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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Quatre leçons et quelques illusions sur la chute de Gbagbo

04/04/2011 13:44

Quatre leçons et quelques illusions sur la chute de Gbagbo


L'issue ne fait plus guère de doute : Gbagbo va devoir abandonner le pouvoir. Alain Léauthier nous explique pourquoi son départ ne signifie pas automatiquement une grande victoire de la démocratie. l ne faut pas certes pas vendre la peau du Gbagbo avant qu’il ne soit tué, mais la fin du président sortant de la Côte d’Ivoire ne fait désormais plus de doute. Celui qui aimait son surnom de boulanger d’Abidjan, eu égard à sa légendaire habileté à rouler ses adversaires dans la farine, ne sortira vraisemblablement pas indemne du pétrin dans lequel il s’est fourré. Qu’il soit  exécuté, exfiltré ou simplement arrêté, Gbagbo, en tout cas, aura perdu le combat engagé tout à la fois contre son rival Alassane Ouattara, contre la France, les Etats-Unis et les institutions internationales. Comme l’on dit dans les gazettes où l’on prétend façonner le monde à partir des trottoirs de Saint Germain des Prés, l’événement est considérable. Et pas forcément si limpide quand la vérité du monde revêt tant de visages différents à Kaboul, à Tripoli, à Damas ou au Caire.

1) Première évidente leçon : la stratégie du  « seul contre tous les impérialismes »  a échoué.
Seuls les obligés du régime ou la masse hétéroclite des jeunes patriotes, mélange de voyous, d’étudiants précarisés et d’idéologues en mal de grand soir, ont répondu présent. Après avoir soutenu le « camarade Gbagbo », par ailleurs converti comme eux aux dures réalités du marché, deux géants du continent, l’Angola et l’Afrique du Sud l’ont finalement laissé tomber pour préserver leurs propres intérêts de puissances émergentes mais encore fragiles.

2) Un certain droit d’ingérence fonctionne.
C’est incontestablement le boycott  économique du pays qui a précipité la chute  de Gbagbo : la double paralysie du système bancaire et de la filière cacaotière a peu à peu étouffé le régime et explique  la désaffection  de pans entiers de l’armée et de la police. Quand la solde ne suit  pas ou menace d’être supprimée… Il semble d’ailleurs que le « timing » de l’offensive des Forces républicaines (FR) soutenant Alassane Ouattara soit directement lié à la question cacaotière: Gbagbo  espérait trouver un second souffle grâce aux  revenus de la petite récolte à venir qu’une compagnie chinoise se déclarait prête à acheter. D’autre part, certains producteurs ayant soutenu Ouattara pressaient ce dernier de hâter la conclusion car la précédente récolte, la plus importante dans l’année, menaçait de pourrir dans leurs hangars où elle était stockée en attendant la levée du boycott. À l’exception des Chinois qui n’ont pas réussi à sauver le régime, les multinationales ont donc respecté l’appel de Ouattara. Version optimiste : elles se sont pliées de bonne grâce à la légitimité démocratique qu’il représentait une fois le label «bon  élu » accordé par l’ONU et validé dans la foulée par les principales puissances du Conseil de sécurité. En réalité, la focalisation de l’attention sur le pays, relayée par les grands médias internationaux, rendait difficile une attitude de franc tireur désinvolte. Le problème n’est pas de faire du business sur des cadavres mais que cela se sache. La « communauté internationale » somnolente  lors de tant d’élections truquées, au Gabon, au Congo, au Burkina Faso et bien d’autres pays, s’est soudainement énervée sur le cas ivoirien. Les marchands sans frontière se sont donc adaptés. Adieu Laurent, bonjour Alassane, d’autant que ce dernier, ex-directeur adjoint du FMI et grand adepte des traitements de choc libéraux quand il officiait comme Premier ministre d’Houphouët-Boigny, fait pour ainsi dire partie de la famille. Selon un observateur privilégié du microcosme abidjanais, les nombreux groupes français présents dans le pays ont attendu les toutes dernières semaines avant de lâcher Laurent Gbagbo. « Quand ils ont compris qu’il ne pourrait pas s’en sortir. Ces derniers jours,  bien au contraire, ils espéraient un dénouement rapide de peur que l’économie ne soit durablement abîmée. »

