La nouvelle présidente du FN a-t-elle réussi son test du premier mai ? Si son discours axé sur les libertés a séduit son entourage, la participation modeste et l'accueil mitigé réservé par la foule à son allocution prouvent que les intentions de vote ne se transforment pas encore en ferveur populaire.
Mais ses bons résultats sondagiers obtenus par la patronne du FN bénéficient-ils d’une traduction concrète ? Le premier discours officiel prononcé dimanche 1er mai par Marine Le Pen depuis sa prise de fonction à Tours paraissait constituer un bon test, permettant de prendre la température du succès rencontré. Résultat des courses, à la question : « La réussite de Marine Le Pen était-elle palpable ? », difficile de répondre par l’affirmative.
Modeste participation
Dimanche 1er mai, devant la statue de Jeanne d’Arc, la cheftaine du Front national a déclaré vouloir « briser les chaînes des millions de Français qui se tournent vers le FN ». Mais ces millions de Français justement, étaient-ils présents en ce jour de fête nationale place des Pyramides ?
L’an dernier, la police avait compté 2 000 participants, contre 8 000 selon le FN. Une différence de taille qui paraît presque minime à côté de celle séparant, cette année, les chiffres du ministère de l’Intérieur de ceux donnés par le parti. Alors que la police a dénombré 3 200 personnes (soit 60 % de plus que l’an dernier), le Front national de son côté, affirme avoir enregistré 20 000 quidams (soit 150 % de plus que l’an dernier). « Les gens allaient jusqu’à l’entrée du tunnel, du jamais vu », assure Wallerand de Saint-Just.
Raison d’une telle exagération numérique ? La crainte qu’une faible affluence soit interprétée comme la preuve des difficultés de Marine Le Pen à susciter un réel engouement ? En tout cas, au Front, le discours est parfaitement rodé et les explications toutes trouvées. « Pour la première année, nous avons installé un écran géant donc le public était mieux réparti, moins tassé, affirme le trésorier du parti et membre du bureau exécutif. Puis, en 2011, on n’a pas pu subventionner les cars comme on le faisait avant. » De son côté, Louis Aliot, vice-président du FN, préfère souligner la présence de « nombreux jeunes ».
Enthousiasme relatif
A la controverse sur l’ampleur toute relative de la participation s’ajoute la question de l’accueil réservé par l’auditoire au discours de la nouvelle présidente. « C’est mou », murmure Laurent Ozon, conseiller politique de Marine Le Pen, venu écouter le discours au milieu de la foule. Et en effet, comme à Tours, le public ne semble pas emballé par l'allocution de la présidente et future candidate.
La liberté, axe central du discours décliné sous toutes ses formes par Le Pen fille, a laissé de marbre une bonne partie des sympathisants, apparemment plus enclins à applaudir les hommages rendus à Jean-Marie Le Pen et les critiques des traités européens. « C’était un discours de candidate à la présidentielle, pas un discours de tribun pour haranguer les foules, estime Saint-Just. Tous les mots ont été pesés, c’est un discours sérieux pour l’avenir et les médias, plus qu’un discours destiné à faire réagir le public. »
Clairement, au Front national, électeurs potentiels et intentions de vote ne riment pas -encore ?- avec militants capables de faire le déplacement pour acclamer leur leader. Si, pour l'instant, les cadres du parti refusent de constater et donc de s'alarmer du manque de vivacité du militantisme frontiste, ils devront pourtant, dans l'avenir, trouver des solutions pour attirer davantage et redonner une vie militante au FN version Marine, nécessaire pour une campagne électorale réussie.
Laureline Dupont - Marianne