Essai. Le président de "Debout la République" contre la monnaie unique.
Nicolas Dupont-Aignan n’a pas seulement de la suite dans les idées. Il sait aussi profiter de l’actualité pour les rendre convaincantes, comme le prouvent les 160 pages de son dernier opus, l’Arnaque du siècle, consacré à la crise de l’euro. Une crise dont il démontre que le caractère structurel était inscrit dans le ciel, dès lors que, tout d’abord, les traités européens accouchaient d’une monnaie unique surévaluée (d’où un différentiel de compétitivité avec nos concurrents expliquant à la fois le chômage et les délocalisations) et que, ensuite, il devenait impossible de créer de la monnaie pour rembourser nos dettes, la logique de l’euro imposant de se désendetter… en s’endettant encore !
Et s’endetter auprès de qui ? Pas même auprès de la Banque centrale européenne, l’article 123 du traité de Lisbonne disposant qu’elle ne peut en aucun cas prêter aux États et aux banques centrales nationales, mais auprès de banques privées dont le métier est de gagner de l’argent.
Et nous voici au cœur de l’“arnaque” dénoncée par Dupont-Aignan : « Les banques privées empruntent auprès de la Banque centrale européenne à des taux dérisoires (autour de 1 %) et prêtent cet argent aux États à des taux prohibitifs (3,5 % pour la France, jusqu’à 7 % pour les pays du Sud) tout en appelant ces mêmes États au secours dès lors que leurs bêtises en Bourse menacent de les mettre sur la paille. »
D’où, explique-t-il encore, le refus de nos élites politiques et surtout financières (qui partagent la même culture et pratiquent une alternance de plus en plus troublante aux mêmes postes de responsabilité) de réformer un système qui, crise ou pas, sert leur volonté de puissance… D’où encore, selon lui, la nécessité de sortir de l’euro pour que les gouvernements retrouvent une vraie liberté d’action et fassent enfin primer les intérêts des peuples dont ils ont la charge sur ceux des nouveaux “oligarques”.
Ce livre, qui paraît ces jours-ci aux Éditions du Rocher, Nicolas Dupont-Aignan en a conçu l’idée en un éclair au terme d’un échange d’anthologie avec Christine Lagarde à l’Assemblée nationale. On était alors au commencement de la crise grecque et le député lui avait posé la question suivante : « L’inflation et le coût du travail ont augmenté de 5 % en dix ans en Allemagne, tandis qu’ils ont augmenté de 40 % en Grèce. Comment ce pays peut-il, sans la possibilité de dévaluer, exporter alors que ses coûts sont si chers ? Cette équation, personne n’a pu y trouver une solution, à moins de baisser de 40 % les salaires. Alors comment faut-il faire ? »
Et Mme Lagarde avait laissé tomber en le fusillant du regard : « Il faudra bien que cela soit possible. » « Dédain terrible, mais aussi aveu d’impuissance, résume aujourd’hui Dupont-Aignan… Depuis cet échange, je n’ai obtenu de Christine Lagarde qu’un silence de mort, un mélange de mépris et de reproche. Comme si elle avait compris que j’avais décelé le gigantesque bluff dont elle était complice. » Et avec elle, accuse le président de Debout la République, tous ceux qui préfèrent les dogmes aux réalités…
L’Arnaque du siècle, de Nicolas Dupont-Aignan,
Éditions du Rocher, 160 pages, 13 €.