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Créé le : 10/01/2011 15:32
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La révolte du quai d'Orsay

24/02/2011 18:40

La révolte du quai d'Orsay


Dans une tribune publiée mardi dans Le Monde, un collectif d'une quarantaine de diplomates livre une analyse très critique de la politique étrangère de la France. Les Marly dénonçent autant l'absence de vision politique à long terme que l'amateurisme et le style désordonné de la diplomatie sarkoziste. Une charge virulente mais anonyme qui fait dire à droite que la campagne a commencé.
Après les officiers rebelles du groupe Surcouf qui dénonçaient l’imposture du livre Blanc de la défense, la montée en température des juges, c’est au tour des diplomates de se faire entendre. Le feu couvait sous la cendre.

Depuis la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, la nomination de l’ectoplasmique Kouchner, sans compter le mépris affiché de Sarkozy pour cette administration truffée d’aristocrates encore sensibles à un certain sens de l’honneur, le quai d’Orsay naviguait à vue. 

Le collectif « Marly », un luxueux café situé au Louvre où se réunissait un groupe de diplomates en activité ou à la retraite  pour évoquer la politique extérieure de la France, s’est décidé à tremper, anonymement, la plume dans la plaie de la politique étrangère improvisée du président de la République. 
 
Ambassades sacrifiées, diplomates insultés, nominations précipitées, consignes contradictoires. Leur diagnostic est clair. Trop peut-être: l'influence de la France dans le monde est en recul. «À l'encontre des annonces claironnées depuis trois ans, l'Europe est impuissante, l'Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore !» écrivent les auteurs.

Faisant un parallèle avec la récente mise en cause des magistrats dans l'affaire Laetitia, les diplomates regrettent que : «Quand les événements sont contrariants pour les mises en scène présidentielles, les corps d'Etat sont alors désignés comme responsables». 

Aucune vision diplomatique à long terme
Journaliste au Nouvel Observateur, Vincent Jauvert propose sur son blog le témoignage d’un des membres du collectif : «  Nous nous sommes retrouvés le 9 février dans le musée du Louvre, au café Marly (d'où le nom de notre groupe). Nous étions une demi-douzaine. Nous avons rédigé un premier texte, puis nous l'avons fait discrètement circuler. Au total, une trentaine de personnes (dont une vingtaine de diplomates toujours en activité) ont apporté leur touche à cette tribune ».

Plusieurs éléments auraient motivé cette tribune collective : « le sentiment d'un vide sidéral après la révolution égyptienne, les fuites organisées par l'Elysée contre l'ambassadeur en Tunisie, Pierre Ménat. Puis il y a eu la nomination de Boris Boillon à Tunis. Nous avions appris que Michèle Alliot-Marie avait proposé le nom d'un diplomate aguerri, l'actuel ambassadeur à Tripoli, François Gouyette. Mais l'Elysée a préféré envoyer ce jeune homme impulsif et immature Enfin et surtout il y a le style désordonné, amateur, de la diplomatie sarkoziste, obsédée par les coups. Il n'y a aucune vision à long terme».

Au passage, la tribune insiste sur l'absence de ligne politique, la France et l’Europe inexistants sur la conférence de Copenhague, l’Union pour la Méditerranée en échec,  sans parler de la gestion calamiteuse du dossier Florence Cassez ou encore les réseaux d’intérêts privés, ces visiteurs du soir écoutés par le pouvoir et l’influence de Claude Guéant et Henri Guaino.

Ancien ambassadeur, auteur du livre Les voies de la diplomatie Charles Crettien souscrit à la quasi-totalité des critiques formulées par le collectif : « Tout ce plaidoyer est vrai. Je serais même beaucoup plus sévère au niveau des conséquences commerciales, industrielles, culturelles.Il faut redonner un vrai rôle aux diplomates de carrière et ne pas les mettre sous l’autorité d’un pouvoir politique capricieux. Jean-David Levitte qui prétend tout savoir de la Chine, à Washington, en passant par le Moyen-Orient ne sait pas tout. Le quai d’Orsay est un ramassis de compétences mais ce métier que j’ai adoré est aujourd’hui bafoué. Cette administration est en lambeau.  La seule chose qui me gêne est l’anonymat, sans doute que ceux qui sont en activité ont peur de sanctions de la part de la brave dame qui se prétend Ministre des affaires étrangères » tranche-t-il.
Un ministère des affaires étrangères en vacance depuis 4 ans

Côté politiques, la tribune fait des remous. Membre de la commission des affaires étrangères, le député PRG Paul Giaccobi dénonce une forme « d’arrogance mal placée » et juge « inadmissible que des fonctionnaires expriment publiquement des critiques à l'égard du gouvernement », au nom d'une conception de l'administration vouée au silence. Le député raconte néanmoins sur son blog : «  J'ai auditionné M. Boillon avec mes collègues de la commission des affaires étrangères lorsqu'il était ambassadeur en Irak. Il nous a paru plutôt compétent, intelligent mais manquant de recul et de maturité.  Il n'est pas capable d'exercer une fonction diplomatique dès lors qu'il perd le contrôle de lui-même pour si peu. Il doit donc être remplacé sans délai et muté vers un service d'étude et d'analyse qui lui évite de rencontrer la presse ou des personnalités étrangères. Après les quatre ans de vacances du poste de ministre des affaires étrangères puisque Bernard Kouchner n'a jamais exercé cette fonction, nous nous trouvons confronté à une situation qui pour d'autres raisons est aussi celle d'une vacance ».

