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La crise de l’euro était programmée
30/07/2011 14:25
La monnaie unique européenne vit-elle ses derniers instants ? Et que se passerait-il vraiment si la zone euro éclatait ? Voici les réponses de l'économiste français Jean-Luc Gréau. Membre de la fondation Res Publica, il se définit comme étant de « tradition libérale de droite », et milite pour un protectionnisme européen.
TV5 Monde : Inimaginable il y a encore un an, la question de la sortie de l’euro pour certains pays membres de la zone est aujourd’hui posée par certains économistes européens et américains. Pourquoi? Jean-Luc Gréau : La succession de crises de la dette publique dans les pays dits périphériques de la zone a créé une situation nouvelle. Jusqu’à l’automne 2008, souvenons-nous en, tous les Trésors publics de la zone pouvaient trouver à emprunter à un taux favorable, quasiment égal à celui du Trésor allemand.
La grande récession occidentale survenue à ce moment a créé le doute sur la solvabilité des emprunteurs. Le fait d’appartenir à la zone apparaissait auparavant comme une garantie suffisante. Si l’on peut dire, la « bonne » monnaie d’emprunt faisait le bon emprunteur.
Mais la fragilité de plusieurs pays emprunteurs une fois révélée par la crise, les agences de notation, longtemps très bienveillantes, se sont mises à dégrader la notation de différents pays, cinq à ce jour : Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie.
Les agences de notation et les prêteurs du marché du crédit ont pris conscience de l’hétérogénéité de la zone euro : qu’y a-t-il de commun entre l’économie grecque et l’allemande, la portugaise et l’autrichienne, l’irlandaise et la néerlandaise ?
Ces acteurs économiques ont vu l’envolée parallèle des dettes publiques en zone euro, à la faveur de la crise, saisissante pour des pays comme l’Irlande et l’Espagne, qui figuraient parmi les meilleurs élèves de la classe « euro » en termes de dette publique.
Certains économistes imputent la débâcle à l’insuffisante compétitivité des pays concernés. Ils en concluent à la nécessité d’une sortie de l’euro, synonyme de dévaluation monétaire, qui corrigerait au moins une partie des écarts de compétitivité.
Mais une telle sortie est-elle seulement possible d’un point de vue politique? C’est en quelque sorte la question préalable. Lors d’un colloque de la Fondation Res Publica, tenu à Paris au printemps 2007,il y a déjà quatre ans, j’avais dit que cette sortie « techniquement possible » ne l’était pas « politiquement ». Car l’euro est plus que l’euro, c’est le symbole idéologique de ce qu’on appelle la « construction européenne ».[Lire ici une intervention similaire de J-L Gréau dans un colloque de la fondation en février 2008, NDLR]
J’avais déjà diagnostiqué que la zone euro, victime des forces centrifuges liées à la concurrence des pays asiatiques, était affectée de divergences de plus en plus accusées entre ses économies membres, divergences qui posaient une question de fond sur la viabilité et la pérennité de la zone : d’où la nécessité de travailler sur l’hypothèse d’une sortie de la zone euro pour différents pays. Toutefois, j’étais dans l’obligation de conclure que la force du symbole empêchait les politiques de lancer la question dans le débat public, à moins d’accepter la marginalisation, voire la dénonciation par la classe politique et la corporation médiatique.
Nous en sommes toujours là, malgré la gravité des évènements survenus depuis la crise grecque, rendue publique en février 2010. Les sommets politiques à répétition cherchent à éviter un effritement de la zone euro. Car les dirigeants de la zone pressentent que l’effritement pourrait déboucher sur un éclatement pur et simple.
