Rassemblement des Gaullistes Républicains et Sociaux

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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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C’est moi, la peste brune ?

15/03/2011 15:28

C’est moi, la peste brune ?


Si j’étais de très mauvaise foi, j’annoncerais avec la solennité requise que Laurent Joffrin et Ariane Chemin, respectivement grand patron intermittent et exécuteure des basses œuvres du Nouvel Obs après avoir excellemment assumé cette lourde tâche au Monde sous la direction d’Edwy Plenel, sont en train, dans la grande tradition des années 1930, d’inventer un nouveau complot juif dans lequel le danger judéo-lepéniste aurait pris la place de l’hydre judéo-maçonnique. Dans la liste de suspects qu’ils dressent dans le dernier numéro de l’hebdomadaire, quatre noms reviennent en effet en bonne place: Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Éric Zemmour, sans oublier « tel « républicain-national » qu’on trouve à Marianne »(quoique combattu par ses collègues), élégante formule pour désigner Philippe Cohen et exiger à mots à peine voilés une épuration à Marianne. Chacun, écrit Joffrin, a son style, « « brillant ou laborieux », d’ailleurs j’aimerais bien savoir à laquelle de ces deux catégories j’appartiens, mais tous sont juifs, étrange coïncidence, non ? Il est vrai qu’il y a aussi Ivan Rioufol, mais on ne me la fait pas à moi – « j’ai d’excellents ennemis goys », on connaît la chanson. Je pourrais me draper dans ma dignité de victime, appeler mes concitoyens à résister à la bête toujours immonde et toujours frétillante avant de publier dans une semaine ou deux un opuscule à succès – « Dérapage à l’Obs », lettres rouges, peut-être gothiques, sur fond noir, ça aurait de la gueule. Ce serait chouette, à défaut d’être bien honnête. Encore que je parviendrais sans doute à croire à mes propres âneries1.

Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Luc Mélenchon, merci !

Détendez-vous, ce cauchemar brun n’est qu’un rêve. Chemin et Joffrin ont beaucoup de défauts mais pas celui-là. Franchement ce n’est pas de leur faute si les agents actifs de la « décontamination de la pensée FN » sont presque tous juifs. Me voilà donc obligée de répondre, d’autant plus que les camarades Lienemann et Mélenchon qui ont volé au secours de l’ami Philippe Cohen (grâces leur soient rendues pour cela) n’ont pas jugé nécessaire de dire un mot sur les autres inculpés, lesquels n’ont pas le bonheur d’appartenir à la grande famille de la gauche. N’étant pas d’accord avec mes idées, ils ne se battront pas pour que je puisse les défendre et puis quoi encore ! Peut-être ces apôtres de la tolérance ont-ils fait leur l’amusante définition pêchée dans Libération sous la plume de Pierre Marcelle : ce qui « fonde la droite », chers amis, c’est « la progression de l’inhumanité marchande », au moins, on ne se plaindra plus de la disparition du grand clivage2. Tout s’explique : tout occupés que nous étions à faire progresser l’inhumanité marchande pour assouvir notre cupidité et celle des « brigands-actionnaires », nous n’avons pas hésité à cachériser les pensées les plus nauséabondes, ceci, toujours selon Joffrin, en « occupant sans relâche studios de télévision et colonnes de journaux pour clamer qu’on nous empêche de parler et jeter à tout va les clichés de la droite conservatrice ou nationaliste. »

Je ne me permettrais pas de donner des leçons de journalisme à quelqu’un d’aussi titré dans la discipline que Laurent Joffrin, mais j’ai bien dû déclarer publiquement une trentaine de fois au cours des six derniers mois qu’il serait absurde de « nous » (en supposant que « nous » il y ait ailleurs que dans leur tête à « eux ») prétendre victimes d’une quelconque censure. C’est même pour moi un sujet d’interrogation récurrent: si on peut avoir l’impression que l’étau idéologique se resserre et que, traduit dans le langage des bistrots, « on ne peut plus rien dire », il faut bien reconnaître que les salauds – attention, au sens sartrien du terme – jusque-là simplement dénoncés comme « réacs » peuvent abondamment s’exprimer, beaucoup trop d’ailleurs aux yeux de certains qui répètent en boucle « ils se disent muselés et on n’entend qu’eux ». Je comprends que Joffrin qui doit porter sur ses seules épaules l’avenir de la presse de gauche et de la gauche tout court n’ait pas le temps de se pencher sur ce que les uns et les autres disent réellement. Mais compte tenu de notre omniprésence médiatique, il aurait pu s’apercevoir qu’aucun de ceux qu’il épingle ne se prétend censuré – ce qui serait effectivement cocasse. Depuis l’époque où j’ai publié Les maîtres censeurs, le débat public s’est à la fois ouvert et fermé. Il me semble plutôt qu’au terme de cette évolution paradoxale, la liberté l’emporte : Zemmour est condamné mais il travaille dans plusieurs médias et non des moindres. Et les attaques de mes chers confrères n’empêcheront évidemment ni Causeur ni moi-même de poursuivre leur route et leur réflexion3. Tout cela mériterait plus ample discussion mais ce sera pour une autre fois. En attendant, que Laurent se rassure4, je ne suis pas en train de « chercher censure à mon pied » – vous aurez reconnu la plume assassine de Muray.

Causeur, « puissant relais d’influence »

Vous me connaissez, j’aime assez, trop peut-être, l’odeur de la poudre. Mercredi après-midi, quand Philippe Cohen m’a envoyé les articles de L’Obs, j’avoue avoir d’abord pensé que la guerre recommençait et qu’on allait bien s’amuser. Et puis, après lecture attentive, mon excitation est un peu retombée. Tout cela était tellement réchauffé que je me suis sentie écrasée par le poids de la répétition. On dirait en effet que Chemin et Joffrin ont ressorti de vieux articles des tiroirs où ils prenaient la poussière avec les banderoles de la « quinzaine anti Le Pen » – lesquelles pourront sans doute reprendre du service itou pour peu que mes honorables confrères ne dévient pas de leur excellente ligne qui a réussi à amener Le Pen père à 20 % et au deuxième tour de la présidentielle. Sauf que moi, ce débat qui tourne en rond finit par me lasser.

