Il y a quelques mois, l’UMP ricanait des tiraillements entre membres du Parti Socialiste et des petites phrases que les écuries présidentielles se balançaient par média interposés. Mais avec des sondages calamiteux, les esprits s’échauffent et la chienlit est passée à droite.
Règlement de compte à UMP-Corral
Les médias ne sont pas tendres. Gérard Courtois a signé un papier enlevé dans le Monde parlant de « crise d’autorité ». Jack Dion se charge de l’exécution sur Marianne 2, évoquant « la chienlit à l’UMP ». Il faut dire que c’est une chose de voir les menuisiers en chef de la majorité tenter d’expliquer que la raclée des cantonales n’est pas vraiment une défaite, que rien n’est joué à un an de la présidentielle et soutenir sans rire que la ligne de la majorité était très clair pour le second tour.
Mais le tir de snipers qui a démarré lundi n’était pas sans rappeler les pires heures des affrontements socialistes. La charge de Jean-François Copé dans le Grand Journal de Canal Plus de lundi soir, dénonçant la « posture » d’un premier ministre qui ne jouerait pas assez collectif et chercherait à se placer pour l’après 2012 en jouant la défaite du président était hautement comique. On avait surtout l’impression qu’il reprochait à François Fillon de faire du… Jean-François Copé.
La guerilla s’est poursuivie mardi avec l’appel à la démission du secrétaire général de l’UMP par un député proche du premier ministre, avant que le président ne siffle péniblement la fin de la récréation par une rencontre entre les deux hommes, qui ont assuré que l’incident était clôt. Outre les prises de position pro-Fillon ou pro-Copé, le gouvernement s’est aussi retrouvé embarrassé par les déclarations contradictoires des uns et des autres sur le débat sur la laïcité
Majorité au bord de la crise de nerfs
Les élus UMP craignent de plus en plus les échéances de 2012 devant l’échec patent de la stratégie présidentielle que l’Elysée ne semble pas vouloir remettre en cause. Du coup, les critiques fusent, notamment de la part des centristes et de Jean-Louis Borloo. Mais même Christian Estrosi a exprimé des craintes sur la stratégie suivie. Bref, non seulement c’est la panique, mais en outre, elle s’étale à la une des médias dans un feuilleton digne des pires productions socialistes.
Les sondages exécrables font ressurgir l’idée d’un candidat alternatif. Mais il s’agit d’un serpent de mer tant il est évident qu’il compte se représenter (d’autant plus qu’y renoncer serait un aveu d’échec assez peu probable étant donné son caractère). Bien sûr, Juppé, Fillon et Copé sont évoqués comme des candidats alternatifs possibles. Mais les deux premiers ne semblent pas vraiment le vouloir, et le troisième mise sur 2017 (et sans doute un échec en 2012).
Comment Nicolas Sarkozy va-t-il pouvoir organiser son radeau de la méduse en vue des élections présidentielles ? A un moment, un minimum de discipline devrait théoriquement s’imposer pour éviter d’aller vers un désastre complet. Cependant, les tensions actuelles préfigurent déjà la lutte en cours pour récupérer les décombres de la majorité présidentielle après l’échec prévisible de 2012. Du coup, il n’est pas impossible qu’elles persistent et enfoncent plus encore le président.
Nicolas Sarkozy s’est construit de 2002 à 2007 en instaurant la discorde au sein de la majorité présidentielle de l’époque. Assez logiquement, il en récolte aujourd’hui les fruits, à savoir une discorde dirigée contre lui qui l’enfonce plus encore en vue des élections présidentielles de l’an prochain.
Laurent Pinsolle
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