Imaginons toutefois qu’un pays quelconque décide d’abandonner la zone euro. Comment devrait-il s’y prendre techniquement ? D’abord, la nouvelle monnaie nationale devrait être lancée avec une unité de compte nominalement égale à l’euro. Prenons l’exemple d’une nouvelle drachme : celle-ci aurait, dans la circulation intérieure, la valeur de l’euro. Ceci, afin de ne pas déboussoler les acheteurs et les vendeurs, les prêteurs et les emprunteurs sur le marché intérieur, c’est le premier point, et, afin de permettre le retrait, en quelques mois, des anciens billets et pièces en euros, c’est le deuxième point.
Ensuite, la devise nouvellement créée flotterait librement sur le marché des changes, tout comme présentement la livre sterling, la couronne danoise et la couronne suédoise. La nouvelle monnaie serait sans aucun doute affectée d’une forte dépréciation, comparable à la dépréciation du baht thaïlandais ou du won coréen lors de la crise asiatique de 1997. Au bout d’un temps déterminé, les autorités politiques du pays revenu à la souveraineté monétaire auraient la faculté d’amarrer la devise nationale à l’euro, pour lui donner le maximum de crédibilité.
Enfin, une décision doublement technique et politique s’imposerait : un défaut partiel des emprunteurs privés et publics du pays, endettés dans une monnaie désormais fortement réévaluée par rapport à leur propre monnaie. C’est la solution retenue par l’Argentine en 2001, sous la pression de la nécessité. Il va de soi que ce défaut partiel entraînerait de lourdes pertes chez les créanciers qui sont, pour l’essentiel, les banques des grands pays de la zone euro, prêteurs imprudents qui croyaient et croient encore à la solvabilité contrainte de leurs débiteurs.
Qu’y aurait-il à gagner dans cette opération? Qu’y aurait-il à perdre? Dévaluer sa monnaie est le moyen par lequel on dévalue son travail et sa production. Autant la décision est amère, autant elle peut s’imposer par pure nécessité pratique. Les entreprises du pays sorti de la zone pourraient tenter de retrouver le chemin de la compétitivité perdue. Une nouvelle stratégie économique devrait être mise en place, fondée sur la diversification du tissu économique. Voilà les perspectives plus heureuses qu’offrirait la dévaluation.
En revanche, les emprunteurs du pays, qu’il s’agisse de l’Etat, des entreprises ou des banques, perdraient la faculté de s’endetter en s’appuyant sur une monnaie « noble » comme l’euro.
Mais vous et moi, nous avons déjà pu observer que l’euro a cessé de jouer son rôle de garant depuis dix-huit mois et qu’il y a donc de moins à moins à craindre de passer à une nouvelle monnaie, plus en ligne avec la compétitivité réelle du pays.
En fait, et c’est là une vérité qui vaut aussi bien pour les pays comme les pays périphériques que pour les autres, comme la France, encore préservée, la crise de l’euro résonne comme un appel explicite à s’appuyer désormais autant que faire se peut sur l’épargne locale, qui est dans les mains des particuliers, plutôt que sur le crédit de banques dirigées par des « aventuristes ». La plus grande réforme à introduire consiste à ôter aux financiers le privilège abusif qu’ils se sont octroyés depuis trente ans, en accaparant l’épargne privée.
Enfin, le passage à une nouvelle monnaie nationale donnerait la faculté à la banque centrale correspondante de soutenir les cours de la dette publique et d’octroyer à l’Etat des avances pour le financement des infrastructures jugées indispensables, du double point de vue économique et écologique.
A titre personnel, un tel scénario de « sortie de l'euro » vous semble-t-il envisageable? La monnaie représente un instrument décisif mais délicat de la prospérité des économies et du bonheur matériel des peuples. Il fallait éviter d’en jouer comme d’un symbole politique, qui devait conduire à l’unité de l’Europe, de gré ou de force. Il fallait, si l’on s’engageait dans cette voie, prendre à tout le moins deux précautions majeures.
Première précaution : protéger la nouvelle zone euro de la concurrence déloyale des pays à bas coût du travail et de la matière grise. Or, c’est l’option contraire qui a été retenue : mener de front la mondialisation commerciale et l’unification monétaire.