Il est vrai qu’il arrive à L’Obs de varier les plaisirs. Depuis quelques années – et de mémoire – il a aussi proclamé en « une » avec grands roulements de tambour que les intellos viraient à droite et annoncé à plusieurs reprises et sous diverses formes le grand retour des nouveaux réacs qui finissent par n’être plus très nouveaux. Il me semble cependant que ça faisait un moment qu’il n’avait pas brandi aussi ouvertement l’étendard de la crypto-lepénisation. Mais enfin, c’est à peu près toujours la même histoire. La République est en danger, menace généralement incarnée par le spectre du vote lepéniste. Il s’agit donc de désigner les vrais coupables qui sont soit les idiots utiles, soit les agents actifs de l’extrême droite, d’où le goût de l’hebdomadaire pour les listes. Je précise que c’est la première fois que j’ai l’honneur de figurer dans le peloton de tête, étant désormais, avec Causeur, un « puissant relais d’influence ». Soyons honnêtes, Joffrin ne s’en tient pas là et reconnaît que la gauche, ayant abandonné le peuple, porte une lourde part de responsabilité dans le succès de Marine Le Pen.

Quant à Ariane Chemin, il faut reconnaître qu’elle n’a pas perdu le fil (d’accord, c’est un peu facile), depuis l’époque où elle était chargée par les patrons du Monde d’exécuter la toute jeune Fondation Marc Bloch où nous avions commis le crime, Cohen et moi, de rassembler des « Républicains des deux rives ». Non contents de croire qu’il fallait abattre le mur de Berlin de la politique française – ce que nous échouâmes d’ailleurs à faire lors de la campagne Chevènement -, nous étions plutôt anti-européens et prétendions qu’il était absurde et suicidaire d’abandonner la nation au Front national. Autant dire que notre dossier était chargé. Depuis, le mien s’est alourdi car après avoir avoué que je n’étais plus de gauche, j’en suis arrivée à penser que les « questions identitaires » comptaient autant dans les fractures qui minent la France que le chômage et la question sociale – contrairement d’ailleurs à mes amis Philippe Cohen…et Jérôme Leroy.

Les « monstres » de Jean-François Kahn

Ariane s’y colla donc gentiment et balança le missile qui était supposé nous laisser sur le tapis en nous qualifiant de « nationaux-républicains », injure dont nous décidâmes, grâce au talent de Régis Debray, de faire notre nom. Elle a de la chance, Ariane, elle pense toujours comme ses chefs, ce qui lui évite d’avoir avec eux les conflits qui m’ont parfois opposée aux miens. Aussi, quand Jean-François Kahn, auprès de qui j’ai beaucoup appris, notamment le plaisir qu’il y a à essayer de penser par soi-même, se désole de découvrir que je ne pense plus comme lui, ayant « basculé dans le discours réactionnaire le plus convenu, le plus éculé et le plus systématique »5, notre journaliste de combat en déduit que JFK a créé des « monstres ». En clair, ayant eu le privilège d’avoir été formée par un monstre sacré du journalisme (je suis sincère, c’est vraiment une chance) j’aurais dû rester sa créature docile. Je plaide coupable d’individualisme forcené, puisque je prétends avoir un cerveau, qui, bien que moins performant que celui de mes accusateurs, m’appartient en propre. J’ajoute que je n’ai pas bien compris l’enseignement de JFK, en ayant déduit qu’on pouvait être en désaccord sans se balancer les noms d’oiseaux pêchés dans le lexique antifasciste.

Mais je m’égare. J’en reviens donc au fil rouge – encore que brun serait plus approprié – qui guide la pensée de la tenace Ariane. C’était couru, on commence par défendre la nation et on finit par écrire qu’on ne « trouve pas raciste ou « moralement scandaleux » la proposition frontiste de « distinguer entre Français et étrangers, proposant de réserver certains droits aux premiers ». On me pardonnera de pousser la coquetterie jusqu’à restituer la citation exacte, extraite d’un article publié en décembre : « MLP ne distingue pas les Français en fonction de leur race, elle distingue entre les Français et les étrangers, proposant de réserver certains droits aux Français. On peut être hostile à cette idée, elle n’est pas moralement scandaleuse. » Si je comprends bien, Ariane Chemin estime au contraire que cette distinction entre ressortissants et non-ressortissants est parfaitement scandaleuse. L’ennui, c’est qu’elle est centrale dans tous les systèmes juridiques nationaux qui réservent effectivement certains droits, à commencer par celui de voter, aux détenteurs de la nationalité6. J’imagine qu’Ariane Chemin milite pour que l’humanité entière élise le président de la République française, que la gauche de tous les pays s’unisse pour choisir, lors d’une primaire vraiment très ouverte, le candidat du PS. Et tant qu’à faire pour la disparition des frontières. En attendant cet avenir radieux, je l’invite à troquer son infâmant passeport français qui lui vaut d’odieux privilèges, contre celui de son choix.

Au-delà de la délation, une vraie querelle

Au risque de la décevoir puisqu’il parait que « jeune, j’avais déjà réponse à tout », je dois confesser qu’il m’arrive d’avoir des doutes voire de me demander si mes adversaires n’ont pas en partie raison. Je vais donc tenter de résumer le fond de la querelle qui mérite mieux que ces sempiternels exercices de délation.

Contrairement à mes accusateurs, je ne crois pas que Marine Le Pen soit le clone de son père. Je peux me tromper – ce n’est pas une clause de style. N’étant pas l’analyste de « la peste blonde »7 et n’ayant pas de talent particulier pour deviner ce que pensent les gens, quelle que soit leur ascendance, dans leur petto, je considère que les discours sont des actes politiques en eux-mêmes. Quand Marine Le Pen, devant le congrès de son parti, prononce un discours où les références traditionnelles de l’extrême droite ont cédé la place à l’invocation de la République, peut-être n’en croit-elle pas un mot. Reste qu’elle a pris le risque de s’aliéner la vieille garde – qui d’ailleurs faisait franchement la gueule. Quand elle affirme que « le nazisme est la plus grande barbarie de tous les temps », il est possible qu’elle cherche à cacher son antisémitisme viscéral. Ce propos n’en constitue pas moins une rupture. J’ignore si elle réussira, à l’image d’un Gianfranco Fini, à mener la révolution culturelle qu’elle annonce mais je ne vois pas, en dehors de son patronyme, ce qui autorise la cohorte des commentateurs avisés de décréter que ce qu’elle dit n’a aucun poids. Pour autant, il ne s’agit pas de faire de l’angélisme à l’envers. « Sans doute y a-t-il encore au FN des gens qui confondent le refus des pratiques et le rejet des individus, l’assimilation et l’exclusion », écrivais-je par exemple dans le numéro 31 de Causeur – bizarrement, cela n’a pas retenu l’attention d’Ariane Chemin.

