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Marine Le Pen en tête : la perversité des sondeurs est insondable
08/03/2011 09:41
Ainsi, à en croire un sondage, Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour de l’élection présidentielle de 2012. J’aime l’ambigüité tellement ambiguë de certaines tournures en français qu’elles en deviennent transparentes, innocentes, anodines. Tenez, le génitif par exemple, c’est fou ce qu’il peut être ambigu le génitif en français. Dans son dernier livre réédité, Le Viol de Mike Tyson, on voit bien sur quoi Besson joue. Comment le boxeur noir Mike Tyson a effectivement été reconnu coupable de viol mais comment aussi l’ensemble d’un environnement médiatique, sportif, racial n’a cessé de le violer, lui, dès qu’il a posé un pied sur le ring et peut-être même bien avant.
Une autre expression de ce genre, assez détestée par les pédagogistes, est tout aussi ambiguë : apprendre par cœur. Le « par cœur » avait été décrété définitivement aliénant, stérile, bourgeois. Et pourtant, si l’on y réfléchit, quelle plus belle expression que celle-ci : « par coeur ». Apprendre par cœur, c’est reconnaître au cœur le siège de la sensibilité et du goût (cela on pouvait s’en douter) mais aussi de l’intelligence et de la mémoire. Le cœur, c’est qui en nous se souvient des choses vraiment utiles, c’est-à-dire ce qu’il y a d’essentiel dans une vie d’homme : un sonnet de Verlaine dans un embouteillage, le numéro de sa carte de crédit quand on essaie de retirer de l’argent tout en étant ivre pour continuer à faire la fête ou le premier baiser échangé à dix-sept ans avec cette fille devenue avocate et de droite. On mourrait de tristesse, sans le « par cœur ».
Alors, quand on me dit que Marine Le Pen est « en tête dans les sondages », je ne peux pas m’empêcher de traduire, au nom de ces ambiguïtés syntaxiques, par « dans la tête des sondages ». Les principaux instituts de sondage (tiens, Laurence Parisot en possède un, tiens, Vincent Bolloré vient de s’en offrir un autre !) fournissent aux partis et aux journaux les vérités statistiques qu’ils veulent entendre. Aussi ne faut-il pas s’étonner si ces thermomètres de la République qui sont franchement discrédités.
Le sondage ne répond plus à rien, et depuis longtemps. Ce n’est d’ailleurs pas son rôle. Il n’est plus là pour éclairer le politique, il est le politique. Ce sont les sondages, et Marine Le Pen en sait quelque chose, et non plus les militants, qui vont jusqu’à désigner le candidat préféré d’un parti par médias interposés. Ce sont les sondeurs qui, forts de leurs résultats scientifiques, ont décrété que Marine, c’était mieux que Bruno en janvier 2011, que Ségolène, c’était mieux que Fabius ou DSK en 2007, que le oui au TCE c’était mieux que le non en 2005, que Chevènement était l’incontestable troisième homme en 2002 et ainsi de suite…Les sondages sont donc l’expression de ce fameux « faux qui serait un moment du vrai », selon l’expression de Hegel. Ce qui devait être un élément parmi d’autres d’information des gouvernants est devenu un moyen de gouvernement.
J’ai personnellement pris conscience de cette aberration logique qui est aussi une aberration démocratique au moment du duel Chirac/Balladur en 1994. Il y avait unanimité : Chirac ne devait pas se présenter. Il n’avait pas ou plus le profil. La fracture sociale, le volontarisme politique, bref, cet ultime retour de ce qui pouvait ressembler à du gaullisme, n’entrait plus dans les cadres. Les sondages ont été appelés à la rescousse pour jouer leur rôle de sape, systématique, quotidien, désespérant pour lui et ses derniers fidèles. Pas les sondages en eux-mêmes, bien entendu, mais l’exploitation qui en était faite par quelques journalistes ou experts inaccessibles au doute, tel Alain Minc qui semblait regretter que l’on dût en passer par des élections réelles alors qu’une démocratie moderne se devait d’être, disait-il, une démocratie d’opinion .
Je suis très content pour Marine Le Pen : en tête dès le premier tour, bravo ! Commencer à plomber le moral de l’UMP et à affoler le PS, à quelques semaines des cantonales, c’est tout bénef. Il n’aura cependant échappé à personne que le véritable message de celui qui fait tant causer et où Dominique Strauss-Kahn ne figure pas parmi la liste des choix possibles, c’est : ou DSK ou Marine Le Pen.
