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La France est-elle finie ? – Réplique à M. Chevènement
10/03/2011 09:40
"Il nous met trop sous la coupole de l’Allemagne. "
- Marcel Proust, A la Recherche du Temps perdu.
Dans l’introduction de La France est-elle finie ?, Jean-Pierre Chevènement écrit qu’il ne s’était jamais posé cette question jusqu’à une date récente. Les réponses que ce livre esquisse portent la marque de ce qu’il est également, à savoir « une méditation sur la relation de la France à l’Allemagne, tant le sort de ces deux pays [lui] paraît lié : ou bien l’un et l’autre se résignent à sortir de l’Histoire, ou bien, dans un contexte radicalement nouveau, ils parviennent ensemble à lui donner sens pour la poursuivre ».
En analysant « les événements, les souffrances et les mythes du dernier siècle qui, peu à peu, ont amené la France à douter d’elle-même » (p.12), M. Chevènement nous montre une Allemagne qui ne semble nullement résignée, elle, à sortir de l’Histoire, et que nous voyons au contraire se servir sans complexes de la France, pour avoir les mains libres en Europe et y mener, comme ailleurs, la politique conforme à ses intérêts propres. Lorsqu’il affirme vers la fin de son analyse qu’ « à long terme, il n’y a pas d’alternative au couple franco-allemand », la géographie et l’histoire nous ayant « mis côte à côte pour toujours » (p.224), il exprime la contradiction interne sur laquelle vient buter depuis de nombreuses années la politique allemande de la France.
L’une des manifestations en est, pour ne mentionner qu’un seul exemple lié à des événements en cours, le sort de l’Union pour la Méditerranée. Elle devait, entre autres objectifs, assurer une forme d’équilibre européen, faire en quelque sorte contrepoids au Conseil des États riverains de la mer Baltique, créé à l’initiative des ministres allemands et danois des Affaires étrangères le 6 mars 1992. Mais « certaines capitales européennes, en particulier Berlin, ne voulaient pas d’un club fermé des États riverains de la Méditerranée. Selon la chancelière Angela Merkel, appuyée par la Commission européenne, tous les pays membres de l’UE devaient avoir le même statut au sein de la nouvelle organisation imaginée par Nicolas Sarkozy »[1]. Il est vrai que le ministre Joseph Fischer n’avait pas hésité, lors d’une conférence euro-méditerranéenne, à parler de l’Allemagne comme d’un pays quasi riverain de la Méditerranée, sous prétexte que les frontières en Europe étaient abolies.
Illusions
A l’instar de François Mitterrand, qui avait livré dans Pèlerinage de Thuringe (1940) sa philosophie sur « cent cinquante ans d’erreurs » dans les rapports franco-allemands, et en avait lui-même commis un certain nombre par la suite, M. Chevènement ne peut envisager la France hors d’une union étroite avec cette Allemagne qui fixe ses conditions et qui, en dernier ressort, dispose, quand la France propose (p.60 et p.181). Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 31 janvier 2011, Jürg Altwegg n’a pas manqué de souligner, non sans ironie, que, par un « virage serré », M. Chevènement vise ainsi un « tournant spectaculaire » dans les relations franco-allemandes : non s’en dégager, mais poursuivre l’Histoire ensemble, aux côtés de l’Allemagne.
Le thème de la « courte vue » en politique parcourt tout l’ouvrage de M. Chevènement, avec les variations qu’en sont la cécité, l’inconscience, l’erreur de n’avoir pas compris, ou d’avoir rendu possible quelque chose « sans s’en être avisé » (p.25). François Mitterrand, par exemple, n’avait pas pensé rapprocher l’échéance de la réunification allemande en soutenant Helmut Kohl contre Oskar Lafontaine dans la crise des euromissiles de 1983 (p.53). Il n’a pas non plus « pu anticiper la mondialisation dont, avec l’Acte unique, il avait pourtant institué le cadre en Europe » (p.50).
L’Allemagne sait distiller l’ivresse qui empêche de voir loin. Si Gorbatchev a donné sa bénédiction à l’ouverture de la frontière austro-hongroise durant l’été 1989, c’était sans doute, comme l’écrit M. Chevènement, encore « enivré » de ses succès médiatiques sur les bords du Rhin en juin (p.57). Jacques Chirac aurait de même accepté en 2004 la demande, par l’Allemagne, d’une prise en compte de la démographie pour la répartition des voix au Conseil européen, dans l’ « euphorie » qui avait marqué l’opposition commune à la décision de George W. Bush d’envahir l’Irak (p.127).
Chez M. Chevènement, une sorte d’enivrement analogue provient peut-être de son admiration pour la vision allemande du monde, avec les « métaphysiques du salut » qui l’ont « vertébrée » de Luther à Herder, Hegel, Marx et Heidegger. Il verrait bien la France, pour un « puissant ressourcement », « s’approprier […] l’âme du frère vaincu » plutôt que la « culture du vainqueur » (p.213), c’est-à-dire celle des Etats-Unis. C’est comme si la France n’avait pas elle aussi gagné la guerre, et qu’elle était oublieuse des ressources de sa propre histoire et de sa propre pensée. Le fantasme romantique d’une fraternité franco-allemande ne peut générer qu’une « philosophie d’illusions »[2].
