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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Les Vikings à l’assaut de Bruxelles

15/06/2011 13:45

Les Vikings à l’assaut de Bruxelles


 

imagesCAXBIDF1 Copenhague, mercredi 11 mai 2011 : avec l’annonce par le Danemark du rétablissement permanent des contrôles douaniers à ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, pour lutter contre l’immigration illégale et la criminalité organisée, c’est un véritable coup de tonnerre qui vient de se produire dans le landernau européen, à un moment où les institutions bruxelloises peinent plus que jamais à trouver la parade qui permettrait enfin aux Etats membres de l’espace Schengen de se protéger efficacement des arrivées massives de migrants provenant de partout, de l’Afrique du Nord à la frontière gréco-turque.

Vingt-six ans après la signature, le 14 juin 1985, des accords de Schengen, entre les cinq premiers États signataires (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), la patrie du poète et conteur Hans Christian Andersen vient ainsi de faire un pied de nez inattendu à Bruxelles en décidant unilatéralement de snober l’un des dogmes de la construction européenne : la liberté de circulation des biens et des personnes à l’intérieur des frontières de l’Union européenne.

Pour les observateurs attentifs de la vie politique danoise, cette initiative n’était guère surprenante venant de la part d’un gouvernement de minorité de centre-droit qui, à cinq mois d’élections législatives qui s’annoncent décisives, cherche pour l’heure à s’attirer les bonnes grâces du très influent parti populiste de droite Dansk Folkeparti (Parti du Peuple danois), dont les exigences, notamment sur la question centrale de l’immigration, obligent dorénavant le parti libéral du Premier ministre Anders Fogh Rasmussen à composer inlassablement avec une formation politique puissante qui dispose désormais de 25 députés au Folketin.

Aux yeux des partisans d’une Europe supranationale, qui ne tolèrent l’expression d’aucune forme d’indépendance politique, pareille mesure est à coup sûr intolérable : cette décision n’a-t-elle pas été annoncée sans la moindre concertation préalable avec les autres pays concernés, à l’initiative, de surcroît, d’un gouvernement appelé à présider l’Union européenne à compter du 1er janvier 2012…?

Ainsi donc, n’ayant que faire de la menace bruxelloise, le Danemark a décidé de faire cavalier seul en manifestant, une fois de plus, sa volonté opiniâtre de ne pas s’en laisser compter. A vrai dire, pour quiconque s’intéresse à l’histoire récente de ce pays, vue sous l’angle de son itinéraire européen, force est de faire l’éloge d’une nation exemplaire qui réalise la démonstration quotidienne de sa vitalité démocratique et de son esprit de résistance.

C’est en pleine euphorie économique des Trente Glorieuses que le Danemark avait décidé de rejoindre, le 2 octobre 1972, le traité de Rome, à l’issue d’un référendum qui devait recueillir une large adhésion de son peuple (56,7 % de «oui»). Depuis lors, c’est peu dire que le plus petit des pays scandinaves s’est toujours signalé par son peu d’enthousiasme à s’engager pleinement dans un processus de construction européenne qui devait, à partir de l’Acte unique, s’éloigner insensiblement des objectifs assignés à ses débuts, soit en l’occurrence une communauté économique et commerciale, pour y substituer irrésistiblement un modèle politique autoritaire qu’il a toujours farouchement repoussé. Toujours prudent, le Danemark a su préserver heureusement un précieux garde-fou dans le texte de sa Constitution : tout projet de loi autorisant un transfert de souveraineté à des autorités supranationales requiert l’organisation obligatoire d’un référendum.

De l’Acte unique au traité de Maastricht

Cette défiance à l’égard de la construction européenne, les Danois devaient la marquer d’abord en se montrant fortement réservés à l’égard de l’Acte unique, adopté sans enthousiasme lors du référendum du 27 février 1986 (42 % de «oui» ; 32,7 % de «non» ; 25,3 % d’abstentions), mais c’est surtout avec le traité de Maastricht que ces lointains descendants des Vikings firent preuve de leur légendaire esprit d’indépendance : soumis au vote du peuple danois, le 2 juin 1992, le traité sur l’Union européenne fut rejeté avec 50,7 % des voix, alors que son Parlement l’avait adopté, un mois plus tôt, avec 125 voix pour et 25 voix contre…

La capacité de Bruxelles à réagir rapidement fut à la mesure du cataclysme politique produit par l’insolence danoise. Inaugurant, lors du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernements d’Edimbourg de décembre 1992, une méthode qui devait faire florès par la suite, le gouvernement de Copenhague obtenait de ses partenaires un nouveau texte, taillé sur mesure, appelé pour le coup à ne s’appliquer à aucun autre État membre : ses réserves furent prises en compte en matière de politiques de défense, de citoyenneté, de justice et de sécurité intérieure, mais surtout, en ne participant pas à la création de la monnaie unique, le Danemark devait conserver ses compétences nationales en matière monétaire.

Le traité de Maastricht ayant fait de la sorte peau neuve, les Danois devaient se résigner à une séance de rattrapage, lors d’un deuxième référendum organisé le 18 mai 1993 : le traité fut alors largement accepté avec 56,8 % des voix.

La lancinante question de l’Euro

A ce stade de la construction européenne, la question de la monnaie unique et celle de la disparition corrélative de la couronne danoise ne pouvaient que cristalliser toutes les attentions ; à la suite de l’adoption par 11 États membres de la monnaie unique, le 1er janvier 1999, le gouvernement danois décida de consulter le peuple sur l’entrée du Danemark dans la zone euro, lors du référendum du 28 septembre 2000. Le revers fut cinglant pour la nomenklatura européiste : avec une participation de 86 %, 53,1 % des électeurs rejetèrent l’euro !