Diabolisation, cordon sanitaire et fariboles antifascistes

Il est donc vrai que la progression annoncée du Front national ne m’empêche pas de dormir parce que je ne pense pas qu’elle traduise une montée de l’intolérance. Cela dit, elle n’est pas non plus une bonne nouvelle dans la mesure où ce parti me semble parfaitement incapable de gouverner la France. En revanche, je suis convaincue que la diabolisation, le cordon sanitaire et autres fariboles antifascistes ont largement contribué à son ascension. Surtout, à la différence de Laurent Joffrin et de pas mal de monde, y compris à l’UMP, je ne crois pas que c’est en abordant les questions qui fâchent qu’on l’a fait passer de 12% à 20 % des intentions de vote, mais, au contraire, en poussant des cris hystériques pour qu’on ne les aborde pas, ce qui revient, selon l’expression d’Alain Finkielkraut, « à faire cadeau du réel au Front national ».

J’aimerais au passage qu’on m’explique pourquoi les angoisses exprimées par un certain nombre de nos concitoyens ne suscitent jamais la compassion et toujours la réprobation. Il est de bon ton d’affirmer, en ricanant ou en s’indignant, que le FN surfe sur la peur. Mais on ne se demande jamais si cette peur est, ne serait-ce qu’en partie, justifiée par la réalité. Etes-vous si sûrs, chers confrères, que ceux qu’inquiète la progression d’un islam identitaire ne manifestant pas aussi clairement que vous semblez le penser sa tolérance et son amour des autres cultures, ne sont que de petits blancs racistes qui ne méritent que des coups de pieds aux fesses et des leçons de morale ? Pourriez-vous jurer que l’immigration des trois dernières décennies n’a été qu’une chance pour la France ? Etes-vous prêts à affirmer publiquement que vous n’avez-vous-même jamais peur quand, dans un couloir du métro désert, vous vous trouvez nez à nez avec une « bande ethnique » ? Inscririez-vous vos enfants dans une école dont une partie des élèves – et des parents – refusent qu’on leur enseigne l’histoire de la seconde guerre mondiale ? Pouvez-vous sérieusement prétendre que, des Pays Bas à l’Allemagne, de la Suisse à l’Angleterre, les peuples européens sont devenus fous au point de céder à des craintes irraisonnées ? Oserez-vous de dire que depuis mon enfance très multiethnique à Epinay sur Seine, rien n’a changé ou plutôt, que si quelque chose a changé, c’est parce que nous avons collectivement cédé aux sirènes du lepénisme, discriminant à tour de bras ceux qui ne pratiquent pas la même religion que nous ? Ne voyez-vous pas, vraiment, ce qu’il y a d’indécent dans la comparaison que vous faites volontiers entre les musulmans d’aujourd’hui et les juifs d’hier ? Permettez-moi simplement de vous rappeler qu’on déniait aux seconds la possibilité d’être vraiment français alors qu’on aimerait seulement que les premiers le soient un peu plus.

Peut-on avoir d’autres idées que les vôtres sans être un salaud ou un idiot ?

Vous êtes convaincus que tout ça, c’est la faute au chômage. Je crois pour ma part, comme Hugues Lagrange, que les facteurs culturels jouent un rôle important dans la crise, sinon dans l’échec, de l’intégration d’une partie des Français issus d’une immigration récente. L’universalisme qui est au cœur de notre identité nationale nous a rendus incapables de penser les différences et plus encore d’admettre que nous ne pouvions pas vivre avec toutes les différences. Pour moi, si nous devons accepter tous les individus, nous avons le droit et même le devoir de refuser certaines pratiques parce que notre mode de vie, notre façon d’habiter le monde, les modalités qui nous permettent de concilier l’existence collective et la liberté de chacun, méritent d’être défendus. Peut-être ai-je tort de penser que tout cela est menacé par notre renoncement au modèle assimilationniste, par le délitement de l’école républicaine et aussi par le refus d’une minorité, qui prétend de surcroît, l’imposer à toute une « communauté » d’adopter la culture et les « mœurs » de son pays d’accueil. Cela fait-il de moi une « brouilleuse de repères », un « agent de notabilisation » (du lepénisme), comme l’affirme aimablement Ariane Chemin ? Vous est-il arrivé, au cours des vingt dernières années, de penser, ne serait-ce que pendant une minute, juste pour voir, que vous pouviez vous tromper ?
Contrairement à vous, je n’ai pas de certitudes. Il m’arrive souvent de me dire que j’accorde peut-être un poids excessif à ces problèmes qui taraudent une partie de la société. J’essaie, aussi honnêtement que possible, de me demander s’il n’entre pas dans mes convictions une part de préjugés, voire de xénophobie.

Il me semble en tout cas que ces questions mériteraient un véritable débat plutôt que les anathèmes que vous vous plaisez à lancer. Je n’attends pas de vous que vous tombiez d’accord avec moi. Est-ce trop vous demander, à vous qui faites profession de tolérance et qui affichez si volontiers votre amour des différences, d’envisager qu’on puisse avoir d’autres idées que les vôtres sans être pour autant un salaud ou un idiot, utile ou non ? Vous qui aimez tant l’humanité dans sa diversité, seriez-vous incapable de créditer votre adversaire d’une conscience, voire d’un peu d’intelligence ? Je me refuse à le croire. Car si c’était le cas, vous ne seriez pas responsables de la montée du Front national mais de la défaite de la pensée. C’est-à-dire de notre défaite à tous.