L’illusion consiste à croire que la France pourrait, en usant de patience, aider l’Allemagne à « comprendre, non dans le cadre d’un rapport de force, mais dans un rapport de convictions », l’impossibilité de transposer le modèle allemand à l’échelle européenne (p.229), et ce au moment où la germanisation de l’UE est pourtant en bonne voie. Il semble vain de miser sur la persuasion dans une Europe que M. Chevènement lui-même qualifie de « germanocentrée » (p.109). Pourquoi l’Allemagne renoncerait-elle à son pouvoir, au supplément de voix qu’elle détient par rapport à ses partenaires au Parlement européen et au Conseil, à la voie impériale qu’elle a su s’aménager ?
Une autre illusion est de se dire que la politique extérieure de l’Allemagne souffrirait de faiblesse (p.229). C’est plutôt, si l’on en croit la « Société Allemande de Politique Extérieure » (DGAP), celle de la France qui en serait atteinte, pour avoir dans une large mesure fait siennes les priorités allemandes en la matière, avec une perte de sa propre influence là où elle s’est finalement alignée sur l’Allemagne (Europe du Sud-est, Russie, Amérique du Sud). Dans sa politique étrangère, Paris ne résisterait désormais plus face à Berlin. Pour les analystes de « german-foreign-policy », le discours convenu sur le « tandem franco-allemand » dissimule ainsi à peine qu’il s’agit purement et simplement d’ « hégémonie allemande »[3]. Comment y distinguer la manifestation d’une faiblesse ?
Ethnicisation du politique
Dans l’Allemagne fédérale présente, M. Chevènement voit « tous les traits d’une démocratie exemplaire » (p.214). Il serait aisé d’y déceler aussi une conception de la nation incompatible avec la nôtre, à commencer par celle de son « ami Rudolf von Thadden » (p.126). En 2001, alors coordinateur pour la coopération franco-allemande auprès du Ministère des Affaires Etrangères, celui-ci avait déclaré qu’ « il faudra défaire un peu la France si l’on veut faire l’Europe », ce qui est une intention bien peu amicale[4]. Déjà en 1998, jugeant « malsaines » les « bases françaises », avec ces Français « qui ne veulent pas se sortir de leur vision d’une France une et indivisible », il conseillait aux Alsaciens de se battre « pour une ample autonomie régionale », pour que « l’apprentissage de l’allemand se fasse dès la maternelle »[5].
Rudolf von Thadden a été directeur de l’« Institut de Berlin-Brandebourg pour la coopération franco-allemande en Europe », créé en 1993 à son initiative et à celle de Brigitte Sauzay, et qui a depuis 2005 la forme juridique d’une fondation. Il en est président d’honneur depuis janvier 2008[6]. En novembre 2007, un colloque sur « L’Alsace : une région transnationale ? » eut lieu au château brandebourgeois de Genshagen où l’Institut est hébergé. Son thème était conforme à l’esprit du projet allemand de « défaire un peu la France », en commençant par la dénationalisation de l’Alsace. Dans ce cas précis, les étapes ultérieures sont faciles à concevoir.
M. Chevènement écrit qu’en 1871, « à travers deux conceptions de la nationalité qui mettaient en jeu l’idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes, ce sont deux peuples qui se heurtaient », et il estime ces temps-là « heureusement révolus » (p.219). L’exemple de R. von Thadden montre qu’il n’en est rien. C’est même, à en juger par ses conseils à caractère ethnique aux Alsaciens, comme si « l’immolation d’un million et demi de jeunes hommes dans les tranchées de 1914-18 » (p.191), et les combats de 1940-45, qui ont permis chaque fois le retour de l’Alsace dans le sein de la France, n’avaient pas eu lieu d’être, ou n’étaient pas advenus.
L’eurodéputé allemand Bernd Posselt (CSU), un « brise-glace » au service de la politique étrangère de l’Allemagne[7], ne cache pas non plus sa conception ethnique de la nation, qu’il veut voir appliquée en France. Il vient d’affirmer que, du fait de l’émergence d’une politique intérieure européenne, les débats relatifs à la politique d’un Etat voisin ne sont en rien répréhensibles et, entre autres exemples, que « les amis des Volksgruppen (groupes ethniques) devraient critiquer l’absence en France d’une législation sur les minorités »[8].
En juillet 2008, B. Posselt fut l’un des premiers à saluer l’inscription des langues régionales dans la Constitution, « une petite révolution », écrit-il, qui a eu lieu « une semaine seulement après le 14 juillet », et « non pas place de la Bastille, mais à Versailles », une contre-révolution en somme. Il avait vu plus juste que les laudateurs empressés de cette atteinte à l’Etat-nation. Pour lui, ce fut une véritable « rupture de tabou », dans cette France qui avait, comme il le note en établissant du même coup l’équivalence langue/minorité/ethnie, nié jusque là l’existence même de « minorités » sur son territoire[9]. Le Président de la République a justement rappelé dans son discours au dîner du CRIF, le 9 février 2011, que « devant l’Histoire de notre pays, il n’existe pas de communautés ou de minorités. Il existe une seule et même communauté de destin, une communauté qui s’est voulue, un jour de 1789, communauté nationale ».