Deuxième précaution : organiser, au sein de la nouvelle zone monétaire, de dimension forcément restreinte, une harmonisation des coûts du travail, avec le concours actif des employeurs et des syndicats. Mais, ainsi qu’on l’a vu, les coûts du travail n’ont cessé de diverger entre 2001 et 2008.
Faute de ces deux précautions, la crise de l’euro était programmée. C’était l’objet d’un article personnel écrit en janvier 2006 : « Europe et euro : le rendez-vous manqué ».
Propos recueillis par Laure Constantinesco
Source : site Internet de TV5 Monde
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Il y a un an DLR annonçait : le plan d’endettement de la Grèce
30/07/2011 14:20
Il est des sujets où l’aveuglement médiatique (comme politique) est de mise, par soumission à des intérêts ou à des dogmes dominants. Loin de cette capitulation en rase campagne Debout la République fait souvent preuve de clairvoyance. Retour cet été sur une série d’articles par lesquels DLR avait vu juste avant les autres.
Au mois de mai 2010, la crise de la dette faisait son apparition dans le débat public avec l’appel au secours du gouvernement grec. Surendettée, et acculée dans ses derniers retranchements par les agences de notations et les marchés lui prêtant de l’argent à des taux usurier, la Grèce en appelait à l’aide des Etats européens.
Dans un grand élan d’inconscience, les députés français votèrent ce plan dit de soutien, en une nuit et à main levée, au palais Bourbon. Nicolas Dupont-Aignan fut parmi les rares députés à s’opposer à ce plan visant à prêter – donner - 16 milliards d’euros à la Grèce.
Dans un communiqué de presse de mai 2010, il dénonçait déjà l’arnaque de ce plan, qui sous prétexte d’aider la Grèce par un prêt se contentait de donner de l’argent aux banques qui détenaient ces créances. Loin de l’aider, les gouvernements européens en empêchant la relance des exportations et de la croissance par une sortie de l’euro et une dévaluation, ne faisait que condamner la patrie des Hellènes à une mort à petit feu.
Un an plus tard, la cure d’austérité imposée par la troïka FMI-UE-BCE n’a non seulement pas sauvée la Grèce mais l’a encore poussé un peu plus dans un gouffre financier. Alors qu’en mai 2010, elle était endettée à hauteur de 115% de son PIB, l’aide européenne lui a permis de faire monter son endettement à 152% de son produit intérieur brut.
Beau succès des élites gouvernantes que d’avoir refusé, par pur dogmatisme, de prendre en considération les mises en garde de Nicolas Dupont-Aignan. La clairvoyance n’est pas donnée à tout le monde !
Le président de Debout la République n’a pu que constater les dégâts. Comme prévu la dette a augmenté, comme prévu le gouvernement grec réfléchi à une restructuration de sa dette ne permettant pas aux Français ou aux Allemands de voir revenir l’argent que les députés ont donné avec légèreté en mai 2010. Comme prévu, le scénario de la sortie de la Grèce de la zone euro fait sons chemin.
Dernièrement, un second plan d’aide à la Grèce a été adopté. Mais cette grosse rustine ne résoudra en rien la crise causée par un euro trop cher. Prenons rendez-vous dans quelques mois pour constater les dégâts sur les économies du sud de l’Europe, de ces plans de sauvetages d’une monnaie taille unique pour pays différents.
A chaque plan d’aide, nos dirigeants, tels des pompier-pyromanes, sacrifient un peu plus les intérêts des Européens à leurs rêves dogmatiques. A chaque plan d’aide, la fin de la monnaie unique s’avère un peu plus nécessaire.