Là, Marine, je serais vous, je commencerai à me méfier. Ce n’est pas parce qu’on vous invite à quelques grandes émissions où vous faites excellente figure qu’on vous aime pour autant chez ces gens-là. Moi non plus je ne vous aime pas beaucoup, mais c’est pour de toutes autres raisons. Eux ne vous aiment pas et vous mettent en avant pour faire apparaître Strauss-Kahn comme le seul rempart contre vous, genre cordon sanitaire, front républicain et sauveur de la démocratie. Moi, je ne vous aime pas parce que vous captez l’électorat du Front de Gauche tout en séduisant celui de la droite dure et que je veux gagner contre vous non pas sur la rhétorique antifasciste qui déferlera à nouveau si vous continuez à avoir le vent en poupe mais en montrant que votre virage social, voire très social (et aussi très sur les chapeaux de roue), vos déclarations contre la suppression de l’ISF ou la retraite à 62 ans ont tout du positionnement tactique et ponctuel dans un paysage politique essentiellement occupé, à l’exception de Mélenchon, par les tenants d’un néo-libéralisme qui exaspère les Français paupérisés.
Vous êtes en tête au début de la course, voyez-vous, parce qu’on veut que la vous perdiez à la fin. Souvenez-vous de Ségolène, sacrée championne avant de s’effondrer aussi vite qu’elle était monté. Et le paysage ne peut qu’amplifier cette vénération du sondage : davantage de chaines de télés, davantage d’instituts, de moins en moins de débats contradictoires, de réunions sous les préaux, enfin de politique « old school », celle qui permit à Chirac de remonter la pente contre tous les pronostics en 1994.
Seulement, il est de plus en plus difficile de déconstruire le mensonge en politique. On a réussi, en 2007, à faire passer pour un homme neuf un Nicolas Sarkozy qui était ministre depuis 2002. On oublie que vous non plus vous n’êtes pas neuve et que, tout en renouvelant le discours, vous vous servez tout de même de l’image de marque de la vieille maison paternelle sans complexe. Au moins ce sondage aura-t-il tué en moi une ultime illusion : celle qui me faisait croire à la pertinence d’une élection présidentielle au suffrage universel. La rencontre rêvée par De Gaulle entre un peuple et un homme n’est plus possible : en 1965, le règne des médias n’avait pas commencé, ou si peu. L’ensemble des grands moyens d’informations n’était pas concentré dans un si petit nombre de mains. Alors, finissons-en avec le césarisme médiatique assisté par ordinateur. Et revenons à la Cinquième République d’avant 1965 dans laquelle le Président était élu par le Congrès. Paradoxalement, la démocratie y gagnera.
Jérôme Leroy
http://www.causeur.fr/marine-en-tete,8886
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Israël tourne-t-il le dos aux lumières ?
07/03/2011 18:44
Gil Mihaely, directeur de la publication de Causeur, site qui publie certains de mes textes, m’a fait parvenir cette réponse à mon papier « Israël tourne le dos aux lumières ». Je le remercie pour cette contribution qui me permet de préciser mes idées. Vous trouverez ma réponse à la suite.
« Cher Laurent,
Dans votre dernier post « Israël tourne le dos aux lumières », vous proposez de « cesser toute relation diplomatique avec Israël tant que la colonisation n’est pas arrêtée. Mais nous devons aller plus loin et même envisager un véritable boycott des produits israéliens (comme cela avait été fait pour l’Afrique du Sud) ». Cette fermeté me semble quelque peu étrange, car dans un post précédent « Comment réagir face aux révolutions arabes ?» - que j’ai eu l’honneur de publier sur Causeur.fr, vous posez la question suivante : « l’ostracisme est-il véritablement la bonne solution ? L’isolation de la Corée du Nord ou de Cuba ne freine-t-elle pas au contraire l’évolution de ces pays ? ». Je n’ai malheureusement pas une réponse définitive à cette question mais je constate que vous prônez la compréhension, la patience et l’indulgence vis-à-vis des régimes épouvantables et l’intransigeance face à Israël.