Avec le Royaume-Uni, le Danemark est donc le seul État de l’Union européenne à bénéficier en matière monétaire d’une clause dérogatoire qui lui permet de rester durablement en dehors de la zone euro et de conserver l’usage de sa monnaie nationale. Au vu de ses résultats économiques actuels, plutôt florissants, le pays ne s’en porte pas si mal…

Si le Danemark ne prévoit pas d’organiser dans l’immédiat un nouveau référendum sur l’adoption de l’euro, le Premier ministre Rasmussen a toutefois estimé devant le Parlement, en février 2011, que Copenhague pourrait changer d’avis à la faveur d’une proposition franco-allemande visant à renforcer la coopération économique au sein de la zone euro. Mais, selon les sondages actuels, les Danois restent majoritairement opposés à l’adoption de la monnaie européenne…

La mascarade de la ratification du traité de Lisbonne

Dûment vaccinés, lors des consultations électorales touchant aux questions européennes, par des précédents plutôt fâcheux, les gouvernements danois, de tendance libérale comme de sensibilité sociale-démocrate, s’étaient bien gardés de soumettre la ratification du traité de Lisbonne à référendum. Pour contourner toutefois l’obligation constitutionnelle de recourir en pareil cas à la consultation populaire, le Premier ministre actuel Rasmussen s’appuya, en décembre 2007, sur une expertise du ministère de la Justice suivant laquelle le texte final du traité de Lisbonne n’opérerait, contre toute évidence, aucun transfert de la souveraineté du pays, au grand dam de nombre de formations politiques, dont le Parti du Peuple Danois qui, non sans raisons, dénoncèrent, avec l’utilisation de ce procédé malhonnête, une indécente manipulation politique.

Le résultat de cette grossière manœuvre de contournement du vote populaire était attendu par tous : largement acquis à la cause européiste, le Parlement devait massivement ratifier le traité de Lisbonne par 90 voix contre 25, le 24 avril 2008…

En vérité, la messe n’est pas dite car le dossier pourrait connaître, dans un proche avenir, d’intéressants rebondissements juridiques. Le 11 janvier 2011, la Cour suprême a reconnu en effet, à l’unanimité de ses membres, l’intérêt à agir de 35 ressortissants danois à poursuivre le Premier ministre Rasmussen, au motif que le chef du gouvernement aurait violé la Constitution en ratifiant le traité de Lisbonne par un vote parlementaire plutôt que par voie référendaire : la plus haute juridiction danoise va devoir désormais examiner le fond de l’affaire et dire si le traité de Lisbonne a bien été ratifié selon la légalité constitutionnelle. Chacun mesure ici l’enjeu considérable d’une procédure constitutionnelle qui pourrait désavouer la ratification danoise, par voie parlementaire, d’un traité de Lisbonne dont la parfaite entrée en vigueur suppose qu’il ait été ratifié définitivement dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. Affaire à suivre…

Des prétentions bruxelloises visant à se procurer coûte que coûte des ressources budgétaires propres, en mettant à contribution les peuples européens, à l’obligation désormais imposée aux Vingt-sept de soumettre leurs budgets nationaux au crible pointilleux de la Commission, de la modification en cours du traité de Lisbonne destinée à mettre en place un mécanisme permanent de stabilité pour la zone euro, sans la moindre consultation référendaire, à la suggestion récente du Président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, de doter l’Union européenne d’un ministre des finances, l’offensive totalitaire des institutions supranationales de Bruxelles contre les souverainetés des Etats membres de l’Union européenne s’intensifie chaque jour un peu plus.

Devant pareille actualité, plus alarmante que jamais, quels enseignements peut-on tirer, au bénéfice de la France, de la singulière expérience danoise ?

1. Lorsque, à la faveur d’une consultation référendaire portant sur les questions européennes, la parole est occasionnellement donnée au Peuple et qu’il exprime alors un message discordant qui place ses oligarchies en porte-à-faux vis-à-vis de la doxa européiste, celui-ci est aussitôt bâillonné, par tous moyens, et, à défaut de pouvoir le contraindre à se déjuger à l’occasion d’un second référendum, le recours à la voie parlementaire est alors la méthode la plus communément employée pour mieux contourner le vote populaire, : comme les Français, les Néerlandais ou les Irlandais, les Danois en ont fait pareillement l’amère constat. Si, pour mieux s’en défendre à l’avenir, nos compatriotes avaient pleinement conscience de la réalité de ces pratiques douteuses, aujourd’hui notoirement méconnues, l’entreprise européiste y perdrait assurément de son emprise idéologique sur les esprits.

2. Aucun combat n’est perdu d’avance s’il est mené avec lucidité et détermination. A défaut de pouvoir avoir recours à l’action contentieuse, faute de cadre juridique possible, pour faire échec à une initiative qui mettrait en péril l’indépendance et la souveraineté d’un pays, l’expérience danoise nous enseigne, avec l’épisode récent de la suspension des accords de Schengen, que l’action unilatérale est une option politique qui demeure toujours ouverte, quelles que soient les rigueurs des rapports de force en présence, pour peu que l’opinion publique, aussi bien que les formations politiques soucieuses de l’intérêt supérieur de la nation, s’attachent dans un même élan vital à se gendarmer courageusement.

3. Quitte, pour un pays, à composer tactiquement avec le système européiste, autant lui arracher dès à présent l’octroi de traitements particuliers qui préservent avantageusement l’essentiel de ses intérêts primordiaux ! A l’instar, par exemples, du Danemark ou du Royaume Uni qui ont tout lieu de se féliciter de fonctionner aujourd’hui avec des systèmes monétaires domestiques qui échappent aux travers tragiques de la zone euro, la France serait bien inspirée de cultiver cette méthode prudente de gestion des affaires publiques et de renégocier, partout où le besoin impérieux pour ses intérêts se fait le plus sentir, des statuts dérogatoires au droit commun, en attendant de pouvoir se libérer définitivement du carcan rigide d’une Union européenne si peu réformable.

4. Tous les peuples européens, surtout parmi ceux qui sont les plus réfractaires à l’idéologie européiste, à l’exemple du Danemark ou de la France, doivent à présent en convenir : plus aucune décision politique, qui serait prise au plan national ou à l’échelle européenne et dont l’objectif ou l’effet serait de conduire à la dépossession de leurs souverainetés, ne doit désormais échapper si peu que ce soit à leurs assentiments. Pour ce qui la concerne, la France ne fera assurément pas l’économie à l’avenir d’une réforme constitutionnelle qui gravera demain dans le marbre de la Constitution l’ardente l’obligation de soumettre systématiquement tout nouveau transfert de souveraineté à un référendum, dont l’initiative et la mise en œuvre, ainsi préservées de toute emprise politicienne, relèveront de la compétence sanctuarisée du seul Conseil constitutionnel, dans le sillage de la pratique vertueuse inaugurée outre-Rhin par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, à la suite de son arrêt fondateur rendu le 30 juin 2009.