Charles Baldini, DLR Paris
http://www.debout-la-republique.fr/Il-y-a-un-an-DLR-annoncait-le-plan.html
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Ce que nous dit le précédent de 1992-1993 sur une fin de l’euro
30/07/2011 06:36
C’est une des dernières lignes de défense des partisans de l’euro : le retour des monnaies nationales et des dévaluations compétitives provoqueraient un cataclysme économique. Outre le fait que la situation actuelle est loin d’être riante, l’explosion du SME au début des années 1990 nous dit le contraire.
Flashback
Le début des années 1990 est difficile pour l’économie mondiale. Après une fin des années 1980 euphorique malgré le krach de 1987, du fait, déjà, de l’ajustement des politiques monétaires par les banques centrales, les économies occidentales souffrent d’un violent krach immobilier, qui aboutit à des faillites bancaires aux Etats-Unis, à la crise dont le Japon ne s’est toujours pas totalement remis et à un ajustement violent du marché immobilier parisien (qui perd 35% de sa valeur de 1991 à 1998).
L’Europe continentale rentre plus tardivement en récession du fait de l’unification allemande. En effet, le choix par Bonn d’une parité entre mark de l’est et mark de l’ouest donne un pouvoir d’achat important qui booste la croissance allemande en 1991 et produit un effet d’entraînement pour toute l’Europe. Mais cette forte croissance provoque une remontée de l’inflation (au-delà de 5%) et même un léger déficit de la balance des transactions courantes.
En outre, les parités monétaires européennes n’ont pas été réajustées pour tenir compte des différentiels d’inflation. Et la surchauffe de l’économie allemande pousse la Bundesbank à remonter les taux d’intérêt début 1992. La spéculation, permise par la libéralisation des mouvements de capitaux (directive Delors-Lamy de 1988), se déchaîne et provoque alors une explosion du SME de 1992 à 1993.
Dévaluation et croissance
En septembre 1992, après avoir monté ses taux courts à 15%, la Grande Bretagne quitte le SME pour ne pas asphyxier son économie. La livre perd jusqu’à 25% (en 1994, la dévaluation par rapport au mark atteint en moyenne 15% par rapport à 1991). La peseta et l’escudo sont dévalués une première fois, puis une seconde en mai 1993. En août 1993, les marges de fluctuations du SME sont élargies à 15%. En 1994, la lire et la peseta ont perdu 25% par rapport au mark.
Mais loin d’apporter la désolation économique, ces réajustements monétaires dynamisent l’économie. Après deux années de récession, la croissance rebondit au Royaume Uni (2.2% en 1993 et 4.3% en 1994). Après la récession de 1993, l’Europe continentale retrouve la croissance en 1994 : 2,2 à 2,4% en France, Italie et Espagne et même 2.7% en Allemagne. Mieux, l’inflation diminue dans les pays qui ont dévalué (4% en 1994 contre 6% en1991 en Italie, 2% au Royaume Uni au lieu de 7.5%).
Ce que cela dit d’une fin de la monnaie unique
Bref, le réajustement brutal des parités monétaires, a, au contraire, libéré la croissance économique européenne en permettant aux différents pays d’avoir enfin un taux de change et des taux d’intérêt adaptés à leur économie. Mieux, cela n’a pas provoqué de dérapage inflationniste puisque l’inflation a reculé sur l’ensemble du continent pendant l’intervalle. Et de toutes les façons, l’histoire économique enseigne que les dévaluations ont souvent un intérêt.
Alors, bien sûr, dans le cas d’une fin de l’euro, se poserait le problème des dettes souveraines. Il serait bien sûr illusoire de partir du principe que l’Italie pourra assumer sa dette si elle dévalue. Néanmoins, il faut noter que depuis un an et demi, les Etats européens ont mobilisé 400 milliards d’euros pour sauver les créanciers des pays en difficulté sans contrepartie autre qu’une austérité sauvage et imbécile. Mieux, la monétisation permettrait de recapitaliser les banques à bon compte.
