Dans son édition datée du dimanche 31 juillet – lundi 1er août, le Monde a titré « Oslo : Jean-Marie Le Pen embarrasse sa fille et le FN ». Ce faisant, le quotidien vespéral se fait le parfait porte-parole de la nouvelle présidente du Front National, véhiculant très exactement ce qu’elle veut dire.
Le Monde attaché de presse du nouveau FN ?
Le titre du quotidien de référence pose un double problème. Tout d’abord en séparant Jean-Marie le Pen de sa fille et du Front National, il fait comme s’il s’agissait de deux entités différentes, ce qui est tout de même fort de café. En effet, Jean-Marie le Pen est toujours président d’honneur du Front National, il a gardé la main sur les finances du parti, et il est quand même illusoire de séparer le parti de son fondateur, président pendant 39 ans et père de sa nouvelle présidente…
Il est surprenant que le Monde transcrive sans la moindre nuance l’histoire que les communicants de Marine Le Pen cherchent à véhiculer, à savoir que la fille est plus modérée que son père. Et il est surprenant que ce journal (et bien d’autres) ne se pose pas la question de l’authenticité de cette histoire. N’y aurait-il pas tout simplement une opération communication bien huilée entre le père (jouant le méchant) et la fille (jouant la gentille) ? Et le sondage d’hier n’aurait pas déplu aux dirigeants du FN.
En effet, les propos de Jean-Marie Le Pen semblent tout de même très calibrés, suffisamment choquants pour déclencher la polémique, tout en parlant aux identitaires. Il a affirmé que la Norvège « n’a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d’abord l’immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l’esprit de ce fou meurtrier ». Laurent Ozon, un cadre dirigeant du FN, a écrit sur Twitter « expliquer le drame d’Oslo : explosion de l’immigration ».
Le Front National est toujours aussi infréquentable
Il est révoltant que les dirigeants du FN cherchent à utiliser le massacre commis par un extrémiste de droite pour dénoncer l’excès d’immigration en Norvège ! Ce faisant, ils semblent vouloir justifier cet horrible crime et déplacer le problème du comportement des identitaires fanatiques à l’immigration ! Rien ne peut justifier ni même tempérer un tel geste et c’est pourquoi le relativisme de certains frontistes rappelle bien opportunément que le FN n’a pas changé.
Bien sûr, Marine Le Pen a pris ses distances avec ces excès mais elle a refusé de condamner les propos de son père. Surtout, il est difficile de ne pas voir dans ces déclarations un pas de deux servant la communication de la présidente du Front National. En effet, les dérapages de son père réalisent la double performance de rassurer la frange la plus extrémiste du parti, tout en faisant apparaître sa fille comme plus modérée, lui permettant d’attirer de nouveaux électeurs.
Mais il s’agit d’une vue de l’esprit. Marine Le Pen elle-même avait expliqué qu’il s’agit essentiellement de communication. Et que dire du logo hérité des nostalgiques du fascisme italien, du candidat nazillon, de l’hommage au terroriste qui avait cherché à tuer le Général, des mensonges patents sur l’immigration, du dérapage sur le « nez » d’un journaliste juif, ou de la comparaison abusive des prières de rue à l’Occupation nazie. Il n’y a rien qui ressemble plus à l’ancien FN que le nouveau. En outre, son incompétence en économie la cantonnera à un rôle purement protestataire.
Le Monde devrait veiller à ne pas véhiculer sans la moindre nuance le message que souhaite faire passer Marine Le Pen dans les médias car ce faisant, ils font le jeu de l’extrême droite bien plus insidieusement que ceux qu’ils accusent de faire le jeu du FN…
Laurent Pinsolle
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