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Banques centrales : indépendantes, donc irresponsables
08/03/2011 15:39
Il est entendu que Jean-Claude Trichet et Ben Bernanke font partie des principaux dirigeants de la planète. Pourtant, il y a un hic. S’ils sont désignés par les politiques, après leur nomination, ils sont indépendants et peuvent donc faire ce qu’ils veulent, et engager les citoyens sans répondre à quiconque.
Du bilan des banques centrales…
The Economist du 19 février consacrait un dossier passionnant aux banques centrales. L’hebdomadaire anglais souligne à quel point leur rôle a été crucial dans le règlement des crises qui secouent la planète depuis deux ans et demi. Outre le fait d’avoir considérablement abaissé le coût de l’argent à court terme (1% ou moins aux Etats-Unis, en Europe et en Grande-Bretagne), les banquiers centraux ont également agi de manière spectaculaire sur les marchés par des rachats d’actifs.
C’est ainsi que le bilan de la Fed, inférieur à 1 000 milliards de dollars à la veille de la crise de l’automne 2008, dépasse aujourd’hui 2 500 milliards. On retrouve dans son bilan aussi bien des bons du Trésor (ce qui a permis de maintenir les taux longs à un niveau raisonnable malgré des déficits colossaux) que des obligations pourries rachetées aux banques privées, dont il est bien difficile de savoir si elles n’occasionneront pas des dépréciations…
De son côté, la Banque d’Angleterre a doublé son bilan, à 390 milliards de dollars. La BCE a été moins extravagante en faisant gonfler son bilan de quelques centaines de milliards d’euros. Cependant, en rachetant des titres de dettes Grecques et en finançant très largement les banques Irlandaises, la Banque Centrale Européenne prend de gros risques financiers que devront in fine assumer l’ensemble des Etats et des peuples si jamais ses paris se révélaient perdants.
Un problème de responsabilité
Se pose alors un gros problème de responsabilité. Un gouvernement est responsable du budget qu’il fait voter par le Parlement, puis qui est contrôlé par la Cour des Comptes. Bref, la démocratie assure une responsabilité des décisionnaires. Par exemple, des maires sont punis par leurs administrés pour avoir mal gérés les finances de leur ville. En revanche, les banquiers centraux sont nommés par les politiques, mais, une fois nommés, ils sont totalement indépendants.
Ils peuvent donc prendre des engagements au nom de la collectivité sans le moindre contrôle démocratique. Pire, il peut y avoir des conflits d’intérêt majeur dans leurs décisions. En effet, la défense inconditionnelle de l’euro par la BCE est-elle une défense des intérêts de l’Europe ou de son existence ? Cela est d’autant plus choquant que, pour ce faire, la BCE engage des centaines de milliards en achat de créances de banques ou d’Etat et qu’elle viole les traités qui ont pourtant été signés par les Etats.
Aujourd’hui, la politique monétaire est totalement indépendante du processus démocratique aux Etats-Unis ou dans la zone euro. Les Français peuvent bien voter pour qui ils veulent, mais à partir du moment où nous restons dans l’euro, nous n’avons aucune prise sur la politique monétaire. C’est d’ailleurs une des grandes contradictions de Jean-Luc Mélenchon : à défendre l’euro, il s’impose un cadre monétariste totalement contraire aux objectifs politiques qu’il dit vouloir suivre…
L’indépendance des banques centrales fait partie des présupposés de la pensée unique qui domine au Parti Socialiste comme à l’UMP. Pourtant, cette indépendance pose d’énormes problèmes de responsabilités qui deviennent beaucoup plus clairs aujourd’hui.
Laurent Pinsolle
Demain, « Les banques centrales, une affaire d’Etat »
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Clivage politique droite/gauche : entretien avec Nicolas Dupont-Aigan
08/03/2011 15:34
« Le clivage droite/gauche est moribond ! » C'est du moins ce qu'affirme Nicolas Dupont-Aignan. Persuadé du contraire, je lui ai proposé de dialoguer sur le sujet.