Le 23 mai 2010, lors d’un grand rassemblement des « Allemands des Sudètes » à Augsbourg, Bernd Posselt, qui est leur porte-parole, a annoncé la mise en œuvre d’un projet déjà ancien : « Nous avons enfin à la Commission européenne, qui a honteusement échoué des années durant, […] une commissaire aux droits fondamentaux, la Luxembourgeoise Viviane Reding, aux côtés de qui j’ai siégé de nombreuses années à la commission des affaires intérieures du Parlement européen, qui est désormais en charge des droits de l’homme et des droits des groupes ethniques (Volksgruppenrechte). J’ai convenu avec elle la semaine dernière, et nous avons déjà créé une commission à cet effet, d’entreprendre à présent l’élaboration d’un droit européen des groupes ethniques (Europäisches Volksgruppenrecht) tel que notre organisation [l’Association des Allemands des Sudètes] l’a préparé et mis au point depuis des décennies. »[10]
Comment M. Chevènement peut-il donc écrire que la conception ethnique de la nation est bien sûr « encore pratiquée, mais plus guère revendiquée » (p.267) ? Cette conception est au contraire proclamée avec plus d’assurance que jamais, et est même devenue l’un des fondements de la politique européenne dans les Balkans. Le ministre allemand des Affaires étrangères a ainsi déclaré dans son discours du 27 août 2010 au Parlement kosovar de Pristina : « Personne ne demande que des membres d’une minorité abandonnent leur identité et se perçoivent exclusivement comme Kosovars du jour au lendemain. Ce serait une erreur de l’exiger. On ne peut pas simplement nommer d’un autre nom l’identité de quelqu’un. L’identité a de nombreuses facettes. La nationalité en est une, la langue, la culture et la famille en sont d’autres »[11]. En définissant la nationalité (Staatsangehörigkeit) comme appartenance à un Etat, M. Westerwelle la distingue implicitement de la Volkszugehörigkeit, qui est l’origine ethnique, la « facette famille » de l’identité.
Il est également impossible d’affirmer, comme le fait M. Chevènement, que « sur la longue durée, les idées de la Révolution française ont évidemment triomphé de la conception völkisch » (ethnique), que « celle-ci n’a évidemment pas disparu », mais que « l’esprit du droit, partout en Europe, l’a rejetée » (p.219). En matière de droit européen, c’est en effet plutôt l’inverse qui se produit.
Un droit ethnique
En 1984, au Parlement européen, 42 députés ont présenté une proposition de résolution « sur un droit européen des Volksgruppen ». L’enjeu en était le « droit à l’autodétermination des peuples », que « tous les Européens » devaient pouvoir exercer. Parmi les signataires, il y avait les Allemands Hans-Gert Pöttering, président du PE de 2007 à 2009, et Elmar Brok, qui en fut représentant aux conférences intergouvernementales ayant abouti aux traités d’Amsterdam (1996/1997), de Nice (2000) et de Lisbonne (2009) ainsi qu’au traité établissant une constitution pour l’Europe (2003/2004). Toujours eurodéputés, ils peuvent continuer d’œuvrer pour l’ethnicisation du politique, comme le fait aussi Bernd Posselt, qui était à l’époque assistant parlementaire d’Otto de Habsbourg.
Dans leur « proposition d’une disposition relative à la protection des minorités dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne » (2000)[12], les juristes Dieter Blumenwitz et Markus Pallek présentaient ce texte de 1984 « relatif au droit des ethnies et des minorités » comme « la première pierre de l’évolution ultérieure au sein du Parlement européen ». D’autres éléments ont été ajoutés depuis à l’édifice. La création d’une charte des droits fondamentaux a ainsi été mise à l’ordre du jour par l’Allemagne lors de sa présidence du Conseil au premier semestre 1999. Ce fut sans entretiens préalables avec les gouvernements partenaires en Europe[13]. Très vite, comme l’écrivent les deux auteurs, est apparue « la nécessité d’introduire une clause relative à la protection des minorités dans une telle charte », car « aucun droit fondamental, individuel ou collectif, qui viserait la protection des minorités » n’avait été reconnu jusque là « dans le droit communautaire ni implicitement ni dans la jurisprudence de la CJCE ». Le ministre des Affaires étrangères Joseph Fischer déclara le 16 août 1999 qu’ « une codification des droits fondamentaux communautaires » en renforcerait la portée et la signification. L’énumération détaillée de ces droits regroupés en six chapitres a permis de les étendre nommément aux minorités ethniques.
