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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Le Japon se relèvera, mais il sera forcément différent

18/03/2011 07:27

Le Japon se relèvera, mais il sera forcément différent


Les yeux du monde sont toujours rivés sur l'empire du soleil levant, et pour cause il semblerait que le pire soit maintenant à craindre en matière de sécurité nucléaire. Je ne reviendrais pas sur la question énergétique nous l'avons abordé précédemment, cependant cette crise va aussi être un catalyseur de réflexions sur les questions monétaires et économiques. Car au-delà des pertes humaines et du danger nucléaire, qui, on l'espère, pourra être contenue, l'économie japonaise pourrait sembler à première vue comme complètement sinistré et condamné. D'autant plus que l'économie nipponne était déjà dans un état dramatique avant et que son PIB avait fortement chuté en 2009 suite à la crise mondiale. C'est en tout cas ce qui ressort régulièrement des analyses économiques qui font le bilan de la catastrophe tout en soulignant le nombre de destruction physique auquel le pays doit  faire face après ce tremblement de terre. En plus de  cela certains on la mauvaise idée de rappeler que le Japon c'est aussi le pays de l'OCDE avec la plus forte dette publique. La crise ne pouvant pour ces esprits étriqués qu'aggraver la situation du Japon en la matière. Pourtant rien n'est plus faux, je vais m'évertuer à le montrer cette crise pourrait bien être une opportunité de changement pour un pays qui s'enfoncer lentement mais sûrement dans un déclin de longue durée. Encore faut-il que le Japon se serve évidement de cette oportunité pour changer. En réalité une fois l'orage passé, le Japon pourrait tout aussi bien nous rappeler que l'économie c'est avant tout des hommes qui produisent, qui échangent  et qui travaillent avant d'être une affaire comptable. Les japonnais n'auront pas le choix de toute façon,  pour s'en sortir ils vont devoir réinventer leur organisation économique et outrepasser les dogmes libéraux qui les guident depuis trop longtemps maintenant. C'est seulement en empruntant une voie différente qu'ils sortiront du lent déclin qui leur colle à la peau depuis plus de 20 ans. 
 
      Pour reconstruire une économie détruite il faut laisser tomber les dogmes et les croyances comptables. C'est la crise de 1929 et la seconde guerre mondiale qui permirent la naissance des économies régulées d'après guerre, parce que les hommes et les femmes qui ont vécu cette période ont alors compris que les bilans comptables n'avaient aucun intérêt. Lorsqu'un immeuble s'écroule on a pas besoin d'argent mais d'hommes capables d'agir, lorsqu'un incendie éclate on a besoin d'eau et de pompier, pas de billets de banque. Si vous n'avez pas de pompier vous pouvez avoir tout l'argent que vous voulez, vous brûlerez avec. Pour redresser leur pays les japonnais vont devoir imiter leurs anciens  regarder l'économie réelle et sortir des illusions comptables et libérales.  Mais le Japon a de la chance dans son malheur, il possède sa propre monnaie et il est relativement indépendant en matière de production, il n'aura donc pas trop à se soucier des relations extérieurs. On imagine une telle catastrophe en France, avec un état qui ne maîtrise même plus sa monnaie et qui serait obligé de  lancer un emprunt d'urgence à l'international pour financer le colmatage des brèches d'un réacteur nucléaire, et personne ne voulant lui faire un prêt car trop risqué. Cette situation prouve une fois de plus qu'il est important  pour une nation d'émettre sa propre monnaie surtout en cas d'urgence. Ne pas pouvoir faire venir des secours qui existent simplement parce qu'il n'y aurait pas d'argent voilà bien une idiotie totale. On a de la chance qu'une telle catastrophe ne se produisent pas dans la zone euro, l'organisation économique de la zone ne permettant absolument pas de gérer une telle situation, c'est à méditer pour nos européïstes.
 
Pour en revenir au Japon sa seule dépendance est celle des exportations, mais c'est une dépendance malsaine dont il ferait mieux de se guérir comme nous le verrons par la suite. En réalité si beaucoup de monde s'inquiète pour l'économie japonaise, l'on ferait peut-être mieux de s'inquiéter des conséquences pour les USA qui dépendent beaucoup de l'épargne japonaise. Or celle-ci pourrait très bien se retirer en masse du pays pour faire face à la catastrophe. De la même manière la baisse de la consommation en pétrole, conséquence de la catastrophe, pourrait faire baisser le prix du baril si favorable au maintient du dollars américain. En réalité c'est aux USA que les conséquences économiques pourrait se faire le plus durement sentir au moment même où les nuages noirs s'amoncelaient. Le Japon c'est l'un des pilier de l'empire américain, sans lui et avec une zone euro condamné à court terme, il suffit de voir l'évolution récente des taux d'intérêts, les USA ne sont plus viables économiquement. Sans parler de la perte du contrôle du moyen-Orient et du pétrole.  Mais qui va donc financer l'empire décidément c'est problématique.
 
L'évolution économique japonaise sur le long terme
 
1)La dette
 
    Si la dette japonaise à atteint les niveaux qu'elle a aujourd'hui c'est pour plusieurs raisons. La première c'est que le gouvernement japonais n'a jamais vraiment revue à la hausse les impôts du pays, les impôts japonais sont relativement bas à l'échelle de l'OCDE. De plus le Japon depuis 20 ans est devenu  l'un des pays les plus inégalitaires de l'OCDE alors même qu'il était le plus égalitaire au début des années 90, la compression de la classe moyenne n'est pas favorable à de bonnes rentrée fiscale surtout si les grandes entreprises mettent leurs sièges dans des paradis fiscaux. Autre facteur d'endettement le Japon n'est jamais sortie réellement de la déflation  après le tremblement de terre de Kobe, cette situation est avant tout le résultat d'une absence de volonté pour redresser les salaires de la population du pays. Mais comme il fallait continuer à produire un peu de croissance on a préféré endetter l'état plutôt que d'augmenter les salaires, en ce sens l'économie japonaise n'est pas très différente de celle de ses homologues occidentaux. Le choix de la compression salariale a seulement été momentanément solutionné de manière différente le Japon a endetter son état plutôt que les particuliers. Cela tient également à la réticence de la population japonaise à pratiquer le crédit à la consommation, les japonais étant de gros épargnants, l'état n'a eu d'autre choix, dans un cadre libéral, que de creuser les dépenses publiques.
 
