Il y a dix jours, sur RTL, Jean-Pierre Raffarin a osé mettre sur le même plan l’avis des électeurs et l’avis des prêteurs. Gérald Andrieu, de Marianne, a signé un beau papier dénonçant cette prise de position. Malheureusement, il y a d’autres fous de la corbeille, comme le prouve ce papier de Pascal Salin.
L’adoubement de la corbeille
Il fallait avoir le cœur bien accroché pour écouter l’ancien Premier Ministre jeudi dernier : « au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs ». L’UMP semble vouloir indiquer que voter socialiste pourrait remettre en question le crédit de la France sur les marchés financiers et pour les agences de notation.
Ce faisant, ils ne se rendent même pas compte de la schizophrénie de leur discours, puisqu’ils critiquent les agences tout en évoquant leur jugement pour déconsidérer leurs adversaires. Mais le plus hallucinant est clairement le fait de mettre sur le même plan les électeurs et les prêteurs. S’il ne s’agit pas de faire n’importe quoi avec ces derniers, les mettre sur le même plan est extrêmement choquant d’un point de vue démocratique ce qu’un ancien Premier Ministre aurait du voir.
L’ayatollah néolibéral
C’est un commentateur de mon blog qui m’a signalé ce papier proprement incroyable de Pascal Salin, professeur d’économie à Dauphine. Il est toujours intéressant de savoir comment ses adversaires pensent, mais là, j’avoue que cela dépasse complètement tout ce que je pouvais imaginer. Il affirme ainsi que « supprimer la progressivité de l'Impôt sur le Revenu et augmenter un peu la TVA serait donc justifié, mais relever la TVA sans autre contrepartie serait de la pure folie ».
Cette interview a au moins le mérite de dévoiler le fond d’un certain courant de pensée, qui ne recule devant aucun mensonge pour défendre ses idées. L’impôt sur le revenu ne représente que 2.5% du PIB, moitié moins qu’il y a vingt ans. Ensuite, évoquer des taux d’imposition de 80 à 90% est quand même totalement ridicule quand on sait qu’il y a un bouclier fiscal à 50% ou si on suit les travaux de Landais et Piketty qui ont démontré la dégressivité de notre imposition passé un certain seuil.
Malgré tout, on peut remercier Jean-Pierre Raffarin et Pascal Salin de leur franchise : cela permet de comprendre le fond de la pensée néolibérale, sa vision de la démocratie ainsi qu’un certain rapport aux inégalités et à l’impôt.
Laurent Pinsolle
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