Pour l’élaboration de leur texte, les rédacteurs de la charte se sont basés sur la Convention européenne des Droits de l’homme, où il n’était encore question que d’ « origine nationale ou sociale » (article 14, sur l’interdiction de discrimination). Dans l’article 21 de la charte, sur la non-discrimination, où sont mentionnées « les origines ethniques et sociales », le passage à la définition de la nation comme ethnie est en quelque sorte la signature de l’Allemagne. L’un des rédacteurs, le ministre des Affaires fédérales et européennes de Thuringe, Jürgen Gnauck, a déclaré que « par son préambule et son article 22 », la Charte des droits fondamentaux « ancre des éléments du droit des minorités ». Il a ajouté que l’Allemagne aurait préféré voir inscrits dans la charte de véritables droits collectifs pour les minorités, mais que la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne s’y sont opposées[14]. C’était en raison de tensions internes à caractère autonomiste et/ou sécessionniste sur leurs territoires respectifs.
Le préambule de la charte affirme le respect, par l’Union, « de la diversité des cultures et des traditions des peuples de l’Europe ainsi que de l’identité nationale des Etats membres ». Cette distinction entre « Etats » et « peuples » est, comme chez M. Westerwelle dans son discours de Pristina, une marque de la pensée ethnique. On la retrouve sans surprise dans le manifeste Changer d’ère publié en octobre 2008 par Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové, Jean-Paul Besset, Cécile Duflot, Antoine Waechter, Yannick Jadot, François Alfonsi et Pascal Durand. L’Union européenne y est présentée comme « un espace de paix et de coopération entre les 27 Etats et les 83 peuples qui la composent ». Il faudra que les signataires du manifeste nous donnent la liste exhaustive de ces « peuples ». Quant à l’article 22 de la Charte des droits fondamentaux, il énonce que « l’Union respecte la diversité culturelle, religieuse et linguistique ». Cette triple diversité doit donc, pour le moment, tenir lieu de diversité ethnique, et d’amorce pour ce « droit européen des Volksgruppen » que préparent d’ores et déjà Bernd Posselt et Viviane Reding.
L’avenir de la France
La Charte des droits fondamentaux a la même valeur juridique que les traités européens (article 6 du traité de Lisbonne). Mais en un point au moins de son préambule, là où sont réaffirmés « les droits qui résultent notamment des traditions constitutionnelles et des obligations internationales communes aux États membres », le cas particulier de la France est indûment noyé dans la masse de ces derniers. Si la charte contient bien des éléments d’un droit des minorités, et c’est le cas, cela est incompatible avec la tradition constitutionnelle et le droit de notre pays, où la notion de minorité n’existe pas.
|La France est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir signé la convention cadre pour la protection des minorités nationales promulguée par le Conseil de l’Europe. Elle n’a pas non plus ratifié sa charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui, « en ce qu’elle confère des droits spécifiques à des « groupes » de locuteurs de langues régionales ou minoritaires, à l’intérieur de « territoires » dans lesquels ces langues sont pratiquées, porte atteinte aux principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français »[15]. Le harcèlement que les partisans d’un droit européen des groupes ethniques imposent à la France pour qu’elle signe et ratifie ces textes, contredit les satisfactions exprimées par M. Chevènement.
C’est en étant fidèle à sa conception non ethnique de l’identité nationale que la France pourra, comme le propose avec justesse M. Chevènement, rassembler tous les citoyens, afin que « le pays retrouve une grande ambition collective ». Cela exige, comme l’aurait fait en 1983 une politique autre que celle choisie alors, « une grande confiance en nous et dans le ressort politique, civique et moral de la France » (p.33). Il s’agit, pour la France, non pas de « passer à travers les gouttes » (p.82), seule chose dont F. Mitterrand la pensait encore capable selon le propre aveu de son ministre, mais d’affronter avec audace les intempéries.
Yvonne Bollmann
[1] Antoine Jacob, « La Baltique, une mer de coopération », dans la revue Politique internationale, automne 2008. http://www.politiqueinternationale.com/revue/read2.php?id_revue=121&id=756&content=texte
[2] L’expression est de M. Chevènement, à propos d’un projet de rapport socialiste au Parlement européen sur la crise financière, économique et sociale (p.252).
[4] Le Figaro, 1er juin 2001.
[5] Le Temps, Genève, 21 mars 1998.
[8] http://www.bernd-posselt.de/article.php?efxf_artikel=1338
[13] Frankfurter Allgemeine Zeitung, 10 janvier 2000.
[14] Frankfurter Allgemeine Zeitung, 8 décembre 2000.
[15] Conseil constitutionnel, Décision n° 99-412 DC du 15 juin 1999.
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Marine, l’idiote utile ?
10/03/2011 09:32
DSK et Sarkozy peuvent déjà lui dire merci
Tout d’abord, un point de vocabulaire, afin de justifier mon titre. Parler d’« idiot utile », ce n’est pas une façon polie de traiter quelqu’un ou quelqu’une de gogol. Le français nous offre mille manières de le faire plus joliment, et surtout, le crétinisme n’est assurément pas la marque de fabrique congénitale des Le Pen, père ou fille.