Je vous rejoins tout à fait quand vous designez la colonisation comme un problème politique et une injustice morale. Sauf qu’Israël n’est pas le seul responsable de la situation actuelle en Cisjordanie et en conséquence ne peut pas résoudre tout seul le problème. Toute action unilatérale d’Israël risque de remplacer une crise par une autre. Je vous rappelle qu’en 2005 Israël a évacué la bande de Gaza ainsi que Jéricho et le nord de la Cisjordanie. Cette politique a été menée par Ariel Sharon, faucon parmi les faucons et architecte de la colonisation. Or, à peine un an plus tard, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza et a refusé de respecter les engagements informels de l’autorité palestinienne (car le retrait a été bel et bien négocié, même si les Palestiniens ne voulaient pas le cautionner publiquement). On connaît la suite. Peu importe ce qu’on pense de cette politique – qu’elle est insuffisante, qu’elle ne va pas assez loin etc. – un acteur responsable aurait dû tout faire pour qu’elle n’échoue pas. Ce fut le contraire et aujourd’hui, pour l’électeur israélien lambda, la leçon a été retenue : cela ne sert à rien de se retirer et d’évoquer des colonies, cela aggrave même l’insécurité. Ce même électeur se souvient aussi que le retrait du sud du Liban (approuvé par l’ONU) n’a pas empêché le hezbollah de tirer de roquettes sur Israël et n’a même pas entamé sa légitimité en tant que parti de résistance contre l’ennemi sioniste… à quoi bon donc remplir les exigences de la communauté internationale ?
Le résultat : crispation sécuritaire, gouvernement droitier et effondrement du camp de la paix. Est-ce que, à votre avis, cet électeur va changer d’avis si la France ferme son ambassade à Tel-Aviv ? La seule manière de sortir de la crise est d’accompagner les deux parties et surtout de neutraliser l’influence néfaste de certains pays arabes et musulmans sur les dirigeants palestiniens. Il n’est pas inutile de rappeler que tous les territoires exigés aujourd’hui par les Palestiniens, y compris Jérusalem, étaient occupés – sans un seul Juif – entre 1949-1967 par la Jordanie et l’Egypte qui n’ont même pas songé à créer un Etat palestinien… Depuis, ces mêmes pays ainsi que d’autres – et notamment la Libye et la Syrie – n’ont pas ménagé leur peine quand il s’agissait de torpiller un accord. Côté palestinien enfin, la scission avec le Hamas laisse craindre que cette nation ne soit pas en mesure d’assumer un compromis douloureux et de l’imposer à tous ses membres. Autrement dit, il est probable que dans le cas d’un accord israélo-palestinien qui satisferait les exigences de la communauté internationale, la minorité palestinienne qui ne l’acceptera pas suivra l’exemple de Gaza.
Ce dernier point me permet d’évoquer le premier paragraphe de votre post concernant la position israélienne face aux révolutions arabes. L’hommage rendu assez discrètement à Moubarak est tout à fait justifié. Quand son prédécesseur a été assassiné, en octobre 1981, il était l’homme qui avait assumé les accords de paix avec Israël. Ce n’est pas rien au moment où ces mêmes accords sont déjà dénoncés par un parti du mouvement démocratique égyptien, quand l’approvisionnement de gaz vers Israël est suspendu après un attentat et que le Sinaï est en état d’insurrection. Mais reconnaître le rôle positif de Moubarak ne veut pas dire critiquer les révolutions arabes. Très discrètement – car des compliments israéliens sont compromettants dans la région –, le gouvernement israélien s’est félicité de ce mouvement vers la démocratie. Ce furent d’ailleurs les néoconservateurs américains et israéliens qui dénonçaient les régimes arabes autoritaires et qui se sont opposés aux accords de paix avec l’Egypte au prétexte que seul un pays démocratique pourrait respecter dans la durée une paix avec ses voisins. Après tout, il n’y a jamais eu de guerre entre deux démocraties libérales… C’était plutôt la gauche israélienne qui plaidait pour la négociation avec les dictateurs pour servir la cause de la paix. La situation est bien complexe, et malgré notre légitime désir d’agir vite fait-bien fait pour résoudre les problèmes, il faut reconnaître parfois nos limites et surtout éviter que les remèdes soient pire que le mal ».
Cher Gil,
Merci pour la précision concernant la révolution en Egypte. En effet, j’imagine que les compliments Israéliens ne sont pas forcément quelque chose de positif dans la région et je suis rassuré de savoir que le gouvernement de Tel Aviv s’est félicité de ce mouvement vers la démocratie. D’ailleurs, cette partie de mon billet était plus modérée que la suite.