Elisabeth Lévy

  1. Le pire, c’est que je n’ai pas trouvé cette brillante idée toute seule : un ami très cher m’a fait hurler de rire en me disant, le plus sérieusement du monde : « ça ressemble à une chasse aux juifs, non ? »
  2. Marcelle qui a au moins le mérite de la cohérence sur ce point affirme qu’il aurait fallu interdire le FN. Mais il ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. C’est la droite qu’il faut interdire
  3. Du reste, concernant ma modeste personne, je ne jurerais pas que ce soit leur objectif, même si à l’évidence ils attentent à mon honneur professionnel
  4. Je sais bien qu’il ne faut pas appeler Madame Le Pen Marine. Mais pour ne citer qu’un exemple, il est apparemment normal que Bernard Guetta, Alain Juppé et Michel Rocard se donnent, dans leur dernier livre, du Bernard, Alain et Michel à tour de bras ; j’espère avoir le droit d’appeler Joffrin Laurent puisque, quand nous nous rencontrons dans la vraie vie, c’est ce que je fais
  5. J’en profite pour adresser une protestation à JFK : « systématique » admettons, « éculé » passe encore, mais « convenu », c’est assez vexant
  6. La définition des droits réservés aux nationaux est évidemment susceptible de discussions et d’évolution. Ainsi, concernant le droit de vote des étrangers lors des scrutins locaux, ma religion n’est pas faite
  7. Bien entendu, je ne sais absolument pas si elle pratique ou non le divan

http://www.causeur.fr/c%e2%80%99est-moi-la-peste-brune,9181






Au Grand Journal de Canal+, Dominique de Villepin propose "un Grenelle de l'énergie" en France

15/03/2011 15:15

Au Grand Journal de Canal+, Dominique de Villepin propose


Invité lundi soir du Grand Journal de Canal+, Dominique de Villepin a suggéré d'engager une réflexion "par étape" sur le nucléaire après le drame japonais avec "une conférence scientifique internationale" et "un Grenelle" consacré à la politique énergétique française.
Le Président de République Solidaire a par ailleurs déclaré, à propos d'une possible candidature à l'élection présidentielle de 2012, qu'il ne donnerait "pas (sa) décision sur (sa) candidature avant la fin de l'année".
Vous pouvez ré-écouter Dominique de Villepin en cliquant ici, sur les parties 1, 2 et 3.
"Pendant des décennies, on a vécu en France à l'heure de "tout est sous contrôle" mais "je crois que l'on ne peut pas, après le drame japonais, ne pas se poser de nouvelles questions", a estimé Dominique de Villepin sur Canal+.
"On part d'une situation où 80% de l'énergie électrique en France est d'origine nucléaire donc il n'est pas question de basculer en un jour vers d'autres sources d'énergie", a prévenu l'ex-Premier ministre selon lequel "il faut y aller par étapes".
"La première étape, c'est de tirer les leçons du drame japonais et je pense que la France pourrait prendre l'initiative d'une grande conférence scientifique internationale pour évaluer et mettre sur la table l'ensemble des données", a proposé l'ancien ministre.
La deuxième étape serait pour M. de Villepin d'organiser en France "un Grenelle de l'énergie".
"Le Grenelle de l'Environnement a montré qu'on avait besoin d'associer les sociétés civiles. Aujourd'hui, tous les Français sont concernés. Qu'on ait un Grenelle de l'Energie qui permette d'aller jusqu'au fond des problèmes et voir où en sont l'ensemble des secteurs énergétiques. On pourra se poser ensuite la question d'un référendum sur la politique énergétique française", a-t-il proposé.
Le président de République solidaire a également insisté sur la nécessité d'avoir "une garantie d'indépendance de l'autorité de sûreté nucléaire".
Il a également souhaité "un véritable encadrement des sous-traitants car, a-t-il expliqué, on ne peut pas confier à n'importe quel organisme privé la gestion d'une telle responsabilité".
"Nous avons besoin par ailleurs d'un engagement de financement d'EDF qui concerne à la fois les équipements et le contrôle des centrales et en même temps, la prévention des risques sismiques", a-t-il ajouté.
Enfin, l'ex-premier ministre a estimé que "la question se pose" d'une éventuelle fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin).
Source: AFP


****

La conclusion de Dominique de Villepin

"Dans un moment de gravité comme celui que nous vivons (on ajoute quand même une crise économique, une crise financière, une crise sociale, une crise internationale, une crise nucléaire), ça fait beaucoup et je crois qu'il est temps qu'on passe aux choses sérieuses".

http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/15/1832-au-grand-journal-de-canal-dominique-de-villepin-propose-un-grenelle-de-l-energie-en-france






Pourquoi les pauvres ne votent-ils pas à gauche ?... Peut-être une question de bon sens !

15/03/2011 10:40

Pourquoi les pauvres ne votent-ils pas à gauche ?... Peut-être une question de bon sens !


"Pourquoi les ouvriers ne votent-ils gauche ?", "Pourquoi les pauvres snobent-ils la gauche" ou "Pourquoi les classes populaires votent-elles à droite ?". La grande question que posent les journalistes aux dirigeants politiques de gauche et que la gauche se pose à elle-même (ou feint de le faire) et qui revient en boucle (le dernier épisode étant l'interview de Mélenchon par Morand sur Europe 1) traduit un profond malaise plus particulièrement au parti socialiste - parti qui aspire à gouverner - qui ne peut ne passer d'un soutient des classes populaires pour revenir au pouvoir.
 
N'a-t-on jamais entendu un politique de l'U.M.P. se demander pourquoi les bobos - Bourgeois-bohème - des grandes villes ne votaient-ils pas pour la droite ? N'a-t-on jamais entendu un des Le Pen se plaindre qu'un pays comme la France, composé en majorité d'une population de race blanche, ne les ait jamais porté au pouvoir ?
 
Il faut bien reconnaitre que depuis une décennie la gauche mange son pain noir ; c'est en 1988 que le dernier président de gauche, François Mitterrand, a été élu et le dernier gouvernement remonte à 2002, année maudite si il est pour le P.S. La gauche a faim de pouvoir. Même si elle remporte de beaux succès lors d'élections locales, il semble que les français ne lui fassent plus confiance pour les choses sérieuses ; présidence de la république et gouvernement. Et pourtant comme dans la plupart des coins de la planète - sauf Monaco et le canton de Genève peut-être - il y a plus de pauvres que de riches et donc dans un état démocratique avec des élections libres et transparentes la gauche devrait en toute logique être à la tête du pays.
 
Pourquoi les pauvres ne votent-ils gauche ?
 
Voilà le type de question qui m’amuse ou m’irrite selon l'humeur du jour. Ce que je reproche à ceux qui posent ou se posent cette question ou ses diverses variantes et qui sont de gauche c’est d’accumuler, sous le fallacieux prétexte de poser une question simple et innocente, des postulats erronés, des présupposés faux et surtout des préjugés sociaux. En clair il y a, dans cette question, des sous-entendus insupportables à mes yeux et cette question pourrait être traduite en langage trivial par ; les ouvriers ne-votent-ils pas à droite contre leurs intérêts parce qu’ils sont trop cons et qu'ils se font bourrer le crâne par le « système » (institutions, télé, radio, presse quand ils lisent !) ? Drôle de manière de considérer les "prolétaires" par ceux qui prétendent peut-être pas les aimer mais au moins les défendre, n'est-pas ?
Mais en fait, est-ce que les ouvriers votent vraiment à droite ?
 
