« Point final » ? Vous estimez que le NPA, dans sa forme actuelle, est mort ?
En politique, on n’est jamais mort. J’ai été de l’aventure quand en 2002, Olivier Besancenot a fait sa percée. Il parlait à une gauche déçue de Jospin et formulait des propositions qui rencontraient alors un écho favorable jusqu’à faire un score de 4,5%. Mais cette conjonction de facteurs favorables ne peut pas se reproduire en 2012 et ne se reproduira pas s’il n’y a pas un bilan du NPA qui est rapidement fait. Le NPA doit prendre acte de cet échec, opérer un virage à 180° et prendre part au Front de gauche. C’est un vrai défi pour lui. J’espère que les dirigeants et les militants vont trouver les ressorts pour le relever.
Il y a donc une absence de leader au NPA depuis le retrait d’Olivier Besancenot. Il y a une autre absence, celle de Daniel Bensaïd, son « théoricien » disparu en 2010. Peut-elle expliquer une partie de l'échec du NPA ?
Ma réponse sera double. D’une part, la disparition de Daniel Bensaïd joue dans cette situation parce qu’il donnait une profondeur intellectuelle et historique, une dimension philosophique au NPA. Il était le seul à avoir une profondeur de champ.
Mais Daniel Bensaïd est aussi de ceux qui ont orienté le NPA dans cette impasse. Ça a été un sujet récurrent de divergence entre lui et moi. Il n’avait pas une vision politique concrète, mais très gauchiste. Il y a eu une liquidation de ce qu’il y avait de plus beau dans l’histoire de la Ligue : la recherche d’unité. Elle a été oubliée, négligée et Daniel Bensaïd y a contribué.
Le principal bénéficiaire du retrait d’Olivier Besancenot de la course à la présidentielle n’est autre aujourd’hui que le Front de gauche et son probable candidat, Jean-Luc Mélenchon ?
Plus que Mélenchon, c’est le Front de gauche qui peut en bénéficier. Un Front de gauche qui a basé sa démarche à l’inverse de celle du NPA car, lui, n’esquive pas la question du pouvoir. Ce sont deux méthodes différentes, deux stratégies. Une de ces stratégies — celle du Front de gauche — a permis d’aller de succès en succès, même s’il faut reconnaître que ces succès sont limités. L’autre stratégie — celle du NPA — a conduit aux échecs que j’évoquais plus tôt. Mais je ne veux pas utiliser la décision d’Olivier Besancenot pour des besoins que l’on pourrait juger « boutiquiers ». Je connais beaucoup de militants du NPA, j’y ai des amis, et aujourd’hui ils doivent être tristes de ce que le NPA est devenu…