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Dans C Politique, Dominique de Villepin donne un avant-goût de son projet présidentiel (2/2)
12/04/2011 08:10
Fiscalité, Revenu citoyen, Institutions: la suite des propositions énoncées par Dominique de Villepin, ce dimanche, lors de l'émission C Politique sur France 5.
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Fiscalité
"Sur la politique fiscale, le gouvernement malheureusement en 2007 est parti du mauvais pied. En matière fiscale, le point de départ, c'est la justice. La fiscalité, elle a vocation à la fois à remplir cette obligation de justice, une juste répartition des richesses dans un pays riche, et malheureusement les choses sont très inégalement réparties et deuxièmement, elle a vocation à être efficace, c'est-à-dire permettre à notre pays de fonctionner dans les meilleures conditions. De ce point de vue là, l'impératif de justice n'est pas satisfait. (...)
Je pense que les classes moyennes ont une charge encore trop lourde et trop inégale par rapport à ce que les contribuables les plus riches paient. Donc il faudra renforcer les tranches les plus élevées de l'impôt sur le revenu, notamment pour les 500.000 contribuables les plus aisés.
De la même façon pour les grandes entreprises, en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, ma conviction, c'est qu'à partir d'un taux affiché de 33%, la réalité pour les grandes entreprises, nous la connaissons, c'est un taux très inférieur, parfois même inférieur à 20% alors que beaucoup de PME doivent, elles, payer ce taux de 33%.
Mais pour moi, la clé, c'est la simplification allant de pair avec la justice. Et je suis pour un impôt sur le revenu couplé aux revenus du patrimoine, donc impôt sur les revenus du travail couplé aux revenus du patrimoine, qui soit un véritable impôt citoyen, donc un impôt très simple, très lisible, très progressif et moderne qui puisse permettre à chacun d'affirmer sa citoyenneté."
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Citoyenneté
"Dans mon esprit, parce que vous le savez, la grande mesure que je propose, c'est le revenu citoyen (donc pour chaque Français qui n'a aucune ressource, une garantie de 850 euros), ce que propose, c'est que chaque Français paie l'impôt, même à titre symbolique.
Pour moi, le citoyen, c'est quelqu'un qui doit remplir plusieurs obligations: une obligation de vote (et je suis donc pour que le vote, dans notre pays, devienne obligatoire, cela fait partie de la citoyenneté), une obligation de payer l'impôt (payer l'impôt, c'est un acte citoyen) et qu'en contrepartie, parce que c'est une exigence de dignité dans un pays riche, on puisse assumer les besoins essentiels de chacun de nos compatriotes, parmi ceux qui rencontrent le plus de difficultés et c'est donc ce revenu garanti. C'est un changement total dans l'organisation de la société française. (...)"
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Equilibre institutionnel
"Nous sommes en train de préparer une échéance de 2012, partant de 40 années ou 30 années qui ont été des années difficiles et qui ont toutes été marquées par une insatisfaction des Français devant la politique. La capacité d'un homme politique de tirer les leçons de l'expérience, vous pourriez poser la même question à tous ceux qui ont été au gouvernement depuis 30 ans... C'est une évidence qui s'est imposée à moi depuis 4 ans: la politique doit changer. Et quel a été le déclic, parce que moi, je suis comme beaucoup de Français? En 2007, j'ai cru que Nicolas Sarkozy, quelles que soient mes différends avec lui, quelle que soit la différence de nos tempéraments et de nos caractères, j'ai vraiment pensé qu'avec son énergie, il changerait le choses (...) et rappelez-vous, en 2007, les Français pensaient que réforme après réforme, nous allions redessiner le paysage français, tout ceci, il faut le reconnaître, rajouté à une formidable crise économique et financière, avec les conséquences sociales que l'on connaît.