Bref, loin des scénarios catastrophistes qui visent surtout à faire peur et empêcher tout débat, le réajustement des parités monétaires permettrait de relancer la croissance dans les pays de la périphérie qui retrouverait ainsi leur compétitivité sans avoir à baisser les salaires. Le montant des ajustements fait qu’un dérapage inflationniste est évitable. Et s’il fallait recapitaliser les banques, cela ne serait pas plus important que ce qui est fait aujourd’hui.
Bref, même si l’économie n’est pas une science exacte, l’examen de l’explosion du SME en 1993 permet de très fortement nuancer les prédictions catastrophistes de certains. Les dévaluations peuvent être positives.
Laurent Pinsolle
Source pour les chiffres : OCDE
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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L'euro et le dollar des monnaies condamnées?
29/07/2011 00:53
Entre deux mouvements de peinture, de démontage de meuble et de déménagement, votre blogueur trop absent va enfin prendre un peu de temps pour écrire et répondre à quelques commentaires . D'autant que je risque de ne plus avoir de net pendant quelques semaines. Et l'occasion était trop belle en cette période de grande incertitude monétaire pour ne pas parler un peu du destin de l'euro et du dollar. J'en parle aussi parce que je viens de lire un texte qui est à mon avis en grande partie erroné sur le site de Marianne2. Ce texte est en fait un interview de Myret Zaki qui parle de l'économie des USA et de la nature spéculative de la croissance américaine. Si l'on peut être en accord sur le fait que la croissance américaine s'est faite à crédit et sur l'influence qu'a eue le rôle du dollar sur la nature de la croissance américaine. Il ne faut pas non plus oublier trop vite les multiples interactions qui lient aujourd'hui les différentes économies de la planète à la monnaie américaine. Si vous suivez ce blog depuis un certain temps, vous aurez compris que mon opinion personnelle est qu'il n'y a pas vraiment de bonne ou de mauvaise économie dans l'absolu. Les pays déficitaires commercialement ne sont pas plus mauvais que les pays excédentaires. En réalité ce sont les interactions trop grandes entre les économies qui finissent naturellement par produire des désastres. Surtout lorsque l'on encourage des politiques de croissance non coopérative, c'est à dire des objectifs de croissance qui se feront au détriment d'autres peuples. Car lorsque l'on rentre dans ce type de processus l'on produit inéluctablement des déséquilibres qui finissent par mettre tout le monde dans l'embarras. Il suffit de voir dans quelle direction la politique salariale de l'Allemagne conduit l'eurozone pour s'en rendre compte. Comme vient de rendre compte l'Expansion le miracle allemand n'est pas vraiment généralisable, à moins de produire une dépression massive. C'est ce que nous avions appris lors de la crise des années 30, et c'est malheureusement la leçon que nous allons devoir réapprendre dans les années qui viennent.
Une économie mondiale viable ne peut être qu'une économie dans laquelle les pays équilibrent à peu près leurs échanges sur une certaine période de temps. Il ne peut pas y avoir en permanence des pays en déficit et d'autres en excédent. Car tôt ou tard les dettes contractées par les pays en déficit devront être remboursées. Et si elles ne le sont pas, ce qui est probable puisque la croissance dans les pays en déficit commercial permanent traduit un sous-investissement productif local, alors des catastrophes macroéconomiques se produisent. Purge de dette, dévaluation massive, protection douanière, toutes choses qui auraient été indolores, pratiquées à temps, mais qui deviennent désagréables à court terme à cause de l'accumulation de mauvais investissements et de choix biaisés à court terme. Le fait est que de toute manière le rééquilibrage finira par se faire quoique l'on décide. Le mieux étant d'accompagner ces rééquilibrages plutôt que de vouloir les combattre comme le font les Occidentaux et particulièrement les Européens. Et de faire en sorte que ce soient des rééquilibrages ne concentrant pas tous les efforts sur la masse miséreuse de la population au risque de se voir rajouter à la crise économique une crise politique ou pire une guerre civile. Le mieux serait bien sûr que les pays en excédent réduisent ces derniers par la hausse de leur demande intérieure, mais ce n'est, soit, pas dans leur mentalité comme dans le cas du Japon de l'Allemagne ou de la Corée. Soit ce n'est pas dans leur possibilité. Ainsi, même en triplant les salaires chinois les productions occidentales resteraient trop onéreuses en regard de la faible différence de productivité, pour que cette hausse produise une demande chinoise suffisante pour réduire l'énorme excédent. Et je ne parle même pas ici du patriotisme de consommation que certains pays pratiquent sans même s'en apercevoir et sans nécessairement faire appel à des lois ou des encadrements administratifs de protection douanière. Tous les peuples ne se comportent pas du point de vue de leur consommation à la manière française, anglaise ou américaine. Certains peuples attachent de l'importance à l'achat national au-delà du simple calcul de l'homo-économicus obsédé par le profit à court terme.
