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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Les eurosceptiques ne sont pas si pessimistes

11/04/2011 07:37

Les eurosceptiques ne sont pas si pessimistes


Le fossé se creuse entre partisans et détracteurs de la monnaie unique. Parmi ses défenseurs, Jean-Luc Gérard*, ex-membre du Conseil Monétaire de la Banque de France, distingue les « cyniques » des « compagnons de route » aveuglés de l'intégration européenne. Et avance que ceux qui critiquent l'euro - dont il fait partie - ne sont pas les pessimistes que l'on croit.

 Le Figaro Magazine dans son numéro de samedi 26 mars a classé les optimistes et les pessimistes selon qu’ils pensaient que l’euro sortirait vainqueur de la crise économique ou non. On retrouve l’inénarrable Alain Minc dans ce camp dit des optimistes, et sa seule présence dans ce camp devrait faire basculer les autres vers d’autres horizons tant ses conseils ont invariablement provoqué la ruine de ceux qui les ont écoutés.

A part M. Minc, parmi les optimistes, on peut discerner deux clans. Je ne les rangerai pas dans les mêmes cases.

Il y a les cyniques, qui depuis le début, utilisent la construction de l’Euro pour faire avancer leur conception intégratrice de l’Europe. Au fond, ils savent très bien depuis le début que la construction européenne telle qu’on la pratique est bourrée d’incohérences. On ne peut avoir le libre-échange mondial, l’euro, et un gouvernement décentralisé de l’ensemble européen. Ils savent très bien qu’en sauvant l’euro et en continuant à pratiquer le libre échangisme mondial sans limites et sans respect des conditions de concurrence, on va inéluctablement petit à petit vers une centralisation du pouvoir au profit de la technostructure bruxelloise qui, on nous le dit assez souvent veut notre bonheur (Staline, Hitler disaient aussi construire un monde neuf). Alors qu’importe que les Français, les Irlandais, les Hollandais aient voté autre chose sur la Constitution européenne. Nos élites ont supprimé le peuple qui pense si mal en faisant ratifier Lisbonne.

Il y a les « compagnons de route ». Ils sont à l’idée européenne ce qu’étaient ceux du parti communiste après la guerre qui refusaient de croire aux goulags, Kravtchenko, qui préféraient croire Sartre plutôt qu’Aron, sans se rendre compte des dégâts qu’ils font dans le monde et dans leur propre pays (1), sous prétexte qu’il ne fallait pas désespérer Billancourt. Ils ont bien conscience que les choses ne vont pas bien, ils espèrent que le pire n’est pas certain, ils croient encore à l’instar de Jean Monnet que le commerce rapproche les hommes (alors qu’à l’inverse les hommes peuvent commercer entre eux dès lors que la confiance est établie durablement, ce qui implique la proximité et la répétition et donc qu’ils soient déjà proches culturellement). Jean Boissonnat, et Michel Albert en particulier que j’ai côtoyés au Conseil de la Politique Monétaire, ont mis leur indéniable talent au service de ces idées. Ils sont persuadés que l’Europe avait interdit la guerre entre les Etats européens. Bien sûr, ils s’apercevront un jour qu’ils s’étaient trompés et comme nombre de repentis communistes on les écoutera alors avec dévotion (2) mais sans doute trop tard. Mais dans l’intervalle les régimes communistes avaient tués au moins 100 millions de personnes. De combien de chômeurs devront être crédités nos ayatollahs de l’Europe apatride, combien de déracinements devront être attribués aux décisions de la Commission Européenne et à ses diktats, combien de nouveaux pauvres auront perdu l’espoir de vivre décemment de leur travail pour n’avoir plus la possibilité de vivre que d’une aumône publique de plus en plus étique, pendant que les nouveaux riches  de la prédation bancaire continueront à décliner tous azimuts, le jeu le plus répandu dans la finance internationale, « pile je gagne, face tu perds », et à se gaver de bonus délirants dont le seul support vient de leur aptitude à s’échanger entre pairs et de gré à gré.

Les pessimistes toujours pour le Figaro sont ceux qui ne cessent de prévenir des difficultés et de s’étonner que les soit disant optimistes n’en tiennent pas compte, pour assurer la réussite de leurs vœux les plus chers.