L’expression « idiot utile » (apocryphement attribuée à Lénine pour parler des « compagnons de route » occidentaux du bolchévisme) définit couramment quelqu’un qui est complice d’un forfait à son corps défendant. Ainsi, à propos d’affaires anciennes, voire archéologiques, Elisabeth Lévy me qualifiait, en 2002, dans Les maîtres censeurs, d’« idiot utile de la direction du PCF », et depuis, j’ai toujours pensé et dit que cette histoire complexe ne pouvait être mieux résumée en si peu de mots. Et n’allez pas croire que je me prenne pour un con…
À titre d’exemple, on pourra ainsi dire qu’à mon avis, les militants alter, qui exigent des papiers pour tous et tout de suite sont les idiots utiles du grand (et du petit) capital, qui sait bien lui, que nos nouveaux arrivants tireront le salaire moyen vers le bas. Idem pour les juges et les travailleurs sociaux de Nantes et de Navarre qui, dans l’affaire Laetitia, ont si bien œuvré -avant et après les faits- pour redonner un peu d’oxygène à Nicolas Sarkozy. Ces exemples ne sont pas vraiment choisis au hasard, puisqu’à terme, ils signent la responsabilité écrasante de la gauche sociétale dans la mise en orbite de Marine Le Pen. Mais tel n’est pas l’objet de ce papier; ça, d’autres vous l’expliqueront mieux et plus précisément que moi…
Quant à Marine, si elle semble jouer les idiotes utiles, c’est bien évidement de l’échéance 2012 qu’il s’agit, et de la façon dont certains au PS et à l’UMP, se sont emparés du sondage de Louis Harris pour exiger qu’au nom de la patrie en danger et du vote utile réunis, on ne voie plus qu’une seule tête dans leurs camps respectifs.
À peine le sondage du Parisien était-il tombé que les porte-flingues de droite et de gauche braquaient le P38 sur la tempe du lecteur/électeur
Si celui-ci est plutôt UMP, c’est bien sûr au Fig qu’échoit la mission de lui faire la morale : comme nous l’y explique Paul-Henri de Limbert : « La question d’une candidature unique à droite est évidemment posée. Certaines personnalités de la majorité devraient se convaincre que ne pas se présenter, ce n’est pas forcément déchoir. Les candidatures de témoignage sont faites pour les époques tranquilles, pas pour les temps périlleux. »
Mais les candidatures non-officielles, pardon « de témoignage», ça devrait aussi être réglementé à gauche, plussoie aussitôt Paul Quinio dans son édito symétrique de Libé du même lundi : « La gauche ne pourra pas se contenter d’accuser le chef de l’Etat et la majorité de jouer avec le feu Le Pen. (…) Une fois la compétition lancée, si la gauche radicale devait renvoyer Sarkozy et le candidat socialiste dos à dos, elle apporterait alors de l’eau au moulin frontiste. Une multiplication des candidatures à gauche, au-delà du raisonnable, affaiblirait aussi ses chances de victoire. »
Marine, complice de l’ « UMPS » ?
Borloo, Villepin, Morin Mélenchon Besancenot et Eva Joly? Tous lepénistes de fait donc, et bientôt de droit, qui sait ? On fait confiance à Dominique Sopo, Romain Goupil ou Yann Moix pour nous expliquer que toute candidature hors PS et UMP fait le jeu du nazisme et doit donc être mise hors-la-loi. J’exagère ? Attendez un peu… Bref on nous rejoue ce que Muray appela génialement durant l’entre-deux-tours de 2002 la « quinzaine anti-Le Pen », sauf que là, on va en prendre pour quinze mois !
Ce qui se profile donc à l’horizon, gros comme un camion de pompiers, c’est l’institutionnalisation du bipartisme la plus radicale qu’on puisse imaginer, puisqu’elle ne prendrait pas racine dans les textes, mais dans les têtes. Et c’est là qu’on pourrait, à première vue, parler de Marine comme d’une idiote utile, dans la mesure où elle tire les marrons du feu au seul bénéfice de ce qu’elle appelle l’ «UMPS».
Sauf que non. Chez ces deux supposés frères ennemis, l’affaire Louis Harris n’affaiblit pas uniformément tous les prétendants : elle renforce de fait les positions respectives de Sarkozy et de DSK. Il faut être bouché à l’émeri post-trotskyste pour affirmer comme l’a fait Jean-Michel Helvig dans la République des Pyrénées que le président est le grand perdant de ce sondage (Qu’ont fait les malheureux Palois pour mériter ce cataplasme ?). Et ce n’est pas pour rien que 60 députés PS viennent de presser Martine Aubry d’officialiser sa candidature, comme s’il n’était pas déjà trop tard pour sortir du bois.
Sans chercher aucun complot, ni aucun pacte secret, on voit à qui profite la dramaturgie de ces trois derniers jours : consubstantiellement aux deux poids lourds précités ET à Marine Le Pen. Plus elle progresse, plus Sarko et DSK renforcent leur mainmise sur la droite et la gauche. Et plus le débat entre « républicains » sera confisqué par ces deux-là au détriment des autres prétendants puis des autres candidats, plus Marine Le Pen sera à même de capitaliser presque tous les mécontentements, y compris dans les bataillons d’abstentionnistes des milieux populaires.