Les différents plans de relances qui ont été fait dans la période des années 90 n'ont pourtant jamais fait redémarrer l'économie faute de continuité de la demande. Celle-ci retombait une fois les effets des plans estompés, il aurait mieux valu augmenter les salaires, mais ce choix demandait un abandon des politiques d'excédent commercial comme nous le verront par la suite. A cela s'ajoute une grave crise démographique et la concurrence de la Chine et de la Corée du Sud dans un régime de libre-échange généralisé. Le Japon subit de plein fouet la concurrence des pays à bas salaire, et contrairement à une idée reçue le Japon ne s'en protège pas vraiment, au contraire même, bon nombre d'industries japonaises ont délocalisé leurs activités dans les pays voisins. Les effets ont donc été similaires à ceux observés en France ou aux USA une désindstrialisation progressive, à l'image des dessins animés nippon, fer de lance du soft power japonais, qui sont aujourd'hui fabriqué pour une part sans cesse croissante en Corée du Sud. Les effets de la désindustrialisation sont cependant moins visibles au Japon, et ce pour plusieurs raisons, la première c'est que celle-ci a commencé plus tard qu'en France ou aux USA. La seconde c'est que le niveau technique et culturel japonais est très supérieur à celui de nos pays, au Japon plus de la moitié des jeunes font des études supérieurs c'est beaucoup plus qu'en France. Ce niveau scolaire a eu l'effet d'un frein grâce à la spécialisation dans le haut de gamme et les produits à haute valeur ajouté, les industries de bases sont  parties sans que l'on aperçoivent le déclin de l'industrie dans la part du PIB. Le Japon produit beaucoup moins de choses, mais la valeur globale des produits fabriqués a fortement augmenté, ce qui se traduit par une part relativement stable de l'industrie dans le PIB. Par contre cela a détruit beaucoup d'emplois et fait fortement augmenter les inégalités. Le Japon c'est la société de la connaissance incarnée si l'on puis dire, mais elle ne pourra pas durer.  En effet la hausse progressive du niveau scolaire chinois ou coréen condamnera même les emplois les plus qualifiés à la disparition à terme, la monté en gamme coréenne est déjà fatale à bon nombre de groupes japonais. Si le Japon reste en régime de libre-échange il sera un jour ou l'autre victime des mêmes problèmes que les USA ou la Grande-Bretagne. Ensuite il y a la question démographique, car comme en Allemagne la population active diminue, c'est ce qui fait qu'une stagnation de la quantité d'emploi  ne produit pas nécessairement de hausse de chômage. Le pays peut produire de moins en mois d'emplois sans subir une hausse du taux de chômage. Cela donne au pays le visage d'un vieil homme s'assoupissant tranquillement avant de mourir dans son lit.
 
2)La cassure date des années 90 ou 70?
 