Il ne reste donc que le choix de la réduction des importations. Soit par la méthode libérale et négative, celle qui consiste à diminuer les salaires en espérant que l'investissement ne décroisse pas en proportion ce qui annulerait l'effet des baisses salariales et en plus réduirait les futurs gains de productivité. Soit par la méthode listo-keynésienne de protectionnisme commerciale par la dévaluation, les quotas ou les droits de douane. On peut même mélanger les trois méthodes en même temps suivant les secteurs, et cela avec toujours pour but l'équilibre de la balance des paiements. Cerise sur le gâteau, cette deuxième méthode peut même nous permettre de réduire le chômage à néant et d'augmenter les salaires en changeant la répartition des richesses à l'intérieur même de notre pays. En effet grâce au protectionnisme on élimine la contrainte extérieure et l'on peut enfin avoir des politiques de plein emploi tout en ayant une balance commerciale à l'équilibre. Bien évidemment cela se traduit par un changement dans la répartition des richesses à l'intérieur de l'économie nationale. On constatera sans trop s'étonner que seules la solution des contritions et des baisses salariales sont régulièrement envisagées pour palier aux déficits commerciaux chronique. Cela n'étonnera bien sûr que les naïfs.
L'euro et le dollar, une divergence fondamentale
Pour en revenir à la question du dollar et de l'euro qui est quand même au centre de ce texte, il faut bien voir que ces deux zones ont chacune leur propre problème. Vouloir rejeter les problèmes de l'euro en s'en prenant au dollar comme le fait ici Myret Zaki. Ou comme le fait régulièrement le groupuscule du LEAP, européiste et passablement antiaméricain (ce qui est étrange quand on connait l'histoire de l'UE). Cela revient en réalité à regarder la poutre dans l'œil du voisin pour éviter de voir le Séquoia géant planté dans le nôtre. Le problème de la dette américaine est évidemment énorme, mais la solution pour le salut de l'oncle Sam passe par la purge de cette dette donc par l'effacement d'une partie de l'épargne européenne et asiatique et par une dévaluation massive du dollar qui rendra à l'économie US plus compétitive. La mentalité américaine n'est d'ailleurs pas totalement étanche à l'idée de protection commerciale et les USA pourraient rapidement se replier sur leur continent pour faire redémarrer une économie trop largement amputée de sa sphère productive par les délires des années libre-échangistes. Les Américains perdraient certainement leur empire militaire, mais gagneraient aussi une société plus juste et moins inégalitaire. Ce que cette économiste d'une revue suisse ne semble pas avoir compris. Mais il est vrai qu'en Europe c'est surtout l'intérêt de rente qui inquiète la plupart des économistes, l'emploi ou les salaires sont très secondaires.