Même si certains sujets ont pu ou feront l'unanimité chez les français, que ce soit par idéologie ou sympathie, il existe et existera toujours, à mon sens, un clivage profond entre les sympathisants de gauche et de droite.
Les tentatives opportunistes des centristes tels Giscard d'Estaing qui expliquait que : « La France qui aspirait à être gouvernée au centre » ou de François Bayrou « qui préconisait l’installation au pouvoir d’une coalition « allant du centre-droit au centre gauche (...) » - 20 Minutes ... Semblent bien vouées à l'échec.
Résultat : Ce sont surtout les candidats des partis extrêmes, refusant toute alliance, qui attirent le plus les électeurs. Jusqu'à, pourquoi pas, provoquer des surprises, lors du premier tour de la présidentielle de 2012 ?
Néanmoins, Nicolas Dupont-Aignan dont le parcours politique passe par le RPR, le Rassemblement pour la France de Charles Pasqua puis l'UMP, qu'il a quitté le 13 janvier 2007, pour se consacrer à son mouvement « Debout la République », continue de penser que les valeurs du gaullisme, appliquées au XXIème siècle, pourraient réunir à nouveau tous les français.
C'est autour de ces remarques, réflexions, différences de parcours et d'idées que nous avons dialogué sur la fin... ou non du clivage droite/gauche.
Slovar : « Le souverainisme transcende le clivage gauche-droite », lit-on sur un blog gaulliste. N'est ce pas le seul point qui puisse vous rapprocher des gens de gauche, à défaut de les fédérer ?
NDA : Souvenez-vous de la magnifique phrase de Charles de Gaulle : « Je n'aime pas les socialistes parce qu'ils ne sont pas socialistes. Je n'aime pas les miens parce qu'ils aiment trop l'argent ». C'est exactement le sentiment qui m'anime aujourd'hui. Une fois n'est pas coutume, l'analyse du Général est intensément moderne.
Il est évident que l'amour de notre pays, la défense de l'intérêt général (avant les intérêts extérieurs) et le combat pour la liberté des français sont autant de points que je peux partager avec des gens qui se réclament de la gauche.
Aujourd'hui notamment, la critique de l'Union Européenne comme une construction illégitime depuis le viol du référendum de 2005, véritable cheval de Troie de la gouvernance globale et d'une mondialisation inhumaine, dépasse le clivage traditionnel droite gauche.
Slovar : A part le grand saut de quelques éphémères ministres « d'ouverture » et quelques socialistes en mal de notoriété (Manuel Valls ou Gérard Collomb) qu'est ce qui vous permet de d'affirmer la fin du clivage ?
NDA : L'ouverture façon Nicolas Sarkozy, c'est une preuve supplémentaire de la convergence entre l'UMP et le PS sur les questions fondamentales. Comme le disait celui dont j'étais le compagnon de route Philippe Séguin, les deux (PS et UMP) ne sont rien d'autres que des détaillants qui s'approvisionnent chez le même grossiste. Ce grossiste, c'est la pensée unique mondialisée.
Je vous rappelle que le PS a lui aussi trahi le peuple français en votant le traité de Lisbonne dans le dos du peuple français ! En fait, le clivage est tombé ce jour-là. Plus récemment, PS et UMP ont voté à main levée, une nuit à l'Assemblée, le plan de « sauvetage » de la Grèce qui ne sauve en fait que les banques et plonge le peuple grec dans la récession et la misère (baisse du salaire minimum, rigueur, etc.).
Aujourd'hui, le vrai clivage est donc entre les mondialistes (superbement incarnées à gauche par DSK) et les patriotes, c'est-à-dire tous ceux qui sont attachés à l'État-nation, cadre de la démocratie et garant de la liberté des peuples.
Slovar : Vous vous revendiquez comme l'héritier du gaullisme. De Gaulle qui proposait la participation des salariés aux bénéfices des entreprises et affirmait que « la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille ». Que ferait l'héritier du gaullisme, une fois président de la République, face à un MEDEF qui refuse toute ouverture de dialogue ou d'amélioration des conditions salariales ou de travail ?