Karim Ouchikh

http://www.gaullisme.fr/2011/06/14/les-vikings-a-l%e2%80%99assaut-de-bruxelles/






Deux mariés ne font pas deux pères !

15/06/2011 13:41

Deux mariés ne font pas deux pères !


Faut-il enterrer la mixité au nom de l’égalité ?

Non, le PS n’est pas le parti des vieux mâles blancs hétérosexuels, machos patentés et violeurs potentiels quoique présumés. Il aime les femmes, les pauvres, les immigrés et les minoritaires en tout genre. À défaut de compter dans leurs rangs des bataillons de femmes de chambres issues de l’immigration, les socialistes ont ressorti des tiroirs le mariage homosexuel et l’antienne qui va avec, reprise en chœur par une bonne partie des commentateurs, sincèrement désolés par notre conservatisme : « la France est en retard ! ». D’ailleurs, à en croire les sondages, 58 % des Français y seraient favorables: bizarre, je n’avais pas remarqué que les désirs des Français étaient des ordres.

Peu importe que le texte proposé à l’Assemblée nationale n’ait aucune chance d’être adopté. L’essentiel c’est qu’Aurélie Filipetti soit fière de le défendre et que le PS rappelle que sa vocation naturelle est d’indiquer le sens de l’Histoire à ses contemporains. Une petite pancarte pour rappeler aux étourdis que « le Progrès, c’est par ici Messieurs-Dames ».

On a bien sûr le droit d’être favorable au mariage gay. L’ennui, c’est qu’on ne puisse pas s’y opposer. Or, il est bel et bien en train de rejoindre d’autres grandes causes au rayon des propositions qu’on ne peut pas refuser. Refuser de s’enthousiasmer pour cette avancée incontestable au sens le plus strict du terme, c’est afficher non pas son homophobie mais pire, sa ringarditude indécrottable. Ben quoi, ça leur fait plaisir et ça gêne personne, où est le problème ? On est tous égaux, non ? Comme l’a dit François Hollande, « on ne va pas empêcher deux personnes qui s’aiment de s’unir ». Ce serait très méchant. Et moi, je suis gentille. Notons au passage le caractère performatif du désir : puisque je veux ceci ou cela, il est bien normal que la société se débrouille pour me le procurer. Je vous enverrai ma petite liste.

Quoi qu’il en soit, je n’ai rien à redire au mariage lui-même. Je croyais que c’était vachement bien qu’on ait arraché l’amour, le sexe et même la procréation à cette institution bourgeoise. Mais puisqu’il s’avère décidément impossible de jouir sans entraves, la chaine conjugale en vaut bien une autre – en plus, si on se marie, on a une petite chance de pouvoir accuser son chacun/chacune de « viol conjugal », mais ça, les enfants, ce sera pour la prochaine leçon.

Les homosexuels ont conquis le droit aux charentaises et au samedi après-midi chez Carrefour. S’ils veulent, en prime, la robe « princesse d’un jour », la pièce montée et le banquet de famille avec Pépé qui prend sa cuite, sans oublier le divorce qui conclut une bonne proportion des mariages avant cinq ans, grand bien leur fasse.

Il y a un petit problème, c’est qu’on n’a pas inventé le mariage pour que les Roméo et Jules de tous sexes puissent afficher à la face du monde leur amour interdit mais pour protéger la filiation – et sa conséquence la plus terre-à-terre, l’héritage. Que le mariage veuille dire « toi et moi pour la vie » pour les individus concernés, c’est très joli, mais du point de vue de la collectivité, il signifie d’abord que les enfants de madame sont réputés être ceux de monsieur, pour le reste que chacun garde ses secrets d’alcôve. Et cette salutaire hypocrisie a permis la transmission des biens et des codes à travers un ce truc bancal, mouvant, oppresseur et génial qu’on appelle « famille ».

Donc sans filiation, pas de mariage. Du reste, les partisans de l’homo-conjugalité n’en font pas mystère, leur but est de faire reconnaître l’homoparentalité. Or, ça, ça me chiffonne. Je vous vois venir, traînant derrière vous des cohortes d’enfants déglingués par des couples banalement composés d’un homme et d’une femme. Objection parfaitement valable : à l’évidence, deux hommes ou deux femmes peuvent élever un enfant aussi bien ou aussi mal qu’une paire hétéro. Que l’on invente un statut répondant aux nécessités concrètes d’une telle situation, fort bien : il est bon que les moules autoritaires et rigides se heurtent à la plasticité de la vraie vie que fabriquent ensemble les sujets autonomes. Pas besoin d’être estampillé « père » ou « mère » pour pouponner ou aller récupérer un ado au commissariat.

Sauf qu’il ne s’agit pas de la vraie vie mais d’un ordre symbolique qui doit bien avoir quelques vertus pour avoir traversé les siècles et les civilisations. Et cet ordre symbolique repose sur ce minuscule détail qu’est la différence entre les hommes et les femmes. Nul n’est obligé de s’accoupler avec le sexe opposé ni de participer à la reproduction de l’espèce. Mais il me semble que celle-ci relève littéralement de l’intérêt général. Roméo peut partir en voyage de noces avec Jules si ça lui chante, il n’en a pas moins intérêt à ce que Juliette fasse des mômes avec le godelureau de son choix. Demander à la société de dire à un enfant qu’il a deux « papas » ou deux « mamans », ce n’est pas seulement se vautrer dans la niaiserie langagière qui enchante le journaliste, c’est institutionnaliser un mensonge anthropologique – en tout cas tant que la science n’aura pas corrigé les cochonneries de la nature et permis à chacun de commander l’enfant de son choix à l’enfanterie du coin. « Le droit de l’enfant à vivre dans une famille épanouie, avec de l’amour, n’est pas lié au sexe des parents », proclame Henriette Martinez, l’une des deux élues UMP à avoir voté le texte. En attendant qu’un juge fasse respecter ce droit à l’amour, j’aimerais rappeler que nous avons tous également le droit inaliénable de ne pas être pris pour des cons. Même les enfants.

