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Affaire DSK : quand les tabloïds deviennent une source
05/07/2011 07:55
De la même manière que son arrestation avait créé l'un des plus gros buzz de l'histoire du journalisme, DSK a fait la une de tous les sites et journaux français et américains. Même chose sur les réseaux sociaux. Honni par les tabloïds américains, à peine plus d'un mois après son arrestation, certains journaux évoquent son retour en politique. Et Tristane Banon refait surface...
Du premier temps de la valse Strauss-Kahn, les dés étaient jetés. Le méchant et la gentille, le coupable et la victime clairement identifiés. Balayé ! C’est le New-York Times qui ouvre le bal. Le quotidien se penche sur le spectaculaire retournement de situation qu’a connu l’affaire Strauss Kahn ce week-end, évoquant le réveil d’un éventuel sentiment anti-américain compte tenu du traitement médiatique et la perception que les Français ont eu de la justice américaine.
Prétextant un flou artistique sur fond de mondialisation judiciaire, les télévisions françaises ont toutes montré DSK menottes au poignet sortant du tribunal malgré un très maigre appel à la retenue diffusé par le CSA. Des images normalement interdites de diffusion en France tant que la culpabilité n’a pas été établie.
« Il y a eu le sentiment que ce n’était pas seulement Dominique Strauss Kahn qui était humilié mais la France toute entière » écrit le journaliste Steven Erlanger faisant allusion à la jubilation avec laquelle les tabloïds américains se sont jetés sur leur proie. Dès le 17 mai, invoquant la présomption d’innocence, journalistes et blogueurs français s’étaient indignés du traitement médiatique infligé à DSK aux Etats-Unis. Malgré cette mise en scène humiliante, DSK a été relâché. Preuve aussi que le système profite aussi à l’accusé.
Le journal rapporte également des propos de Français choqués par la violence et le caractère expéditif du système judiciaire américain. Menotté, exposé aux caméras du monde en entier, jeté en prison -le symbole absolu de la culpabilité- DSK est blanchi par l’enquête du procureur qui avait misé toute sa réélection sur ce dossier. DSK passe du statut de coupable à celui de quasi-victime en à peine plus d’un mois sans qu’on en sache beaucoup plus sur ce qu’il s’est réellement passé dans la suite 2806. Car c’est bien plus la « personnalité trouble » de Nafissatou Diallo, ses mensonges qui ont convaincu le procureur de New-York, déjà fragilisé dans deux autres affaires, d’arrêter les frais. Un retournement de situation bien plus motivé par des visées politiques qu’avec le fond de l’affaire. Jusqu’à preuve du contraire, la loi américaine n’autorise pas le viol d’une « menteuse ».
Les tabloïds, un virage à 180°
Au début de l’affaire DSK, la presse américaine avait été très virulente épinglant notamment la légèreté des autorités françaises vis à vis des affaires de mœurs. « Pour les tabloïds, allègrement francophobes, l’affaire Strauss-kahn, s’est révélée un don de dieu et il a été sacrifié en conséquence » écrit le Washington Post qui précise que « dans le cas de l’affaire Strauss-Kahn, les tabloïds n’ont finalement fait que leur travail habituel lors de la couverture de faits divers. A ceci près qu’ils n’étaient plus seulement lus par leur lectorat historique mais également par les envoyés spéciaux de la presse étrangère. Et la presse étrangère a cité le New-York Post comme si elle citait le New-York Times. Le journal n’hésitant pas dès lors à évoquer certains des détails les plus scabreux de l’affaire ».
D’où une compétition inhabituelle entre les tabloïds et les journaux de « référence » et une impression de chaos médiatique. Car, en l’espèce ce sont bien les tabloïds qui ont donné le ton.
Tout cela est bien loin. Dans un portrait sévère du procureur Cyrus Vance , le New York Times rapporte comment depuis quelques semaines ses partisans envisageaient son avenir politique en fonction de l’évolution de l’affaire DSK, et notamment la campagne pour sa réelection en 2013.
Aujourd’hui « le bureau du procureur de New York est en plein chaos. C'est la première fois qu'il essuie un échec si retentissant », témoigne une femme qui y a exercé. « Il y a beaucoup de débats, de colère, de questions et de confusion, confirme un ancien procureur. Vance a péché par naïveté et par faute de jugement. Il a cru bien faire en empêchant DSK de quitter le territoire américain, il n'a pas imaginé qu'il pouvait perdre ».
Mais ce sont surtout les tabloids qui font un virage à 180 degrés. Ils avaient pris fait et cause pour l’accusatrice et s’étaient peu embarrassés de la présomption d’innocence : « DSK le pervers » avait titré en une le New York Post. Ces tabloids maintenant prennent beaucoup de distance avec l’accusation : « the alleged victim » (la victime présumée) écrit aujourd’hui le New York Post, qui montre un DSK tout sourire. Le Daily News évoque « La soi-disant victime prise dans un filet de mensonges ».
l'affaire DSK, une valse à mille temps
De quoi s’interroger sur cet emballement médiatique à rebours. Rien de très nouveau derrière tout ça: l’orchestration « d’informations » sur un mode accusatoire et qui s’enchainent car aucun média ne veut être en reste dans la course à l’audimat. « Cela révèle la fragilité du travail médiatique, même lorsqu’on parle d’enquête » estime Jean-Marie Charon. Il y a quelques semaines, en effet, le New-York Times avait mis ses très fins limiers sur les traces de la présumée victime sans rien trouver.
« Cette affaire n’est pas dans le temps de l’enquête, tout est beaucoup trop rapide, c’est le commentaire qui l’emporte » ajoute le sociologue des médias. Dépassée par les événements, son analyse n’en reste pas moins pertinente. Passé une première fois dans la grande lessiveuse médiatique, DSK découvre la puissance et la souplesse inattendue de son moteur programmé sur « lavage rapide option plus blanc que blanc ».
Prématuré ? A l’heure où nous mettons sous presse, comme disait « le-journaliste-de-jadis », Tristane Banon annonce dans l'Express qu’elle porte plainte contre DSK pour tentative de viol. Un retournement dans le retournement. La réplique ne se fait pas attendre : DSK porte plainte pour dénonciation calomnieuse. La valse Strauss-Kahn ressemble de plus en plus à une danse folle et ennivrante. Une valse à mille temps.
Régis Soubrouillard - Marianne
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