Les évènements que nous vivons en Europe depuis une année ont un immense mérite. Les masques tombent sur la réalité du projet européen tel qu’il est conçu aujourd’hui : antisocial et anti-démocratique. La probable hausse du taux directeur de la BCE le confirme à nouveau.
Une Europe antisociale
Je reste absolument perplexe quand je vois des gens se disant de gauche réaffirmant leur attachement à l’Union Européenne (ou les communistes défendre l’euro). Comment peuvent-ils ne pas comprendre que le projet européen véhiculé par les différents traités signés depuis vingt-cinq ans est fondamentalement antisocial ? Pourtant, les Français avaient bien compris, la gauche apportant une majorité des troupes qui avaient voté « non » en 2005.
Voici un petit parallèle assez frappant : selon un rapport de la Commission, les pays européens ont consacré 4589 milliards d’euros au sauvetage des banques. Certes, trois quarts de ces aides sont des garanties qui n’ont pas été activées, mais cela montre bien quelle a été la priorité lors de cette crise. S’il fallait sans doute sauver les banques, aucune réforme significative du secteur financier n’a été entreprise en contrepartie. Du coup, les mêmes excès reviennent…
En outre, quand on entend Jean-Claude Trichet dire qu’augmenter les salaires « est la dernière bêtise à faire », il y a de quoi être révolté et avoir des envies de révolution. L’entendre prendre la défense des classes populaires est risible tant cet homme porte une part de responsabilité dans la hausse du chômage sur le continent. Le projet européen, c’est un projet qui, sous couvert de recherche de compétitivité, veut présider à une grande régression sociale.
Une Europe anti-démocratique
Mais le pire est que cette Europe cherche également à graver dans le marbre ces politiques et les « protéger » de l’aléa démocratique. Il ne faut pas voir autre chose dans la volonté, en 2005, d’inscrire dans le TCE que « la concurrence libre et non faussée » est un objectif de l’Union. Un libéral démocrate pourrait en faire un moyen, mais en aucun cas une fin qui ne peut pas être remise en cause. Passons également sur le processus très contestable de ratification du traité de Lisbonne.
Malheureusement, il s’agit d’une constante. C’est ainsi que la politique monétaire a été soigneusement confiée à un aréopage de technocrates sans responsabilité politique, moyen d’isoler ce pan essentiel des politiques économiques de l’influence de la démocratie. Et maintenant, c’est la politique budgétaire qui devrait être doublement encadrée : par des limites constitutionnelles aux déficits et également par un examen des budgets nationaux par la Commission Européenne.
Mais en mettant sous une tutelle de plus en plus forte les décisions politiques (quand on ne les retire pas carrément des mains du gouvernement, comme pour la monnaie), ce projet européen vide la démocratie de sa substance. Certes, il y a toujours des élections, mais les gouvernements nationaux ont toujours moins de marges de manœuvre dans ce carcan toujours plus étroit et contraignant. Le projet européen étouffe lentement mais sûrement la démocratie.
Mais comme on le voit dans les pays arabes, quand on ajoute régression sociale et manquements démocratiques, les peuples finissent par se révolter, comme en Grèce. Ici, ce sera dans les urnes. Mais plus on attendra, plus la révolte sera brutale et incontrôlable.
Laurent Pinsolle
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