sébire, une femme défigurée par la maladie, percluse de douleurs et désireuse de pouvoir mettre fin à sa vie quand elle le souhaitait avait ému beaucoup de Français. En effet, la seule chose possible légalement aujourd’hui est l’euthanasie passive, qui consiste par exemple à ne plus nourrir la personne, mais cette issue peut aboutir à une fin de vie absolument atroce et inhumaine.
Le premier projet de loi présenté au Parlement était équilibré et représentait une avancée majeure dans la mesure où il légalisait l’euthanasie active en instaurant tout de même les précautions nécessaires pour éviter le moindre abus avec notamment la création d’un collège de médecins chargés de confirmer le choix du malade souhaitant mettre fin à ses jours. Malheureusement, le Sénat vient d’introduire des amendements vidant de sa substance le texte initial.
De l’humanité et de l’état de nature
Il est bien évident qu’une légalisation de l’euthanasie ne peut être envisagée que dans un cadre équilibré et protégeant de tout abus, garantissant la volonté durable du malade de mettre fin à ses jours. Et cela me semblait être le cas du texte proposé initialement. Il est malheureusement assez clair que les croyances religieuses jouent un rôle dans l’opposition d’une partie de la droite à cette loi, comme le sous-entend à bas mot François Fillon dans une tribune au Monde.
Pourtant, la légalisation de l’euthanasie semble pourtant la solution la plus humaine pour des malades en phase terminale, souffrant de leur maladie, et préférant mettre fin à leurs jours sans en avoir la force. N’y a-t-il pas un côté inhumain à refuser qu’un homme ou une femme ne puisse pas abréger ses souffrances ? De multiples cas montrent clairement que la voie la plus humaine est de redonner à l’homme la maîtrise de sa vie, fût-ce pour y mettre fin volontairement.
La volonté d’interdire cette pratique me semble vouloir imposer la règle de la nature à l’homme, niant quelque part notre humanité qui consiste si souvent (et pas toujours pour de bonnes raisons, il est vrai) à dépasser cet état de nature pour établir de nouvelles règles. Et dans ce cas précis, cette règle me semble aller dans le sens d’une plus grande humanité dans le bon sens du terme : épargner des souffrances inutiles et reconnaître à ceux qui le souhaitent le contrôle de leur vie.
Bien sûr, des gardes fous solides doivent être mis en place pour éviter qu’une euthanasie soit décidée sur un coup de tête. Mais cela semblait bien pris en compte par le projet de loi initial. Dès lors, il est très regrettable qu’une partie de l’UMP mette tout son poids pour le remettre en cause.
Laurent Pinsolle
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