La cassure de l'économie japonaise est souvent daté de 1990 car c'est là qu'elle apparaît au grand jour la croissance passant d'un régime de 4% à presque 0 en moyenne sur une décennie. Depuis cette période le Japon tourne autour de 0%  de croissance avec des années positives et d'autres négatives, certains présentent même le Japon comme étant la première société passé au régime de la décroissance tant chérie par certains écologistes.   Si l'on regarde la production industrielle sur une période plus longue la rupture apparaît plus nettement la production industrielle commence à faire du surplace à partir de 1990 effectivement. Mais à mon humble avis la rupture date de bien avant cette date seulement il faut utiliser d'autres donnés pour s'en rendre compte. La crise que va connaître le Japon à partir des années 90 n'est que la résultante d'un phénomène plus ancien, celui d'un modèle économique qui ne pouvait conduire qu'à cette situation.  En réalité c'est le choix d'un modèle mercantiliste, celui de l'accumulation d'excédents commerciaux, qui va créer les bulles et les anomalies qui seront fatales à l'économie japonaise.  En devenant dépendant de l'extérieur pour sa croissance et son développement le Japon va entrer dans un cycle qui lui sera finalement fatal économiquement. Dans les années 70 le Japon a orienté son économie vers la conquète des marchés extérieurs, alors que sa balance des paiements était à l'équilibre pendant toute la période d'après guerre, ce pays a commencé à accumuler des excédents  après 75. Ce choix d'avoir des excédents ne fut pas le fruit de la seule volonté des dirigeants japonais, c'est aussi le résultat de la mise en place en occident des délires libéraux et libre-échangistes. Avant cette époque l'Europe avait par exemple le tarif extérieur commun qui rendait peu intéressantes les exportations depuis le Japon, ce n'est qu'une fois ces barrières douanières supprimées que les produits japonais vont envahir nos contrés. Les portes de l'occident ouvertes, il ne restait au Japon qu'à faire une politique d'invasion commerciale, on se souvient bien en France de cette période caractérisée par la multiplication des discours sur le péril nippon, à l'image du japonais homme ou fourmis de notre premier ministre d'alors, madame Edith Cresson.  Ce n'était pas une vue de l'esprit, le Japon et l'Allemagne était alors les grands gagnant du libre-échange intégral, provoquant sans le comprendre la déstabilisation de l'économie planétaire en poussant des pays à la compression salariale et à l'effondrement. Bien évidement le contrecoup fut rapidement arrivé, les pays en déficit se sont mis à contraindre leur consommation ne pouvant lutter à armes égales avec les deux géant de l'exportation. Les deux pays mercantilistes furent finalement punis puisqu'ils virent leur croissance diminuer fortement sur le long terme, à tel point qu'aujourd'hui il font figure d'homme malade sur le plan de la croissance économique. Mais le Japon et l'Allemagne ont toujours des excédents, et malgrés leurs difficultés intérieures ces pays semblent toujours croire que ces excédents sont une bonne chose pour eux. Le deuxième point qui montre le changement de régime économique du Japon dans les années 70 est le changement dans le rythme de l'inflation. Les années 70 sont caractérisée par une forte poussée inflationniste que l'on peut voir dans tout les pays industrialisés de l'époque.  Mais contrairement aux pays européens la croissance économique et industrielle au Japon continue à des rythmes élevés, il n'y a pas eu de stagflation au Japon. Les exportations japonaises ont pris  le relais de la croissance et le Japon va devenir un prédateur de la demande mondiale pour compenser la compression salariale chez lui. Car pour juguler son inflation il va favoriser au maximum les exportations au détriment de sa demande intérieure, jadis seul moteur de la production, c'est le même choix que fit l'Allemagne à la même période, et c'est le choix qu'à fait la Chine pour notre plus grand malheur. En effet en tirant votre croissance des exportations et non de la demande intérieure vous n'avez pas besoin d'augmenter les salaires, ces derniers sont mêmes nuisibles à vos exportations. Les pays exportateurs se caractérisent par une forte croissance sans inflation du moins à cour terme. Le modèle mercantiliste japonais donnera toute sa puissance dans les années 80 avant de montrer ses effets dans les années 90. La demande mondiale est maintenant insuffisante pour nourrir l'excédent japonais, allemand, chinois ou coréen en même temps, ces pays ont poussé jusqu'à au bout un modèle qui par nature était déséquilibré puisque toute les nations du monde ne peuvent pas avoir un excédent en même temps.  Et les gagnant actuels sont la Chine et la Corée du Sud, l'Allemagne malgrés ses excédents énorme arrive à peine à tirer sa croissance son niveau de vie est probablement trop élevé pour que la croissance des ses excédents arrive à réellement dynamiser le pays. Quant au Japon il est le perdant des années 2000 face aux trois autres sur le plan commercial.   Comme on le voit sur le graphique précédent l'inflation au Japon devient très basse dans les années 80, elle ne fait plus alors que la moitié de son niveau d'avant 1973. Mais jusqu'en 1990 la croissance va rester forte alimenté par les excédents commerciaux, mais bien sûr les USA et les pays européens vont finir par réagir à ces excédents qui leurs sont nuisibles. La forte hausse du Yen et l'affaiblissement progressif des économies occidentales finiront par casser la croissance japonaise. Contrairement à ce que disent certains ce n'est pas la faute de la hausse du Yen si la croissance japonaise s'est cassée, du moins pas directement, en effet rien n'interdisait au Japon de tirer sa croissance de sa demande intérieure. Il est tout à fait normal que les pays en déficit comme les USA demandent un rééquilibrage commercial, accuser les pays victimes du mercantilisme asiatique de se protéger c'est ne pas vraiment comprendre qui est l'agresseur. Alors pourquoi le Japon n'a-t-il pas changé de politique à l'époque de la réévaluation du Yen dans les années 80? Probablement pour les mêmes raisons qui poussent les élites français à ne pas protéger leur industries, elles n'aiment pas les hausses de salaires et l'inflation.
 
Les élites japonaises comme celles d'occident voient toujours d'un mauvais oeil l'inflation et la hausse des salaires, elle préfèrent même avoir une croissance faible et un chômage élevé plutôt que que d'avoir de l'inflation. On l'avait vue dans le cas de l'Argentine récemment où cette haine l'inflation a fini par produire un effondrement brutal de l'économie du pays. Le japon diffère de l'Argentine dans le sens où il n'a pas besoin d'arrimer sa monnaie à une monnaie étrangère pour maintenir basse son inflation, mais l'objectif d'une croissance sans hausse des salaires est la même. Seulement c'est contradictoire quelque soit votre modèle économique à un moment ou  un autre il faudra bien redistribuer les gains de productivités sous forme de hausse des salaires, les pays qui ne le comprennent pas finissent toujours par provoquer des catastrophes sous diverses formes, comme on le verra bientôt dans la zone euro. Cette politique mercantiliste et anti-inflationniste a des limites surtout parce que le Japon n'est plus tout seul à faire cela, il est aujourd'hui fortement concurrencé par la Chine et la Corée du Sud qui font aussi bien que lui pour beaucoup moins chère, allant même jusqu'à concurrencer les japonais sur leur propre sol. Sans parler de la puissance Allemande qui grâce à l'euro s'est réserver un cheptel de victimes pour elles toute seule.  Si les japonais veulent redresser leur situation économique, surtout après cette grande catastrophe, il leur faudra enfin revoir leur modèle mercantiliste. Ils devraient enfin réorienter leur économie sur leur demande intérieure car ils n'auront plus le choix. Leurs marges extérieures vont se réduire, les puissances montantes d'Asie faisant de l'ombre à leur production, et le marché d'exportation vers l'occident sera de moins en moins porteur puisque cette région du monde devra soit se protéger, soit s'appauvrir pour équilibrer sa balance des paiements.  La crise de 2009 fut un avertissement pour le Japon c'est le pays qui subit le plus durement l'effondrement des importations américaines. Que se passera-t-il lorsque le dollars se transformera en nouveau rouble...
Face à la catastrophe il faut une politique monétaire de production
 