On me dit souvent que je suis pessimiste car j’annonce les difficultés et que si nous n’y prenons garde les conséquences seront graves. Je dois dire que l’optimisme se situe plutôt de mon côté, car il faut vraiment avoir foi en la raison humaine et en la sagesse des dirigeants pour inlassablement dénoncer les dangers qui guettent la construction européenne. Un cascadeur fait un métier dangereux, il court des risques mais ce n’est pas pour autant qu’il ne prépare pas sa cascade avec soin pour mettre toutes les chances de son côté. Que penserions-nous si celui-ci s’en remettait au sort, en négligeant les ceintures de sécurité, les filets de réception, en ayant une préparation hésitante des différents paramètres ? Que penseriez-vous,  si vous étiez dans la même cascade, et qu’il vous dise, que vous êtes pessimistes parce que vous l’avertissez des dangers ? Je dirais que ce cascadeur est inconscient ou fou et je ne monterai jamais avec lui. Les inspecteurs des finances et les financiers sont ces cascadeurs de l’économie, qui ne prennent aucune précaution sauf pour eux, qui vous assurent que l’euro est une belle réussite.

Construire la monnaie unique était une politique qui avait des chances raisonnables de succès. A ne pas écouter les conseils de précautions, cette construction dès à présent s’avère être un échec, et je donne peu avant que cet échec ne tourne à la catastrophe. Certaines des conséquences dramatiques peuvent encore être évitées, pour combien de temps, un an, deux ans, je ne sais. Mais il y aura un point de non retour. À Fukushima, le gouvernement japonais et les dirigeants de Tepco ont voulu minimiser les conséquences de la catastrophe nucléaire. En voulant convaincre la population, ils s’en sont convaincus eux-mêmes pour finalement toujours apporter des solutions en retard par rapport à la gravité de la crise. Les dirigeants européens sont toujours en retard d’une crise, on résout la Grèce mais pas l’Irlande, puis l’Irlande mais pas le Portugal… Quand comprendra-t-on que d’une part ces crises sont liées à la construction européenne, et que la solution temporaire de l’une crée les conditions de la suivante ?
Si l’on parlait correctement et si les mots avaient encore un sens, on devrait plutôt parler d’inconscients et de prévoyants. La prévoyance n’est pas du pessimisme, l’inconscience n’est pas de l’optimisme. J’ai même le sentiment inverse et je crois que ceux qui aujourd’hui veulent la sortie de l’euro sont ceux qui veulent encore sauver de la construction européenne ce qui peut l’être.
 
On glose toujours sur Cassandre qui annonçait le malheur sur Troie. « Timeo Daneos et dona ferentes » : « Je crains les Grecs même lorsqu’ils font des dons ». Cassandre était optimiste de vouloir convaincre ses compatriotes du danger du Cheval de Troie, chose qui lui était impossible plus par la sottise de ses concitoyens que par la malédiction divine. Dommage pour Troie ! Certes nous avons eu ainsi les plus beaux poèmes épiques de l’humanité. J’aimerais quand même nous éviter qu’un nouvel Homère ne puisse écrire une nouvelle épopée sur la malédiction d’Europe.

(1) En voyage au Bénin avec le club des n°1 mondiaux français à l’exportation, j’avais rencontré le président Kerekou dans sa période post marxiste. Comme je l’interrogeais sur son allégeance marxiste, il me fit cette réponse qui me fit mesurer le rôle des intellectuels auprès des dirigeants d’autres pays. Mais « M. le Président comment voulez vous que nous ne choisissions pas le marxisme, toutes les élites françaises pensaient que c’était la condition même du développement ». Sans appel. Je n’en aurai que plus d’admiration par la suite pour cet homme qui sut tout seul et peu soutenu par la France faire le chemin intellectuel qui permit à ce pays de revenir à une forme de gouvernement plus stable, même si N. Soglo mit un temps en péril le fragile équilibre.

Jean-Pierre Gérard - Tribune

(2) Jacques Marseille en particulier fut l’archétype de cette tendance bien française.

* Jean-Pierre Gérard est Vice-Président de Debout la République, et ancien membre du Conseil de la Politique Monétaire.
 





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