Non, les ouvriers et les pauvres ne votent pas à droite comme l'a montré un enquête Ipsos lors de la dernière élection présidentielle. Ségolène Royal a enregistré ses meilleurs scores chez les ouvriers (54%), les employés (51%), les professions intermédiaires (51%) et cartonne chez les chômeurs (75%) tandis que Nicolas Sarkozy fait le plein chez les agriculteurs et les artisans et commerçants (respectivement 67 et 82%) et arrive en tête chez les cadres supérieurs (52%). 
Les classes populaires votent majoritairement pour la gauche mais ce vote ne s'exprime pas de manière suffisamment massif pour contrebalancer la forte mobilisation pour la droite des autres classes sociales. 
 
Pourquoi la gauche ne fait-elle pas un meilleur score chez les classes inférieures alors qu'elle est censée défendre leurs intérêts ?
 
Les ouvriers sont victimes d'un bourrage de crâne organisé par les médias. Je laisserai de côté cette explication car elle relève plus à mes yeux, chez ceux qui la défendent, d'une maladie mentale proche de la schizophrénie ou de la théorie du complot que des faits réels.
Certes les médias ont tendance à se faire échos de la "pensée unique" mais les modes changent. Si on prend l'exemple de la pensée économique on peut constater qu'avant-hier le libéralisme était "mainstream", hier c'était au tour du keynésianisme de prendre sa place (sauvetage des banques et relance économique) et aujourd'hui on assiste à un retour en force du libéralisme version orthodoxie budgétaire (contrecoup des problèmes d’excès de dette publique de la Grèce et de l'Irlande entre autres). Malgré ces fluctuations de la pensée dominante on ne peut que constater que la gauche perd toujours les élections nationales depuis 2002. Si on prend un autre exemple dans le domaine de la politique, Balladur était le candidat des médias en 1995 et cela n'a pas empêché Chirac de le battre ou que 95% des médias ont roulé pour le oui à la constitution européenne et malgré cela la majorité des classes populaires ont voté non et enfin l'actuel président est au plus bas dans les sondages alors qu'on dit que ses amis détiennent le pouvoir dans quasiment tous les médias.
 Les médias ne font pas l'opinion du peuple en général et surement pas celle des classes populaires en particulier.
Voter à gauche ; le choix du cœur mais pas de la raison
 
Les "prolétaires" entendent, voient, et pensent quoique qu'en disent les intellos. Et que voient-ils ? Que l'on vivait mieux à l'époque de la guerre froide du côté capitaliste que dans les républiques populaires. Que les municipalités ou les département gérés par la gauche ont plus de difficultés financières que les autres, même si ils savent bien que la plupart sont de gauche parce que pauvres et pas l'inverse. Que les états en Europe qui font face à la crise de la dette sont plutôt des états dirigés par la gauche que par la droite. En un mot les classes populaires ont de sérieux doutes sur la capacité de la gauche à bien gérer la chose publique au plus haut niveau. Une villes, pas de problème, un département ou une région cela passe encore mais pas l'Etat qui est le garant financier ultime.
 
La gauche au pouvoir n'a pas laissé que de bons souvenirs. Le passage aux 35 heures a surtout profité aux cadres qui avaient les moyens d'occuper le supplément de temps libre qu'on leur laissait mais cela s'est surtout traduit pour le monde ouvrier pas un blocage des salaires d'autant plus insupportable que les prix à la consommation ont flambé au début des années 2000. 
 
Les classes défavorisées sont les premières victimes des crimes et délits
 
La politique ne se résume pas, pour les classes laborieuses, à des préoccupations économique - qu'est-ce que je vais bouffer dans ma gamelle - comme le pensent souvent les dirigeants politiques de gauche. Si les classes populaires sont très sensibles au prix de la baguette et aux relèvements du smic et des diverses allocations sociales, elles ne sont pas moins concernées par d'autres problèmes comme l'insécurité par exemple. En effet les actes d'incivilités, comme il est de bon ton de qualifier pudiquement les petits délits, ou les crimes et délits se produisent plus souvent dans les quartiers populaires que dans les centres villes, ces derniers étant d'ailleurs bien mieux pourvu en forces de sécurité que les premiers, que ce soit un gouvernement de droite ou de gauche au pouvoir. Dans ce domaine la gauche se laisse manger la laine sur dos par Sarkozy dans ses périodes très droitières et surtout par le Front national, premier parti des ouvriers.
 
Les électeurs n'appartiennent à personne, les groupes d'électeurs n'ont plus.
 
Il y a dans l'esprit de ceux qui croient à une sorte de déterminisme social du vote les germes d'une pensée totalitaire. Si on juge que les gens doivent voter selon la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent à quoi bon organiser des élections ? Il suffit d'avoir des données statistiques à jour et de répartir les sièges au parlement selon le poids relatif des différentes catégories sociales. Et tant pis pour ceux qui n'ont pas l'opinion qu'ils sont supposés avoir, ce ne sont que des fous à liés ou des déviants qui doivent être envoyer dans des camps de rééducation. Cela marchait comme cela dans les anciennes démocraties populaires.
 
Au lieu de reprocher aux classes populaires de ne pas voter pour la gauche, la gauche devrait plutôt faire son auto-critique.
 
C'était mon coup de gueule contre ceux qui prétendent au monopole pour représenter les classes populaires !





« Le scandale des délocalisations » : Non la mondialisation n'est pas heureuse !

15/03/2011 10:23

« Le scandale des délocalisations » : Non la mondialisation n'est pas heureuse !


Quelques beaux esprit se plaisent à nous expliquer régulièrement que les délocalisations sont au pire inéluctables, au mieux insignifiantes. Ce n'est pas l'avis d'Eric Laurent qui vient de publier : « Le scandale des délocalisations». Il a accepté de répondre aux questions de Slovar

Les délocalisations sont un très grave problème. A tel point que le 17 février, la Cour des comptes dans son dernier se montrait sévère sur le
soutien public, accordé aux entreprises exportatrices . Allant comme l'écrit le Moniteur du Commerce International : « (...) jusqu’à appeler à « la définition d’une politique d’internationalisation des entreprises tenant compte de ses conséquences en termes d’emplois », une manière d’inciter les pouvoirs publics à ne pas favoriser des délocalisations via leurs soutiens (...)»