3) Est ce le triomphe du droit sur l’injustice ?
Oui, incontestablement si l’on considère qu’un scrutin électoral constitue l’alpha et l’oméga d’un régime démocratique élémentaire, quel que soit le continent. De bons et honnêtes spécialistes de la Côte d’Ivoire estiment pourtant que les conditions du vote dans le Nord du pays auraient dû invalider l’élection d’Alassane Ouattara. Moins à cause d’une fraude ouverte qu’en raison du climat de domination violente que les ex-rebelles des Forces Nouvelles (les FN rebaptisés un peu artificiellement Forces Républicaines)  ont fait régner depuis 2002,  quand ils en ont pris le contrôle sans partage et surtout sans contre-pouvoir.  Ce n’est pas forcément inexact mais la situation dans les régions restées sous domination du camp Gbagbo ne témoignait pas d’un grand pluralisme quoi qu’en disent  Jacques Verges, Roland Dumas ou quelques socialistes français égarés. Le fait est que les deux parties avaient finalement accepté de se rendre aux urnes en toute connaissance de cause, même si effectivement le contrat ne présentait pas toutes les garanties de loyauté et de parfaite transparence. Mais Gbagbo a joué. Et il a  perdu. L’éthique,  dont se gargarisent quelques spécialistes patentés qui ne connaissent l’Afrique qu’à partir de leur chambre climatisée, n’y retrouvera peut-être pas tous ses petits. Et la participation massive des Ivoiriens au scrutin, au premier comme au second tour, constitue incontestablement un signe d’espoir pour le continent noir. Mais il faut probablement tourner la page : c’est le souhait  d’une majorité d’Ivoiriens qui ne se payent pas de grands mots et veulent avant tout (s’) en sortir

4) Alassane Ouattara sera-t-il l’homme de  la situation?
C’est évidemment aujourd’hui la seule question qui vaille. Sa victoire  ne suscite en réalité aucun enthousiasme même si la rue montre ou montrera le contraire. À tort, ou à raison, des millions d’Ivoiriens ne l’aiment pas. Ils le soupçonnent d’être depuis toujours l’ordonnateur de la rébellion qui a abouti à la partition de fait du pays à partir de 2002. C’est pour eux, « une bouche qui ment », un adepte du double langage, policé et feutré avec ses amis de la jet set internationale, brutal quand il s’agit d’organiser la prise du pouvoir. Ainsi, au cours des dernières années,  Alassane Ouattara a-t-il toléré, voir même ordonné les horreurs commises par tel ou tel « commandant de zone » des ex-FN dans le Nord ? Tel ou tel trafic ? Les accusations, gravissimes, n’émanent pas des seuls propagandistes du camp Gbagbo, qui oublient toujours leurs propres turpitudes, mais d’organisations comme Human Right Watch. Ou aujourd’hui même l’ONU qui s’inquiète publiquement des « atteintes aux droits de l’homme » dont les troupes de Ouattara se seraient rendues responsables au cours de leur offensive dans l’ouest et le centre. Alassane Ouattara devra très vite lever ces ambiguïtés et prouver qu’il n’est ni le chef, ni l’otage d’un groupe aux intérêts et aux pratiques quelquefois plus que douteux. Surtout, il lui faudra incarner toute la Côte d’Ivoire dans sa diversité ethnique et culturelle et pas seulement l’envie pressante de revanche, sociale et politique, des dioulas du Nord. Faute de quoi le printemps de la démocratie à Abidjan ne durera que le temps d’une amère illusion.
Alain Léauthier - Marianne

 

Dessin : Louison





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