En effet, je suis partisan d’une action très ferme de la France (boycott diplomatique et commercial) en protestation à la colonisation des Territoires Occupés. Cela peut sembler très exagéré à l’égard d’un pays démocratique entouré par des régimes souvent autoritaires dont certains souhaitent même sa disparition. Votre remarque n’est pas la première que je reçois. J’en débats également avec des proches qui ne comprennent pas toujours bien ma position, ce qui va être l’occasion pour moi de préciser ma pensée. Je vois quatre justifications à une proposition aussi radicale :
Par rapport à la Corée du Nord ou à Cuba, nous sommes dans un cas différent. Ces pays sont des dictatures et je ne suis pas un partisan du refus de dialoguer avec les dictatures, car, comme vous l’avez noté, je ne crois pas que l’ostracisme fasse progresser les choses alors que le contact avec l’extérieur me semble créer un appel d’air pour la liberté et la démocratie. Dans le cas d’Israël, il s’agit non seulement de l’occupation d’un territoire qui ne lui appartient pas, mais en plus d’une colonisation d’une partie de ce territoire. Il me semble normal de sanctionner un pays qui en envahit un autre, l’occupe et le démembre. De simples réprimandes verbales me semblent beaucoup trop faibles surtout après de nombreuses protestations.
A supposer que l’occupation soit justifiée pour assurer la sécurité d’Israël (ce qui n’est pas certain), la colonisation ne présente aucun intérêt ? Rien ne justifie cet humiliant démembrement des Territoires Occupés, mités comme du gruyère par les innombrables incursions d’Israël (mur, colonies…). Un tel démembrement est non seulement inutile, mais il est en général le fait de régimes très agressifs. Quels autres Etats pratiquent la colonisation depuis une vingtaine d’années ? Parce que la colonisation n’est nullement nécessaire à la sécurité d’Israël, qu’elle rend plus difficile toute résolution du conflit et parce que c’est un acte extrêmement rare et agressif, cela justifie une véritable intransigeance.
Parce qu’Israël est une démocratie justement, il me semble que son comportement doit être davantage exemplaire que celui d’une dictature. Cela ne signifie pas qu’Israël ne doit pas se défendre, loin de là. Je reconnais ce droit. Mais aujourd’hui, c’est Tel Aviv qui tire en premier, qui mène des guerres extrêmement meurtrières et disproportionnées. Mais surtout, je vais encore revenir aux colonisations, qui sont un acte indigne d’une démocratie digne de ce nom.
Enfin, parce que je pense que c’est en étant plus dur vis-à-vis d’Israël que sa sécurité sera mieux assurée à plus long terme. C’est parce qu’un pays « occidental » aura été véritablement ferme avec l’Etat hébreu que ce pays (la France ?) pourra réellement être écouté un jour par des pays arabes belliqueux à l’égard d’Israël. La complaisance des pays occidentaux à l’égard de la colonisation fait que nous ne serons pas écoutés si un jour le rapport de force s’inverse. De même, c’est parce qu’Israël cèdera sur la colonisation en ayant pourtant la force de le faire qu’un jour, un pays arabe devenu plus fort qu’Israël pourra céder devant la pression d’autres pays. Israël applique la loi du plus fort en oubliant que demain, ils ne le seront pas forcément.
La raison majeure de mon intransigeance vient de la colonisation. Je ne dénie pas le droit à Israël de se défendre. Mais je serais nettement moins critique s’ils avaient mis fin au mitage agressif, humiliant et inutile des Territoires Occupés. Ce comportement, rarissime, est digne d’autocraties agressives. Il est totalement inacceptable et ne doit pas être accepté. Parce qu’il dure depuis si longtemps, malgré les protestations de la communauté internationale, il est grand temps de passer des mots aux actes. C’est le comportement d’Israël qui me pousse à une telle intransigeance.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Procès Chirac : quelques explicationsAudience sans accusé ou vice versa ?
07/03/2011 18:37
Jacques Chirac doit-il comparaître devant ses juges ? Assister à l’intégralité de son procès ou simplement y être présent par éclipses ? Pour la défense de l’ancien Président de la République c’est la quadrature du cercle.