On pourrait également évoquer l'information de l'Auto Journal n°824 du 10 mars 2011 qui indiquait en page 32 que : « (...) PSA et Renault n'ont produit que 29,7% de leurs automobiles sur le sol français en 2010 (...) » A noter que si Peugeot affiche 37,2% et Citroën 36,8% de véhicules assemblés en France, Renault dont l'état est toujours actionnaire n'en a produit que ... 26,4% !

C'est dans ce contexte que, le livre d'Eric Laurent « Le scandale des délocalisations », vient opposer la réalité du terrain, aux propos d'économistes libéraux nous expliquant que : « les délocalisations sont des atouts puisqu'elles permettent de créer de nouveaux emplois chez nous». Il a accepté de répondre à nos questions. Attention c'est du lourd !

Slovar : Vous êtes grand reporter et spécialiste de politique étrangère. Vous venez de publier « le scandale des délocalisations » pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Eric Laurent : Je m’intéresse avant tout aux ressorts cachés qui sous tendent les grands enjeux politiques et économiques. Mes livres sont le résultat d’enquêtes qui ont porté aussi sur la famille Bush ( « La guerre des Bush ») que sur les manipulations et des informations autour du pétrole (« La face cachée du Pétrole »), pour ne citer que ces deux exemples. Si je devais résumer ma démarche, je dirais que je m’efforce de découvrir la réalité, cachée derrière la vérité ou les discours officiels.

Slovar : Dans votre livre vous dressez un portrait sans concession de la destruction massive d'emplois en Europe et aux Etats Unis. N'avez vous pas peur de vous faire clouer au pilori par les économistes français qui de leur côté, minimisent l’ampleur du phénomène ?

EL : L’ampleur des délocalisations constitue le scandale politico économique probablement le mieux dissimulé à l’opinion, en Europe et aux Etats Unis. Alors que la France est le pays européen qui se désindustrialise le plus vite, que son secteur des services et lui aussi touché de plein fouet par ce phénomène, il n’existe depuis 2005 aucun rapport officiel, aucune évaluation publique sur la grandeur de ce processus en cours, qui s’est d’ailleurs accéléré depuis la crise de 2008. Les économistes, comme d’ailleurs tous les experts ont tendance à corroborer avant tout une pensée dominante, celle d’une « mondialisation heureuse » où il n’y aurait que des gagnants. Ils font le choix de l’illusion au détriment de la réalité, alors qu’il faudrait au contraire dissiper l’illusion pour maîtriser la réalité. Et cette réalité, en France, en Europe et aux Etats Unis est angoissante : la liste des perdants, ou plutôt des vaincus de la mondialisation qui ont vu leurs emplois dévalorisés, ne cesse de s’allonger, alors que celle des gagnants se ramène en tout et pour tout en trois catégories : les dirigeants des entreprises qui délocalisent, leurs actionnaires et les pays émergents qui bénéficient non seulement des emplois délocalisés mais aussi les transferts de technologie qui les accompagnent.

Slovar : Depuis un certain nombre d'années, les économistes et politiciens libéraux nous expliquent que nous serions destinés à devenir des pays de "services". Or vous nous expliquez, par exemple, que l'Inde est en train de prendre ces emplois. Sommes-nous condamnés aux services à la personne et autres emplois artisanaux peu délocalisables ?

EL : Le développement de la mondialisation a incité les entreprises occidentales à opérer deux choses : se réorganiser et délocaliser. Une réorganisation ne revêt pratiquement jamais un caractère définitif mais les délocalisations, au contraire, ont crée des dommages irréversibles.

Pendant des années, nous avons observé, fascinés, la montée en puissance de l’Asie, pour découvrir tardivement qu’elle était, due à notre aide involontaire. En « exportant » ( l’Europe et les Etats Unis), nous avons crée les conditions de notre dépendance. Les « bienfaits du libre échange » défendus par les libéraux constituent le credo plus totalement erroné. La Chine et l’Inde sont, elles, les économies ouvertes pratiquant le dite échange ? La réponse est clairement non. L’accès à leur marché est délicat, limité, et leurs entraves visent à renforcer leurs champions nationaux qui deviennent déjà concurrentiels sur la scène mondiale. Le résultat est édifiant : le déficit commercial de l’Union Européenne avec la Chine atteignait en 2009 le montant de 169 milliards de dollars et ne cesse de s’accentuer. Par contre la Chine exporte ou s’installe sans entraves sur le marché européen.

Dans un tel contexte, imaginer que nous pourrions rester des pays de « services » témoigne d’un aveuglement sans nom. Nous ne sommes plus en mesure de décider de notre avenir et croire que nous pourrions encore imposer une division du travail qui prolongerait notre domination relève de la stupidité. Les faits sont là : à compétence équivalentes, un informaticien indien est payé 1/5 e du salaire de son homologue européen ou nord américain, selon Alan Blinder, professeur à Princeton et ancien président du bureau des gouverneurs de la Réserve Fédérale, 28 des 42 millions d’emplois dans le secteur des services américains sont « susceptibles d’être délocalisés » et il semblerait que cette nouvelle vague de délocalisation soit si importante et rapide que les sociétés occidentales éprouvent de grandes difficultés d’ajustement. Pour lui, et je partage son opinion, à l’avenir la distinction cruciale ne sera plus entre travailleur hautement qualifié et les autres, mais entre ceux dont l’emploi peut être délocalisé et ceux qui ne courent aucun risque.

Slovar : Néanmoins, de par la libre circulation des personnes en Europe, les français ne vont-ils pas à terme être en concurrence (directive Bolkestein ) avec d'autres travailleurs venus de l'UE ? En clair les emplois peu ou pas délocalisables ne risquent-ils pas de souffrir de dumping de la part de salariés d'autres pays de l'UE ?

EL : Il faut le dire clairement : l’Europe encourage et finance les délocalisations à l’intérieur de son propre espace. Ses règlements, si contraignants, pour la conquête de nouveaux marchés extérieurs, se révèle à l’intérieur de ses frontières un véritable pays de cocagne pour les chefs d’entreprise, et un véritable cauchemar pour les travailleurs. Le secteur automobile s’est vu octroyer des aides massives alors qu’il avait déjà largement délocalisé, après la chute du mur de Berlin, dans des pays d’Europe de l’Est à bas salaires. Entre 2000 et 2005, la production automobile ainsi délocalisée a augmenté de 39,2% alors que les ventes ne progressaient que de 11%. Une nouvelle preuve que les économies de coûts sont au cœur de cette stratégie. La Cour de justice européenne, elle, se prononce en faveur du dumping social à travers plusieurs de ses jugements. Elle a donné raison à une entreprise lettonne qui faisait travailler en Suède, des salariés lettons payés aux normes salariales de ce pays ; même chose pour des travailleurs estoniens employés en Finlande. En France, quand on ne peut pas délocaliser les chantiers, on utilise des travailleurs portugais, payés entre 1300 et 1500€, primes comprises, et travaillant 6 jours sur 7, 60 heures par semaine. Ce travail à bas coût digne des conditions du 19e siècle a été pratiqué par une filiale de France Télécom.

