Alors que Marine Le Pen vient d’annoncer son absence à l’émission « Complément d’enquête », diffusée ce lundi soir, Bruno Gollnisch, son rival malheureux pendant la campagne interne, lui emboîte le pas.
Après Marine Le Pen, c’est au tour de Bruno Gollnisch d’annuler son passage dans l’émission « Complément d’enquête », diffusée ce lundi 9 mai sur France2. Sollicité pour évoquer dans un reportage consacré à Claude Guéant ses liens d’amitié passés avec Patrick Buisson, le conseiller régional Rhône-Alpes a exigé le retrait de son interview. Contacté par Marianne2, Bruno Gollnisch éructe : « Je croyais que c’étais une émission consacrée à la vie, à l’influence de Patrick Buisson. Mais en réalité, c’est une émission sur l’extrême-droite qui se termine sur un reportage sur des skinheads torturant un individu. C’est indigne du service public. »
De son côté, Marine Le Pen met en cause le titre, « La tentation de l’extrême-droite », et le sommaire de l’émission. Dans un communiqué adressé ce lundi à la presse, la nouvelle présidente du Front rappelle qu’elle a, « à de nombreuses reprises, fait savoir qu'elle refusait qu'on associe le terme «extrême droite» au Front National dans la mesure où cela assimile son parti à des mouvances politiques avec lesquelles elle n'entretient aucun rapport. » Depuis sa prise de fonction à Tours, Marine Le Pen semble bien décidée à faire du Front national un parti de « droite nationale ». Rejetant en bloc l’appellation « extrême droite », elle peine pourtant à obtenir des politiques et journalistes l’abandon du terme. Aujourd'hui, elle semble donc avoir opté pour la bonne vieille méthode du coup d'éclat. En annulant au dernier moment sa venue à l'émission, elle impose aux journalistes sa propre vision du Front. Mais est-ce le rôle d'un parti politique de décider de son traitement médiatique ?
Bref, Marine Le Pen a beau annuler son passage, reste que le reportage qui lui est consacré sera bel et bien diffusé. Joint par Marianne2, Benoît Duquesne se désole : « C'est un mauvais procès qu'elle nous fait. Le titre et les sujets de l'émission étaient annoncés depuis trois semaines. » Appelé à la rescousse, Robert Ménard sera en plateau ce soir. « Ce n'est pas un remplacement, insiste le présentateur. Il faisait partie des gens qu'on avait contactés avant l'émission, c'est l'occasion de lui faire justifier le titre provocant de son livre. » Après la diffusion du portrait de la présidente du Front, Caroline Fourest occupera la place laissée vacante par Marine Le Pen. « Elle devait participer à l'émission de toute façon car elle sort un livre sur Marine Le Pen en juin », souligne Duquesne.
Laureline Dupont - Marianne