Deux anciens « locataires » du quai d’Orsay ont commenté le texte des « Marly ».
Hubert Védrine qui a évoqué un collectif d’une quarantaine d’ambassadeurs estime qu’ils sont «  autant de droite que de gauche. Cela traduit une exaspération professionnelle de la part d'un Corps qui est un des grands Corps de l'Etat, qui a gardé le sens de l'Etat, sur lequel il est facile de taper. C'est une attitude habituelle en France de taper sur le réseau diplomatique alors qu'on a bien de la chance pour 1% du budget de l'Etat. On a bien de la chance d'avoir un réseau mondial diplomatique, consulaire, culturel alors que nous sommes au début d'une époque qui serait une grosse bagarre multipolaire et qu'on a absolument besoin de ça » a expliqué l’ancien Ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin qui, pour sa part, comprend le souci de protestation d’une diplomatie marginalisée et méprisée.

De l'autre côté de l'échiquier politique, Villepin a apporté son soutien aux diplomates : « Je vois notre diplomatie avec inquiétude connaître l'effacement alors même que les évènements dans le monde arabe, de l'autre côté de la Méditerranée, donne raison aux analyses de la diplomatie française. Et je connais aujourd'hui la frustration de ceux qui servent cette diplomatie française, de ne pas pouvoir donner tout ce qu'ils ont à donner ». Etonnant tout de même de la part d’un ancien Ministre des affaires étrangères qui, en 2002, estimait que « deux tiers des ambassadeurs étaient des incapables » d’après les propos rapportés par un haut fonctionnaire dans Les Cents semaines. Villepin vu du Quai, un ouvrage rédigé par un diplomate sous le pseudonyme de Jean Saint Iran.

Une charge à visée politicienne ?

Ancien Ministre de la coopération, Bernard Debré a jugé « vraisemblable qu’il faille tirer les leçons de ce qui s’est passé. On ne peut pas continuer à avoir une politique étrangère aussi affaiblie. C’est Michèle Alliot-Marie, c’est la cellule étrangère de l’Elysée. Le Mexique est une puissance importante, on ne peut pas se permettre d’avoir une relation aussi désastreuse, quelle que soit la culpabilité ou l’innocence de Florence Cassez. Notre ambassadeur en Tunisie n’a pas été d’une grande délicatesse. Devant la donne qui va complètement changer sur le contour méditerranéen, il faut une révision drastique de la politique française».

Du côté du quai d'Orsay ou encore de Henri Guaino, on évoque une charge « essentiellement politique » : « derrière cette petite tribune anonyme, il y a plus de politique que de diplomatie. Michèle Alliot-Marie a une vision pour le quai d’Orsay, elle veut en faire un outil plus performant d’aide à la décision du président de la République, faire du quai d’Orsay un pôle d’influence avec des capacités de prospective. On a conscience qu’il faut être davantage sur le terrain, se rapprocher de la société civile, travailler en réseau, simplifier la remontée des informations» commente-t-on dans l’entourage de la Ministre.

Manœuvre politicienne ou inquiétude corporatiste ? Les deux, mon capitaine ! Evidemment que la tribune des « Marly » fleure bon l’anti sarkozysme, parfois trop systématique et l’anonymat ne plaide pour la cause des « aristos » du quai dans un milieu où l’introspection et l'auto-critique  ne sont pas des exercices très pratiqués. 

En revanche, il n’est plus à démontrer la capacité supérieure
que possède Sarkozy à se faire honnir de « ses » administrations tant il les traite par le mépris.

Sans compter qu’en bâillonnant le Quai d’Orsay et en substituant les relations personnelles aux relations internationales, l’Elysée a fini par discréditer la diplomatie française. Deuxième pays le plus présent en nombre d’ambassades dans le monde, présente au conseil de sécurité de l’ONU, la France dispose encore, malgré les cures d’amaigrissement répétées que subit le MAE, de réels moyens de  faire entendre au niveau international une petite musique diplomatique différente dans la tradition gaullienne. Pourtant, il n’en est rien.  Alors qu’une intense réflexion stratégique se révèlerait prioritaire, la France a fait le choix de faire tourner ses moulins à vents diplomatiques, préservant un réseau conséquent d’outils pour mieux s’aligner sur le plus puissant et se résigner à un suivisme moutonnier. Un alignement onéreux et inefficace pour se faire toujours plus inaudible tant ses messages –quand il en existe- se trouvent brouillés par des querelles intestines et des polémiques stériles.

Régis Soubrouillard - Marianne

 






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