En résumé, et en tout cynisme partagé : - Sarkozy a vraiment besoin d’une Marine forte pour balayer la concurrence à droite au premier tour - DSK, lui, est moins menacé pour atteindre le second tour, mais il a besoin de MLP pour régler auparavant la question des primaires. - Marine a besoin que le débat droite/gauche ne soit qu’un débat Sarko/DSK pour espérer atteindre 25% dès le premier tour et 10 points de plus au second. Cette communauté d’intérêts entre nos trois larrons étant désormais scellée, m’est avis qu’on en prend le chemin
Sarkozy, DSK, MLP : à l’arrivée, au soir du premier tour, il y aura un perdant et un gagnant, mais il n’y aura pas de perdante.
Marc Cohen
http://www.causeur.fr/marine-l%e2%80%99idiote-utile,8920
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Du discours aux actes
09/03/2011 18:45
Avec une constance qui n’a guère de précédent dans l’histoire politique de la République, Nicolas Sarkozy vient à nouveau de célébrer « l’héritage chrétien de la France », en plaçant son propos dans une perspective résolument culturelle.
« La protection de notre patrimoine est un devoir politique car c’est lui, notre patrimoine architectural, artistique, qui inscrit notre pays dans le « temps long » d’une histoire multi séculaire. Ne pas s’occuper du patrimoine, c’est trahir l’histoire d’un pays. Protéger notre patrimoine c’est protéger l’héritage de la France, c’est défendre les signes les plus tangibles de notre identité». En rajoutant que « la chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation et de culture », Nicolas Sarkozy a tenu de belles et fortes paroles, le 3 mars 2011, sous les vénérables voûtes de la cathédrale du Puy-en-Velay (Haute-Loire), haut lieu du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
Avec cette visite éminemment symbolique, le chef de l’Etat entend à coup sûr donner le coup d’envoi d’une tournée que le conduira, ces prochains mois, à arpenter les hauts lieux de la mémoire de la France. Aux yeux de bien des Français, le thème de la mémoire de la France est indissociable du débat sur l’identité nationale qui a suscité naguère tant de polémiques, et chacun pressent, sous cet angle, l’importance politique que revêtira, à l’approche du scrutin présidentiel, la question de la sauvegarde du patrimoine historique de notre pays.
Défendant son bilan, l’actuel hôte de l’Elysée a rappelé que « le budget de restauration des monuments historiques a atteint en 2008 le montant historique de 380 millions d’Euros, et de 400 millions l’année dernière » ; « le Plan de Relance qu’a adopté le gouvernement a permis la réouverture de chantiers de restauration qui avaient été abandonnés, laissant les plus beau fleurons de notre patrimoine architectural se détériorer inexorablement » a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a insisté sans détour sur l’un des ressorts idéologiques qui anime la politique de l’Etat en ce domaine : « C’est ainsi qu’entre 2009 et 2010, 47 des 86 cathédrales appartenant à l’État ont bénéficié d’une opération de restauration. Dès cette année d’autres chantiers majeurs seront ouverts, comme celui de l’abbaye de Clairvaux, autre lieu exceptionnel et témoignage vivant de l’apport de la Chrétienté à notre civilisation. En disant cela je ne fais simplement que rappeler une évidence : l’apport de la chrétienté à notre civilisation….. ».
Quoique non dénué d’arrière-pensées électoralistes, le discours du Puy-en-Velay ne serait-il pas fondateur d’une prise de conscience bienvenue de l’urgence qui s’imposerait désormais aux pouvoirs publics, celle de préserver résolument notre patrimoine historique et d’en valoriser les richesses culturelles autant que les atouts économiques ?
Chacun aimerait l’espérer. Sans grande conviction toutefois. A bien mesurer la consistance des ambitions présidentielles à l’aune des réalités quotidiennes, il y a loin malheureusement de la coupe aux lèvres : que penser en effet, parmi maints exemples récents, du scandale de la restitution des manuscrits coréens ou de l’accablante affaire de l’hôtel de la Marine !
En vérité, Nicolas Sarkozy ne peut plus se contenter d’improviser, comme à son habitude, une politique de sauvetage du patrimoine monumental en multipliant opportunément les effets d’annonce, hier à Vézelay, aujourd’hui au Puy-en-Velay, pas plus qu’il ne peut davantage abuser les Français en ‘‘recyclant’’, sous couvert du Plan national de Relance, des opérations éparses de sauvetage qui avaient été naguère programmées ici ou là par le ministère de la Culture sans la moindre vision stratégique d’ensemble.
La gravité de la situation impose des choix décisifs. Les Français n’accorderont demain crédit au chef de l’Etat de sa volonté alléguée de protéger sincèrement le patrimoine historique de la France que lorsque les services de l’Etat se mobiliseront véritablement en faveur d’un vaste programme d’action pluriannuel doté d’engagements financiers significatifs et contraignants.
De ce point de vue, quoi de plus emblématique de l’incurie des pouvoirs publics en matière culturelle que l’état d’abandon durable dans lequel est dramatiquement plongé la nécropole des rois de France, au grand dam de l’UNESCO ?