NDA : Justement, il faut que le politique reprenne le pouvoir sur l'économique ! Vous verrez dans mon programme présidentiel pour 2012 (à venir NDR ) que cela se traduit par de nombreuses mesures concrètes, allant de la défense de l'exception agricole à l'OMC pour l'agriculture française à la nationalisation d'une banque en France.
En fait, toute action politique devrait tendre à favoriser l'économie réelle et l'emploi sur nos territoires. Or, nous sommes dans un système totalement fou où le financier l'a emporté sur l'économique ! L'euro en est le meilleur exemple : c'est une monnaie génétiquement conçue contre les peuples au service des banquiers, instrument d'une oligarchie mondialiste qui cherche à imposer son pouvoir contre les démocraties nationales.
Les élites françaises auront donc même été jusqu'à sacrifier l'Europe sur l'autel d'une monnaie destructrice d'emplois (mais au service de la finance). C'est dire si le politique doit impérativement reprendre le pouvoir !
Slovar : A première vue, votre « projet politique » disponible sur votre site ressemble à une compilation des meilleures propositions ... des autres partis politiques ! Entre autres : protectionnisme économique - sortie de l'euro- énergies vertes - baisse des charges sociales - participation des salariés - taxe Tobin - rétablissement des frontières. C'est vrai qu'on peut y retrouver quelques idées de gauche, mais dans vos « 101 propositions » du 6 octobre 2009 - Chapitre « Rebâtir l’école du mérite » vous proposez, comme l'UMP de : « Conditionner le versement des allocations familiales à l’assiduité scolaire, ainsi que l’accès au statut d’étudiant à un suivi réel du cursus universitaire », n'est ce pas justement une différence forte, un clivage avec la gauche ?
NDA : Cela sera encore mieux précisé dans notre projet pour 2012, mais si la gauche c'est « aucune répression sous prétexte que seule la prévention est efficace », alors oui, c'est un vrai clivage. Mais je ne crois pas que la répression soit exclusive de toute prévention ! Bien au contraire... Chacune se renforce de l'autre. Chacune est la condition nécessaire de l'autre.
Si vous regardez bien, sur de nombreux sujets, comme la participation par exemple, je suis plus à gauche que le PS. Quand on voit que François Hollande semble considérer la nationalisation d'une banque comme un crime.... C'est au contraire une mesure de salut public.
Slovar : A la proposition 35 du même chapitre, vous proposez de « créer dans le cycle secondaire des classes d’excellence où seront admis les élèves les plus méritants ». Est ce bien le rôle de la République de créer des « ghettos » d'intelligence ? Et un nouveau clivage avec la gauche ?
NDA : J'explique dans mon discours de la convention nationale pour l'école républicaine (6 février 2011) justement l'exact contraire. La question est à contre sens, j'ai affiné ma réflexion sur le sujet (ce n'est pas votre faute) : en fait, ce sont tous les lycées de la République qui doivent être des lycées d'excellence. Ce que vous décrivez est effectivement un formidable aveu d'échec.
Slovar : Dont acte ! Pour en revenir à votre « projet politique », on peut y lire dans « Redonner aux français le goût de vivre ensemble » la proposition suivante : « En conditionnant l’aide au développement pour les pays pauvres au contrôle de leurs frontières et en limitant l’octroi des prestations sociales sur notre territoire. » N'y voyez-vous pas une divergence majeure avec la gauche ?
NDA : Il existe en effet une gauche « internationaliste » qui est en pratique l'idiote utile du MEDEF. Car avec une idéologie sans frontière, et par exemple la régularisation des sans-papiers, on tire les salaires des ouvriers à la baisse ! C'est très bon pour une certaine catégorie de patrons sans scrupules, et très mauvais pour les artisans, les commerçants et autres patrons de PME bien ancrés dans l'économie réelle !
