Michaël Clément, quasi trentenaire, tente de faire vivre ses chansons depuis plusieurs années. Un album auto-produit, plusieurs EP (maxi disque, généralement 4 ou 5 titres), des dizaines et dizaines de concerts. Des rencontres avec des producteurs, des tourneurs et bien sûr de nombreuses maisons de disque, il faut dire que le jeune chanteur a un joli talent. Reconnu grâce à des duos avec d'autres artistes, notamment la très en vogue Emily Loizeau ou le vétéran de la chanson française Polo, il se voit aussi proposer d'écrire pour d'autres, méthode en vogue dans les Majors pour « pousser » de jeunes artistes. Pourtant, son nouveau disque, vous ne pourrez pas l'écouter. Quasiment dix ans de portes entrouvertes à grands coups de boutoir et qui se referment en un courant d'air auront eu raison de sa motivation. Non pas de faire de la musique, mais d'en faire une activité unique, d'en « vivre ». Trop de fausses promesses, de demandes de compromission de la part de « professionnels de la profession », de tentatives de formater un nouveau-ci ou un clone d'untel. On peut bien sûr gloser pendant des heures sur cet abandon, remettre en cause son talent, sa motivation. Ceux qui l'auront écouté et vu sur scène regretteront de ne pas pouvoir écouter son disque, diffusé à dix exemplaires et introuvable en ligne.
Plus globalement, on regrettera surtout que les fonctions de promotion et découverte de jeunes talents ne soient plus réellement assurées par les maisons de disque. Ils vous diront l'inverse, statistiques et chiffres à l'appui, dopés aux jeunes artistes issus de feu la Star Academy ou de la Nouvelle Star. On regrettera aussi de ne pas vous parler de « Micky », surprenant EP de Michaël Clément, entre chanson et électro. Comme le concluait Jacques Attali sur Slate : « En France, la création n’a pas besoin de censeurs, mais de recruteurs ».
Mathieu Maire du Poset - Marianne