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Premier mai : Marine Le Pen honore la République ... et son père !
02/05/2011 10:51
Venant après quelques bisbilles occasionnées par l'exclusion d'un conseiller régional du FN ayant fait le salut nazi, le discours de Marine Le Pen, tout en réaffirmant sa thématique républicaine, a repris à son compte la tradition frontiste de l'hommage à Jeanne d'Arc et aux héros de la France éternelle. En y ajoutant Victor Schoelcher et le général de Gaulle.
Premier mai, premier discours officiel de la nouvelle présidente du Front depuis sa prise de fonction à Tours en janvier dernier. Pour l'événement, Marine Le Pen a mis les petits plats dans les grands. Construite autour du thème fédérateur et difficilement polémique de la liberté, son allocution a été l'occasion d'aborder les grandes thématiques de son futur programme : souveraineté nationale, sortie de l'euro, lutte contre l'ultralibéralisme et la mondialisation, lutte contre l'insécurité et, petite nouveauté printanière, le redressement de l'école.
Le «Front d'avant» n'est pas résiduel
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, la nouvelle cheftaine avait quelques hommages à rendre et quelques précautions d'usage à prendre.
Novatrice, Marine Le Pen a d'abord salué le travail et le dynamisme des bénévoles « dévoués et admirables, dont l’engagement à l’échelon local ou central a assuré la tenue et le franc succès de cette manifestation ». Du temps de Jean-Marie Le Pen, les fédérations locales étaient oubliées, délaissées voire méprisées. A l'approche de la présidentielle, Marine Le Pen semble prendre conscience de la nécessité de solidifier le maillage territorial, condition sine qua non d'une campagne électorale efficace. A moins qu'il ne s'agisse de conforter un certain nombre de « locaux » que ses équipes installent depuis quelques mois. Puis, la nouvelle patronne frontiste rend un hommage diplomatique au président d'honneur qui « comme toujours a tenu parole et a mené à bien la vente de notre Paquebot ». Une précaution utile, compte tenu de ce que l'assistance, comme à Tours, est constituée de fans de son père qui scandent « Jean-Marie ». Ce « Front d'avant » n'est pas résiduel, loin de là : comme l'analyse Lorrain Saint-Affrique, ancien dircom du FN des années 1980, Marine Le Pen n'a été élue que par la moitié des adhérents, si l'on tient compte des votes pour Bruno Gollnisch (absent de la tribune) et d'une abstention assez importante (5000). Alors qu'au FN, célébrer Jeanne d'Arc est une tradition fondatrice et inébranlable, Marine Le Pen prend ensuite soin de justifier cette commémoration en rappelant que, même si elle peut « paraître anachronique », elle est « une fête nationale républicaine, Jeanne d'Arc étant autant une sainte catholique qu'une héroïne nationale ». Le message est clair : au FN nouveau, commémorer la Pucelle d'Orléans, c'est commémorer la République. Et que ceux qui voudraient voir en cette figure supposée désuète (même Daniel Bensaïd de la LCR avait rendu hommage à Jeanne en tant que fondatrice de la politique moderne) le symbole d'un parti un tantinet « facho » se le tiennent pour dit.
De Gaulle et Schloecher
Comme son prédécesseur, la nouvelle présidente n'a donc pas échappé au quart d'heure historique consacré au récit de la vie de Jeanne d'Arc. Nouveauté du discours mariniste : la comparaison entre la France envahie par les Anglais pendant la Guerre de Cent ans et la France occupée par les Allemands en 1940. Jean-Marie Le Pen a dû apprécier. Lui qui faisait preuve d'une certaine indulgence à l'égard de Pétain et des pétainistes après la guerre, vient d'être rhabillé - discrètement mais sûrement - pour l'hiver par sa présidente de fille. Le chapitre historique peut être clos. Non sans une référence implicite - et provocatrice ? - à Henri Guaino lorsque Marine Le Pen dénonce « un étrange renoncement », titre d'un livre écrit par le conseiller spécial avant son ralliement au sarkozysme. Débute alors le coeur du discours. Le choix de la liberté comme thème central permet à Marine Le Pen de balayer tous les sujets.
Premier et non des moindres : qu'est-ce que la souveraineté ? « La liberté des peuples », « la liberté de faire sa propre loi », « la liberté collective » et bien sûr « un des grands enjeux de la présidentielle ». Tel le pire des oppresseurs, l'Europe priverait le pays de ses « libertés législative, juridique, monétaire, budgétaire » et ferait du peuple français son esclave. Le FN est là pour « briser les chaînes», son combat n'est plus la lutte contre, mais la « défense des libertés »
Autre liberté bafouée, la liberté d'expression. Première victime ? Le Front national. Rhétorique frontiste classique : Jean-Marie Le Pen aurait depuis toujours mis sur la table les bonnes questions mais des questions qui dérangent, devenant ainsi la victime des censeurs de la pensée unique. Présentant le FN comme le « défenseur des libertés de pensée et d'opinion », la cheftaine frontiste n'hésite pas à citer Robespierre, théoricien de la liberté de débat.
Sans reprendre le terme de « libéralisme mondialisé » cher à son paternel, Marine Le Pen fustige ensuite la mondialisation dont il est, selon elle, interdit de débattre. Assimilant cette dernière à « un nivellement du monde » et à la « destruction voulue, programmée, des nations, des peuples, des identités culturelles », elle renoue avec son discours fondateur prononcé au Congrès de Tours. Sans donner les clés de la sortie de l'euro et de l'Union européenne qu'elle continue évidemment de prôner. Le premier mai n'est pas fait pour les technos, mais pour ce peuple dont Marine Le Pen annonce le retour, à un an d'ici, puisque le premier mai 2012 tombera entre les deux tours. Hier, en guise de zakouski de ce premier mai, le site frontiste Nation-presse-info a fait fuiter un sondage Opinion Way non publié qui donnerait 37% au deuxième tour à Marine Le Pen, aussi bien face à Nicolas Sarkozy qu'à Martine Aubry. Au cours des réunions préparatoires de ce premier mai, certains ont fait remarquer que c'était le score du Non au TCE un an avant le référendum. C'est dire si un vent de triomphalisme plane sur Montretout... Pour combiner tradition et rénovation, Marine Le Pen s'est toutefois fendue d'un éloge appuyé au général de Gaulle. Le propos a dû faire se retourner dans leur tombe d'anciens OAS, compagnons de route de son père durant des décennies. Plus surprenant encore, son évocation de Victor Schœlcher qui fit abolir l'esclavage... Après avoir dénoncé les atteintes à la liberté de la presse, aux mains de groupes monopolistiques, la présidente du Front embraye sur la partie économique du discours. Opposant la liberté à « l'ultralibéralisme », elle plaide pour un retour à « l'Etat stratège », expression fétiche du Front version Marine Le Pen, qui la distingue, là encore de la tradition frontiste. Manifestement, cette charge contre le néolibéralisme fait moins vibrer une foule quelque peu « Le Pen-tradi » que l'évocation du traité de Schengen et de l'immigration. Quoique dotée des pouvoirs absolus de présidente du Front national, Marine Le Pen a choisi de marcher sur deux jambes : l'anticapitalisme et un anti-immigrationnisme qu'elle entend dégager de toute expression raciste. Cette option est celle d'une femme politique habile qui sait bien qu'un fil (à la patte ?) la relie pour longtemps encore à l'histoire du Front National. Mais cette voie médiane est aussi un cable de funambule...
Laureline Dupont - Marianne
Photo : Photo Marianne2
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