Les flux massifs d'immigrés profitent directement au « grand capital » pour paraphraser une certaine gauche et désavantagent directement les plus pauvres. C'est donc un comble pour la gauche de défendre les sans-papiers ! J'y vois une trahison du « peuple de gauche », qui ne vote d'ailleurs plus PS et que Mélenchon a pour mission de rabattre vers le PS.
En fait, profondément, vous confondez frontières et barrières. La frontière, ce n’est pas un mur ! La frontière, c’est au contraire le vaccin contre le mur. Là où il y a un faible et un fort, le faible réclame toujours une frontière. L’idéologie mondialiste et sans frontière, c’est au contraire l’idéologie du puissant contre le pauvre, c’est la loi du plus fort contre le faible.
Ce n'est quand même pas compliqué de comprendre que pour résister dans une mondialisation inhumaine - qui nous met en concurrence avec des esclaves chinois - soit on s’aligne en terme de salaire horaire et de nombre d’heures travaillées, soit on se protège ! (1)
Slovar : Pourriez-vous joindre votre voix à la gauche, lorsque celle-ci s'oppose à la remise en cause du temps de travail (48H00 maximum), une réforme globale des contrats de travail et de certains pans du Code du travail, comme les seuils sociaux, proposés par Hervé Novelli au nom de l'UMP ?
NDA : J'ai dénoncé la réforme des retraites telle que ficelée par Eric Woerth et j'ai voté contre à l'Assemblée. Vous avez votre réponse. Je dénonce d'ailleurs le mythe de l'allongement de la durée de la vie, qui permet de faire passer les plus graves régressions sociales pour légitimes.
Slovar : Le cumul des mandats est un débat fort à gauche. Le mandat national unique est-il selon vous une bonne solution ? Si oui, seriez-vous prêt à abandonner certains de vos mandats, au nombre de trois, si mes informations sont bonnes ?
Je vois une vraie complémentarité entre les mandats de député et de maire. En revanche, je serais prêt à abandonner mon mandat de président d'agglomération le cas échéant, car il est moins décisif dans l'intérêt de mes administrés.
Merci Nicolas Dupont-Aignan.
Rédigé par J-C Slovar
(1) Nicolas Dupont-Aigan nous a confié qu'il devrait publier le 31mars, aux éditions du Rocher L'Euro, les banquiers et la mondialisation : l'arnaque du siècle.
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Chevènement veut renforcer les liens entre peuples français et algérien
08/03/2011 15:05
Dépêche AFP, mardi 8 mars 2011, 12h12.
Nouveau président de l'association France-Algérie, le sénateur Jean-Pierre Chevènement a affirmé mardi vouloir renforcer les liens entre les peuples français et algérien dans la perspective de la célébration en 2012 du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie.
"Le cinquantenaire de l'indépendance risque d'être pollué" par les contentieux du passé "et je veux qu'on garde les yeux rivés vers l'avenir", a déclaré l'ex-ministre socialiste à quelques journalistes. "L'objectif de l'association, créée en 1963 par le général de Gaulle, est de maintenir la fortification du lien franco-algérien", a-t-il ajouté.
Sur les mouvements sociaux qui touchent aujourd'hui l'Algérie après avoir défait des pouvoirs en Tunisie ou en Egypte, Jean-Pierre Chevènement s'est montré prudent en faisant valoir que son association ne travaillait pas "au niveau étatique" mais au profit des peuples.
Il a promis "une voix différente", en soulignant son attachement pour l'Algérie où il était sous-lieutenant dans la région d'Oran pendant la guerre.
"Il y a énormément de choses à faire et il nous faut essayer d'avoir des approches communes". Outre l'économie, "terrain principal" de coopération pour lequel les entreprises françaises devraient être davantage mobilisées, "si on pouvait se raconter l'Histoire d'une manière accessible" entre Français et Algériens, les liens s'en trouveraient resserrés, a-t-il estimé.
Ancien ministre socialiste de l'Industrie, de l'Intérieur et de la Défense, Jean-Pierre Chevènement a enfin indiqué prévoir un déplacement à Alger en mai et l'organisation d'un colloque en fin d'année à Paris. Il est aujourd'hui président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC).