Les termes de l’alternative peuvent se résumer ainsi: soit Chirac joue la chaise vide ou à moitié vide et il donnera l’impression de se défiler, soit il fait preuve d’assiduité et son image risque d’en être sérieusement affectée au moment où son éloignement des affaires pourrait clore l’époque de la critique et ouvrir celle de l’hommage à son rôle dans la geste nationale. En tout cas, Jacques Chirac sera le premier chef d’Etat français depuis Louis XVI (si l’on veut bien mettre à part le cas du maréchal Pétain) à comparaître devant la Justice. Une bien triste distinction sur un CV présidentiel.
Alors on peut ronchonner en se disant que la République est mauvaise fille en s’acharnant sur un vieux monsieur qui a servi la France. Je suis ainsi surpris par la fibre subitement compassionnelle d’Arnaud Montebourg qui durant les deux mandats de Jacques Chirac a déployé une énergie considérable pour qu’il soit traduit devant la Haute Cour de Justice et qui considère dorénavant qu’on doit lui fiche la paix. L’exigence de justice n’aurait-elle de sens qu’à l’appui d’un combat politique partisan ? La déstabilisation d’un Président en exercice serait-elle le seul intérêt d’un procès de ce type ? Les assoiffés de rénovation de la vie politique apprécieront…
On peut certes regretter la lenteur du temps judiciaire qui conduit un prévenu dans le prétoire plus de vingt ans après la « commission des faits », mais la faute à qui ? Jacques Chirac et ses conseils ont déployé autant d’énergie pour retarder le procès qu’Arnaud Montebourg pour le hâter, notamment en ayant recours au Conseil Constitutionnel qui a opportunément déduit des textes fondamentaux que le Président en exercice bénéficiait d’une immunité. Jacques Chirac ne pouvait donc être jugé qu’après avoir quitté ses fonctions. Nous y sommes.
Nous avons donc sous les yeux la preuve de la loi physique selon laquelle plus on lance loin le boomerang, plus il revient avec violence. Mise au pied du mur, la défense doit donc limiter la casse et empêcher que la statue du Commandeur que l’opinion et les médias ont commencé à bâtir se transforme en Victoire de Samothrace.
Les avocats de l’ex-Président peuvent suivre deux stratégies qui ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre : gagner du temps, d’une part, limiter le déballage de l’autre. La QPC (question de prioritaire de constitutionnalité) déposée par un co-prévenu du Président, accessoirement son ancien directeur de cabinet à la Mairie de Paris, pourrait satisfaire le premier objectif. Elle soulève avec pertinence un problème juridique de taille, la conformité constitutionnelle d’un texte du Code de procédure pénale dont l’interprétation élargie donnée par la jurisprudence permet de contourner la prescription. Autrement dit, il y aurait là une atteinte à la définition constitutionnelle de la prescription comme droit à l’oubli. Si la QPC est jugée recevable, l’affaire pourrait être renvoyée pour au moins six mois – mais le Tribunal peut passer outre.
Concernant le deuxième objectif – limiter le déballage – la tâche de la défense est plus subtile. Elle devra faire de « la belle ouvrage », comme on disait autrefois, du point de croix, de la dentelle judiciaire. Sans doute a-t-elle prévu, pour inaugurer le procès, une déclaration solennelle de Jacques Chirac sur le thème « je n’ai poursuivi aucun enrichissement personnel, n’ai commis aucune malversation même si j’ai laissé opérer un système imparfait (et peut-être illégal?), mis en place bien avant moi, visant au financement des activités politiques; j’assume ces erreurs en rappelant que le préjudice subi par la Ville de Paris, qui a supporté sur ses finances la rétribution de permanents du RPR, a été d’ores et déjà indemnisé par mes soins. » En effet, un protocole d’accord entre la municipalité et l’UMP fixe le montant de la réparation à deux millions d’euros.
Cet accord opportun permettra que l’audience se déroule avec plus de sérénité puisque la Ville de Paris, principale partie civile, sera absente des débats. Mais il signifie aussi que Jacques Chirac reconnaît sa culpabilité, ce qui pourrait paradoxalement contribuer à éviter les dommages qu’engendrerait une audience trop précise et cruelle. Le prévenu dirait en substance : « Oui j’ai fauté, oui j’ai remboursé, oui je suis âgé, serait-ce trop demander que l’on m’épargne l’humiliante et dès lors inutile litanie de mes turpitudes supposées ? ». Cela reviendrait à accélérer le rythme de l’audience après avoir tenté par mille manœuvres de le ralentir.