Les USA connaîtront des difficultés avec la fin du dollar comme monnaie de réserve internationale. Ils auront une forte poussée inflationniste liée à la dévaluation, mais cette apparente mauvaise nouvelle cachera une évolution positive sur le plan de l'égalité économique et une restructuration des richesses qui permettront à long terme à une économie réindustrialisée d'apparaître. Le dollar sera malmené, peut-être les statuts de la Fed et le fonctionnement de la monnaie américaine seront-ils changés, mais cette monnaie continuera à exister même sans son rôle international, un peu à l'image de la livre sterling actuelle. On peut souhaiter d'ailleurs que l'on n’ait plus jamais une devise nationale comme devise de réserve internationale tant cela provoque des problèmes en matière de gestion économique comme le rappellent très justement Pierre Sarton du Jonchay et Jean-Luc Gréau dans ce texte. Car comme ils le disent très bien :
« Tous les pays insolvables sont émetteurs de monnaie de réserve. L’utilisation internationale d’une monnaie renchérit son taux de change par rapport à ce qu’il serait sur la seule base des échanges commerciaux de biens et services. Non seulement il est plus facile d’emprunter à l’étranger avec une monnaie de réserve, mais la compétitivité du travail domestique est amoindrie. Un pays émetteur de monnaie de réserve est fortement incité à vivre à crédit, à sous-employer et sous-rémunérer les salariés domestiques. »
Le destin du dollar n'est pas de disparaître, mais de changer de nature. Le dollar doit se restructurer et changer de but. La monnaie américaine doit redevenir la monnaie du peuple américain. Et donc cette monnaie ne doit pas être trop surévaluée et elle doit permettre à l'économie américaine d'équilibrer ses comptes extérieurs tout en ayant des politiques de plein emploi. Le rôle de monnaie de réserve et l'avantage que cela octroie à court terme ayant un effet désastreux sur une longue durée.
L'euro s'il a des problèmes importants comme ceux du dollar pour diverses raisons à une grosse particularité. L'euro n'est pas seulement trop surévalué comme l'est le dollar. Il est structurellement une mauvaise monnaie. C’est beaucoup plus grave que la situation du dollar, ce que les européistes cherchent à cacher de plus en plus maladroitement. Encore une fois, la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale. Il n'y a pas de nation européenne et pas de solidarité à la hauteur des niveaux de différence de productivité entre les différentes régions qui composent la zone euro. Il n'y a même pas de fiscalité unique, ni de langue unique, ni de démographie convergente. La seule chose qui unisse les Européens c'est la contrition salariale et le masochisme macroéconomique. De fait, l'euro pour pouvoir fonctionner aurait dû avoir dans sa valise conceptuelle des mécanismes permettant la régulation commerciale interne pour pallier à l'impossibilité de dévaluer pour les nations avec une inflation plus forte. Aucun mécanisme n'a été prévu ou pensé pour permettre à ces déséquilibres de se résorber. La seule solution étant la diminution de la demande salariale et celle de la dépense publique.
De fait, la seule chose à laquelle pensent les européistes aujourd'hui, c'est de changer les peuples. Comme à la grande époque de l'Union soviétique ou des divers courants religieux et impérialistes qui ont mis l'Europe à feu et à sang dans sa longue histoire. L'obsession de l'uniformisation organisationnelle du continent conduit à vouloir transformer tous les peuples en un peuple européen moyen pour permettre à l'euro de continuer à exister sous sa forme actuelle. Bien sûr, le projet est tellement grotesque qu'il se casse la figure face à la réalité divergente des nations d'Europe. On peut donc dire que si l'euro et le dollar sont tous les deux dans une situation difficile leur destin ne sera probablement pas le même. Le dollar est la monnaie d'une nation qui même avec toutes ses tares et ses défauts a quand même quelques zestes d'unité qui lui permettront de continuer à exister, une fois la tempête passée. L'euro est un machin artificiel dont la nature même produit sa propre crise. L'Europe se retrouve avec plus de problèmes que les USA, le Japon, ou la GB alors même qu'elle aurait dû en connaître moins, puisqu'elle avait été moins portée aux déficits commerciaux et aux dettes. Mais la nature de sa monnaie produit des inquiétudes et des aggravations de crises qui sont structurelles. Même bien géré, l'euro ne peut pas fonctionner. Il ne peut qu'alimenter les divergences internes de la zone, en étant trop fort pour certaines nations et trop faible pour d'autres. La seule façon pour faire fonctionner l'euro tel qu'il est étant d'exporter les problèmes de la zone par d'énormes excédents commerciaux. Ce qui n'est pas possible dans les conditions actuelles et ce qui produirait d'autres crises ailleurs qui finiraient par se retourner contre l'eurozone.