  Nous avons fait ici un petit bilan de l'économie japonaise, mais c'était avant la catastrophe. Le japon va devoir retourner son économie vers lui même si je puis dire pour reconstruire. On peut tout à fait comparer la situation à celle de la sortie d'un conflit militaire par son ampleur, il semblerait que près d'un tiers du pays a été littéralement détruit par le tremblement de terre, c'est une proportion énorme d'une tout au dimension que celui de Kobe. Cependant comme l'état est officiellement surendetté, il va devoir changer de stratégie en matière économique et il va falloir faire transvaser les revenue du capital vers le travail à travers l'inflation pour reconstruire rapidement le pays. Il va falloir émettre de la monnaie de crédit public pour l'investissement productif de reconstruction, des prêts à taux zéro pour l'immobilier et l'industrie de reconstruction. Des aides massives pour les personnes qui vont devoir reconstruire leurs vies et leurs villes.  Une telle politique de  grands travaux va devoir être nécessaire et celle-ci ne sera effective qu'à travers une émission monétaire massive et pas autrement. A l'occasion la dette se dégonflera par la conjugaison de l'émission monétaire et le retour de l'inflation, ce qui me parait inévitable dans ces conditions. Rappelons au passage que la dette japonaise est essentiellement détenue par les épargnants japonais, il n'y aura pas d'exportation des problèmes par ce biais, c'est plutôt les risques de rapatriement des capitaux investis hors du Japon qui poseront problèmes aux puissances étrangères. Le Japon devrait donc connaître une forte hausse de son inflation dans les années qui viennent ainsi qu'une hausse de sa croissance économique pour réparer les dégâts.  Il est malheureux que les états ne trouve une justification à l'inflation et à l'investissement public que dans la guerre ou la catastrophe, le chômage n'étant apparemment pas assez grave pour justifier une telle politique.
 
A l'occasion du retour d'une certaine dynamique économique, le gouvernement japonais devrait en profiter pour rompre avec son modèle mercantiliste qui l'avait conduit au marasme avant la catastrophe.  Le Japon devrait reconstruire une économie plus auto-centré et moins dépendante de ses exportations, il leur faudra aussi se protéger commercialement de leur rivaux asiatiques qui eux vont être renforcé par cette situation, l'économie japonaise risquant d'être paralysée pendant quelques temps. A n'en pas douter la Chine et la Corée du Sud vont bénéficier commercialement de leur concurrent nippon. On peut également espérer que cette épisode relance la natalité du pays, je sais que cela peut paraître paradoxale mais l'on constate souvent une hausse des naissances après de grandes catastrophes. Si tel était le cas et si le gouvernement agissait à encourager celle-ci alors une nouvelle ère démarerait pour la nation japonaise. Une ère moins morbide et plus optimiste, le Japon deviendra également à coup sur l'un des pivots du changement énergétique nécessaire à l'échelle mondiale. Ne voulant certainement plus du nucléaire après ces péripéties, et en étant privé du pétrole, le Japon usera probablement de sa main d'oeuvre très qualifiés pour mettre au point le plus rapidement  possible des alternatives durables au duo pétrole-nucléaire. Donc si aujourd'hui le pessimisme et la tristesse sont bien présentes,  il faut bien voir que cette catastrophe peut aussi être utilisé à des fins positives. En tout cas je souhaites bien du courage aux japonais et je suis certains qu'ils sortiront de cette épreuve plus sage et en meilleurs état que lorsqu'ils y sont rentrés. 

http://lebondosage.over-blog.fr/article-le-japon-se-relevera-mais-il-sera-forcement-different-69448660.html






Ce drame au pays du Soleil Levant

18/03/2011 07:17

Ce drame au pays du Soleil Levant


Le Japon occupe le devant de l'actualité, quatre jours après le séisme historique qui a secoué cet archipel (de 6 852 îles) et le raz-de-marée qui s'en est suivi, le bilan officiel faisant toujours état de 10 000 morts. De nombreuses problématiques se posent, à l'aune de cette catastrophe naturelle. Dans un premier temps, on a envie de rendre hommage au peuple japonais, qui nous a impressionné par sa dignité… Par ailleurs, au-delà de la difficulté à retrouver des survivants, c'est le risque d'une catastrophe nucléaire qui se profile et qui inquiète…

Le Japon nous a effrayé pendant des années - avant la Chine en plus nombreux -, innovant dans certaines technologies et sachant les vendre comme personne. Un éphémère premier ministre socialiste, Edith Cresson, les compara un jour à des fourmis. Il est vrai que dans ce malheur qui les frappe, les fourmis montrent une dignité admirable. Pas d'effets de panique, pas de lamentation, même la bourse de Tokyo a ouvert. Alors qu'après les attentats du 11 septembre, la bourse de New-York fut fermée durant quatre jours. Nos réactions sont calquées sur celles des victimes, l'émotion est individuelle, pas de compassion ostentatoire. Le drame japonais n'est pas comparable, sur ce point, à celui qui frappa le sud-est asiatique et la Thaïlande, à l'automne 2004. Il n'y a pas d'afflux de dons, de déplacements sur place de personnalités et d'humanitaires en tous genres. Il faut dire que le Japon est un pays riche, à l'épargne colossale. Malgré un endettement énorme, correspondant à 200 % du PIB, qui lui a valu d'être déclassé par les agences de notation. Mais ce dont le Japon se moque, car contrairement à nous, il ne se finance que très peu sur les marchés financiers. Certes, l’économie japonaise n'est plus ce qu'elle était dans les années 80. Les Américains ont su briser cyniquement leur élan, en les contraignant à réévaluer le yen. Le Japon reste la troisième puissance économique mondiale, mais ne nous fait plus peur. Les Japonais sont longtemps parus à nos yeux, comme les meilleurs élèves de l'occident. Mais aujourd'hui, ils sont ramenés à leur fragilité existentielle, de barque sur la mer démontée. On nous explique que le bouddhisme leur a appris depuis l'enfance, que tout ce qui a une forme, est appelé à disparaître, dans un sentiment d'impermanence des choses, enraciné en eux par les déchaînements de la nature. On est pas bouddhiste, mais on a bien retenu la leçon.