Elisabeth Lévy

photo : bkusler (Flickr)





La zone euro prête à éclater

15/06/2011 13:37

La zone euro prête à éclater


Dans une tribune publiée ce matin par le Financial Times, l'économiste américain Nouriel Roubini, qui avait été l'un des rares à prédire la crise financière de 2008, annonce l'explosion de l'euro d'ici moins de cinq ans, "en particulier si certaines des économies périphériques stagnent". Pour Roubini, la solution d'une sortie de l'union monétaire risque d'être bientôt envisagée sérieusement, "les avantages à y rester étant plus faibles que les bénéfices d'en sortir".

Combien de temps reste-t-il à l'Euro ?

L’approche confuse de la crise de l’euro-zone a échoué dans la résolution des problèmes fondamentaux de divergence économique et de compétitivité au sein de l’Union. Si cette situation se poursuit, l’euro s'orientera vers une restructuration désordonnée de la dette, et éventuellement vers un éclatement de la zone monétaire elle même, certains de ses membres plus faibles se trouvant en situation de faillite.
 
L’Union économique et monétaire n’a jamais vraiment satisfait aux conditions d'une zone monétaire optimale. A la place, ses dirigeants espéraient que l'absence de politiques monétaire, fiscale et de taux de change forcerait à son tour une accélération des réformes structurelles. Celles-ci, espérait-on, verraient la productivité et les taux de croissance converger.
 
La réalité s’est avérée bien différente. Paradoxalement, l’effet de halo de la convergence des taux d’intérêts à court terme a conduit à une plus grande divergence des politiques fiscales. Un défaut insouciant de discipline de pays comme la Grèce et le Portugal n’avait d’égal que l’accumulation de bulles spéculatives dans d’autres pays tels que l’Espagne et l’Irlande.
Les reformes structurelles ont été retardées, tandis que l’augmentation des salaires et celle de la productivité ont divergé. Le résultat fût une perte de compétitivité en périphérie.
 
Toutes les unions monétaires qui ont réussi ont finalement été combinées à une union politique et fiscale. Mais les élans européens vers une union politique ont été entravés, tandis que le mouvement vers une union fiscale exigerait de significatives recettes fédérales centrales, ainsi qu'une émission généralisée d’obligations en euro - dans laquelle les impôts des contribuables allemands (et autres)  n'endiguerait pas seulement la dette de leur pays mais aussi celle des Etats-membres de la périphérie.  Il est peu probable que les contribuables de base acceptent cela.
 
La réduction de la dette de la zone euro ou son "reprofiling" (sa restructuration, nldr) aidera à résoudre le problème de la dette excessive de certaines économies insolvables. Mais ceci ne contribuera en rien à établir une convergence économique, qui exige l'instauration d’une convergence de compétitivité. Sans cela, la périphérie simplement stagnera.
 
A ce stade, les options sont limitées. L’Euro pourrait brusquement voir chuter sa valeur face au Dollar américain, pour restaurer la compétitivité de la périphérie ; mais une chute brutale de l’euro serait est peu probable étant donné la force commerciale de l'Allemagne et les politiques bellicistes de la Banque centrale européenne.
 
La voie allemande - avec des réformes visant à accroître la productivité et contenir la hausse des salaires - ne fonctionnera pas non plus. Rapidement, ces réformes ont en fait tendance à réduire la croissance et il a fallu plus d'une décennie à l'Allemagne pour rétablir sa compétitivité, un horizon qui est beaucoup trop long pour les économies de la périphérie qui ont un besoin urgent de croissance.
 
La déflation est une troisième option, mais celle-ci est aussi associée à une récession persistante. L’Argentine a emprunté cette voie, mais après trois ans d'une récession encore plus forte, elle abandonna et décida de ne pas honorer se engagements et de sortir sa monnaie du système de change fixe. Même si la déflation était atteinte, l'effet sur le bilan augmenterait la charge réelle des dettes publiques et privées. Tous les discours de la BCE et de l'Union européenne sur une dépréciation interne sont une erreur, la nécessaire austérité budgétaire ayant encore - à court terme - un effet négatif sur la croissance
 
Ainsi, étant donné ces trois options peu probables, il n'y a vraiment qu'une seule autre façon de restaurer la compétitivité et la croissance à la périphérie : quitter l'euro, revenir aux monnaies nationales et parvenir à une dépréciation massive nominale et réelle.
 Après tout, dans toutes ces crises des marchés financiers émergents qui ont restauré la croissance, un passage à des taux de change flexibles a été nécessaire et inévitable pour les liquidités officielles, l'austérité et la réforme et, dans certains cas, la restructuration et la réduction de la dette et la réduction.
 
Bien sûr, aujourd’hui l’idée de quitter l’euro est inconcevable, même à Athènes et Lisbonne. La sortie imposerait de grandes pertes sur les marchés financiers pour le reste de la zone Euro, par le biais de réelles dépréciations et de pertes de capital pour les créanciers, et ceux en grande partie dans la même direction que la « Pesification » Argentine (En Argentine, politique d'assainissement économique ayant visé à convertir en peso les dépôts en dollars, ndlr) de sa dette en dollars comme lors de la dernière crise.
 
Pourtant les scénarios inconcevables aujourd’hui  ne seront pas si farfelus que cela dans cinq ans, en particulier si certaines des économies périphériques stagnent.
 
La zone euro a pu s'agglomérer grâce à la convergence de taux d’intérêts réels faibles pour soutenir la croissance, l’espoir que des reformes pourraient maintenir la convergence, et la perspective d’une éventuelle  uniformisation fiscale et politique. Mais désormais la convergence a disparu, la réforme est au point mort, tout comme l’union politique et fiscale n’est plus qu’une utopie lointaine.
 
Les restructurations de dettes se produiront. La question est quand (bientôt ou plus tard) et comment (de manière ordonnée ou non). Mais même la réduction de la dette ne sera pas suffisante pour retrouver la compétitivité et la croissance. Pourtant, si cela ne peut pas être atteint, la solution de quitter l'union monétaire va devenir prégnante : les avantages d'y rester seront plus faibles que ceux d'en sortir, quoique cette sortie se révèle agitée ou chaotique.
 
Nouriel Roubini 
  
 
*Nouriel Roubini est Président de la Roubini Global Economic, professeur d’économie à la Stern School of Business NYU et co-auteur de « Crises Economiques », récemment publiée en édition de poche.
 