Cette situation scandaleuse, Montjoie Saint-Denis la dénonce avec force. Œuvrant inlassablement à la sauvegarde du site légendaire abrité dans les murs de la basilique de Saint-Denis, cette association attendait, confiante, une réponse à sa supplique adressée au chef de l’Etat, le 19 décembre 2010 : aux termes de cette lettre ouverte, il s’agissait ni plus ni moins, pour Montjoie Saint-Denis, que de mobiliser énergiquement les moyens de l’Etat pour sauver ce lieu qui symbolise, plus que tout autre, l’héritage indivis de l’Histoire de France.
Par courrier du 24 février 2011, le chef de l’Etat vient d’y donner suite, sous la plume de son chef de cabinet. Pour encourageante qu’elle soit, la réaction du chef de l’Etat est toutefois notoirement insuffisante au regard de ses ambitions qu’il ne cesse d’afficher en matière culturelle : certes, Nicolas Sarkozy prend le soin de mettre en avant son « engagement en faveur de la mise en valeur et de la transmission aux générations futures du patrimoine culturel d’hier et d’aujourd’hui ». Assurément, il est tout aussi louable d’avoir « consacré à la restauration des monuments historiques et, parmi eux, de plus de quarante cathédrales, une partie des crédits du Plan de Relance», mais la réponse donnée en pratique par les services de la rue de Valois au défi immense de la restauration de la nécropole royale n’est en rien satisfaisante, à en juger en vérité par l’état sinistré de ce site qui se dégrade d’année en année dans l’indifférence des Français.
Le ministère de la Culture est saisi de l’initiative de Montjoie Saint-Denis, nous assure le chef de l’Etat. Fort bien, mais nos compatriotes comme tous ceux qui, hors de nos frontières, demeurent pareillement attachés au rayonnement de ce lieu majeur de la mémoire de la France, attendent en réalité des pouvoirs publics des résultats tangibles qui tardent malheureusement à se concrétiser, en dépit des discours lénifiants.
Voici tout juste cent ans, Maurice Barrès montait à la tribune de la Chambre des Députés et haranguait ses collègues parlementaires avec un succès inattendu ; au lendemain du douloureux vote sur la séparation des églises et de l’Etat, le député de Paris sonnait alors le tocsin et alertait le pays au sujet de la situation alarmante des églises de France. De cette mobilisation inédite de l’opinion publique en faveur du patrimoine religieux de la France, naîtra un ouvrage majeur publié par l’auteur de la Colline inspirée, à la veille de la Première Guerre mondiale : La Grande Pitié des églises de France.
Un siècle plus tard, les défis ne sont pas moindres, à ceci près que la France contemporaine qui se doit de les affronter à présent n’est plus tout à fait cette France puissante qui, au début du XXème siècle, pouvait encore s’appuyer lucidement sur les ressources de son génie propre. Devant pareil constat, faut-il pour autant baisser les bras ? Certes, non !
Du discours aux actes, Nicolas Sarkozy est aujourd’hui au rendez-vous de l’Histoire ; pas de celle qui, au fil des contingences électorales, doit petitement s’écrire dans quatorze mois ….
Karim Ouchikh
http://www.gaullisme.fr/?p=12974
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Daniel Garrigue : “Dominique de Villepin n’est ni à droite ni à gauche mais gaulliste”
09/03/2011 18:24
Daniel Garrigue est député non inscrit de la 2ème circonscription de Dordogne et porte-parole de République solidaire, le mouvement fondé en 2010 par Dominique de Villepin. Il répond aux questions des Nouvelles de France.
Que signifie selon vous l’attitude de Dominique de Villepin qui a souhaité rester discret sur ses échanges avec le chef de l’Etat ? L’ancien Premier ministre s’apprête-t-il à renoncer à sa candidature en 2012 ?
En aucun cas. Dominique de Villepin a clairement indiqué sur quelle ligne il se trouve : proposer une alternative républicaine. L’entretien entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy a été pour l’essentiel consacré à la situation internationale.
Aucune réconciliation en vue entre les deux hommes ?
Dominique de Villepin a dit très clairement qu’il n’était pas question d’accepter qu’on joue sur la peur pour le faire changer de ligne.
Vous n’avez pas peur d’être la cause d’un 21 avril à l’envers ? Que Dominique de Villepin soit pour Nicolas Sarkozy ce que Jean-Pierre Chevènement fut pour Lionel Jospin en 2002 ?
La question n’est pas là. Dominique de Villepin et République solidaire ne sont ni à droite ni à gauche mais gaullistes et attachés aux valeurs de la République. On n’est pas dans l’arrangement ni dans le marchandage des positions, surtout à 15 mois des élections, c’est ridicule. On est sur une ligne politique qui n’est pas celle du Président de la République et qu’on défendra jusqu’au bout. Je m’étonne d’ailleurs que Jean-François Copé ait additionné mardi matin sur France-Info les intentions de vote pour Nicolas Sarkozy et celles pour Dominique de Villepin, elles ne portent pas sur le même projet.
En êtes vous si certain ?
Il y a à l’UMP que j’ai quitté il y a deux ans de nombreux déçus qui ne se reconnaissent pas dans la politique menée aujourd’hui, ni dans les valeurs ou plutôt l’absence de valeurs, dont se réclame Nicolas Sarkozy. Toutes ces personnes souhaitent une alternative qui réponde à une autre vision de la France, de la République et de la place de la France en Europe et dans le monde que nous allons proposer.
