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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Montebourg: pour une diplomatie de transformation du monde

10/03/2011 10:01

Montebourg: pour une diplomatie de transformation du monde


Pour Arnaud Montebourg [1], les révolutions arabes ont dévoilé une image ternie d'une diplomatie française qui a renié ses principes. Le socialiste appelle à la réinventer, en la fondant sur les valeurs universelles qui ont été celles de la France.

Nous assistons ces dernières semaines à l’une de ces extraordinaires accélérations de l’histoire, portées par le sursaut de peuples longtemps privés de liberté et d’espoir. En Tunisie, en Égypte et en Libye, la démocratie et la liberté gagnent la bataille des idées. Le torrent démocratique, impétueux et romantique ne s'arrêtera pas là, malgré le prix élevé payé par les peuples. D’Alger à Tripoli, de Sanaa à Amman, les jeunesses arabes protestent pacifiquement pour obtenir la liberté de réclamer leur dû dans le partage inégal de la richesse. Elles utilisent Facebook, Twitter et Wikileaks et partagent avec nous des valeurs qui nous sont chères. Les opinions publiques arabes viennent de monter sur la scène politique, demandent des comptes aux pouvoirs, et ont organisé elles-mêmes la meilleure défaite d'Al Qaïda en préférant les marches de protestation pacifiques aux actions terroristes et au djihadisme. Désormais, le statu quo est intenable. Les régimes ne s’y sont pas trompés, qui, pour beaucoup, se sont résolus à lâcher du lest. Au Yémen, en Jordanie, en Algérie des réformes politiques et des mesures économiques ont été annoncées, insuffisantes.

Pour les peuples – y compris en Tunisie – le chemin est encore long. Le risque est d’abord celui, qu’une fois l’onde de choc passée, ne soient engagées que des réformes de façade et étouffée toute contestation ; et, qu’une fois de plus, l’occident détourne les yeux de peur d’une déstabilisation régionale ou de l’arrivée au pouvoir de régimes islamistes radicaux ; ces peurs sur lesquelles les autocrates ont misé pour s’assurer la complaisance des démocraties occidentales.

Ce serait là une lourde erreur. Car c’est précisément par l'instauration audacieuse d'un solide état de droit qui luttera contre la corruption et les abus de pouvoir, et d'une démocratie délibérative qui autorisera la répartition de la richesse et tempérera les impatiences sociales que passe la stabilité en Tunisie, en Égypte et dans toute la région. Si ce chemin démocratique n'est pas emprunté, l’islam radical, qui prospère quand la démocratie n’a rien à offrir, recommencera son travail.

Ce scénario du pire n'est pas programmé. Nous ne sommes pas dans l’Iran de 1979, et il semble peu probable que ces jeunesses, adeptes d’Internet et des réseaux sociaux, soient prêtes à se laisser gagner par les sirènes d’un nouveau pouvoir obscurantiste et les tenants du fascisme vert. Notre propre histoire a montré que le chemin vers la démocratie est long. Chaque nation emprunte sa propre voie, selon ses traditions, sa culture et sa volonté. Nous ne devons ni chercher, ni nous attendre à ce que s’instaure, dans le monde arabe, une vie et un débat politique décalqués des nôtres. La Turquie a montré que les formations politiques d’inspiration islamique pouvaient non seulement se combiner avec une laïcité constitutionnelle, mais porter l’aspiration des populations à la démocratie et à la modernité. Tout ne nous plaira peut-être pas. Et alors ? La démocratie n’est-elle pas d’abord un apprentissage perpétuel, dont nous ne sommes certainement pas exemptés ?

La France par sa diplomatie affairiste, connivente et corruptible, s'est laissée embringuer par les dictateurs déchus, reçus en grand carrosse par l'Elysée, et faisant de Ben Ali, Moubarak et Khadafi les piliers de notre politique méditerranéenne. Les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne, et nos hésitations face à la contestation qui naît en Algérie et ailleurs, mettent à nu les slaloms hypocrites de la diplomatie française, prétendument fondée sur la défense des libertés fondamentales et des droits de l’homme, mais en réalité orientée vers la défense d'intérêts à courte vue, quand il ne s’agit pas d’intérêts privés, ou pire d'intérêts personnels de dirigeants sans envergure, comme nous les collectionnons ces temps-ci. Sauf à perdre le peu de crédibilité internationale qui lui reste, la France doit retrouver la force d’une diplomatie ferme, assise sur ses principes, ainsi que la stature du message universel émancipateur installé dans la génétique de son histoire, et qui lui a valu le respect des peuples, parfois même de leurs dirigeants les plus éloignés de nous, y compris lorsque nous nous opposions à leur politique. Oui, la France peut et doit avoir les intérêts solides de ses valeurs, et non les valeurs flottantes et opportunistes de ses intérêts d'affaires, au demeurant sans grande efficacité.

