Le débat sur le multiculturalisme cher à Nicolas Sarkozy ressemble à une machine à enfumer selon le collectif « Le Vrai Débat », le chef de l'État ayant toujours été un ardent promoteur du communautarisme. Selon « Le Vrai Débat », la dénonciation du multiculturalisme par le président de la République sonne faux, à moins de deux ans de la présidentielle.
La machine à enfumer va bientôt reprendre du service : en mars, à l'occasion d'un énième « débat » que Nicolas Sarkozy souhaite lancer, cette fois sur le multiculturalisme.
Inutile de décrypter l'énorme ficelle électoraliste qui se cache une nouvelle fois derrière cette opération de pure communication.
Comme d'habitude ce « débat » organisé sous les caméras permettra au chef de l'Etat et à ses sbires de l'UMP de multiplier les discours musclés, aux accents patriotiques et gaulliens.
Comme toujours, il en sortira une ou deux mesurettes destinées à faire croire aux Français que le gouvernement s'est saisi du problème (ainsi, on nous annonce une interdiction des prières dans la rue, pourtant normalement déjà proscrites par les simples règles relatives à l'occupation de l'espace public).
Ce « débat » sur le multiculturalisme ne sera bien sûr que du flan électoraliste.
Le chef de l'État serait même bien inspiré de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans pareille aventure, parce qu'il se pourrait bien qu'elle lui revienne à la figure tel un boomerang non maîtrisé. A cette occasion, les Français pourraient en effet prendre conscience de deux choses qui disqualifient totalement la majorité actuelle dans sa dénonciation du multiculturalisme :
1. D'abord, sous la présidence Sarkozy, les chiffres de l'immigration n'ont jamais été aussi élevés. Nombre de Français, et d'électeurs UMP en particulier, l'ignorent sans doute encore, tant la communication gouvernementale s'est évertuée depuis des années à leur faire croire l'inverse. Et pourtant, selon les propres chiffres du ministère de l'Intérieur, le nombre de titres de séjour est plus élevé que jamais (200 000 environ l'an dernier, soit 25% de plus que du temps de Lionel Jospin). Même chose pour les naturalisations, dont Éric Besson alors ministre de l'immigration disait dans son livre « Pour la Nation » qu'elles étaient en France plus nombreuses que partout ailleurs en Europe (plus de 100 000 par an).
2. Ensuite, les Français finiront de se convaincre que le chantre du multiculturalisme en France n'est autre que... Nicolas Sarkozy. Pétri de culture anglo-saxonne, le président n'a jamais caché son affection pour le modèle communautariste, dont témoignent la présence ostentatoire de tout son gouvernement au dîner du CRIF, ses relations avec le CFCM, et plus généralement sa façon très américaine d'aborder les campagnes électorales et d'appréhender l'opinion publique, par segments.
Rappelons aussi que Nicolas Sarkozy est l'importateur le plus zélé de la discrimination positive, qui consiste à accorder des passe-droits et à créer des passerelles en fonction de la couleur de la peau, à rebours de la méritocratie républicaine qui vise la diversité sociale. C'est bien son gouvernement qui a créé les PACTE, qui permettent d'entrer dans la fonction publique sans concours. C'est bien son ministre en charge de l'immigration qui récompense régulièrement d'un « label diversité » les entreprises les plus en pointe dans le respect de « la charte de la diversité » (dont l'article 3 précise qu'elle vise à la diversité « culturelle et ethnique » dans l'entreprise).
Enfin, c'est Nicolas Sarkozy qui a nommé au poste de commissaire « à la diversité et à l'égalité des chances » son ami Yazid Sabeg, fervent défenseur de la discrimination positive ethnique.
Les revirements électoralistes un an avant l'élection présidentielle ne tromperont donc plus grand monde. La dénonciation du multiculturalisme par Nicolas Sarkozy, et l'UMP (ne parlons pas du PS qui en est au même point) sonne déjà terriblement faux.
Les pommes ne sont pas des poires : le chef de l'État aura bien du mal à cacher aux Français qu'il est sans doute le président le plus en pointe dans l'immigration massive (parce que plus que tous les autres soumis au grand patronat), et de façon certaine le plus imprégné de culture anglo-saxonne, et de culture Benetton !
Qu'il fasse donc très attention : au final, les Français qui l'ignorent encore risquent de s'en rendre compte...