Mais l'archipel ne semble pas non plus, au bout de ses peines. Car le Japon tire son électricité, depuis trente-cinq ans, essentiellement du nucléaire, ce qui est une autre problématique (une quizaine de centrales regroupée sur l'île d'Honshu, autour de Tokyo). La situation s'est aggravée et détériorée dans les deux centrales nucléaires de Fukushima (situées à environ 300 km de Tokyo). Une explosion d'hydrogène a secoué un réacteur, dans l'une d'entre elles. Ce qui relance également le débat sur le sujet, notamment en France. Récemment, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il n'était pas question de sortir du nucléaire. Il a souligné d'ailleurs, que le parc français était le plus sécurisé du monde. Il a ainsi voulu couper l'herbe sous le pied à ceux, qui comme Nicolas Hulot ou Daniel Cohn-Bendit, réclament un référendum sur l'énergie nucléaire en France. C'est aussi l'art de la politique, outre la problématique de fonds. Car les verts ne sont pas, comme l'on croit, que des défenseurs avétérés de la nature, mais avant tout et surtout des politiciens redoutables, rodés depuis leur jeunesse politique aux pratiques militantes de l'extrême-gauche. Seule la naïveté et l'inexpérience politique ont pu faire croire, à la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, que les écolos qu'elle embrassait comme du bon pain et caressait dans le sens du poil, respecteraient les accords tacites du Grenelle de l'environnement. Qui avait vu le gouvernement échanger la lutte contre le réchauffement climatique, contre le silence des associations sur le nucléaire.

Les écologistes se battent depuis quarante ans contre le nucléaire, ils ne veulent pas perdre cette légitimité. Le drame du Japon leur permet de réinstaller une peur dans l'inconscient collectif. Même si la problématique énergétique est certes complexe, en profondeur. Historiquement, toute énergie devient d'ailleurs très vite enjeu de conflit. Le charbon est l’une des causes majeures des conflits franco-allemands du XXe siècle, et le pétrole est une des clefs de la plupart des interventions militaires américaines depuis 1945. Sur le plan énergétique, les révolutions arabes devraient aussi annoncer un choc pétrolier. Dans les années 70, cette option nucléaire hexagonale fut un vrai débat, parfois très dur. Le choix nucléaire - amorcé par de Gaulle -, de Pompidou fut sans doute le dernier héritage du XIXe siècle, quand confiance dans le progrès scientifique et volontarisme politique se tenaient la main. Mais cette option pompidolienne nous a valu depuis quarante ans, une indépendance énergétique, que nous ont longtemps envié nos voisins. Notre consommation d'électricité provient à 85 % de nos centrales nucléaires et elle est aussi moins chère qu'ailleurs. Car la cause principale de l'augmentation récente de nos factures d'électricité, n'est pas à chercher dans la réflexion de nos vieilles centrales, mais plutôt dans la politique de concurrence obstinément poursuivie par la commission de Bruxelles.

Mais le drame japonais pourrait s'avérer aussi la chance de l'industrie nucléaire française, qui avec l'EPR (centrale nucléaire nouvelle génération) a fait justement le choix de la plus grande sécurisation possible. C'est pour cette raison, que ce produit français coûte plus cher que ces rivaux moins sophistiqués. En 2009, Abou Dhabi a ainsi préféré une centrale coréenne moins chère, mais moins sûre, et l'Afrique du sud a été tentée par un concurrent chinois. Il est vrai que les retards des chantiers d'Areva en Finlance, et les surcoûts de celui d'EDF à Flamainville affaiblissent le poids de l'expertise nucléaire française, comme l'a déclaré récemment François Fillon. Mais en tout cas, ce qui est sûr (même si toutes les solutions énergétiques cumulées sont peut-être valables), c'est que la réponse est bien davantage dans les mains de nos ingénieurs, que dans celles de nos ministres et de la classe politique en général.

J.D.

http://llanterne.unblog.fr/






Défendre la République, c'est décontaminer la pensée FN?

18/03/2011 07:12

Défendre la République, c'est décontaminer la pensée FN?


Ancien membre de la Fondation Marc-Bloch, je me suis senti, à mon très modeste niveau, visé par l'article publié dans Le Nouvel Observateur du 10 mars sous la plume d'Ariane Chemin ("Ils décontaminent la pensée FN" 1 2). J'ai préféré laisser la parole aux principaux intéressés (étudiant, je n'étais qu'un adhérent de base de la Fondation). Je vous invite donc à lire la réponse de Philippe Cohen (Le Pen, le Nouvel Obs et Marianne: une leçon d'histoire) et d'Élisabeth Lévy (C'est moi, la peste brune?), ainsi que celle du toujours excellent Jean-Paul Brighelli ("Je fais, tu fais, nous faisons le jeu du FN...").

Il m'a finalement paru utile de livrer au débat mes propres petites mises au point.

 

1. Ma consœur cite dans la famille des "républicains des deux rives" Philippe Séguin, Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers. Or, ce dernier n'en fait pas partie: cet ancien membre de la composante libérale de l'UDF est un national-libéral et non un national-républicain. L'alliance, ou pas, avec Philippe de Villiers, a d'ailleurs toujours été un sujet de débats entre partisans d'une ligne strictement nationale-républicaine et partisans d'un rassemblement souverainiste (donc ouvert aux souverainistes non républicains); je me contenterai de rappeler quelques épisodes de ce débat récurrent:

- la préparation de la liste de Charles Pasqua aux élections européennes de 1999, qui devait originellement être ouverte à la gauche républicaine (Jean-Pierre Chevènement, Max Gallo, Régis Debray).