Yann
http://lebondosage.over-blog.fr/article-l-euro-et-le-dollar-des-monnaies-condamnees-79867705.html
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Le Festival d’Avignon trahit son idéal populaire
29/07/2011 00:47
En affirmant dans Le Figaro qu’il a le sentiment que le Festival d’Avignon serait devenu : « Le lieu d’une secte qui rejette les grands textes » , Fabrice Luchini relance un débat nécessaire sur le in de la plus importante manifestation théâtrale au monde. En effet, la programmation « hermétique », « élitiste » voire « trop exclusivement avant-gardiste » des dernières années peut sembler trahir l’idéal originel du festival.
À partir de 1947 dans la Cité des papes, puis au Théâtre national populaire (TNP), en 1951, Jean Vilar a permis ce que Chantal Meyer-Plantureux, professeur en arts du spectacle, considère comme un « aboutissement » (1) du combat mené par de nombreuses personnalités pour le théâtre populaire. L’idée est ancienne avec ce que Jules Michelet nomme la « théâtrocratie » du temps de la Grèce antique, et que les révolutionnaires français ont désiré remettre au goût du jour. Ce concept de théâtre « par et pour » le peuple va s’affiner et s’organiser, du théâtre de Bussang de Maurice Pottecher en 1895 jusqu’au projet d’Eugène Morel en 1900, en passant par le « comité pour la création du théâtre populaire », composé notamment d’Anatole France, d’Émile Zola ou de Romain Rolland.
L’institutionnalisation d’un théâtre de qualité pour le plus grand nombre aboutit en 1920, grâce à Pierre Rameil, député des Pyrénées Orientales et auteur d’un rapport au nom de la commission des finances créant le TNP. L’homme politique catalan a alors ces mots d’une grande acuité et modernité : « L’art sous toutes ses formes, luxe de quelques-uns, cela choque péniblement notre sentiment démocratique ; mais quand il s’agit de théâtre né de la foule et fait pour la foule, l’illogisme apparaît plus flagrant. Le spectacle pour une élite restreinte est déjà un non-sens ; mais si c’est la fortune qui détermine arbitrairement cette sélection, le non-sens devient parfaitement odieux. » Cette brèche qu’a ouverte le théâtre populaire est à l’origine de toute la politique républicaine de démocratisation culturelle française, d’André Malraux à Jack Lang jusqu’aux combats juridiques et diplomatiques de la diversité culturelle au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Cependant, la question posée par Fabrice Luchini nous interpelle, car les « pères » du théâtre populaire défendaient l’idée d’une promotion de la création dramatique, mais surtout d’une offre variée pour le plus grand nombre, ce qui comprend les chefs-d’oeuvre du passé. Or, si le Festival d’Avignon a fait d’importants efforts pour retrouver son âme par une politique tarifaire plus décente en direction notamment des jeunes, et par une délocalisation (lycées, quartiers, centre pénitentiaire…), il faut malheureusement regretter une programmation monolithique qui oublie bien souvent de satisfaire les trois conditions que doit réunir le théâtre populaire d’après Roland Barthes : « Un public de masse, un répertoire de haute culture, une dramaturgie d’avant-garde. »
Olivier Amiel - délégué national du Mouvement Républicain et Citoyen - 18 Juillet 2011
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