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Joly, Hulot ou l’avènement des candidats « in vitro »
15/04/2011 12:15
Les écolos ont désormais deux candidats potentiels. Mais on connaît peu de choses de leur pensée politique. D’ailleurs, ils la construisent au fur et à mesure sous le regard des Français-électeurs. Car contrairement aux responsables politiques traditionnels, ils se rêvent d’abord en candidats et ensuite, seulement ensuite, ils en viennent à se construire une ligne politique. Ce sont en définitive des candidats in vitro.
Europe écologie – Les Verts (EELV) n’en a décidément pas fini avec la stratégie du casting. Initiée lors des européennes de 2009, le rassemblement des écologistes rempile donc pour la présidentielle de 2012 avec deux recrues de choix : Eva Joly et désormais Nicolas Hulot. Deux membres de la « société civile » comme on dit aujourd’hui et comme on les aime tant à EELV. Chacun a pour lui son curriculum vitæ : Joly la magistrate opiniâtre et Hulot l’animateur télé tombé en pamoison devant le spectacle de la nature. Des concepts marketing en somme. Mais dont on ne connaît rien ou si peu sur le plan de la pensée politique.
D’ailleurs, ils effectuent leur mue de gens « normaux » issue de la fameuse « société civile » en candidat à la présidentielle sous les yeux mêmes des Français-électeurs. Ce sont des sortes de candidats in vitro. Des candidats façon Tamagotchis, ces petits animaux électroniques qui ont fait fureur dans les cours d’école à la fin des années 1990 et qu’il fallait nourrir sous peine de les voir mourir dans d’atroces souffrances numériques. Car contrairement aux responsables politiques traditionnels, ils se rêvent d’abord en candidats et ensuite, seulement ensuite, ils en viennent à se construire une pensée politique, un corpus idéologique, une ligne programmatique. Hulot vient par exemple de se déclarer candidat, mais il consulte des experts en tout genre et dans tous les domaines depuis des mois. Marianne révélait ainsi que Nicolas Hulot, parmi les nombreux spécialistes venus au chevet de sa pensée politique, avait fait appel à un sociologue spécialiste du care pour le former à la question sociale !
De quoi permettre à Eva Joly (qui, il faut le reconnaître apprend vite les règles du jeu politique, à commencer par la distribution de coups bas) de tacler son adversaire dans la primaire écologiste. Et ce, le jour-même de sa déclaration de candidature. Ainsi, Eva Joly explique dans une interview au Bondy Blog que Nicolas Hulot est « un nouveau venu sur les thèmes de la justice sociale ». Ce qui est vrai. Mais peut-être tout autant qu’elle. Car si Eva Joly se défend d’être « une nouvelle venue » sur le sujet et estime que ses « combats » pour « l’égalité devant la justice, pour plus de justice entre le Nord et le Sud depuis 15 ans » parlent pour elle, les Verts, eux-même, n’en ont pas toujours été convaincus. Outre le fait qu’Eva Joly ait eu par le passé la tentation du MoDem, il faut se souvenir que pour être accepté par l’appareil écologiste comme candidate potentielle à la présidentielle, il lui a fallu fournir une sorte de diplôme en gauchitude. C’était en août dernier seulement, lors de l’université d’été de Nantes des écolos. Elle a dû faire allégeance aux Verts ed la même façon qu'aujourd’hui, certains (à commencer par elle ) demandent à Nicolas Hulot de se positionner clairement en opposition avec l’autre Nicolas, Sarkozy. Elle aussi avait dû expliquer à qui mieux-mieux que la question sociale était indissociable de la question écologique.
Mais elle semble avoir oublié sa récente conversion. Car dans cet entretien au Bondy Blog, Eva Joly fait très fort et en vient même à moquer le choix de Nicolas Hulot de s’être déclaré en banlieue, à Sevran : « Personnellement, déclare-t-elle, j’ai vécu 22 ans en banlieue, dans le Sud de l’Essonne. J’étais une utilisatrice de la ligne C du RER, donc je connais bien les galères liées aux transports en banlieue. Pour Nicolas Hulot, c’est une façon de se positionner et de dire que l’écologie politique n’est pas uniquement environnementale, que c’est aussi du social. Je lui dis : “Très bien, bienvenu au club” ! »
Elle est décidément gonflée Eva. La banlieue, dit-elle, elle connaît. Et pourtant au tout début de sa campagne, elle était capable de déclarer dans Rue89 Le Mensuel qu’« en France, il n'y a plus de taudis ». Son entourage aura beau nous expliquer qu’elle parlait des bidonvilles comme en a connus la France des années 60, il n’empêche, il y a de quoi rester perplexe devant tant d’acuité de la part d’une candidate issue de la « société civile » et donc sensée connaître le pays, le vrai, pas comme ces foutus élites politiques… D’ailleurs, ses proches lui ont concocté dans la foulée de cette déclaration un petit tour de France pour aller à la découverte de la vraie vie des vrais gens… comme une vraie candidate in vitro qui apprend chaque jour un plus sur des sujets qu’elle devait pourtant maîtriser avant de prétendre à la magistrature suprême.
Eva Joly a beau jeu aussi de reprocher à l’ex-animateur d’Ushuaïa de ne pas avoir « dit un mot du nucléaire » lors de son discours de Sevran. Les militants d’EELV se souviennent sans doute que lors d’une de ses premières apparitions télévisuelles en tant que candidate, au Grand journal de Canal, elle avait été infoutue de dire clairement — en bonne candidate in vitro — ce qu’elle pensait du nucléaire. De quoi faire jaser sérieusement dans les rangs d’EELV quelques jours plus tard lors du grand raout écologiste de Grenoble.
En définitive, Eva Joly critique avec virulence Nicolas Hulot, mais qu’elle se rassure : il finira par prendre le même chemin qu’elle, par tenir sensiblement le même discours qu’elle, par être aussi formaté qu’elle. Elle a seulement quelques semaines d’avance sur lui (et des liens avec de grands groupes industriels en moins). Car tous deux sont bels et bien des candidats in vitro. Ils apprennent en marchant. Et souvent aussi en trébuchant. Le résultat est finalement assez déstabilisant. On aimerait voir se multiplier les candidats issus de la « société civile » et que ces derniers finissent par « dégager » (c'est à la mode) tous les vieux requins qui ont fait de la politique une profession.
Mais à regarder les errements des deux candidats écologistes, on se dit aussi qu’on ne s’improvise pas candidat à la présidentielle. Qu’un Tamagotchi façon Hulot ou Joly, c’est bien gentil, mais que ça n’a pas les épaules pour présider aux destinées du pays. Et l'on se retrouverait presque à regretter un temps pas si béni qui consistait pour les partis politiques à désigner le plus capé de ses membres comme candidat. Un processus certes pas satisfaisant (car confiscatoire), mais qui avait au moins le mérite de faire émerger des personnes dont la crédibilité politique était déjà assise. Une crédibilité politique qui, contrairement à aujourd'hui, ne se construisait pas dans un laboratoire à ciel ouvert, sous l'œil des caméras. Car si les Français doutent de l'honnêteté des vieux routards de la politique, ils doutent aussi de la crédibilité des personnes issues de la société civile. Et voir trébucher sans cesse ces candidats-là ne les aidera pas à y croire d'avantage.
Gérald Andrieu - Marianne
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