Slovar : Que répondez-vous à l'Institut Montaigne qui affirme, en citant
le même exemple que vous sur la Porsche Cayenne : " (...) N’oublions pas que les délocalisations peuvent aussi sauver des emplois. Par exemple, on sait que les constructeurs automobiles allemands ont préservé leur compétitivité en délocalisant en Europe de l’Est une partie de la production, et en important aussi plus de pièces détachées (...) Pourtant cela n’empêche rien, ni le succès de cette voiture, ni l’idée qu’on se fait de sa « germanitude », ni le fait qu’elle crée des emplois en Allemagne ! (...) " quelle est votre réaction ?

EL : La démonstration de l’institut Montaigne n’est pas tout a fait exact. L’économiste Hans Werner Sinn qui a popularisé l’exemple de l’effet Cayenne parlant de : « l’économie de bazar », pour illustrer ces délocalisations allemandes dans les pays d’Europe de L’Est. Pour ce président de l’institut de la recherche économique de Munich, cette évolution est « favorable aux entreprises mais pas aux travailleurs » « Le commerce internationale, ajoute-t-il, ne va pas contribuer à développer le marché du travail ce qui est le vrai test pour mesurer la capacité d’un pays à réagir au mouvement de la mondialisation. Beaucoup d’emplois industriels ont disparus et leurs anciens titulaires ne changent pas forcement de secteurs d'activité mais deviennent des assistés sociaux »

Slovar : Vous expliquez dans votre livre qu'un grand nombre d'entreprises délocalisent avec la complicité et l'aide de l'état, des régions et de l'Union européenne. Quelques exemples ?

EL : Il existe un exemple saisissant, celui de l’équipementier automobile Treves, qui obtenu 55 millions d’euros d’aide publique pour délocaliser. Depuis des mois, les salariés de deux de ses usines étaient mobilisés contre la fermeture. Ils ont appris que le groupe avait perçu un financement venant d’une filiale du fond stratégique d’investissement, un organisme crée en 2008 par Nicolas Sarkozy pour justement atténuer les effets de la crise et tenter de maintenir l’emploi. Le 14 octobre 2009 les élus du comité d’entreprise on été reçu à Bercy par le directeur de cette branche du fond d’investissement qui a déclaré « nous avons décidé en janvier 2009 d’intervenir dans le groupe Treves pour éviter un dépôt de bilan et la décision a été prise en février. Nous ne pouvons intervenir sans une restructuration massive, la seule solution viable était le fermeture de deux usines non rentables » Ainsi l’argent destiné à la sauvegarde de l’emploi en France, octroyé par un organisme d’état a permis aux dirigeants de ce groupe de licencier en toute quiétude plusieurs centaines de salariés et de financer leur délocalisation dans un pays à bas coût.

En 2001, l’aide aux entreprises se montait à 1,09% du PIB français, soit 15,8 milliards d’euros pour les seules aides de l’état soumises à la réglementation européenne. Un montant qu’il convient en réalité de doubler. Au niveau européen, un seul parmi de nombreux plans d’aides aux entreprises se chiffre à 50 milliards d’euros. Sur l’autre versant le montant dévolu aux salariés victimes des délocalisations est inférieur à 500 millions d’euros. Ce qui veut dire qu’un ancien travailleur autrichien ou français obtiendra une aide, en tout et pour tout de 22 euros.

Slovar : Que vous inspire la
déclaration d'Ernest Antoine Sellières ancien Président du MEDEF et président de Business Europe en 2008 : " (...) Depuis 5 ans en pleine mondialisation, alors que le thème de la délocalisation est constant, on a créé en Europe 9 millions d’emplois, et donc nous avons le sentiment qu’il ne faut pas exagérer et c’est pourtant ce qu’on fait politiquement (...) "

EL : Les propos d’Ernest Antoine Sellières sont doublement faux. Ils reprennent les arguments rejetés en boucle par les partisans des délocalisations : « Ces délocalisations sont un processus naturel, une espèce de darwinisme social sur lequel il est inutile de s’attarder puisque à terme les bénéfices réalisés par l’entreprise qui délocalise lui permettrons de créer de nouveaux emplois dans le pays d’origine. C’est en fait un simple slogan dépourvu de toute réalité. Les emplois nouveau qui sont crées ne découlent jamais, ou presque, des délocalisations. Par contre les entreprises se comportent à la fois comme des mendiants et des fossoyeurs : elles quêtent les aides, de l’UE, de l’Etat, des régions, puis ensuite ferment les usines, contrairement à leurs promesses, les délocalisent dans les pays émergents. J’évoquais auparavant le nombre de perdants qui s’accroît rapidement : les gouvernements occidentaux confrontés à une économie mondiale ouverte, n’ont plus, ni les moyens, ni la volonté de protéger leurs populations ; et encore moins le pouvoir d’encadrer les entreprises.

Slovar : Vous citez de très nombreux exemples de délocalisations aux Etats Unis et les dégâts irréversibles qu'elles ont produit. Pensez-vous que ce "massacre industriel" soit en marche en Europe ?

EL : Le célèbre prix Nobel d’économie, Paul Samuelson, est sorti de son silence en 2004 et ses propos ont fait voler en éclats les arguments des pro délocalisations. Il démontre que « des pays à bas salaires comme la Chine ou l’Inde, qui augmentent rapidement leur potentiel technologique, ont la capacité nécessaire pour changer les termes actuels du commerce avec les Etats Unis, et aussi avec l’Europe. Le nouveau marché de travail, ajoute-t-il, aboutit à des rémunérations plus faibles. ». Il explique que les délocalisations ont un effet négatif sur le secteur des services et conduisent les ingénieurs et les programmeurs à accepter des baisses de salaires ou à se résigner au chômage. Il y a, aux Etats Unis, des programmeurs hautement qualifiés acceptant de travailler pour l’équivalent des salaires indiens. Le « massacre industriel » que vous évoquez dans votre question a déjà eu lieu aux Etats Unis, se déroule en France et en Europe, mais touche massivement aussi le secteur des services. Les entreprises sont dominées par un seul objectif: celui du profit à court terme doublé d’un mépris croissant pour les salariés.

