Aujourd’hui, il est difficile de parler d’immigration et de laïcité tellement le débat politique est caricatural. A quoi pourrait ressembler une politique respectant nos principes, ferme et non stigmatisante ?
Angélisme, agitation, stigmatisation
Le Parti Socialiste a toujours été mal à l’aise sur ces questions et c’est bien la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy met ces débats sur la table. Toujours prêt à défendre les sans papiers, à combattre les expulsions, le PS semble ne pas s’être remis de la phrase de Michel Rocard « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Mais les Français ont du mal à comprendre cette volonté d’accorder des droits supplémentaires alors qu’ils doivent renoncer à une partie des leurs…
A droite, l’UMP vire identitaire avec les déclarations de Claude Guéant. Mais cette agitation verbale est pour le moins paradoxal de la part des personnes en charge de ses questions depuis neuf ans. En effet, Nicolas Sarkozy n’aurait-il pas pu s’apercevoir avant qu’il faut réduire les flux migratoires et que les traités européens le privent d’une grande partie de sa capacité d’action avant ? Les Français ne sont pas dupes de cette agitation électoraliste, qui les pousse dans les bras du FN.
Mais du côté de Marine Le Pen, on navigue sur des fantasmes de « substitution » de la population et d’un nombre d’immigrés présenté comme le plus haut d’Europe alors qu’il est un des plus faibles en réalité, même en s’appuyant sur les statisticiens officiels du FN. En outre, la présidente du FN propose bien cavalièrement de diviser par 20 les flux migratoires, ce qui supposerait de refuser la manne financière et d’influence que représentent les étudiants étrangers.
Immigration et laïcité en version républicaine ?
Tout d’abord, il faut mettre fin aux fantasmes et souligner que l’immigration n’est pas si massive en France. Ensuite, il n’y a pas de danger de substitution. Plus important encore, il faut arrêter la stigmatisation et la généralisation abusive : une grande majorité des musulmans respectent les lois de la République. Il n’y a qu’une minorité d’intégristes, comme dans les autres religions (point important à noter) et face à eux, nous devons veiller au respect des principes de notre République.
Malgré tout, la réduction des flux a du sens sachant qu’il y a un million de chômeurs de plus depuis 2007, ce qui complique l’intégration des immigrés (qui ont plus de mal à trouver un emploi) et remet en cause le motif professionnel. En outre, la crispation actuelle de la société n’arrange pas les choses. Du coup, il faut mettre en place des quotas pour assurer la réduction des flux migratoires sur le prochain mandat pour s’adapter à la situation actuelle et chercher à déconcentrer les immigrés.
On pourrait se mettre d’accord pour diviser par deux les flux migratoires hors étudiants (un atout stratégique pour notre pays), ce qui réduirait le solde net à zéro selon les chiffres de l’INSEE ou le diviserait par trois si on se base sur les chiffres de Michèle Tribalat. Mais pour faire cela, il sera essentiel de rétablir de véritables frontières, avec des douaniers et ainsi sortir de l’espace Schengen, qui ne permet pas à un pays de véritablement maîtriser ses flux migratoires.
En outre, toute remise en cause de la loi de 1905 ou de nos principes républicains de liberté, égalité et fraternité doit être combattue, comme cela a été fait pour la burqa, cette prison mobile pour les femmes. L’Etat ne saurait financer des lieux de culte. Mais on pourrait également se poser la question du concordat qui a été accordé à l’Alsace et à la Moselle. Enfin, au-delà de la burqa, on pourrait même s’interroger sur le voile, dont le principe cadre mal avec nos valeurs.
Il est à espérer qu’il soit encore possible de débattre sereinement, posément et factuellement de ces questions sans que des anathèmes soient jetés à la figure. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Laurent Pinsolle
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