Nicolas Sarkozy a réussi un nouveau coup médiatique en étant le premier chef d’Etat à visiter le Japon après le séisme et le grave incident nucléaire. Si un tel geste est une bonne idée, ses sorties sur le nucléaire n’en sont vraiment pas.
Une visite bienvenue
La très grave crise nucléaire que traverse le Japon nous permet de voir le meilleur et le pire du président de la République. Bien sûr, on ne peut pas négliger la part de communication qu’il y a à être le premier chef d’Etat à venir visiter le Japon après le séisme, le tsunami et les problèmes de la centrale de Fukushima. Néanmoins, cette visite ne peut pas être uniquement réduite à la communication et servir de prétexte à une critique systématique du chef de l’Etat.
En effet, c’est aussi un geste de solidarité vis-à-vis du Japon. Il est probable que le peuple Japonais apprécie autant la dimension symbolique d’être le premier à le faire, que la dimension plus factuelle qui consiste à montrer que Tokyo est sûre puisqu’il n’hésite pas à y passer. Dans un pays qui vit avec la crainte du nucléaire, ce geste spectaculaire, qu’aucun autre dirigeant n’a fait avant lui, reste un très beau geste, quelles que soient les motivations qui sont derrière.
Le gadget des normes internationales
En revanche, le reste des annonces du président relève beaucoup plus de la communication que du souci de résoudre quoique ce soit. Certes, les audits des centrales ne seront pas inutiles et il est bienheureux que les centrales qui ne sont pas vraiment sûres soient fermées. Mais, on imagine tout de même qu’il devait déjà y avoir des procédures de contrôle… Que l’on cherche à réviser les normes en fonction de ce qui s’est passé au Japon, OK. Ici, Nicolas Sarkozy fait encore de l’affichage.
Idem sur les normes nucléaires internationales. Voici encore une grave déclaration de notre président qui ne débouchera sur rien, comme ses annonces sur les parasites fiscaux ou la réforme du capitalisme. De telles normes n’ont aucun intérêt car il est évident qu’elles seraient influencées par les industriels locaux et qu’il sera impossible de produire un alignement par le haut. En outre, on ne voit pas comment elles pourraient être mises en place et surtout contrôlées.
Un partage des meilleures pratiques serait doute beaucoup plus utile. Le président aurait également pu essayer de monter un groupe de travail entre industriels Japonais et Français pour construire la technologie la plus sûre du monde en s’appuyant sur l’excellence de notre filière et les connaissances très spécifiques des industriels Japonais qui doivent faire avec une nature beaucoup plus dangereuse que la nôtre. Mais, non, il préfère une déclaration ronflante qui ne produira rien.
L’activisme communicant de Nicolas Sarkozy peut parfois produire de bonnes choses, comme sa visite au Japon. Mais le plus souvent, il créé un décalage immense entre des déclarations grandiloquentes et des réalisations extrêmement limitées.
Laurent Pinsolle
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