
Un lecteur a soutenu que l'empire américain n'existait pas, en réalité, c'est bien un empire, avec des traits particuliers.
- Un empire traite aussi mal, ou aussi bien les allogénes que ses citoyens. C'est le phénomène de fusion des deux statuts sous l'empire romain, que l'on connait aujourd'hui sous la forme de "politique" d'immigration, Indigénes et nouveaux venus sont destinés, en fin de compte, au statut de trou-du-cul, le système affirme sa bienfaisance à l'égard des nouveaux venus, en leur permettant d'accéder au statut de joueur de l'équipe de fouteballe national, basket aux USA...
- Le clivage se fait entre une oligarchie, et une masse de pauvre, La distribution de pain, ou RMI, ou RSA, c'est la même chose, sous une forme différente. On achéte la paix sociale, et les bouffonneries des uns ou des autres ne peuvent le cacher.
- La balance commerciale s'effondre, ce qui explique l'effondrement de la monnaie romaine pendant 2 siècles. Comme je l'ai déjà dit, les progrès de la sidérurgie romaine ont consisté pendant cette période à faire remonter l'argent métal sur le dessus de la piéce en cuivre, pendant que le progrès de la sidérurgie germanique a consisté à forger des armes totalement en acier.
Comme les romains aimaient aussi le faux dans les armes, les leurs étaient en acier aussi, mais seulement en surface. Le reste était insuffisamment forgé.
Les germains utilisaient des martinets et des moulins pour ce faire, les autres des bras de leurs esclaves.
- Comparativement aux autres empires, l'armée US est relativement faible. Elle utilise la méthode carthaginoise des mercenaires et supplétifs, sans que cela lui réussisse vraiment.
Les 1 800 000 hommes de l'armée sud vietnamienne n'ont pas servi à grand chose. Les adversaires achetés en Irak ne sont fidèles que de manière aléatoire et tant qu'ils sont payés, et en Afghanistan, la coutume s'est instaurée de payer pour que les convois puissent passer.
En outre, on peut remarquer que même à l'origine, chez les carthaginois, cette méthode était peu efficace. Elle a permis de construire des empires (la Nouvelle-Carthage en Espagne), tout aussi vite perdus que vite constitués.
- La ligne de force, toute relative de l'empire US, c'est la maîtrise des océans (Thalassocratie), encore qu'avec 12 porte-avions, elle soit toute relative.
- La plus grande ligne de force, c'est l'idéologie. Elle permet de contrôler un pays, par ses propres élites. Mais quand le pouvoir politique des pays contrôlé estime pouvoir être autonome, il est très rapidement rappelé à l'ordre, soit éliminé.
- Pour ce faire, il dispose de deux courroies de transmission que sont la Banque Mondiale et le FMI.
- Un empire s'effondre d'abord par son centre, et la périphérie vient en dernier. En effet, les agents locaux ont tellement collaboré qu'il est presque évident qu'ils seront éliminés au moment du collapsus. Ils se prolongent, c'est tout.
Quand l'empire allemand s'effondre en 1944, il y eut épuration, quand l'empire romain est mis en liquidation judiciaire, il ne coexiste que deux autorités, celle reposant sur la force des rois barbares, et celle, démocratique, des évêques. En effet, à l'époque, c'est le mode de l'élection qui prévaut. Ce qui fait la force de la monarchie franque, c'est de s'appuyer sur ce pouvoir local, par le sacre des évêques, le roi devient l'un d'eux.
L'évolution de l'église, par la suite, sera classique, l'élection étant considérée comme bien, mais sans le peuple.
Les autres royaumes, s'ils sont effectivement d'une grande force militaire, s'effondrent à la moindre défaite.
- Ils finissent tous de la même manière. Ne disposant pas véritablement d'ennemis à leur mesure, ils multiplient les expéditions trop loin.
En outre, le coût de ses guerres devient disproportionné, et si les premières sont rentables, elles deviennent des gouffres sans fond. La différence de coût entre un taliban Afghan, un combattant irakien et un soldat US est phénoménale.
- L'empire américain extrait son tribut sur le monde par l'intermédiaire de son déficit extérieur, comblé à coup de dollars. Bien entendu, tous ceux qui me lisent savent mon opinion sur la question : lesdits dollars sont destinés à finir aux chiottes. Ils n'ont aucun pouvoir d'achat réel.
- Le nombre (indéterminé) de bases US dans le monde est en constante augmentation, sans jamais de recul. L'emprise physique, donc, est bel et bien là.
Il ne s'agit pas d'une politique voulue, mais de la tendance d'une bureaucratie à grossir sans fin. Le pentagone, les lobbys, doivent justifier leur existence. Sans peine, les USA pourraient réduire des 3/4 leur budget militaire et augmenter la puissance de leur armée.
Elle dispose de beaucoup trop de gestionnaires en tous genres de multitudes de budgets et situations. Telle la fable de l'apprenti sorcier c'est un mouvement doté de sa propre dynamique. Le corps de bataille, lui s'étiole et ne représente que 10 % des effectifs, et on a vu, en Afghanistan comme en Irak, une superpuissance incapable de déployer des effectifs.
En 1914, 70 % des mobilisés européens étaient affectés à des unités de combats. En 1940, c'était encore 50 %.
- Les armées impériales bien que sanguinaires sont incapables de mener des combats jusqu'au bout. Verdun ou Stalingrad sont des impossibilités pour elles.
A un moment, la chute la teneur en argent et or des monnaies romaines amenérent les fournisseurs indiens et chinois à les refuser. On y est presque pour le $.