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Avec l’Europe « unisexe », les femmes paieront plus cher leurs assurances !
08/03/2011 10:00
La Commissaire européenne Viviane Reding vient de saluer comme « un grand jour pour l’égalité des femmes » l’arrêt du 1 mars 2011 de la Cour Européenne de Justice qui va entraîner au détriment des femmes, l’augmentation des tarifs d’assurances pour les voitures et l’assurance-vie ! Nouvelle victoire pour la logique d’Ubu au pays de l’UE.
Les assureurs ont pour métier d’établir des « classes de risques » et de fixer leurs barèmes en conséquence.
Les conducteurs automobiles mâles, statistiquement, ont un taux d’accident significativement plus élevé que les femmes. C’est un fait : Ainsi, en France, plus de 70% des accidentés morts au volant sont des hommes.
En matière d’assurance-vie, les femmes sont plus économes puisqu’elles vivent un peu plus longtemps. C’est peut-être regrettable dans la logique « unisexe » (terme utilisé par les magistrats européens), mais c’est un fait statistique. La directive du conseil européen 2004/113 sur l’égalité entre femmes et hommes dans l’accès aux biens et services autorisait les Etats –raisonnablement- à moduler les barèmes par sexe, si celui-ci était « un facteur déterminant » de risque. Excluant seulement les conséquences de la maternité qui ne pouvaient (heureusement) être pénalisées.
Saisissant le prétexte d’une demande d’association belge, la cour européenne de justice, monomaniaque de l’abaissement des Etats-nations, a proclamé le principe de l’assurance unisexe ( !). La Cour, dans son fédéralisme dogmatique, considère que la latitude laissée aux Etats et aux systèmes nationaux d’assurance n’est plus conforme au Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne et à une interprétation ubuesque de la Charte des droits Fondamentaux.
Les femmes paieront encore plus cher à partir de 2012. Des rêveurs peuvent toujours croire que les hommes bénéficieront de l’assurance « unisexe » : c’est ignorer le faible degré de concurrence dans le secteur !
La devise fédéraliste est « Unis dans la diversité ». Comprenons uniformité, absurdité, « unisexité ».
Mais leur « unisexité » est à sens unique : Pas d’égalité réelle des salaires, des rémunérations, des carrières ou des retraites. Ils disent progression alors que nous ne voyons que régression.
Par Michèle Vianès,
déléguée DLR pour le droit des femmes
http://www.debout-la-republique.fr/Avec-l-Europe-unisexe-les-femmes.html
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La Libye bombardée à coups de superlatifs
08/03/2011 09:46
Gare aux nouveaux Timisoara
Le monde entier a les yeux rivés sur la Libye et on n’y voit rien. À vrai dire, on ne comprend guère plus. Le tableau dressé par les médias est pour le moins terrifiant: Kadhafi est en train de perpétrer un massacre contre sa propre population grâce à l’usage massif de ses chasseurs-bombardiers et de ses mercenaires. Or, trois semaines après l’éclatement de la crise, aucune preuve sérieuse n’a corroboré cette version des faits.
Que les choses soient claires : nul – en tout cas pas moi – ne songe à défendre Kadhafi et encore moins à minimiser la gravité de la situation en Libye, laquelle est bel et bien en proie à la guerre civile, soit un des pires fléaux qui soient. Est-il pour autant malséant de poser quelques questions de bon sens ?
La première, et la plus importante, est celle des victimes. Peut-on parler aujourd’hui d’un massacre généralisé en Libye ? La réponse est très probablement négative. Il est évidemment difficile et délicat de définir le terme de massacre mais c’est pourtant nécessaire. Le nombre de morts en Libye depuis le 15 février n’est pas certain, mais l’ordre de grandeur est de quelques centaines, dont à peu près les deux tiers durant le déclenchement des événements actuels (17-20 février). Depuis, les combats et escarmouches entre pro et anti-Kadhafi se sont soldés par un nombre relativement réduit de victimes. Dans la bataille pour le contrôle de la ville d’Az Zawiyah, on compte 120 morts des deux côtés. Après plus de dix jours de combats en milieu urbain dans une ville de 300 000 habitants, il est difficile de qualifier ce drame, incontestable, de « massacre » et encore moins de « génocide », comme on commence à l’entendre ça et là.
