La semaine dernière, Marine Le Pen était l’invitée de « Des paroles et des actes », la nouvelle émission du service public en vue de l’élection présidentielle (une belle réussite sur le concept). L’occasion de mieux cerner la personnalité de la présidente du Front National.
Vraiment pas au niveau en économie
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Marine Le Pen a de l’aplomb. Elle a su garder sa contenance pendant les deux heures de l’émission, plutôt une réussite vu le ton de certains intervenants... Cependant, sa prestation globale n’a pas été excellente. D’une part, elle a très souvent esquivé les questions qu’on lui posait. Elle partait souvent dans des grandes digressions pour, au final, ne pas répondre à la question qui lui était posée, malgré les nombreuses relances.
Ensuite, sur toute la partie économique du débat, la présidente du Front National a été extrêmement faible. Elle était incapable de sortir de ses discours pré écrits pour commencer un début de débat avec le journaliste qui lui était opposé. Elle manquait de la plus élémentaire connaissance de l’économie, étant incapable de répliquer aux chiffres de croissance trimestriels ou aux objections sur l’Etat stratège en évoquant Airbus, Ariane, le TGV ou le nucléaire...
Une politicienne comme les autres ?
Tout ceci pose un double problème. Tout d’abord, elle ne semblait clairement pas à la hauteur, ce qui est tout de même extrêmement gênant pour une candidate dont le programme comporte autant de propositions de rupture. Il est important de susciter la confiance et cette émission ne risque pas de rassurer sur les capacités du FN à gérer solidement une sortie de l’euro. Et cela permet aussi de s’interroger sur la sincérité du changement de programme économique tant il est mal assimilé.
En fait, Marine Le Pen m’est apparu comme une politicienne assez classique, avec un sacré aplomb compensant un manque de maîtrise patent de certains dossiers, une sorte de Nicolas Sarkozy inculte en économie. Si ses propositions tranchaient évidemment avec celles des autres partis, en revanche, son comportement rappelait beaucoup les travers classiques des hommes politiques : non réponse aux questions, noyage de poissons et maîtrise limite de certains dossiers.
Candidate dans un environnement hostile
Malgré tout, il faut reconnaître que Marine Le Pen a su affronter ses interlocuteurs avec une vraie courtoisie (à défaut de bonne foi), ce qui n’était pas vraiment leur cas à son égard. Cela était patent face à Cécile Duflot, et Laurent Joffrin. Nous n’étions plus dans le débat politique mais dans l’étalage d’une véritable haine et dans un combat de boue. A ce titre, je vous invite à lire le très bon papier de Yann : « Si t’as pas insulté un Le Pen à 50 ans, t’as raté ta vie ».
On peut se poser la question de la pertinence d’attaques aussi agressives couplées à une forme détestable où les intervenants passaient leur temps à lui couper la parole. Le moins sympathique n’était pas forcément la personne visée… En outre, Marine Le Pen a tout de même un certain sens de la répartie, en citant un député communiste ou Jacques Nikonoff sur l’euro ou en répliquant vertement sur les affaires quand on lui a évoqué certaines casseroles d’élus frontistes.
Malgré tout, au final, mon opinion de Marine Le Pen est encore plus négative à la sortie de cette émission. Si elle sait très bien se tenir, à toutes les limites déjà évoquées, j’ajoute une incompétence en économie qui dépasse ce que je pouvais imaginer et qui fait douter de la sincérité de son virage…
Laurent Pinsolle
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