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Créé le : 10/01/2011 15:32
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Robespierre n'aura pas sa rue dans Paris

27/06/2011 19:28

Robespierre n'aura pas sa rue dans Paris


Alors que les communistes et le Parti de gauche demandaient que la mémoire du révolutionnaire soit honorée, le Conseil de Paris a voté contre la création d'une rue Robespierre. Pour Alexis Corbière, il faut continuer le combat.

 

Il n'y aura toujours pas de rue ou de place Robespierre à Paris. Affligeant. La presse s’en est largement fait l’écho (une dépêche AFP certes pleines d'erreurs factuelles sur les auteurs du voeu, une demi page du Parisien, etc..). Preuve que Maximilien Robespierre n'est pas un cadavre glacé et passionne encore les français. Mon voeu (voir à la fin de ce billet) présenté lundi soir au Conseil de Paris a été nettement battu. Quelle tristesse. Hormis les dix élus qui siègent à mes cotés, Groupe communiste et élus du Parti de Gauche, présidé par mon ami Ian Brossat, un seul socialiste, l'Adjoint au maire chargé de la culture Christophe Girard (PS), et deux élus Europe Ecologie - Les Verts, René Dutrey et Yves Contassot ont voté pour. Point final. Tous les autres ont voté contre, ou ont déserté la séance. J'avoue que j’en suis fort marri et un peu chiffonné.

Bon, cela ne m’étonne pas de la part de la droite, qui s'est exprimée en séance assez vulgairement par l'intermédiaire caricatural de Jérome Dubus, un conseiller de Paris Nouveau Centre et accessoirement délégué général du MEDEF Ile-de-France. Ce monsieur, pourtant bien élevé, a, de manière générale, peu d'estime pour les syndicats ouvriers, les partis de gauche, et bien sûr tout ce qui peut ressembler à du jacobinisme. Dans le patronat français on préfère sans doute l'Ancien régime. Bah, c'est entendu. La droite parisienne, composée d'ailleurs de quelques aristocrates, est opposée à ma demande. Je ne découvre rien. En vérité, cette famille politique là n’aime pas la réalité de l’histoire de la France (belle et rebelle, et qui « répond toujours du nom de Robespierre », n'est-ce pas Jean-Luc ?) et déteste viscéralement celui qui s’indignait par ses mots : « Peuple, on te trahit, reprends l’exercice de ta souveraineté ! ». La radicalité de la Révolution Française hante encore la droite française. Quoi ? Célébrer « l'incorruptible » ? Vous n'y pensez pas ! Quelle honte ! Quelle ringardise ! Il est bien plus moderne de pleurer sur le sort de la famille royale, de la noblesse et des vendéens et chouans qui, armes à la main, ont lutté contre la République. Aux yeux de ces gens là, mon voeu est une foutaise et Maximilien Robespierre un tyran et une brute assoiffée de sang. Triste époque. L'idéologie contre-révolutionnaire, regorgeant de mensonges, calomnies et affirmations révisionnistes a fait son oeuvre. Logique. Mais, je le confesse, des élus UMP et Nouveau Centre, je n'attendais rien, et leur opposition finalement me rassure. Depuis longtemps, les concernant, ma boussole est la suivante : plus ils crient fort, plus j'ai la conviction d'avoir raison !

Mais, le vote quasi unanime des élus socialistes contre mon voeu, me sidère encore. J'observe même que pas un seul de mes amis de « la gauche du PS, proche de Hamon et de Emmanuelli » comme on dit, n'ont eu l'énergie de voter mon vœu (et de rester en séance pour cela). Décidément, les traditions se perdent. Les héritiers de « la première gauche » ne sont plus ce qu'ils étaient.

 Pourquoi tant de haine et de mépris plus de 200 ans après la Révolution Française ? Pourquoi ce qui n’est qu’une banalité dans tant de villes françaises, dirigées par la gauche, est-il si difficile dans la capitale, dont il fut le député ? Pourquoi flétrir ce grand anticolonialiste, qui obtint l'émancipation pour les juifs, pour les comédiens, ce visionnaire défenseur des libertés publiques, défavorable à la peine de mort (et oui !), ce progressiste pour un revenu minimum, un droit à l'existence, et j'en passe... ? Pourquoi celui qui pour la première fois, dans son discours de la mi-décembre 1790, sur l'Organisation des gardes nationales, a utilisé notre devise nationale « Liberté, Egalité, Fraternité »,  n’aurait pas le droit d’être honoré à Paris ? Ce n'est pas rien, mince ! Cette devise est désormais inscrite sur tous les bâtiments publics de notre pays. Elle est connue dans le monde entier, sonnant comme un symbole de notre Nation ! Et pourtant, on en moque l'auteur et on le salit. On travestit l'oeuvre de la Grande Révolution. Tout cela est bien la preuve que la flamme de cet immense évènement brûle encore. Les coeurs froids de certains, fussent-ils de gauche, veulent encore jeter des seaux d'eau sur ses braises, pour les éteindre définitivement. Ils n’y arriveront pas. Mais, je constate que depuis le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II) le discours anti-robespierriste n’a pas pris une ride. Il semble même avoir gagné en légitimité en s’imposant comme un signe de modernité.

C'est peu dire donc que je suis déçu. Car cette fois-ci, j’y ai cru. Quelques jours avant le Conseil de Paris, j'avais espéré que nous puissions emporter la décision. Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, femme intelligente à la solide conviction de gauche et laïque, m'avait fait comprendre qu'elle n'était pas totalement défavorable à cette nouvelle demande. Elle avait lu avec attention la tribune que nous avions publiée la semaine dernière dans
l'Humanité demandant au maire de Paris de donner le nom d’une rue à celui qui est le révolutionnaire français le plus connu. Mon ami, l’historien Jean-Numa Ducange et moi-même, étions à l’initiative de ce texte signé par les principaux historiens français. Ce gage de sérieux historique et scientifique n’a pourtant pas suffit.