« Le criminel tient le civil en l’état » : cet adage signifie que les décisions rendues par les juridictions pénales s’imposent aux tribunaux civils. Le paradoxe du procès pénal à venir – ou non – est qu’il est d’ores et déjà terminé, à la suite d’un accord civil scellant une reconnaissance de culpabilité. Dorénavant, le civil tient le criminel en l’état. Circulez, il n’y a plus grand-chose à voir ! Jacques Chirac est déjà sorti de son procès et dans le fond qu’il y assiste ou pas n’a pas grand intérêt. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, laissons donc notre ancien Président de la République reprendre le cours de ses activités normales et la rédaction de ses Mémoires.
Rodolphe Bosselut
http://www.causeur.fr/proces-chirac-quelques-explications,8888
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Il n'y aura pas de 21 avril 2012
07/03/2011 18:31
Après l'agitation médiatique autour du sondage de Harris Interactive plaçant Marine Le Pen à 23 % au premier tour, Philippe Guibert, consultant, pose la question qui fâche : et si Marine Le Pen était l'incarnation d'un « bonapartisme new look », fédérant très au delà de l'électorat traditionnel du FN ? Une analyse qui tord le cou à l'épouvantail du « 21 avril ».
Comme toujours, quand un signal d’alerte rouge retentit, la tentation politique est de relativiser. Marine Le Pen à 23% ? A 14 mois du vote, c’est un moment d’égarement de l’électorat, les choses vont revenir à la normale. Verrouillons et réduisons l’offre de candidatures au 1er tour, à droite comme à gauche, faisons peur aux braves gens avec le FN et tout rentrera dans l’ordre.
Nous pensons que ça ne suffira pas. Quand bien même Marine le Pen se tasserait dans les semaines qui viennent, par réaction des sondés à la publication de ce sondage - ce qui n’est pas acquis. Une telle réponse est trop insuffisante dans un pays où seuls 42% des électeurs pensent que la démocratie fonctionne bien, où seuls 22% font confiance à la gauche et 21% à la droite, contre 56% qui ne font confiance ni à la gauche ni à la droite. Où enfin seuls 14% des électeurs estiment que les politiques se préoccupent de ce que pensent les personnes comme eux (1).
Le sondage d’Harris Interactive, dont le résultat ne peut tout à fait surprendre au vu des sondages de ces dernières semaines, confirme que quelque chose de profond se joue là à travers Marine Le Pen. Donner une intention de vote pour Marine Le Pen, qui a conservé un statut d’extériorité au système politique, tout en ayant réussi à faire oublier les dérapages de son père, notamment par sa féminité, ce ne peut être anodin. Qui sont ces 23% ? Au delà de la reconstitution de l’électorat frontiste d’avant 2007, soit environ une quinzaine de points, 4 points viennent de l’électorat UMP, mais aussi 3 à 4 points viennent des votes Bayrou, Royal et de la gauche radicale de 2007. Cette diversité « politique » de l’intention de vote Marine Le Pen traduit aussi une diversité sociale. Si sa percée dans les milieux populaires ne surprendra pas (30%), il est en revanche beaucoup plus surprenant qu’elle obtienne 19% dans les classes moyennes et supérieures, les plus rétives habituellement au vote FN. De même, elle obtient 22% chez les inactifs, 23% chez les plus de 55 ans, bien plus que les scores traditionnels du FN dans ces catégories. Autrement dit, l’épicentre de la dynamique Le Pen se situe à droite et dans les milieux populaires mais se diffuse au delà, politiquement et sociologiquement, pour lui faire passer la barre des 20%. L’intention de vote Le Pen est aujourd’hui plus interclassiste et plus intergénérationnel.
Il faut en revenir aux fondements de la disqualification sarkozienne pour comprendre cette dynamique qui lui répond. Aux causes maintes fois analysées (effondrement symbolique de la fonction présidentielle, effets d’annonces non suivies d’effets, injustices fiscales et sociales), ajoutons en trois autres qui sont fondamentales.
