Le président du conseil d’administration de France Télécom quitte sa fonction aujourd’hui. Mais il garde une fonction dans le groupe, une rémunération, ses stocks options, une retraite chapeau. Un traitement extravagant pour un patron honni de ses troupes.
Décidemment Didier Lombard aura tout raté, même sa sortie. Sa démission de son poste de président de France Télécom (Stéphane Richard passant de DG à PDG), était annoncée depuis plusieurs jours. Ouf se disaient les cadres et les salariés du groupe. Une page semblait se tourner. Mais non. Didier Lombard ne part pas tout fait puisqu’on a appris ce matin, en même temps que les résultats 2010, que Didier Lombard demeure auprès du PDG comme « conseiller spécial sur les orientations stratégiques et la vision technologique du Groupe ». Personne ne niera les compétences technologiques de Dider Lombard. Elles sont même tellement envahissantes qu’elles semblent d’ailleurs lui avoir fait perdre l’empathie pour les humains. On se souvient de son expression : « La mode des suicides » !
Mais selon la CGC-Unsa du groupe France Télécom, le maintien de l’ex-président (qui a dépassé l’âge de la retraite, puisqu’il vient d’avoir 69 ans) a des avantages bien plus sonnants et trébuchants que numériques.
Didier Lombard va en effet garder une rémunération d’un niveau encore inconnu. Et il pourra conserver le bénéfice de ses stocks-options, qu’il aurait perdu en cas de départ. Cela tombe bien, il en a 700000 en portefeuille, qui peuvent être exercées jusqu’en 2017. Cela lui permettre de voir venir, puisque le prix d’exercice est de 21,61 euros, alors que le cours actuel est de 17 euros. Ensuite, lorsqu’il quittera son poste, il aura droit à une retraite chapeau équivalente à 20,8% de la moyenne de ses trois meilleures années, soit un revenu garanti de 325000 euros annuels. A peu près le salaire… du président de la République. Vivement la retraite !
En échange, Didier Lombard renonce à 21 mois d’indemnités de départ que le même conseil d’administration lui avait accordés. En fait la ficelle est évidente. L'exercice d'un parachute doré par Lombard était politiquement impossible. Stéphane Richard a donc imaginé un montage plus discret, ou plus « vendable » auprès de l'opinion.
Conclusion (provisoire) : on peut avoir été un des chefs d’entreprises les plus calamiteux (au niveau social), quitter son siège sur un bilan actionnarial déplorable, avoir contribué à affaiblir la filière industrielle française, etc, et partir dans des conditions quasi-royales. Au fait, qui est le principal actionnaire de France Télécom, et compte des représentants au conseil d’administration qui a avalisé ces libéralités extravagantes ? C’est l’Etat ! A tête duquel se trouve un président qui avait annoncé la moralisation des les stocks options et des retraites chapeau. Ah oui ?
Rédigé par Hervé Nathan
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