 
Financial Times, 14 juin 2011, (Traduit par nos soins)

http://www.businessspectator.com.au/bs.nsf/Article/eurozone-debt-crisis-EU-default-defaltion-interest-pd20110614-HSVZZ?opendocument&src=rss
 
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Pour mémoire

« L'euro une imposture idéologique...
S'il fallait sacrifier le franc pour un bien supérieur, je m'y plierais.
Mais ce qui s'annonce est très dangereux. Au lieu de nous guérir, l'euro va aggraver le mal.
Nous allons vers une crise encore plus profonde.
L'Euroland est dirigé par des banquiers. Un pays abstrait avec une monnaie abstraite.
Dans l'histoire, jamais une monnaie unique durable n'a existé sans être adossée à un Etat.
On le voit déjà, l'euro est une monnaie génétiquement faible, dont la valeur est subordonnée au billet vert.
C'est un dollar CFA...

Surtout, je n'accepte pas d'être considéré comme xénophobe et anti-européen.
Je suis contre cette monnaie unique parce que je suis profondément européen.
L'euro va tuer l'Europe »


Philippe de Villiers, "Vous avez aimé les farines animales, vous adorerez l'euro" (Albin Michel, 2001)
 





Monnaie unique : Allemagne qui rit, France qui pleure

15/06/2011 13:30

Monnaie unique : Allemagne qui rit, France qui pleure


Deuxième puissance exportatrice mondiale, l'Allemagne est quasi le seul pays à profiter de l'Euro, voulu par elle, taillé pour elle. La crise actuelle de la monnaie unique s'est traduite par une divergence des économies de la zone (là où l'euro devait favoriser au contraire l'unification), et pour la plupart des pays (à commencer par la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande mais aussi la France) par des taux de chômage plus élevés, une forte inflation des produits de grande consommation, la sous-compétitivité chronique des entreprises, l'accélération des délocalisations industrielles et la dégradation rapide des finances publiques. Pendant ce temps-là, l'Allemagne semble plutôt gagnante dans le jeu du laissez-faire-laissez-aller et son pendant monétariste : l’euro fort. Le fameux «modèle allemand» étant caractérisé par une économie en relative bonne santé, nos dirigeants n'ont de cesse que de vouloir aligner sur lui la France, par exemple dans le domaine de la fiscalité. Mais ce « modèle allemand » est-il vraiment une panacée, une sorte de remède miracle ? Rien n'est moins sûr. Et contrairement à ce que suppose l'utopie néolibérale, pas plus que les hommes, les nations ne sont interchangeables. Voilà qui n'empêche certes pas de s'inspirer chez nous de ce qui marche ailleurs. Mais la France n'est pas l'Allemagne, loin s'en faut. L'Observatoire de l'Europe a donc demandé à M. Romain Rochas, Chef de Division honoraire de la Cour des comptes européenne et auteur de nombreuses analyses sur l'intégration et sur l'euro, si la France pouvait réellement rapprocher ses structures économiques et sociales du soi-disant "modèle" allemand, et le cas échéant, de quelle façon. Autrement dit, la France pourrait-elle, comme l'Allemagne, tirer un jour son épingle du jeu de l'Euro, à défaut de sortir complètement de la monnaie unique ? Romain Rochas avance trois approches - culturelle, économique et monétaire - pour tenter d'abord de comprendre ce qui différencie profondément la France de l'Allemagne, pourtant réunies sous l'égide de la même politique monétaire, avant de proposer quelques réponses.

Monnaie unique : Allemagne qui rit, France qui pleure

1) Première piste : Les Allemands sont rationnels et organisés, nous sommes des bricoleurs
 
Beaucoup de Français éprouvent un sentiment mêlé d'admiration et d'envie pour les Allemands. "Ah! Ils sont forts, quand même". Je pense que ce sentiment repose en partie sur une réalité. Oui, les Allemands sont très forts en organisation, alors que notre fond latin nous rend parfois un peu fantaisistes, pas autant que les Italiens, certes, mais tout de même un peu aussi. Nous avons le cerveau fertile en idées, mais nous sommes parfois insuffisamment cohérents et conséquents pour en tirer tout le bénéfice possible. Exemple: le Concorde, cet avion génial et précurseur, mais qui a été un échec commercial. Cette faiblesse de notre tempérament pourrait expliquer en partie nos déficits commerciaux énormes, alors que les Allemands engrangent des excédents encore plus spectaculaires. On dit que les Français ne savent pas vendre. Nos entreprises, peut-être surtout nos PME-PMI, ne manquent pas de "concepts" techniques innovants, mais éprouvent des difficultés à passer résolument sur le terrain de l'exportation.   
 
A ce constat pessimiste, j'apporterai quelques nuances. N'oublions pas qu'il fut un temps (du temps de Pompidou, sauf erreur) où la France était le 2e exportateur mondial ! Pas mal, pour des gens qui ne savent pas exporter ! Je vous ferai part de mon expérience au sein de la Cour des comptes européenne. J'ai pu comparer les prestations des fonctionnaires des différentes nationalités. Et j'ai abouti à la conclusion qu'Allemands et Français avaient au fond une structure mentale pas si différente que cela, malgré nos oppositions historiques qui ont pu nous faire croire que nous étions des "bêtes" d'espèces très différentes. Là où nous nous vantons d'être "cartésiens", les Allemands ont la réputation d'être "rationell", mot que d'ailleurs ils nous ont emprunté. Des équipes constituées de Français et d'Allemands, ça marche très bien.
 
Je constate aussi, sans verser dans le chauvinisme, que les Français étaient en moyenne fort bien considérés pour la qualité de leur travail et leur sérieux, et les promotions avaient tendance à pleuvoir sur eux, au point de susciter quelques grognements envieux de la part d'autres nationalités qui estimaient que les quotas n'étaient pas respectés (il n'y avait pas de quotas officiels, mais dans la pratique chacun surveillait la part qui revenait à sa nationalité...).
 
Dans la mesure donc limitée où ce côté latin pas assez méthodique comporterait une part de vérité, il est clair qu'il n'est pas possible d'y remédier à court terme. Ce n'est que par un long effort d'éducation et de formation, dans différents domaines de l'existence, que l'on corrigerait quelque peu nos atavismes. Ceci dit, même si ses résultats sont lents, je crois beaucoup à la formation. Notamment, c'est une clé du développement dans les PVD.
 