C'est une diplomatie de transformation que nous devons réinventer.

Si pour les Français et la France le monde doit se transformer, alors, comme Lamartine le prôna en 1848 en s'adressant aux peuples européens, comme François Mitterrand à Mexico en 1981, s'adressant aux damnés de la terre, comme Barack Obama en 2009 dans son discours du Caire, notre diplomatie doit viser à changer le monde avec ceux d'abord qui veulent le transformer, en portant et mettant nos valeurs universelles en partage. Nous avons perdu notre influence et notre âme à fermer les yeux sur des Etats policiers et à entretenir des réseaux de corruption pour d’illusoires et coûteux grands contrats. Dans le monde arabe, en Asie ou ailleurs, la faiblesse ou la cupidité de notre politique étrangère n’ont jamais attiré le respect.

Pourtant, choisir de construire partout l'État de droit par la démocratie, c'est choisir le développement et la prospérité par le partage des richesses créées, et augmenter la force de nos idées sociales, tout comme notre influence dans le monde. Cette diplomatie de transformation, sereine et ferme sur ses valeurs, c’est l’exact inverse de la « diplomatie de compromission », celle des réseaux de financement des campagnes électorales et des échanges de services entre des oligarchies qui épuisent les ressources au sud et détruisent l'économie et le travail au nord, qui ne s’adresse qu’aux hiérarques enfermés dans leurs pouvoirs frauduleux, repliés sur d’étroits cénacles et coupés de la réalité violente et cruelle des inégalités sociales d'un capitalisme mondialisé qui a perdu la tête.

Une diplomatie de transformation, c’est une diplomatie qui représente nos espoirs et non pas nos peurs. On attend de la France qu’elle défende les droits de l’individu et la capacité des peuples à forger leur propre destin, non pas qu'elle les craigne. C’est une diplomatie du possible qui rend la France indispensable quand les signes de dérive des régimes autoritaires apparaissent avec la montée des tensions et de la corruption. En lieu et place, a émergé une diplomatie bridée par l'autocensure à laquelle s’astreignent les diplomates lorsqu'il s'agit des chasses gardées de l'Élysée ; cette diplomatie qui perd le nord et renie les principes mêmes de notre République en nous couvrant de honte ; cette diplomatie, somme toute, indigne de la France et indigne de nos diplomates, qui, partout dans le monde, mettent leur énergie et leur talents au service de notre pays, de sa réputation et de son honneur.

Face au vent d’espoir qui soulève les nouvelles générations de Tunisie, d'Égypte, de Libye, d’Algérie, et d’ailleurs, réinventer notre diplomatie pour transformer avec eux le monde, c’est retrouver le sens de l’histoire et de la grande politique arabe de la France. Car, par peur de l’islamisme et par volonté d’alignement sur les thèmes et la vision dangereuse des néoconservateurs américains, nous n’avons pas seulement ignoré les revendications morales et matérielles, sociales et démocratiques de ces peuples, nous avons également refusé de considérer qu’ils pouvaient avoir un destin en écrivant l'histoire. Mais ces grands peuples arabes que nous avons tant méprisé sont en train de renaître, dans une commune aspiration à la dignité et à la démocratie, en inventant le mouvement mondial du « Dégagisme », loin de l’islamisme radical d’hier, donnant aujourd’hui à l’Occident et au reste du monde une fabuleuse leçon de morale et de démocratie. Appuyons nous sur cette nouvelle force qui émerge pour imaginer avec eux le nouveau monde celui que nous transformerons ensemble.

Arnaud Montebourg - Tribune


[1] Arnaud Montebourg est député de Saône et Loire, Président du Conseil général de Saône et Loire, candidat à la primaire socialiste

 






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