Alors que les problèmes s'amoncellent et que les échéances se rapprochent rapidement, les médias et les politiques se passionnent pour l'irruption inattendue mais tellement prévisible de Marine Le Pen au second tour des présidentielles de 2012. Or les sondages qui se multiplient sur cette tendance marquent à la fois une évolution tangible de la situation, et une nouvelle manipulation autant dramatique que desespérée pour s'accrocher à tout prix à un pouvoir dont ils ne savent rien faire de bon.
Si l'on prend la peine de replacer les différents votes aux élections présidentielles de ces vingt dernières années dans leur vraie logique, on découvre que le vote pour Marine Le Pen représente aujourd'hui la continuité remarquablement constante des choix précédents du peuple français (1).
Entendons-nous bien, les français n'adhèrent pas dans leur immense majorité aux discours anti-immigrés et d'extrême-droite du FN, ni aux idéologies nauséabondes dont ce parti politique est issu (nous visons le terreau idéologique traditionnel : une strate de collaboration bourgeoise vichyste et une autre de pieds noirs OAS anti-gaullistes)
En revanche, il faut constater que le projet porté actuellement par MLP est l'un des plus proches de l'aspiration légitime et urgente d'un peuple qui n'en peut plus :
Les français ne veulent pas, et n'ont jamais voulu de cette dissolution masquée dans une mondialisation libre-échangiste globale à laquelle les destinent leurs élites au pouvoir depuis 20 ans. Ils ne veulent pas offrir leur identité, leur richesse et l'avenir de leur pays à la cupidité rapace de fonds de pension anonymes.
Ce qui porte cette vague de fond, c'est moins une réaction anti-islam que la volonté de faire exécuter les obligations pesant sur les dirigeants d'un pays, telles qu'elles découlent du pacte social liant l'ensemble des français à leur communauté nationale.
De ce point de vue, cette vague de fond est irresistible et paraît difficile à combattre. En tout état de cause, elle ne va pas s'amenuiser, et il faut s'attendre régulièrement à de nouveaux sondages qui porteront au plus haut les intentions de votes (qui ne sont pas des votes - rappelons-le) en faveur de souverainistes républicains réels ou perçus comme tels(2).
Comme je l'ai déjà écrit, la clé du succès en 2012 se situe là et nulle part ailleurs.
Toutefois, l'apparition soudaine de sondages à 14 mois des élections, aussi opportunément mis en scène à un moment où l'UMP a tant de mal à se rassembler autour de Nicolas Sarkozy pose question.
La manipulation devient grossière. Les avantages tirés de la panique déclenchée aussi loin avant le vote par de tels sondages profitent aux deux partis dits "de gouvernement", qui partagent une même politique économique et sociale.
Ils peuvent ainsi espérer à nouveau confisquer le débat sur des alternatives et ainsi continuer à s'accrocher sans projet, sans idées, à un pouvoir qu'ils ne méritent plus. S'ils parvenaient à nouveau à leurs fins, il existe un risque sérieux que la réaction populaire deviennent violentes, devant l'échec des modes normaux de renouvellement des dirigeants. Certains commencent à prédire une telle hypothèse vers le milieu de la décennie, si le blocage actuel devait continuer.
Alors que la période dans laquelle nous sommes est cruciale pour l'avenir de notre pays il est en effet très regrettable que le débat politique se limite à un leitmotiv répété jusqu'à la nausée du "vote utile".
Car qu'est-ce que le vote utile dans une République digne de ce nom ? Je vais y revenir très rapidement dans un prochain billet.
Par Verdun
(1) voir ce que j'ai écrit précèdemment.
(2) Je reste en effet dubitatif sur la sincérité et l'ampleur de la conversion "frontiste" au souverainisme républicain, qui si elle était avérée représenterait une véritable "révolution copernicienne" de l'extrême droite.
http://bleuhorizon.over-blog.com/article-marine-le-pen-en-tete-en-2012-entre-manipulation-et-vague-de-fond-68946107.html