Slovar : Vous mettez, à plusieurs reprises, en cause le transfert de technologies dans votre livre, notamment celui à direction de la Chine. Va t-il détruire définitivement les dernières industries de pointe française ? Et n'est ce pas la pire des délocalisations ?

EL : Désormais la mondialisation s’est retournée contre nous et nous ne disposons plus d’aucune carte maîtresse. En délocalisant massivement en Chine et en Inde, les entreprises occidentales sont tombées dans un piège qui se referme désormais sur elles. Face à un occident imprévoyant, la Chine a depuis longtemps anticipé chaque étape de sa stratégie : elle a d’abord ciblé des … d’emplois occidentaux et après les avoir obtenu, elle exige des transferts de technologies, puis l’accès à la recherche et au développement de ces sociétés. Pour Pékin, racheter des firmes occidentales est parfaitement superflu puisqu’elles acceptent d’opérer ces transferts et de se laisser piller. En agissant ainsi les sociétés occidentales n’hypothèquent pas seulement leur avenir, elles programment leur suicide.

Slovar : Nos dirigeants économiques et politiques nous affirment que nous ne pouvons nous en sortir que par la recherche et le développement. Or d'après vous, les laboratoires d'Asie sont déjà en avance par rapport à nous. Cela signifie t-il qu'il est déjà trop tard ?

EL : Deux données expliquent la gravité de la situation. En 2000 le sommet européen de Lisbonne avait décidé que chaque pays consacrerait 3 % de son PNB à la recherche et au développement pour faire de l’Europe la région la plus moderne te la plus innovante au monde. Onze ans plus tard, c’est un échec absolu aucun pays européen n’a respecté ses engagements et le seul pays qui ait appliqué activement la stratégie de Lisbonne, c’est la chine dont les centre de recherche ne cessent de se développer tandis qu’en même temps il accueille les centres de recherches et de développement mondiaux des plus grandes entreprises mondiales. En agissant ainsi l’Europe a signé son arrêt de mort industriel et technologique face à une Asie dont la montée en puissance traduit probablement un nouveau basculement du pouvoir et de la richesse au niveau planétaire comme il s’en produit tous les deux ou trois siècles. Jusqu’en 1825 l’Asie représentait 65 % du PNB. Ensuite la domination et passé à la grande Bretagne, puis au début du vingtième siècle aux Etats Unis. Nous assistons désormais à un véritable glissement vers l’ouest, et à un retour du statut quo. Au fond la domination occidentale n’aura peut-être duré qu’un siècle et demi.

En toute honnêteté, croyez-vous que nos gouvernants et les élus de la nation aient la possibilité d'empêcher les délocalisations ? Et si oui que devraient-elles entreprendre ?

EL : Les responsables politiques pratiquent une véritable omerta en ce qui concerne cet enjeu, alors que depuis quinze ans, le lien de confiance avec la société s’est peu à peu distendu jusqu’à se rompre totalement. Une part croissante de l’opinion se sent totalement impuissante face à la passivité des responsables politiques. Or tout système vacille lorsqu’il apparaît comme trop injuste à ses citoyens. Les entreprises du CAC 40 viennent de réaliser des bénéfices de 80 milliards de dollars. Or, sur l’autre versant elles ont fait passer leurs effectifs en France de 50% à 28%. Il faut savoir que toute entreprise qui délocalise ne détruit pas seulement des emplois mais aussi de la richesse nationale. L’argent qu’elle soustrait en réalisant à l’étranger des bénéfices qu’elle ne rapatrie pas, compromettant le financement des systèmes de santé, d’éducation…

Il faudrait si elle décide de délocaliser qu’elle en paye le prix à la collectivité en acquittant une indemnisation prélevée sur les bénéfices qu’elle réalise en France. Une telle démarche est politiquement réalisable et n’entraverait nullement la compétitivité de ces firmes.

Aux Etats Unis, les fonds spéculatifs s’indignent d’être imposés à 15%, s’ils l’étaient à 40% ils ne partiraient pas pour autant. Faut-il rappeler que la prospérité sans précédent des Etats Unis dans les années 50-60 s’accompagnait d’une taxation sur les hauts revenus qui pouvaient atteindre jusqu’à 90%.

Slovar : Que souhaitez-vous ajouter ?

EL : Le constat peut paraître alarmant, mais je pense que la réalité en terme de délocalisation est encore réversible. Mais je crois qu’il est fondamental que l’opinion soit informée sur ce phénomène volontairement occulté par les responsables politiques et le monde des affaires.
Je terminerais par une question en forme de boutade : Connaissez vous la différence entre un pessimiste et un optimiste ? Réponse : un pessimiste est un optimiste mieux informé…

Merci Eric Laurent

Bibliographie
Le scandale des délocalisations Editions Plon
Blog d'Eric Laurent
Crédit photo
Editions Plon

http://slovar.blogspot.com/






Typologie politique des départements

15/03/2011 10:08

Typologie politique des départements


J'ignore (à l'image de Monsieur Jourdain) si c'est ou non du "datajournalisme", mais voici appliqué aux présidences de conseils généraux le travail de typologie politique que j'avais déjà réalisé en 2007 pour les circonscriptions législatives.

Pour ce travail, j'ai utilisé mon fichier de l'ensemble des présidents de conseils généraux depuis 1961 (données que j'ai renoncé à mettre en ligne sur mon site france-politique.fr par ras le bol du pillage par Wikipédia). Je n'ai toutefois retenu que les élections cantonales depuis 1976, c'est-à-dire depuis la bipolarisation de la vie politique française.

 

departements-dghist.gif

(données calculées par mes soins)

 

Ce tableau montre que 32 conseils généraux ont un président de droite depuis 1976 contre 18 de gauche.

À noter que sur les 8 conseils généraux de gauche depuis 2008, 6 étaient à droite depuis 1976; et que sur les dix conseils généraux de gauche depuis 2004, 6 également étaient à droite depuis 1976. Ce qui signifie que la progression de la gauche s'effectue aussi dans d'anciens bastions de droite.

 

Rappel:

departements-dg.gif

(données calculées par mes soins)

 

Laurent de Boissieu, journaliste politique

http://www.ipolitique.fr/






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