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Créé le : 10/01/2011 15:32
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Fronde judiciaire : attention à ne pas faire le jeu de Sarkozy

08/02/2011 09:56

Fronde judiciaire : attention à ne pas faire le jeu de Sarkozy


Pour Philippe Bilger, le pouvoir politique cherche à alimenter la défiance de l'opinion publique envers la communauté judiciaire. Du coup, la grève des audiences risque selon lui de discréditer davantage la profession, qui doit regagner le respect à l'égard de l'opinion et du pouvoir politique.


Les récents propos du président de la République, la forte contestation judiciaire qui les a suivis, Jean-François Copé et quelques autres à l'UMP s'attachant à les défendre, enfin la réaction du garde des Sceaux cherchant à les expliquer et à les noyer dans un océan de rondeurs et de compréhension générale méritent qu'on tente d'aller plus loin que la controverse immédiate et virulente. Il me semble en effet que ces polémiques ne ressemblent pas aux précédentes, qu'elles sont révélatrices d'un climat démocratique préoccupant où les institutions ne se respectent plus, où la suspicion des uns s'affronte au mépris des autres et où, en définitive, la paix de la République est quotidiennement troublée (Le Monde, nouvelobs.com, Marianne 2, Le Figaro).

Quand Michel Mercier souligne que le président de la République n'a fait qu'exprimer « ce que ressentent les Français », je ne crois pas que ce soit totalement vrai. On espère leur faire ressentir, à la suite de ce terrible drame qui nous affecte et nous traumatise tous comme Yves Charpenel l'a très bien rappelé (Le Parisien), un sentiment d'hostilité à l'égard de la communauté judiciaire en aggravant un discrédit dont elle pâtit déjà à cause de certaines de ses pratiques. Il se trouve qu'en l'occurrence les magistrats mis en cause par le président, pour ne parler que d'eux, n'ont pas à être incriminés mais qu'ils ont été les victimes d'un pouvoir politique inefficace, voire impuissant. Cela ne rend pas moins insupportables les carences nantaises mais oblige, par honnêteté, à « cibler » qui les approuvent - là où ils sont, ont-ils un autre choix qu'une liberté domestiquée ? - croient jouer sur du velours en se livrant à cette offensive dont je suis persuadé qu'au fond de lui, l'élan agressif d'Orléans étant derrière lui, le chef de l'Etat la perçoit injuste. Il est clair que sur le plan de la tactique, pour un gain apparent, cette inéquité du discours présidentiel entraînera une triple conséquence négative. Elle ne fera pas gagner un pouce sur le Front National, ne rameutera pas les sarkozystes déçus et accentuera le ressentiment citoyen fondé sur le fait que les politiques ont et se donnent tous les droits, l'exemple désastreux de MAM étant éclatant sur ce point. Je suis sûr que Nicolas Sarkozy, en revanche, retrouverait une adhésion forte s'il se rappelait qu'il est le garant de l'indépendance de la magistrature et donc de sa sérénité et s'il veillait par ailleurs, dans l'exercice du pouvoir, à ne jamais laisser soupçonner l'injustice d'un « deux poids deux mesures ». Jeter du gros sel sur les plaies vives ne fait qu'exacerber alors qu'on attend du président - ce qui n'est pas du tout contradictoire avec le désir d'action - qu'il apaise et unifie.

Pour ma part, aussi critique que je puisse être avec cette dernière démarche présidentielle, j'estime aussi que la magistrature et ses syndicats s'honoreraient en ne mettant pas en œuvre dans l'ensemble de la France judiciaire une grève des audiences (sauf les urgentes) jusqu'au 10 février, journée qualifiée d'action nationale. Nous avons eu la suspension de quelques heures décidée dans l'urgence à Nantes et elle était justifiée. Aller au-delà serait maladroit et dangereux.

D'une part, cela ferait clairement le jeu du président de la République qui pour le coup bénéficierait de la désapprobation publique pour ce type de mesures extrêmes. Autrement dit, ce qu'à Orléans il n'a pas réussi à impulser se verrait réalisé du fait même des magistrats.

D'autre part, il me semble non seulement possible mais souhaitable de favoriser des répliques singulières et/ou collectives au président et au garde des Sceaux - elles abondent et sont utiles - mais il serait absurde de se laisser aller à un mélange des genres. Nicolas Sarkozy a saisi l'ampleur de la fronde judiciaire, il en tirera les conclusions qu'il veut. En tout cas, le mouvement prévu jusqu'au 10 février est superfétatoire s'il vise seulement à alourdir la riposte aux propos présidentiels et à lui adresser un message encore plus déterminé. De sa part et de la nôtre, les positions sont connues et les convictions arrêtées. En revanche, au bout de cet antagonisme, c'est le citoyen auquel dans ce débat on ne doit pas porter préjudice qui va devenir la victime de ce blocage des audiences, les magistrats confortant ainsi une idée fausse mais ancrée que leur profession est ordinaire, qu'elle autorise des coupures de cette importance et que pour tout dire, devant les défis de la justice au quotidien, ils vont se dérober avec bonne conscience. Il y a mille manières de se battre, de protester, de libérer une parole de vérité, aussi éloignée du corporatisme qui nous est souvent reproché à juste titre que d'une complaisance suspecte à l'égard du pouvoir, quoi qu'il ait accompli ou non. Il est tactiquement et profondément contre-productif de donner des verges pour nous faire battre quand ceux qui n'estiment pas notre corps et notre beau métier n'en avaient pas trouvé par eux-mêmes. Ce qui a changé dans le climat d'aujourd'hui, et depuis quelques mois, c'est que la gestion calamiteuse et, à la fois, partisane de certains dossiers politico-médiatiques et, plus globalement, l'évolution de l'image politique auprès des citoyens ont favorisé l'effacement de ce sentiment capital en démocratie et qui est le respect. Le respect du pouvoir pour l'institution judiciaire, ce qui n'exclut pas les critiques légitimes. Le respect de la Justice pour les gouvernants et, au-delà, le monde politique. La magistrature, à tort ou à raison, n'est plus prête à se soumettre avec révérence ou à se laisser flageller avec un masochisme peureux. Non pas tant parce que les procès qui lui sont faits seraient toujours injustes ou de mauvaise foi mais parce qu'elle dénie toute exemplarité à ceux qui prétendent les lui intenter. Cette transformation est radicale qui a ajouté à la méfiance politique pour les juges - en dépit de la considération affichée - la désillusion judiciaire à l'égard des politiques. Pas seulement dans le champ de la Justice mais globalement. S'il a existé une période où le pouvoir, les ministres, les députés et les sénateurs ont été parés d'une sorte d'aura de principe, elle est bien révolue. Le respect, de tous côtés, s'est évaporé. Plus personne, ici ou là, ne peut compter sur un capital qui dispenserait d'avoir à offrir la preuve de son excellence.

La démocratie, pour tous, est devenue moins un acquis, une conquête qu'un but, une exigence.

Lire d'autres articles de Philippe Bilger sur
son blog.

Philippe Bilger - Blogueur associé

(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)

http://www.marianne2.fr/Fronde-judiciaire-attention-a-ne-pas-faire-le-jeu-de-Sarkozy_a202616.html






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