C'est comme s'il ne s'était rien passé : 55,63 % d'abstentions au premier tour, aux alentours de 55% au second tour. Les appels peu motivés au sursaut républicain n'ont pas mobilisés. Personne n'en sort grandi. Ni les partis de gouvernement, incapables d'enrayer cette désertion civique, surtout pressés d'en finir, ni le FN, qui voyait là un réservoir de voix, dont il ne profite que très peu.
ous aviez aimé l’abstention aux cantonales au premier tour. Vous aimerez l’abstention au second tour. Kif-kif bourricot !
55,63 % d’abstentionnistes dimanche. Un taux estimé entre 54 et 56% ce dimanche. Réclamé sur tous les bords de l’échiquier politique, le sursaut républicain a fait pschiiitttt !!!
L’effet barrage anti-FN n’a pas eu lieu. Comme si rien ne s’était passé dimanche dernier. Les appels à la mobilisation ne mobilisent pas. Et si la « peur » du FN fait encore de l’effet chez quelques rockers exilés, si elle vire à l’obsession dans les états-majors des grands partis politiques, elle ne suffit pas à rappeler le citoyen à son « devoir civique ».
Hormis quelques exceptions (Corrèze par exemple), les appels à la « surmobilisation » n’ont pas eu d’impact politique.
Certes les cantonales ne mobilisent pas, mais les députés UMP, Jean-François Copé en tête seront les premiers à déplorer ces niveaux d’abstention. Mais lui-même Copé, en multipliant les contorsions et les tergiversations, comme beaucoup d'autres leaders de la droite, n''a-t-il pas fini par démobiliser une partie des électeurs de l'UMP?
Autre constat, contrairement à ce qu'avait indiqué Marine Le Pen au soir du premier tour, à première vue, le Front national n'est pas parvenu à mobiliser les abstentionnistes.
A gauche, face à ce désert électoral, certains envisagent déjà des embryons de solutions. Ainsi de François Hollande. Le président PS du conseil général de la Corrèze a proposé dimanche à Tulle de « changer les règles des scrutins pour les élections territoriales » afin de faire face au fort taux d'abstention qui a marqué les deux tours des élections cantonales.
« Il faudra changer les règles des scrutins pour les élections territoriales », a affirmé à la presse M. Hollande, proposant de « regrouper le même jour tous les scrutins : municipal, départemental et régional ».
Jean-François Copé n’est guère plus inspiré, loin s’en faut, le secrétaire général de l’UMP n’a qu’une certitude « les Français souhaitent un scrutin simplifié ».
Pour François Hollande, ce fort taux d'abstention aux élections cantonales est également lié au fait « qu'aujourd'hui les Français attendent une offre qui tarde à venir ». A qui la faute ? A Dominique Strauss-Kahn ? C'est ce qu'il semble sous-entendre.
La fusion des scrutins locaux souhaité par François Hollande risque de fonctionner comme un subterfuge tellement pratique -et artificiel- pour éviter de se poser les questions qui fâchent, notamment celle de la démobilisation puissante qui s’installe chez les citoyens. La plupart des partis préférant l’ignorer plutôt que voir dans cette désertion civique, hypothèse ô combien plus dérangeante, une « politisation négative ». A 56% d'abstinents, l'abstention ne devient-elle pas un geste politique ?
Régis Soubrouillard - Marianne
Dessin de Louison