2) Deuxième piste : La structure de l'économie est profondément différente en Allemagne et en France
 
Cette deuxième piste me paraît comporter une bien plus sérieuse part de vérité que la première. Notre économie est assez largement axée sur des productions de luxe, de loisirs, de raffinement culturel : tourisme, parfums, haute couture, beaux-arts et littérature, services divers. L'Allemagne a depuis longtemps une tradition d'industrie plus lourde, une industrie des matériels d'équipement, des machines-outils.
 
Or les productions du type français sont beaucoup plus volatiles et sujettes à des baisses de commandes que les productions allemandes. En effet, lorsque le revenu baisse ou ne monte pas assez, on commence à sacrifier une part des consommations qui ne sont pas absolument indispensables à la vie de tous les jours. Au contraire, les industriels de tous les pays et de tous les secteurs ne peuvent se passer des équipements qui ne sont pas directement au service du consommateur final, mais plus en amont dans le processus de production. Dans beaucoup d'entreprises, en Allemagne, mais aussi dans le reste du monde, les entreprises, pour continuer à produire, sont obligées de continuer à "acheter allemand". Et ce phénomène n'affecte pas seulement les entreprises appelées à investir ou à renouveler leurs équipements, mais aussi, dans une certaine mesure, les collectivités publiques de tous pays, qui ont, elles aussi, à acheter divers équipements produits en Allemagne.Ceci peut expliquer pour une bonne part le caractère excédentaire du commerce extérieur allemand.
 
Là aussi, les remèdes à ce genre de handicap pour la France ne résident pas dans un simple claquement de doigts! La structure essentielle d'une économie ne se modifie que très lentement, un peu comme le cap d'un gros navire courant sur son erre ne peut se modifier que lentement en raison de l'inertie. De plus, les phénomènes de délocalisation ne favorisent pas des restructurations de fond du visage industriel d'un pays. La même difficulté était apparue à l'occasion des efforts de décentralisation industrielle entrepris dans un souci d'aménagement du territoire et de développement régional. Tant que nous étions dans les "trente glorieuses" ou l'industrialisation était vive, il était possible de profiter des nouveaux investissements pour en prélever une part à orienter vers des implantations en province. Mais quand ce dynamisme des créations industrielles s'est tari, les décentralisations industrielles ont cessé aussi, car il aurait fallu, pour les poursuivre, déplacer des industries existantes, ce qui est une autre paire de manches! De même avec les délocalisations, les occasions de changer la structure industrielle interne de la nation se raréfient dramatiquement. Voilà une raison de plus pour lutter par des moyens efficaces contre le phénomène des délocalisations.
 

3) Troisième piste : le problème monétaire
 
Quelle que soit la part de vérité se trouvant dans les considérations qui précèdent, leurs conséquences néfastes sont aggravées considérablement par un phénomène monétaire et, disons le mot, par l'existence de la monnaie unique. Quelles que soient en effet les raisons qui font qu'un pays devient progressivement déficitaire dans son commerce extérieur, ce pays a normalement la possibilité de redresser la situation en dévaluant sa monnaie. C'est un fait qui était permanent dans le passé, avant la création de l'euro, que certains pays européens avaient une balance commerciale qui avait tendance à se dégrader - citons l'Italie, mais aussi la France -, alors que la balance commerciale d'autres pays, et surtout de l'Allemagne, précisément, avait tendance à devenir excédentaire. Cependant les pays à balance déficitaire avait un recours ultime mais efficace, qui était la dévaluation monétaire. La dévaluation, en effet, a pour conséquence de renchérir sur le marché intérieur du pays qui dévalue le prix des importations, puisque le prix du produit importé, même s'il reste stable chiffré dans la devise du pays exportateur, entraînera pour l'importateur un prix dans sa monnaie nationale accru du fait de la perte de valeur de cette monnaie sur le marché des changes. Et finalement le consommateur final dans le pays dont la monnaie a été dévaluée, devra payer dans sa propre monnaie un prix plus élevé. La loi de l'offre et de la demande va rapidement entraîner une réduction des achats à l'étranger, devenus plus cher sur le marché local.
 
Inversement le prix des exportations du pays dont la monnaie a été dévaluée, même s'il reste stable exprimé dans la monnaie de ce pays, sera, converti dans la monnaie du pays importateur, réduit au prorata du taux de la dévaluation. La compétitivité des produits nationaux sur les marchés extérieurs sera accrue. Et les exportations vont de ce fait croître.
 
Autrement dit, dévaluer sa monnaie, c'est, pour un pays, accepter de payer plus cher ses importations et de gagner moins sur ses exportations, de manière à rééquilibrer sa balance commerciale.
 
Ce processus a parfaitement fonctionné maintes fois, et particulièrement peu de temps avant la création de la monnaie unique. Dans le cadre du "Système monétaire européen", au sein duquel les monnaies nationales étaient reliées entre elles par des taux de change fixes, mais révisables, une dévaluation simultanée de plusieurs devises européennes est intervenue - la lire italienne, et le franc français, et si mes souvenirs sont bons la peseta espagnole, et peut-être aussi l'escudo portugais, mais aussi, notons-le, la livre sterling, monnaie d'un pays qui n'était pourtant pas considéré d'habitude comme un pays à monnaie faible -, cependant que le deutsche mark était au contraire revalorisé substantiellement. Le résultat de l'opération fut presque immédiat: les balances commerciales des pays ayant dévalué se redressèrent spectaculairement.
 
Les européistes promoteurs de la monnaie unique n'avaient que sarcasmes contre cette tendance de certains pays à dévaluer fréquemment. Ils avaient forgé l'expression "dévaluations compétitives" pour stigmatiser le procédé, considérant en quelque sorte que ces dévaluations étaient des procédés de concurrence déloyale de la part de pays incapables de maîtriser leurs coûts. Pourtant, même si, en effet, le procédé était parfois un peu facile pour compenser une gestion peu rigoureuse, il n'en reste pas moins que la dévaluation est bien souvent, et en tout cas à court terme, quasiment le seul moyen de surmonter des impasses devenues progressivement intolérables.
 