La deuxième question porte sur l’usage fait par Kadhafi de sa force aérienne. Selon son fils Saïf al-Islam, les chasseurs-bombardiers libyens sont utilisés par le pouvoir uniquement pour détruire les dépôts d’armes et empêcher les rebelles de s’en emparer. Aussi surprenant que cela puisse être, Kadhafi junior ne ment pas. Il faut savoir que l’armée libyenne, relativement modeste en nombre (quelque 50 000 soldats dont la moitié de conscrits) est en revanche très largement suréquipée. Pour des raisons politiques et peut-être aussi psychiatriques, le Frère guide a acheté sans compter chars, canons lourds et autres joujoux similaires. Du point de vue du régime, cet armement disséminé un peu partout dans le pays est incontestablement aujourd’hui une menace mortelle. En revanche, on possède très peu d’éléments tendant à prouver la réalité d’un bombardement systématique de civils et encore moins de certitudes permettant d’étayer une rumeur répandue dans l’opinion publique depuis le début de la crise selon laquelle les avions de Kadhafi tireraient sur des foules de manifestants. Et avec tout le respect qu’on lui doit, les certitudes rapportées par BHL de son week-end en Lybie ne constituent pas une preuve.
Reste la question des mercenaires. Depuis des semaines, on nous parle de combattants – notamment subsahariens – recrutés par Kadhafi pour noyer la révolution dans un bain de sang. Du point de vue des rebelles, cette histoire est parfaitement compréhensible : si cela est vrai, Kadhafi n’a aucun soutien populaire et il ne s’agit donc pas vraiment d’une guerre civile, mais d’un peuple unanime chassant un tyran défendu uniquement par des baïonnettes étrangères. Seulement, après trois semaines de crise, les preuves de la présence de mercenaires sont minces et controversées. Dans l’est du pays, aux mains des rebelles depuis plus de 15 jours, aucun mercenaire – mort ou prisonnier – n’a été présenté à la presse. Force est de reconnaitre que pour le moment ce phénomène est peut-être marginal, à moins qu’il relève plus du fantasme politique – tout à fait compréhensible – d’une population en état de crise et de guerre civile que d’une réalité militaire.
Pour autant, le pire peut arriver, d’autant plus que Kadhafi n’a pas encore vraiment dégainé et que son armée régulière n’entre que tardivement dans la danse. Mais on peut déjà observer l’approximation – pour être aimable – de la couverture médiatique de cette guerre dont l’émotion planétaire qu’elle suscite semble empêcher la compréhension. C’est que nous sommes devenus accros aux superlatifs et aux hyperboles qui nous offrent l’occasion de compatir et de nous indigner à bon compte, face à nos téléviseurs. Entre « rien à signaler » et « génocide », nos lexiques semblent être singulièrement démunis. Les adjectifs automatiques (le feu est toujours « nourri », les armes – tout comme les pertes – souvent « lourdes » et chaque combat « acharné ») sont devenus autant d’obstacles à l’analyse. Or, nous sommes exactement dans le genre de situation – tyran fou, peuple privé de parole pendant des lustres, anarchie généralisée – où il faudrait être prudent, voire suspicieux sous peine de découvrir de nouveaux Timisoara à Tripoli ou Benghazi.
Que pèsent ces précautions minimales face au bombardement médiatique ? Rien, ou presque. L’hystérie alarmiste ne connaît aucune limite, et la pression monte dans les opinions qui somment leurs gouvernants d’agir vite pour sauver le peuple libyen. Une fois de plus, la course à l’émotion pourrait inciter les puissances occidentales à se lancer dans une aventure périlleuse. Pour elles, mais aussi pour les Libyens.
Gil Mihaely
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