On nous disait que l’Europe, c’était la paix, la prospérité, l’emploi. Depuis trois ans, il devient tous les jours plus évidents que ces belles promesses n’étaient que du vent. Le projet européen tel qu’il est aujourd’hui, c’est une politique suicidaire de rigueur et un encadrement bien peu démocratique des Etats.
L’austérité jusqu’à l’absurde
140% du PIB : voici le niveau de la dette Grecque aujourd’hui. Ce chiffre devrait atteindre 165% en 2014 (on annonçait vingt points de moins il y a seulement six mois). Bien sûr, la Grèce porte une très forte part de responsabilité, mais la cure d’austérité sans restructuration de la dette, en ayant fait baisser le PIB de 10% en trois ans, en a encore alourdi son poids. Bref, les politiques suivies à Athènes, Lisbonne, Dublin, et sans doute demain à Madrid sont intenables en l’état.
Anne Dastakian, de Marianne, est revenu dans un papier passionnant sur le cas de la Lettonie, qui préfigure peut-être l’avenir des PIIGS… Ce pays a connu une très forte croissance jusqu’en 2007 avant que la bulle n’explose de manière très violente en 2008. Le PIB a reculé de 22% en deux ans, le taux de chômage a atteint 18%, le salaire minimum a baissé de 20%, celui des fonctionnaires de 30%, de même que les dépenses de santé, suite au plan du FMI.
Mais la Lettonie montre bien l’absurdité de ces plans puisqu’après cette cure d’austérité sauvage, la situation n’est toujours pas assainie. En effet, le chef de mission du FMI prévoit un nouvel ajustement équivalent à 7% du PIB pour 2011-2012. Bref, comme le souligne la journaliste, la crise est plus violente que la Grande Dépression des années 1930 aux Etats-Unis. Pourtant, l’Islande nous montre bien qu’il y a une autre voie que les politiques à la Hoover pour s’en sortir.
L’institutionnalisation de politiques absurdes
Mais le pire semble encore à venir avec cette Europe, qui, pour reprendre un bon mot d’Emmanuel Todd, « utilise sa propre puissance économique pour se torturer ». C’est exactement ce que semble proposer le nouveau plan franco-allemand. S’il y a des idées intéressantes (plancher d’imposition, plan de gestion de crise des banques), le fond du plan risque d’enfermer notre continent dans une stagnation économique prolongée et empêcher toute croissance.
L’Allemagne souhaite mettre fin à l’indexation des salaires sur l’inflation : organisant en clair une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs ! Cette Europe n’a pas compris que la quête sans fin de la compétitivité est totalement illusoire sachant que le salaire minimum au Bangladesh est de trente euros. De combien faudra-t-il baisser les salaires pour que le vieux continent soit à nouveau compétitif à l’échelle mondiale ? Ne faudrait-il pas chercher à éviter une telle course au moins-disant salarial ?
Enfin, le fait de constitutionnaliser des règles budgétaires poursuit la même logique anti-démocratique de cette Europe qui veut absolument limiter le choix réel des citoyens et entraver la marge de manœuvre des gouvernements nationaux. Après la suppression des politiques monétaires nationales avec l’euro, voici que l’encadrement des politiques budgétaires (soumises à la Commission puis encadrées constitutionnelles) promet de ligoter plus encore les capacités d’actions des Etats.
Le seul point positif de ces derniers mois est de montrer le vrai visage de cette Europe, soucieuse d’augmenter son pouvoir et son contrôle des Etats, et qui mène une véritable politique antisociale au service de la finance et des multinationales. Les masques sont tombés : aux peuples de réagir !
Laurent Pinsolle
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