Comment réagissez-vous aux sondages qui donnent Marine Le Pen en tête au premier tour ?
Ces sondages sont doublement préoccupants. Les débats lancés depuis un an ont largement contribué à faire croître les idées et l’audience du FN. Sur Internet, circulent des quantités de messages racistes. Les gens qui les diffusent sont des personnes qui n’étaient pas du tout sensibles à ces idées avant. Les débats sur l’identité nationale, la burqa, les Roms et maintenant l’islam entretiennent un climat préoccupant. Et si comme en 2002, un candidat est élu au second tour face à celui du FN, il manquera de légitimité aux yeux d’une bonne partie de l’électorat…
Source: ndf.fr
Photo : http://www.sudouest.fr/2010/11/25/garrigue-nouveau-porte-parole-de-villepin-248739-755.php
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/03/09/1826-daniel-garrigue-dominique-de-villepin-nest-ni-a-droite-ni-a-gauche-mais-gaulliste
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Marine Le Pen, bénéficiaire de l’autisme du système
09/03/2011 14:30
C’est décidemment l’évènement politique du moment, l’accession de Marine Le Pen au statut de « troisième homme » de l’élection présidentielle à venir, avec une chance non négligeable d’arriver au second tour, voir, semble-t-il, de terminer en première position.
Quel potentiel électoral pour le FN ?
Je n’avais pas du tout anticipé que Marine Le Pen puisse monter si haut si vite. Certes, comme le soutient avec justesse Thomas Piketty dans Libération, il convient de ne pas oublier que les sondages ont des marges d’erreur importantes (en général, un intervalle de quatre points), qui rend tout classement très hypothétique quand les écarts sont aussi serrés. De plus, il serait intéressant de connaître les coefficients de redressement pour la candidate du Front National.
Mais, de toutes les façons, ces sondages révèlent une vraie percée. En effet, depuis trente ans, l’extrême-droite rassemble entre 10 et 20% de l’électorat. Là, il semble que Marine Le Pen soit capable d’étendre sa sphère d’influence. Mais quel est son potentiel. 25, 30% ? Quel score pourrait-elle obtenir dans un second tour l’an prochain ? Et il n’est pas difficile d’imaginer un score nettement plus important que celui de son père en 2012, face à Nicolas Sarkozy ou DSK.
PS et UMP n’ont rien compris
Il y a quelque chose de pathétique à voir la réaction des caciques des deux grands partis, qui, d’une part, dénient le droit à tout autre qu’eux de se présenter pour essayer vainement d’assurer leur place au second tour, et de l’autre, disqualifient ce vote en expliquant doctement que son programme n’est pas sérieux, comme Alain Juppé. Mais quel est le sérieux d’un président qui remanie tous les trois mois, défait les mesures du début de son quinquennat, ou multiplie les bourdes ?
Je ne crois toujours pas que le vote Front National soit un vote d’adhésion à tout ce que dit ce parti. Même à ce niveau, je crois que c’est principalement l’expression d’une profonde révolte contre les pratiques des deux partis qui dominent notre vie politique, leurs promesses non tenues, leurs mensonges, leurs politiques qui ont conduit à tant de chômage et d’insécurité, leur comportement, trop souvent hautain, et finalement, la compréhension qu’ils se soucient plus d’eux que des Français.
La seule opposition visible au système
Comme l’ont souligné Jacques Sapir et Edgar, l’adhésion de tous les grands partis à cette europe (et son corollaire, la globalisation néolibérale) explique sans doute en grande partie la poussée du FN, dans un pays où 55% des électeurs ont voté contre le TCE. PS, UMP, Modem, Verts défendent cette Union Européenne qui organise une grande régression sociale. Pire, les opposants de jadis se convertissent, comme le montrent le nouveau livre de José Bové et le soutien du PC à l’euro.
Le débat sur l’euro est symptomatique : ses partisans balayant d’un revers de main les arguments solides de nombreux économistes de gauche (Jacques Sapir), de droite (Cotta, Gréau) ou même des Etats-Unis (Paul Krugman, Joseph Stiglitz). A ce sujet, j’en profite pour adresser un coup de griffe au site Le Taurillon, qui refuse de publier mon commentaire à un papier qui attaquait nos positions. Ce refus du débat montre bien que l’ouverture d’esprit n’est pas la qualité première des euro-béats.
Du coup, outre quelques marginaux, comme Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement, il ne reste plus personne pour réellement s’opposer à cette politique européenne, qui intervient à tort et à travers (primes d’assurances, OGM, farines animales, libéralisation des services publics). Marine Le Pen est devenue la seule opposante visible à ce système à bout de souffle dont la crise récente a révélé toutes les carences sans que les gouvernements n’y changent quoique ce soit.
De deux choses l’unes, soit Marine Le Pen reste la seule opposante visible à la globalisation néolibérale et dans ce cas-là, son potentiel continuera à grandir, soit des alternatifs républicains émergent pour montrer aux Français qu’entre le système et le FN, il y a, heureusement, d’autres voies.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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