Le président du groupe socialiste Jean-Pierre Caffet (également sénateur et désormais soutien actif de François Hollande) s’est radicalement opposé à mon voeu. Ce n’est pas la première fois, il l'a fait avec brutalité. Le style c'est l'homme, dit-on. Bertrand Delanoë, maire de Paris, lui, avec plus de délicatesse, a aussi clairement fait entendre qu'il était encore hostile à ma demande. Stupéfiant. Pourquoi ? Les arguments de Jean-Pierre Caffet en séance, sont assez indigents. Qu'on en juge. Lui, le président du groupe des élus socialistes, premier groupe de la gauche, majoritaire à Paris depuis 2001, est opposé en 2011 à cette demande car, tenez vous bien, Maximilien Robespierre serait le grand responsable de la Terreur (quelle méconnaissance de l'histoire de la Révolution. Ce sénateur socialiste a-t-il lu Jean Jaurès ?) et, argument sorti de chapeau, était aussi favorable au culte de l'être suprême ! Pouah ! Ridicule. Et ce serait donc au nom de la laïcité, on le sait régulièrement piétinée dans cette instance, qu'il ne faut ab-so-lu-ment pas de rue Robespierre à Paris. Et ben, celle-là, fallait la trouver ! Comme lui a répondu ma camarade du Parti de gauche
Danielle Simonnet, les socialistes n'ont pas eu la même pudeur, il y a quelques années, quand ils ont nommé une place Jean-Paul II à Paris. Et savent-ils, mes chers socialistes, que le décret sur l'Etre suprême, du 18 floréal an II, fixe en réalité un culte de la vertu en tant que valeur civique démocratique. Savents-ils que l'article XI de ce décret garantie la liberté de culte, ce qui est une idée d'une grande modernité en 1794, si difficile à mettre en oeuvre sous l'Ancien régime pendant des siècles. Je passe donc sur les arguments du président du groupe socialiste d'une rare faiblesse, fabriqués pour les gogos, qui se voulaient une réponse pertinente à la belle intervention liminaire de ma camarade Danielle. Je crois que Caffet en réalité ne savait pas quoi dire et s'est exprimé, sans plus de réflexions. Dommage. Robespierre mérite mieux, surtout de la part d'un responsable socialiste.

Par contre, les arguments avancés par Bertrand Delanoë, maire de Paris, m'intéressent davantage. Ils sont plus raffinés. Des journalistes m'ont raconté qu'il avait répondu, lors d'une rencontre avec la presse, à mon encontre, qu'il ne voulait pas d'une rue Robespierre à Paris car ce dernier était à l'initiative de « la loi des suspects » et, selon ses propos rapportés dans Le Parisien « Robespierre estimait qu'être simplement suspect suffisait a être condamné ». La réalité historique est différente et plus complexe. Non, ce n'est pas Robespierre qui est à l'initiative de « la loi des suspects » du 17 septembre 1793, mais Jean-Jacques Régis de Cambacérès, qui lui (le maire le sait-il ?) a droit à une rue dans le 8e arrondissement de Paris. Mais, il faut dire que Cambacérès a participé aussi au coup d'Etat de Thermidor, a fait exécuté « l'incorruptible » et a rallié par la suite Napoléon Bonaparte (qui lui, rétabli l'esclavage !) devenant deuxième consul puis archichancelier de l’Empire. Faut-il donc trahir la Révolution pour avoir le nom d'une rue à Paris ? Monsieur le maire, votre argumentation ne me convient donc pas. C’est peu de la dire. Mais, ce débat n’est pas terminé, croyez-moi. Invité sur France Inter ce matin-même, Bertrand Delanoë, a encore été interpellé à ce sujet par un auditeur. Une nuit étant passée, sa réponse fut moins catégorique. Il dit à présent être favorable à une commission historique pour débattre de ce sujet. Chiche ! Cela m'intéresse. Je vais donc continuer cette discussion avec lui. Je vous en tiendrai informé.

Je continue donc ma quête. Ce n'est pas l'urgence de la période, mais c’est une juste cause et un débat politique et historique passionnant. Il est lourd de toutes les grandes controverses de la gauche française. Il éclaire le présent. Nous devons bien cela à celui que George Sand et Jules Romains considéraient comme « le plus grand homme de la Révolution », à celui qui, comme le disait André Malraux « fut guillotiné par des coquins ». Qui en 2011, parmi les intellectuels en vue aurait le courage de (re)dire cela ? La droite qui se dit gaulliste devrait s’inspirer de ces derniers mots, venant d’un écrivain engagé qui a fait sa grandeur. Mais, je l’ai déjà dit : de Gaulle avait Malraux, Sarkozy a Luc ferry et Eric Zemmour… Passons.

Il faudra bien un jour obtenir réparation de cet oubli. Avec plusieurs historiens, nous continuons. J’ai déjà de nouvelles idées. Jean-Paul Marat, St Just et bien d’autres, n’ont pas de rues à leurs noms à Paris. On va en reparler. Ceux qui veulent effacer Robespierre devront tenir compte de mon obstination et celles de mes amis (Danielle Simonnet, Ian Brossat, etc…), jeunes élus qui n’oublient pas le passé. Nous arriverons à notre fin. Le débat continue, vous dis-je… Nous sommes patient. Il dure depuis 200 ans.

Alexis Corbière - Tribune

Retrouvez Alexis Corbière sur son blog.

Photo : (Maximilien Robespierre - Wikimedia - Cybershot800i)

http://www.marianne2.fr/Robespierre-n-aura-pas-sa-rue-dans-Paris_a207666.html







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