- les débats internes au Rassemblement pour la France (RPF) lors de la rédaction de la charte du parti (au passage, la ligne de clivage ne passait pas entre pasquaïens et villiéristes mais à l'intérieur des pasquaïens, entre une aile droite - Jean-Jacques Rosa, Pierre Monzani et Jean-Charles Marchiani - et une aile gauche - Paul-Marie Coûteaux, William Abitbol et Jean-Christophe Comor).

- la candidature de Jean-Pierre Chevènement à l'élection présidentielle de 2002, avec la tentative de Paul-Marie Coûteaux de rapprocher Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers.

 

2. Ma consœur écrit que "Jean-Pierre Chevènement porte sur ses épaules la défaite de Lionel Jospin" à l'élection présidentielle de 2002. Comme j'ai déjà eu maintes fois l'occasion de l'écrire, ce n'est absolument pas mon analyse: la défaite de Lionel Jospin est bien plus politique (l'électorat populaire se détournant d'un PS rallié à l'Europe néolibérale depuis le milieu des années quatre-vingts) que mécanique (multiplication des candidatures "à gauche"). "Lorsque le Sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt"...

De fait, le populisme d'extrême droite progresse en Europe davantage au détriment d'une gauche sociale-démocrate convertie au social-libéralisme que de la droite libérale-conservatrice. L'intérêt de la candidature de Jean-Pierre Chevènement était d'ailleurs de proposer une alternative (une troisième voie "au-dessus de la droite et de la gauche telles qu'elles sont devenues") qui ne soit pas extrémiste. Sur la forme, cette alternative populiste et républicaine s'est même en quelques sortes retrouvée à l'élection présidentielle de 2007 dans la contestation populiste et démocrate de François Bayrou (relire à ce sujet son livre Au nom du tiers état, Hachette, 2006).

 

3. Ma consœur écrit que demeure "une troupe d'électeurs suffisante - on l'a vu en 2002 - pour faire turbuler le système et modifier le premier tour de l'élection présidentielle". Elle commet là une erreur d'interprétation. Pour Jean-Pierre Chevènement, faire "turbuler" le système c'était "en mars" atteindre 15% des intentions de vote dans les sondages et qu'en même temps l'un des deux sortants (cohabitation Chirac-Jospin) descende en-dessous de la barre des 20% afin finalement d'être qualifié au second tour le 21 avril. Bref, la troupe d'électeurs n'a en réalité pas été suffisante en 2002...

 

4. Ma consœur écrit que "depuis 2005, l'anti-pensée unique est devenue dominante".

Première question: qu'est-ce que la pensée unique? Elle a été définie en 1998 par Henri Guaino, dans L'Humanité: "La pensée unique est ce compromis passé entre les rentiers, certains héritiers de Mai-68 et les technocrates, qui débouche sur la haine de l'État, l'apologie du chacun pour soi et l'argent-roi. En d'autres termes, un mélange de conservation réactionnaire, de libéralisme et de libertarisme, qui pourrait se formuler ainsi : la loi de la jungle, plus la morale du possédant, plus l'élitisme... Le programme est clair: l'être humain est considéré comme un moyen, le travail comme une variable d'ajustement, l'exclusion comme un mode de régulation, la France comme une entreprise qui vivrait au-dessus de ses moyens. Sous-entendu: il y aurait trop de redistribution, trop de protection sociale, trop de services publics... Quant au triomphe de la pensée unique, on peut le voir dans la prise de pouvoir d'une élite qui cherche à sortir du carcan de la solidarité nationale, du modèle républicain et de la souveraineté populaire..."

Bref, la dénonciation de la pensée unique se situe sur le terrain économique et social (franc puis euro forts, libéralisations, désindustrialisation, délocalisations, etc.). Or, Ariane Chemin explique qu'"en focalisant le débat sur leurs thèmes fétiches - l'identité française, l'État, l'islam -, [les intellectuels souverainistes] ont  irrigué le champ politique qui court de Sarkozy à [Marine Le Pen] ". Voyons de plus près.

"L'État", c'est certain.

"L'identité française", pourquoi pas, à condition qu'il s'agisse d'une référence à ce qui caractérise, pour reprendre l'expression du Conseil constitutionnel, les "principes inhérents à l'identité constitutionnelle de la France" (gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple; République indivisible, laïque, démocratique et sociale). Est-ce vraiment ce qu'à en tête ma consœur? Je n'en ai pas l'impression, loin de là...

"L'islam", là, c'est carrément un contresens sur la notion de pensée unique. Ce contresens devient une contrevérité comique quelques pages auparavant, lorsque Laurent Joffrin écrit que sont notamment visés par les dénonciateurs de la pensée unique "les partisans archaïques de la République sociale"!

Cette polémique m'a donné l'heureuse occasion de me plonger dans mes archives. Et de retrouver un article du Monde, daté de mai 1998, sur les "nationaux-républicains" de "la toute nouvelle Fondation Marc-Bloch". "De Jean-Pierre Chevènement à Charles Pasqua, les pourfendeurs de la pensée unique, de la construction européenne et du mondialisme mettent en avant la défense des idéaux de la République et de la nation", écrivaient Raphaëlle Bacqué et ...Ariane Chemin. J'ai beau relire cet article, je n'y trouve aucune trace de ces soi-disant "thèmes fétiches", de l'absolutisation de l'identité nationale au rejet de l'islam. Il y a donc quelque part un problème dans le travail journalistique de ma consœur, soit hier soit aujourd'hui...

 

Seconde question: la pensée unique est-elle dominante? Je ne dois pas vivre dans la même France qu'Ariane Chemin! D'une part, je n'ai pas l'impression que les partisans d'une "autre politique" - d'Emmanuel Todd à Jean-Luc Gréau en passant par Jacques Sapir - dominent le paysage intellectuel et médiatique. D'autre part, je n'ai pas l'impression que les candidats qu'y s'en réclament peu ou prou soient en mesure d'être élus à la présidence de la République, qu'il s'agisse du républicain de gauche Jean-Luc Mélenchon (autour de 5-6% des intentions de vote dans les sondages) ou du gaulliste Nicolas Dupont-Aignan (1-2%). Reste le cas Marine Le Pen.

