La catastrophe nucléaire au Japon a logiquement poussé quelques hommes politiques à surfer sur la vague de l’horreur et demander un arrêt (bien impossible à court terme) des centrales ou un référendum. Pourtant, d’autres réflexions peuvent être engagées.
L’énergie est un service public
N’en déplaisent aux cabris de Bruxelles, la première conclusion que l’on peut tirer est que l’énergie est un service public, qui ne saurait encore moins être privatisé quand il s’agit de centrales nucléaires, comme le soulignent Jack Dion sur Marianne 2 et Nicolas Dupont-Aignan. Il est tout de même inquiétant d’apprendre dans l’Usine Nouvelle qu’il y a aujourd’hui des problèmes de maintenance des centrales nucléaires avec les prestataires privés employés par EDF.
L’expérience Japonaise montre qu’il est dangereux de privatiser EDF et de libéraliser le marché de l’énergie. En effet, le principal objectif d’une entreprise privée et cotée est logiquement le profit. Ne vaudrait-il pas mieux qu’EDF consacre une part de ses profits ou de ses investissements à l’étranger pour reprendre en main directement la sécurité de nos centrales ? L’objectif d’EDF ne doit pas être le profit mais la sécurité et le service public. Point barre.
En outre, les partisans de cette libéralisation (soutenue par le PS, l’UMP, les Verts ou le Modem), nous avaient vendu une plus grande efficacité, des prix plus bas. Le voile est tombé comme le montre bien Hervé Nathan : cette libéralisation ne sert nullement l’intérêt général puisqu’elle se traduit par une hausse du prix de l’énergie. En revanche, elle profite bien aux actionnaires comme le montrent les bénéfices de 4,6 milliards d’euros de GDF-Suez en 2010.
L’indépendance énergétique et la sécurité comme objectifs prioritaires
Mais par delà la nécessité de revenir à un service public de l’énergie, la question fondamentale des sources d’énergie se pose pour l’avenir. Aujourd’hui, nous dépendons essentiellement des hydrocarbures et du nucléaire, pour 80% de notre électricité. Cela pose de nombreux problèmes, de dépendance (le pétrole, le gaz et l’uranium sont importés), d’environnement (les rejets de CO², les déchets radioactifs) et de sécurité (même si notre filière semble nettement plus sûre).
A ce sujet, je vous conseille le papier de Marc Cohen, « Mensonges d’Etat contre foutaises écolos ». Bien sûr, la filière pose de vrais problèmes, mais non seulement nous n’avons pas encore d’alternatives solides (même si cela serait souhaitable) et plus encore, la situation du Japon n’a rien à voir avec celle de notre pays puisque nous ne risquons pas un séisme de magnitude 9 suivi d’un tsunami de 17 mètres de haut. En outre, notre EPR améliore à la fois la sécurité et les déchets…
La situation est modifiée par des découvertes massives de pétrole bitumeux dans le Bassin Parisien et de gaz de schistes, plutôt dans le midi. Ces découvertes permettraient de garantir notre indépendance énergétique pour des décennies. Malheureusement, les techniques d’exploitation semblent provoquer de véritables catastrophes écologiques (outre les émissions de CO²) et Corinne Lepage vient de saisir le Conseil d’Etat sur l’attribution des droits d’exploitation de ces gaz.
Bref, si le nucléaire et les hydrocarbures resteront pour quelques années nos principales sources d’énergie, il convient de préparer d’accélérer la transition vers des énergies plus propres, sûres, nationales et pas trop chères pour ne plus dépendre de ces pétromonarchies : géothermie, biocarburants, comme le rapporte Yann. Mais surtout, il conviendra de ne pas céder aux sirènes de Bruxelles pour lesquelles le secteur doit être libéralisé. Le rôle de l’Etat doit rester primordial.
Oui, la catastrophe nucléaire du Japon pose de vrais problèmes, et c’est aussi le cas de la rareté et de la pollution des hydrocarbures. Pour le coup, un Grenelle de l’énergie serait le bienvenu pour que la France montre qu’elle a des idées pour assurer ses sources d’énergie à l’avenir.
Laurent Pinsolle
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