La description des eurocrates publiée par le Spiegel est terrible. Ils sont dépeints comme des technos « frénétiques » qui multiplient les rencontres au sommet destinées à attribuer de nouvelles aides, nouveaux compromis qui font accroître les risques sur les marchés dans des proportions inquiétantes. L'article cite d'ailleurs la campagne des patrons allemands emmenés par trois des plus grands groupes allemands (Daimler, Siemens et Thyssen-Krup) pour lesquels il convient tout de même de sauver la monnaie unique qui, si elle explosait, mettrait en difficulté les entreprises allemandes dans la globalisation.
Mais le journaliste note aussi que le « ver » euro était sans doute dans le « fruit »Traité de Maastricht. Il cite à ce propos l'économiste libéral Milton Friedmann, lequel avait prophétisé que l'euro ne survivrait pas à sa première grande crise. C'est d'ailleurs ce qui explique le titre un peu alambiqué du dossier du Spiegel à la une. D'un côté, la crise de l'euro est soudaine, de l'autre elle était prévisible.
La conclusion est cependant sans appel : «Wir brauchen einen Plan B !» (« Nous avons besoin d'un plan B »). Le slogan, considéré comme ultragauchiste en France durant le débat sur le TCE, est outre-Rhin un cri du coeur ultralibéral...
Philippe Cohen - Marianne