« Il n'y a pas d'alternative». C'est le nom du nouveau blog de Bertrand Rothé, professeur d'économie et essayiste, sur Marianne2.

Il n'y a pas d'alternative

Les Français aimeraient être un peu mieux protégés. Les caves se rebiffent, ils ne font plus confiance aux sirènes du libéralisme. Ils en ont assez d’attendre les lendemains qui chantent. Le protectionnisme a le vent en poupe. Les chanteurs du « laisser passer », les porte-parole des banques et autres entreprises du CAC 40 sont contraints d’organiser rapidement un contre feu. Business oblige ! Il ne faut pas casser la tirelire. Malheureusement leur baratin n’est plus à la hauteur. Exemples.

L’anathème de l'article d'Attac « lepénisant » les partisans de la démondialisation souligne la panne d’inspiration. Marine Le Pen est une partisane de la démondialisation. Et alors ? Son vieux tapait volontiers sur les fonctionnaires et l’Etat, nous n’avons pas fait l’amalgame entre le libéralisme et la solution finale.

Les plus fins ont tenté de culpabiliser le chaland. Ils nous invitent à partager nos richesses. Eric Orsenna a développé cette thèse dans « Fric, krach et gueule de bois » en janvier 2011 sur France 2. « C'est exactement ce que pensent les gens qui ne pensent qu'à la France. Pendant ces trente ans, le monde a bougé comme jamais. Il y a des centaines de millions de gens qui étaient dans la misère et qui ont progressé vers une classe moyenne ».

Sauf que la réalité est un peu plus complexe, monsieur l’académicien ! Le marché a échangé des dizaines de millions d'emplois convenablement rémunérés, des postes d'ouvriers qualifiés qui bénéficiaient d'une protection sociale dans les pays développés, contre des centaines de millions d'emplois à 150 euros par mois sans protection sociale, sans aucun accès à la démocratie. De quel côté penche la balance ? Quelques dizaines contre quelques centaines, mais aussi des salariés debout contre des salariés exploités, ou pour paraphraser Monsieur Montebourg des « chômeurs contre des esclaves ».

Les autres ressortent les vieilles ficelles. Les éculées, les usées jusqu’à la corde. Ils nous invitent à patienter. La sortie de crise est pour bientôt. Dans cette catégorie on retrouve des personnes aussi différentes que Patrick Artus ou Pierre Khalfa d’Attac. Le premier, économiste de la banque Natixis, estime dans La Croix du 17 juin 2011, que « le refus exprimé du libre échange se fait « trop tard ». « Nous avons payé les coûts de cette mondialisation. Maintenant nous allons en tirer les bénéfices. ». T’as raison. Il suffit d’y croire. Ca fait encore du monde et quelques délocalisations en perspectives. Fakir, un journal en pointe sur la démondialisation, cite le second. A des douaniers qui voulaient réagir au libre échange, l’économiste d’Attac aurait conseillé d’attendre une hausse des salaires en Chine. 60 millions de Chinois ont augmenté leur niveau de vie, reste les autres. 1, 260 milliard qui frappent légitimement à la porte.

(1) On les a connus plus en verve les Dabes (Distributeurs automatiques de bêtises économiques).

Bertrand Rothé

http://www.marianne2.fr/BertrandRothe/Les-dabes-1-a-court-d-arguments_a1.html