 

5. Marine Le Pen, républicaine?

Venons-en au fond de l'article. Le raisonnement d'Ariane Chemin (et d'un Jean-Michel Aphatie parlant de "la ligne Marianne Le Pen") est simple. La Fondation Marc-Bloch défendait la République indivisible, laïque, démocratique (souveraineté nationale) et sociale telle qu'issue du Conseil national de la Résistance. Marine Le Pen importe aujourd'hui cette référence dans ses discours. Donc la Fondation Marc-Bloc aurait "décontaminé le pensée FN". Curieux raisonnement.

Tout d'abord, tout véritable antilepéniste ne pourrait que se féliciter si Marine Le Pen, en rupture avec l'orientation historique du FN, adoptait une telle ligne, plus rien ne justifiant alors le "cordon sanitaire" autour de son parti. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le démontrer sur ce blog (ici ou ), ce n'est toutefois pas le cas, le FN demeurant antirépublicain au moins dans sa conception de la communauté nationale (différentiation entre les "Français de souche" et les Français issus de l'immigration).

Ensuite, le raisonnement consistant à affirmer qu'une idée ou qu'un sujet deviendrait infréquentable dès lors que l'extrême droite s'en saisirait me semble particulièrement contre-productif et surtout dangereux. C'est même, selon moi, là que réside le véritable piège. Je l'écrivais dès janvier 2010: "Après avoir abandonné dans les années quatre-vingt la Nation à l'extrême droite, pourquoi faut-il qu'aujourd'hui la droite et la gauche de gouvernement lui abandonnent la République?". En réalité, ce raisonnement est bien pratique, car il permet aux chiens de garde de la pensée unique de disqualifier toute pensée alternative au néolibéralisme en la marquant au fer rouge du sceau de l'extrême droite.

Laurent De Boissieu

http://www.ipolitique.fr/






Indépendance nationale, service public et énergie

18/03/2011 07:06

Indépendance nationale, service public et énergie


La catastrophe nucléaire au Japon a logiquement poussé quelques hommes politiques à surfer sur la vague de l’horreur et demander un arrêt (bien impossible à court terme) des centrales ou un référendum. Pourtant, d’autres réflexions peuvent être engagées.

L’énergie est un service public

N’en déplaisent aux cabris de Bruxelles, la première conclusion que l’on peut tirer est que l’énergie est un service public, qui ne saurait encore moins être privatisé quand il s’agit de centrales nucléaires, comme le soulignent Jack Dion sur Marianne 2 et Nicolas Dupont-Aignan. Il est tout de même inquiétant d’apprendre dans l’Usine Nouvelle qu’il y a aujourd’hui des problèmes de maintenance des centrales nucléaires avec les prestataires privés employés par EDF.

L’expérience Japonaise montre qu’il est dangereux de privatiser EDF et de libéraliser le marché de l’énergie. En effet, le principal objectif d’une entreprise privée et cotée est logiquement le profit. Ne vaudrait-il pas mieux qu’EDF consacre une part de ses profits ou de ses investissements à l’étranger pour reprendre en main directement la sécurité de nos centrales ? L’objectif d’EDF ne doit pas être le profit mais la sécurité et le service public. Point barre.

En outre, les partisans de cette libéralisation (soutenue par le PS, l’UMP, les Verts ou le Modem), nous avaient vendu une plus grande efficacité, des prix plus bas. Le voile est tombé comme le montre bien Hervé Nathan : cette libéralisation ne sert nullement l’intérêt général puisqu’elle se traduit par une hausse du prix de l’énergie. En revanche, elle profite bien aux actionnaires comme le montrent les bénéfices de 4,6 milliards d’euros de GDF-Suez en 2010.

L’indépendance énergétique et la sécurité comme objectifs prioritaires

Mais par delà la nécessité de revenir à un service public de l’énergie, la question fondamentale des sources d’énergie se pose pour l’avenir. Aujourd’hui, nous dépendons essentiellement des hydrocarbures et du nucléaire, pour 80% de notre électricité. Cela pose de nombreux problèmes, de dépendance (le pétrole, le gaz et l’uranium sont importés), d’environnement (les rejets de CO², les déchets radioactifs) et de sécurité (même si notre filière semble nettement plus sûre).

A ce sujet, je vous conseille le papier de Marc Cohen, « Mensonges d’Etat contre foutaises écolos ». Bien sûr, la filière pose de vrais problèmes, mais non seulement nous n’avons pas encore d’alternatives solides (même si cela serait souhaitable) et plus encore, la situation du Japon n’a rien à voir avec celle de notre pays puisque nous ne risquons pas un séisme de magnitude 9 suivi d’un tsunami de 17 mètres de haut. En outre, notre EPR améliore à la fois la sécurité et les déchets…

La situation est modifiée par des découvertes massives de pétrole bitumeux dans le Bassin Parisien et de gaz de schistes, plutôt dans le midi. Ces découvertes permettraient de garantir notre indépendance énergétique pour des décennies. Malheureusement, les techniques d’exploitation semblent provoquer de véritables catastrophes écologiques (outre les émissions de CO²) et Corinne Lepage vient de saisir le Conseil d’Etat sur l’attribution des droits d’exploitation de ces gaz.

Bref, si le nucléaire et les hydrocarbures resteront pour quelques années nos principales sources d’énergie, il convient de préparer d’accélérer la transition vers des énergies plus propres, sûres, nationales et pas trop chères pour ne plus dépendre de ces pétromonarchies : géothermie, biocarburants, comme le rapporte Yann. Mais surtout, il conviendra de ne pas céder aux sirènes de Bruxelles pour lesquelles le secteur doit être libéralisé. Le rôle de l’Etat doit rester primordial.

