Je lisais vendredi dernier dans la presse un article qui m'a frappé, et que je retrouve ce matin sur mon bureau : "Délocalisations : Renault jette de l'essence sur le feu", publié dans Libération.
Yann Philippin nous y explique comment Renault continue en catimini de délocaliser à tour de bras, notamment vers la Roumanie et l'Espagne. Ainsi, les moteurs H4 et H5 - nouvelle famille de moteurs basse consommation - seront fabriqués respectivement à Pitesti et à Valladolid. Le transfert vers l'Espagne, notamment, s'est fait dans la plus grande discrétion puisqu'aucun communiqué de presse n'a été diffusé. Et pour cause, comme le précise le journaliste, les volumes confiés à Valladolid seraient "trois fois plus importants que prévus" : soit une très belle opération pour l'Espagne...
Aujourd'hui, Renault - entreprise dont le capital est pourtant détenu à 15% par l'Etat (et donc le contribuable français) - ne produit en tout et pour tout que 29% de ses moteurs en France (contre 85% par exemple chez PSA) !
Cette nouvelle décision de délocalisation déjà bien triste en tant normal paraît hallucinante alors que Renault et son PDG traversent une grave crise de confiance, Carlos Gohn ayant été capable de licencier ses meilleurs serviteurs (les jetant ainsi à l'opprobre public) sur de simples dénonciations anonymes... On croit rêver. Là encore, l'Etat s'était fendu de beaux discours mais n'avait rien fait concrètement pour sanctionner une direction coupable, mais immédiatement confortée par son Conseil d'Administration !
Après la vague de suicides du technocentre de Renault et les licenciements ubuesques de ses meilleurs cadres, cette décision de délocalisation fait suite au transfert de la Clio de Flins en Turquie (Bursa), de la Twingo de Flins en Slovénie (Novo Mesto) et de la Mégane de Douai vers l'Espagne (Palencia).
Pas besoin d'être sorti de Saint-Cyr pour comprendre que les promesses du candidat puis du président Sarkozy n'ont engagé que ceux qui y ont cru.
"La stratégie de Renault ces dix dernières années je ne l'accepte pas", a-t-il déclaré le 24 janvier dernier sous les feux médiatiques de TF1, la considérant alors comme "inacceptable".
Une pitrerie de plus de notre président-candidat ou énième preuve que le pouvoir politique n'a plus de marge de manœuvre aujourd'hui en France ?
Car si Renault délocalise, c’est bien sûr par faiblesse mais également dans le système dans lequel les entreprises françaises sont placées est intenable : concurrence déloyale, euro trop cher, « dumping » social, …
Dans les deux cas, il faut changer. Vite !!
Nicolas Dupont Aignan