Un des principaux effets de l'instauration de la monnaie unique est de rendre impossible le procédé de la dévaluation, puisqu'une monnaie unique, c'est en quelque sorte des monnaies nationales liées entre elles par un taux fixe et non révisable. La variable d'ajustement "valeur externe de la monnaie" a disparu. dès lors, les déséquilibres doivent trouver d'autres exutoires. Et ce sont les déséquilibres croissants du commerce extérieur, et éventuellement l'impossibilité de vendre, donc de produire, puis la nécessité de licencier du personnel devenu inutile, finalement l'accroissement du chômage, qui se manifestent et s'aggravent.
 
Il n'y a pas de doute que le libre-échange constitue une des causes majeures du chômage en Europe et en France, comme M.Philippe de Villiers et M.Maurice Allais l'ont abondamment démontré, mais à côté de lui, il y a à mon avis une autre cause, qui est l'impossibilité de dévaluer et donc la monnaie unique. Cette deuxième cause ne jouant pas contre l'Allemagne, au contraire, puisque ce pays fait partie des quelques pays européens excédentaires.
 
4) Quelques remarques complémentaires
 
a) Est-ce l'Allemagne qui "paie" notre déficit?
 
Certains économistes utilisent cette expression, ajoutant que les Allemands n'accepteront peu-être pas indéfiniment de "payer" notre déficit. A bien y réfléchir, cette présentation me paraît fausse. Compte tenu de l'existence de l'euro, monnaie unique pour tous les pays de l'eurozone, comment faut-il interpréter l'excédent allemand et les déficits de plusieurs pays de l'eurozone, notamment de la France? Il est certain que la monnaie unique entraîne la formation d'un "pot commun" pour les devises tierces. Donc il est exact que le déficit des uns est compensé par l'excédent des autres. Mais faut-il en conclure que les pays excédentaires font "cadeau" aux pays déficitaires de leur excédent de devises pour permettre à ces derniers d'importer avec des devises qu'ils n'ont pas gagnées eux-mêmes? Eh non! Chaque entreprise importatrice, dans un pays déficitaire, doit évidemment payer les devises dont il a besoin pour importer. Il "achète" donc, en payant avec des euros, des devises - dollars, yuans chinois, yens, etc. - sur le marché des changes, lui-même alimenté notamment par les excédents inutilisés des pays excédentaires. Donc ce qui serait plus juste de dire est que les Allemands "vendent" contre des euros (indirectement peut-être, par le marché des changes ou par la Banque centrale européenne) les devises dont il n'ont pas l'emploi direct aux pays déficitaires qui doivent se procurer des devises pour importer. Les pays déficitaires paient donc bel et bien leur déficit. Mais ce qu'il faut reconnaître, c'est que, par ces mécanismes, les Allemands ont échangé et perdu des devises contre un gain en euros. Autrement dit ils ont sacrifié des possibilités d'importations à partir de l'extérieur de l'eurozone au profit de facultés d'importations limitées à l'eurozone ou de dépenses à l'intérieur de l'Allemagne. Il y a donc un "sacrifice" réel de l'Allemagne du fait du "pot commun" des devises au niveau de l'eurozone, mais ce sacrifice n'est pas un cadeau pur et simple.
 

b) Quelles sont alors les conséquences du remplacement des monnaies nationales par la monnaie unique, spécialement pour les pays déficitaires?
 
Tout gestionnaire d'un budget, qu'il soit le budget d'une personne, d'une famille, d'une entreprise ou d'un Etat, doit accepter de limiter ses dépenses au niveau de ses ressources, et malgré toutes les "ruses" qui ont été inventées par le crédit, tôt ou tard, il faut payer ses dettes. L'avoir trop oublié est sans doute la cause majeure de la crise financière que le monde vient de vivre. Mais cet équilibre entre dépenses et recettes peut être assuré à différents niveaux, par des collectivités de différentes tailles. Lorsqu'un pays a sa monnaie propre, l'équilibre entre importations et exportations doit être assuré au niveau national. Il n'est pas indispensable que chaque entité au sein de la nation, chaque entreprise, exporte au moins autant qu'elle importe. Car le marché des changes et la Banque centrale nationale permettent une compensation au sein de la nation entre agents économiques excédentaires et agents économiques déficitaires. Mais au bout du compte, au niveau de la nation, il faudra bien établir l'équilibre, et le rétablir s'il a été rompu. La dévaluation de la monnaie nationale sera alors l'ultime recours pour rétablir cet équilibre rompu, ce qui veut dire que c'est l'ensemble de la collectivité nationale qui, pour devenir plus compétitive, va "se serrer la ceinture"  en payant plus cher l'ensemble des importations nationales et en gagnant moins par la vente des exportations nationales. La monnaie nationale permet à la solidarité nationale de jouer son rôle, elle encourage donc cette solidarité nationale.
 
Si vous supprimez la monnaie nationale, vous retirez à l'esprit de solidarité nationale un moyen essentiel d'efficacité pratique, vous rendez cette solidarité inopérante, et donc inutile. Le patriotisme cesse d'être une vertu efficace et utile, il se réduit désormais à un sentiment sans effet. Voilà pourquoi le maintien de sa monnaie nationale constitue pour une nation une question vitale.
 
Désormais, face à la concurrence, en particulier celle des entreprises des autres Etats membres, les entreprises nationales devront se battre toutes seules, dans un climat de "chacun pour soi" et d'égoïsme, sans espoir que la nation tout entière considère comme "son affaire" le succès des entreprises nationales. Et les européistes et mondialistes de se gausser avec mépris du "patriotisme économique". "Summum jus, summa injuria" , disaient les latins. Constituer des ensembles de plus en plus vastes, continentaux, et bientôt un gouvernement mondial, cela semble à beaucoup la voie d'un esprit de solidarité de plus en plus exigeant entre les hommes, un dépassement des égoïsmes nationaux. Je suis Chrétien, je suis donc universaliste, c'est-à-dire que je reconnais pleinement que tout homme a des responsabilités au moins potentielles envers tous les hommes de la planète, et non seulement envers ses compatriotes. Si je peux accepter le qualificatif de souverainiste, c'est par attachement à la liberté nationale, certainement pas parce que je serais le défenseur de l'égoïsme national.
 