La première, c’est l’impuissance du chef charismatique, « doté de pouvoirs exceptionnels », face à un monde de plus en plus interconnecté. L’expérience centrale des Français durant ce quinquennat, c’est l'incursion répétée de la globalisation dans leur quotidien. Hausse du prix des matières premières dès l’hiver 2007/2008, krach financier, crise des finances publiques européennes, dérèglements climatiques, affirmation de puissance des « émergents » et maintenant révolte des sociétés arabes avec à la clef une augmentation du prix de l’énergie et peut être une immigration clandestine. L’hypervolontarisme médiatique produit un effet de contraste saisissant - et destructeur, avec l’évidence d’un monde qui lui échappe. L’omniprésence sarkozienne a accentué l’impuissance du politique, au moment où celui-ci est remis en cause comme jamais par la globalisation. Globalisation qui n’est pas seulement économique, mais aussi culturelle et migratoire.
Le deuxième phénomène marquant, c’est la perte continue d’autorité de l’Etat et de la loi, contre laquelle Nicolas Sarkozy avait pourtant été élu. Son échec sur l’insécurité, le développement des violences et des trafics de drogue, même dans des territoires réputés tranquilles, tout cela ruine le lien politique. Aux yeux du plus grand nombre, le meurtre de Laëtitia a été une illustration de plus de cette faillite de l’Etat dans sa mission originelle, après les violences à Grenoble en juillet dernier. Comme des prières dans la rue qui attentent au principe de laïcité - et à la loi. Leur dénonciation par Marine Le Pen a été à l’origine de son décollage sondagier.
Enfin, dernier facteur, cette « innovation » sarkozienne dans notre république qu’a constitué le mélange récurrent de l’intérêt public avec des intérêts économiques, privés ou familiaux. C’est une rupture lourde dans la relation entre gouvernants et gouvernés. Et c’est le fil conducteur qui relie la nuit du Fouquet's, l’affaire Jean Sarkozy, l’affaire Woerth, l’affaire MAM. Mélange d’autant plus redoutable que les Français ont vécu une crise où l’« oligarchie financière » a laissé sa cupidité personnelle prendre le pas sur tout intérêt collectif, même économique. L’analogie est trop forte pour ne pas faire système, surtout en France. Souveraineté extérieure remise en cause, celle de la Nation mais plus encore celle de l’Europe qui était censée s’y substituer. Autorité de la loi régulièrement piétinée sur le territoire. Remise en cause du principe républicain de légitimité des gouvernants. C’est donc une crise majeure du Politique que nous vivons, dans toutes ses dimensions. La réaction lepéniste est d’abord une demande de puissance publique, d’effectivité et d’indépendance de l’Etat, dans un pays en déclassement économique. Que l’on relise le discours de Tours de M. Le Pen, le 16 janvier dernier lors de son intronisation, et l’on verra que Marine Le Pen a construit sa stratégie sur ces trois défaillances du Politique, avec un discours bien plus bonapartiste que de l’extrême droite française. Avec une dimension sociale nouvelle, mais qui peut aussi se concilier, on le sait, avec le bonapartisme.
Finalement, il n’y aura pas de 21 avril en 2012. Un 21 avril, c’est un accident, fut-ce pour des causes profondes. Un 21 avril, c’est un résultat collectif fortuit, non souhaité par la très grande majorité des électeurs. C’est arrivé en 2002, ça n’arrivera pas en 2012. Si Marine Le Pen parvient au 2ème tour la prochaine fois, ce sera parce que les électeurs, du moins une partie d’entre eux, l’auront souhaité ou laissé faire. On ne peut exclure cette hypothèse aujourd’hui. Nous voilà prévenus avec plus d’un an d’avance.
Philippe Guibert - Tribune
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Nigel Farage répond à l’invitation de Nicolas Dupont-Aignan
07/03/2011 09:58
Nigel Farage défend les « valeurs de démocratie pour les nations », et s’est opposé notamment à l’adoption d’une constitution européenne en invoquant le « non respect des votes des peuples européens » (notamment français, irlandais et néerlandais), ainsi que l’absence de référendums pour l’immense majorité des pays européens.
Véritable star du parlement européen et sur Internet, il est également président d’un parti politique qui marque chaque jour un peu plus de points en Grande-Bretagne grâce à ses succès électoraux : UKIP.
Il est entré dans la "légende" en étant l’un des rares députés européens à démontrer avec talent comment l’UE était devenue un monstre anti-démocratique au service d’intérêts étrangers à celui des citoyens, quitte à s’en prendre violemment à des représentants hors-sol tels que la Baronne Ashton ou M. Van Rompuy
http://www.debout-la-republique.fr/Nigel-Farage-repond-a-l-invitation.html
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