Samedi se tenait la Convention Nationale sur l’école républicaine de Debout la République, qui réunissait Luc Ferry, Natacha Polony, Marc Le Bris, Claire Mazeron, Mickaël Devaux et Olivier Arsac. Des intervenants de grande qualité qui ont dessiné ce à quoi pourrait ressembler notre école.
Un constat sévère
« Les pessimistes sont des optimistes bien informés » : c’est par cette citation que Natacha Polony a débuté son intervention. Et il faut dire que tous les participants partageaient une grande noirceur dans leur portrait de l’éducation nationale Française aujourd’hui. Luc Ferry voit quatre problèmes majeurs : l’illettrisme, qui touche de manière stricte 10% des enfants (30% étant en difficulté au sens large), la violence, le fait que 20% des élèves sortent sans rien et la crise des vocations scientifiques.
Claire Mazeron a parlé de « massification sans démocratisation » en soulignant qu’alors que les enfants de cadres représentent 11% de la population mais 47% des élèves de Grandes Ecoles (contre 25 et 3% pour les enfants d’ouvriers). Tous ont souligné la baisse générale du niveau pour atteindre 82% de réussite au bac (et 98% sur deux ans !). Elle a également souligné la baisse du nombre de candidats au CAPES et la baisse de niveau des futurs professeurs, comme Marc Le Bris.
Les raisons d’une telle déroute
Les intervenants se sont très largement accordés sur ce sujet. La suppression du redoublement a notamment été évoquée par Claire Mazeron qui souligne qu’en 1995, 11% des élèves de 5ème redoublaient, chiffre tombé à 3.6% aujourd’hui. Les intervenants ont critiqué le fait de faire passer des élèves qui n’ont pas le niveau et qui ne rattrapent jamais le temps perdu (80% des enfants qui ne savent pas lire à la fin du CP ne rattraperont jamais ce retard).
Ils ont tous fortement attaqué les méthodes pédagogistes et l’idéologie de l’enfant roi que l’école devrait seulement permettre de s’épanouir. Olivier Arsac nous a montré des documents ubuesques d’apprentissage à la lecture basés sur la forme globale des mots. Dans un brillant exposé, Natacha Polony a souligné le rôle de l’école pour faire des élèves des citoyens appartenant à une collectivité. Pour elle, l’épanouissement n’est pas le but, mais la conséquence.
Comment refonder l’école de la République ?
Là encore, les intervenants, malgré des cursus très différents, s’accordaient sur les solutions. Ils ont tous insisté sur la nécessité de revenir aux méthodes traditionnelles et réduire les enseignements exotiques qui diminuent les horaires des matières nobles jusqu’à l’absurde (4 heures de mathématiques en 1ère S à la prochaine rentrée contre 7 heures il y a dix ans, comme l’a dit Olivier Arsac). Tous ont également souligné le rôle du politique pour soutenir la réforme face à certains médias.
Luc Ferry a insisté sur le CP, parlant de son projet de dédoubler les classes pour les écoles en difficulté. Mickaël Devaux a proposé trois grands axes : l’autorité (en éloignant les élèves perturbateurs), le jugement, en soulignant le rôle structurant des notes qui permettent de s’évaluer par rapport aux autres et l’humilité en affirmant que « les sciences de l’éducation ne sont pas des sciences, mais de l’art ». Nicolas Dupont-Aignan a clôturé la convention par un discours très proche de celui des intervenants.
Ce résumé ne donne qu’un petit aperçu de la richesse des interventions toutes plus passionnantes les unes que les autres. La réforme de l’éducation nationale mérite définitivement d’être un débat majeur en 2012.
Laurent Pinsolle
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