Mais ce que les européistes et les mondialistes ne voient pas, c'est que l'esprit de solidarité passe et s'éduque par une série de niveaux de solidarité: famille, commune, entreprise, nation, et alors, pourquoi pas, également Europe et monde. Etre solidaires ne signifie pas abdiquer ses responsabilités propres. J'aime l'expression utilisée par Jean-Paul II, qui disait que ce dont nous avons besoin, c'est de "liberté responsable". Voilà qui s'oppose à la liberté de l'égoïsme, et qui rassemble en deux mots les exigences conjointes de la liberté et de la solidarité. Je ne suis donc pas hostile à des structures concrétisant ces divers niveaux de solidarités, je ne m'oppose pas à l'existence de l'UE et de l'ONU, à condition que le niveau le plus vaste n'étouffe pas les niveaux inférieurs. tel est l'esprit du principe de subsidiarité, le vrai, pas l'illusion de la subsidiarité telle qu'elle est pratiquée au sein de l'Union européenne, qui en réalité lui tourne le dos.
 
Revenons à la monnaie. J'ai dit que, pour un pays, sa monnaie est un moyen de faire jouer la solidarité des citoyens au sein de la nation. "Mais, répondront les européistes, justement, nous sommes très conscients de cette nécessité de la solidarité monétaire, et nous la faisons jouer de façon plus vaste, au niveau européen". Ce n'est pas complètement faux, et, je l'ai reconnu tout à l'heure, il y a au niveau de l'eurozone un "pot commun" des devises qui permet une certaine compensation entre les déficits des uns et les excédents des autres. Mais si l'on considère ce que j'ai dit ci-dessus au sujet des différents niveaux de solidarité, il reste que cette prétendue solidarité européenne a pour prix 1) la disparition de la solidarité nationale sans l'apparition vraiment consciente d'un esprit de solidarité européenne chez les Européens, et 2) le remplacement de cette solidarité monétaire au niveau national par les usines à gaz constituées par les plans de sauvetage des pays en détresse financière. Dans une large mesure, les crises financières nationales - eh oui, nationales, malgré l'UE - dont souffrent plusieurs pays de l'eurozone sont le prix énorme que paient ces pays pour avoir jeté aux orties cet instrument irremplaçable de salut qu'aurait constitué leur monnaie nationale et une politique monétaire nationale qui est désormais interdite à ces pays. Et comme les européistes sont trop orgueilleux pour reconnaître leurs erreurs, ils sont obligés à les surcompenser en payant ces gigantesques "plans de sauvetage", et aussi en imposant aux malheureux pays victimes de la crise des conditions draconiennes de redressement. De ce point de vue-là, oui, l'Allemagne et quelques pays comme elle paient les déficits des autres, et leurs prêts risquent bien de n'être jamais remboursés par les pays débiteurs.
 
c) Les faiblesses de l'Allemagne
 
Il n'est pas dit que la situation actuellement privilégiée de l'Allemagne durera éternellement. L'Allemagne a accepté elle aussi de procéder à des délocalisations industrielles, en particulier dans son arrière-cour constituée par les pays d'Europe centrale, ex-satellites de l'URSS. Là aussi, des considérations de moindres coûts, notamment salariaux, ont joué dans cette stratégie. Mais j'imagine mal qu'à la longue celle-ci ne produise pas des effets néfastes sur la santé économique allemande.
 
Surtout, l'Allemagne souffre d'une démographie catastrophique. Sa fécondité n'assure pas le renouvellement des générations. Or la démographie est la plus exacte des sciences humaines. Ses prévisions, ses conclusions, sont impitoyables. Quelles que soient son efficacité économique, la qualité de sa main-d'œuvre et de ses cadres, un pays qui se laisse mourir démographiquement est foutu. Une des grandes raisons qui ont fait la puissance de l'Allemagne, c'était son poids démographique. Mais actuellement, l'Allemagne perd chaque année un peu de sa substance humaine, phénomène qui ne pardonne pas. A cela s'ajoute qu'elle se laisse "coloniser" de l'intérieur par une importante immigration turque inassimilable, un peu comme l'est en France une partie de l'immigration maghrébine. De plus, par une attitude qui me fait douter de l'intelligence allemande, pourtant si impressionnante dans d'autres domaines, l'Allemagne s'est prononcée en faveur de l'adhésion de la Turquie, et je me demande quelle est la motivation qui la pousse à prendre une telle position. N'est-ce pas la motivation de l'autruche? Mystère.

Romain ROCHAS
Chef de division honoraire 
de la Cour des comptes de l'Union européenne
 






Quand Frédéric Lordon remet les pendules à l'heure sur la démondialisation !

15/06/2011 13:20

Quand Frédéric Lordon remet les pendules à l'heure sur la démondialisation !


J'ai suivi depuis maintenant plusieurs années les articles de Frédéric Lordon, ainsi que ses interventions vidéos aisément trouvables sur le net.

 

Outre une forme réjouissante (certains textes font rire, ce qui est un comble quand on réalise la gravité des sujets abordés), il évoque (enfin) la question politique avec une fraîcheur et une qualité formelle qui m'impose de mettre el lien ici :

 

http://blog.mondediplo.net/2011-06-13-Qui-a-peur-de-la-demondialisation

 

La question du rapport au FN, celle de l'Europe, de la mondialisation, de la démondialisation etc... tout y passe !  

Quel dommage cependant qu'il se montre sur le fin un peu naîf : le retour au national est la seule issue vraisemblable (malheureusement il se fera peut-être par le nationalisme), et je ne crois pas à un regroupement de communautés nationales sous l'égide d'une nouvelel souveraineté proclamée.  

Il manque trop d'éléments : pas d'ennemi extérieur commun, pas de pouvoir centralisateur fort, pas d'histoire ou de valeur commune...  

Je profite de ce billet pour rappeler que malgré la pause actuelle, je travaille toujours sur deux aspects qui seront bientôt publiés :  

- la réplique aux billets de Malakine sur le républicanisme à la française ;  

- et surtout un travail sur l'énorme influence sur le long terme du défaitisme français (dont le pétainisme mais uassi le pompidolisme ou le mitterandisme furent les manifestatations les plus flagrantes)

A bientôt.

Verdun

http://bleuhorizon.over-blog.com/article-quand-frederic-lordon-remet-les-pendules-a-l-heure-sur-la-demondialisation-76588112.html






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