Oui, la catastrophe nucléaire du Japon pose de vrais problèmes, et c’est aussi le cas de la rareté et de la pollution des hydrocarbures. Pour le coup, un Grenelle de l’énergie serait le bienvenu pour que la France montre qu’elle a des idées pour assurer ses sources d’énergie à l’avenir.

Laurent Pinsolle

http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/






Il faut sauver l’homme en noir Taddéi

16/03/2011 18:53

Il faut sauver l’homme en noir Taddéi


Alors que France Télévisions songeait à supprimer l'émission de Frédéric Taddéi, le magazine Causeur avait publié début février un vibrant plaidoyer pour le maintient de "Ce soir ou jamais" sur France 3. Pierre Sled, conseiller aux programmes de France 3, a depuis tranché : l'émission de Frédéric Taddéi sera désormais hebdomadaire à partir de la rentrée prochaine.

Publié par David Desgouilles dans Causeur Magazine

Depuis plus de trente ans que je regarde des matches de football au stade ou sur le petit écran, j’ai souvent sacrifié à la tradition consistant à critiquer l’arbitre et, parfois même, à lâcher à son intention quelques mots d’oiseaux de toutes les couleurs. Il m’arrive de plus en plus, cependant, d’observer avec davantage de distance les débats… et la production de l’« homme en noir ».

Des arbitres1, il y en a au moins deux catégories. Il y a ceux dont le regard hautain trahit le mépris pour les joueurs − lesquels, d’ailleurs, ne sont pas en reste. Mais il y a ceux qui font oeuvre de psychologie, qui savent s’effacer devant le jeu et que, finalement, on ne remarque presque pas dans le match. Les arbitres de cette catégorie ne font pas moins d’erreurs − inhérentes au football comme à tout sport −, mais le spectateur et même le joueur leur pardonnent ou, mieux encore, ne les perçoivent même plus tant il est évident que le jeu est roi et que tout le reste en devient accessoire.

Soral/Autain, ça vaut OM/PSG d’il y a vingt ans

Lorsqu’on regarde « Ce soir (ou jamais) », on a exactement la même impression.

Un débat, c’est comme un match de football. Enfin, dans cette émission-là, pas dans celles où les protagonistes feignent d’avoir des désaccords alors qu’ils pensent essentiellement la même chose sur tous les sujets. Frédéric Taddéi ne choisit pas la facilité en invitant des personnalités fortes. Inviter Alain Soral et Clémentine Autain sur le même plateau, cela vaut bien un PSG-OM d’il y a vingt ans. Sur le papier, il y a tout pour que cela castagne. En fait, pas du tout.

L’arbitre arrive à maîtriser les débats avec un mélange de bienveillance, d’attention, de fermeté et de justice ; et laisse les protagonistes s’exprimer sans les interrompre par des coups de sifflets incessants. Il y a quelques mois, j’ai même vu Jean-Luc Mélenchon s’y comporter de manière fort courtoise. Même les joueurs les plus caractériels donnent le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils sont totalement convaincus de la probité de l’arbitrage.

Une émission quotidienne de débat fort bien animée, avec des avis divergents, sur le service public de télévision, il y en a une. Et depuis quelques jours, la rumeur enfle : il est question de la rendre hebdomadaire, ou carrément de la supprimer2.

Pour la remplacer par qui et par quoi ? Marc-Olivier Fogiel : le retour du concert de coups de sifflet. Il ne faut pas que le débat s’endorme et les téléspectateurs avec, n’est-ce pas ?

Parce que Messieurs Pfimlin et Sled ont regardé les courbes d’audience. Et ne les trouvent pas à la hauteur. Bizarre ! Comme tous les Français, j’ai entendu le président de la République annoncer, lorsqu’il a décidé de la disparition de la publicité après 20 heures, que le service public de télé serait ainsi délivré de la dictature de l’audimat. Pfimlin, nommé en conseil des ministres, et Sled, que l’on dit très proche du « Château », auraient-ils oublié cette lettre de mission ? La faible audience − discutable, puisqu’elle ne comptabilise pas les nombreux visionnages sur Internet, conséquence de la tardive diffusion de l’émission − est-elle la véritable raison de la mise sur la sellette de « Ce soir (ou jamais) » ?

Ne serait-ce pas plutôt le fait qu’elle échappe au débat droite-gauche plan-plan et qu’elle aborde le plus souvent les problématiques réelles mettant à jour les clivages décisifs ?3

J’en appelle donc à Messieurs Pfimlin, Sled et même au président de la République. « Ce soir (ou jamais) » doit continuer. Et j’encourage chaque téléspectateur fidèle de cette émission à écrire à ces trois décideurs. Il faut sauver la meilleure émission de débat de France. Il faut sauver le soldat Taddéi !

Publié par David Desgouilles dans Causeur Magazine

1. A propos d’arbitres, c’est l’occasion pour moi de recommander la lecture d’un ouvrage collectif auquel participe le camarade Jérôme Leroy. Les Hommes en noir (Les contrebandiers Editeurs) est un recueil de 17 nouvelles rédigées par 17 auteurs différents, consacrés à l’arbitre de football

2. Frédéric Taddéi affirme cependant : « Je n’ai rien contre le fait de réfléchir à une hebdo. »

3. Étrange coïncidence : à la rentrée de janvier, le « 18-20 » d’Europe 1 a subi − sous prétexte, là aussi, d’audience médiocre − un lifting semblable. Le premier débat entre Olivier Duhamel, Claude Askolovitch, Natacha Polony et David Abiker a été supprimé par le nouveau directeur Olivennes. Seul subsiste aujourd’hui le bon vieux face-à-face libéral vs social-démocrate entre Olivier Duhamel et Catherine Nay ou Philippe Manière.

http://www.debout-la-republique.fr/Il-faut-sauver-l-homme-en-noir.html

 






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