Aujourd'hui, il faut prendre acte de cette situation, repenser nos outils politiques. Parce que vous pourriez me dire, j'ai été Premier Ministre, oui, bien sûr, mais j'ai pas été le même Premier Ministre que François Fillon. J'avais d'autres pouvoirs que les pouvoirs du Premier Ministre actuel. Mais mon constat, c'est que si vous ne rénovez pas en profondeur la politique, et c'est pour cela que je pense qu'il faut aujourd'hui un gouvernement avec 10 ministres, qu'il faut aujourd'hui réduire les régions métropolitaines de 22 à 8 grandes régions.
J'ai été Premier Ministre, il y avait 22 grandes régions métropolitaines et qu'est-ce que j'ai constaté, eh bien que ces régions étaient trop petites, qu'elles ne pesaient pas en Europe, qu'elles ne pesaient pas dans le monde. J'ai constaté que le Président de la République présidait un Conseil des Ministres de façon parfaitement formelle, aujourd'hui comme hier. Je souhaite que le Président puisse aussi présider un Conseil territorial, réunir tous les 15 jours les Président de Région avec le Premier Ministre pour définir pour nos territoires une vision stratégique dans la mondialisation. (...)
Quand vous réunissez les Présidents de Région (...), ce n'est pas la centralisation, c'est donner une capacité stratégique à nos Présidents de Région, c'est aller jusqu'au bout de la décentralisation. Ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui, quel que soit le Président de la République élu en 2012 (et c'est ce qui me fait de la peine avec le projet qui vient d'être publié du Parti Socialiste), c'est que cela ne changera rien. Vous ne pouvez pas, si vous ne changez pas les outils, si vous ne refondez pas politiquement, économiquement et socialement la France, vous ne pouvez pas être efficace, parce que vous n'avez pas les leviers. C'est aujourd'hui cela.
Alors vous dites: "j'ai changé". Oui, j'ai année après année pris mesure de l'impuissance politique française. Alors on peut, soit faire des propositions absurdes, c'est le cas du Front National: mais après tout, est-ce qu'on peut en vouloir aux Français, alors même qu'ils voient que les gens raisonnables n'y arrivent pas, de se dire: "eh bien, essayons ceux qui proposent des idées absurdes!"
Moi je pense qu'il faut changer la donne, se doter des outils, définir des propositions audacieuses et les mettre en oeuvre: c'est la seule façon de donner à notre pays une chance dans la mondialisation. Sinon, on baisse les bras et on fait comme beaucoup d'autres pays européens, on se livre pieds et mains liés au populisme."
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/04/12/1865-dans-c-politique-dominique-de-villepin-donne-un-avant-gout-de-son-projet-presidentiel-2-2
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Le catholique, voilà l’ennemi ! Il ne veut pas de viande halal le vendredi
12/04/2011 08:03
« Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson le vendredi par respect pour la laïcité. » La phrase est prêtée à Roland Ries, sénateur-maire (PS) de Strasbourg, qui aurait répondu ainsi à des parents d’élèves lui demandant pourquoi les restaurants scolaires de sa ville servent de la viande halal, mais ne font pas maigre le vendredi. En moins d’une journée, la saillie du maire de Strasbourg a fait le tour de la cathosphère, suscitant des réactions allant de 1 à 7 sur l’échelle de Hessel.
J’avoue, pour ma part, avoir beaucoup de mal à prêter quelque crédit à la réalité des propos du maire de Strasbourg. Seul un alpiniste aguerri pourrait atteindre un tel Himalaya de la sottise. Or, Roland Ries n’a pas de piolet, mais une agrégation de Lettres. Il connaît le sens des mots.
Au cas où il aurait réellement fait cette réponse déconcertante, on lui conseillera de réviser son catéchisme. La consommation de viande halal n’est pas un trait de la « diversité » culturelle, mais une prescription formelle du Coran tout entière contenue dans la célèbre Sourate La Table. Quant à l’abstinence carnée du vendredi, elle est édictée au canon 1251 du Code de droit canonique : « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l’année, à moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. »
Donc, dans l’un et l’autre cas, nous avons affaire à deux prescriptions religieuses. Se pose alors une question : en quoi l’une menacerait la laïcité, tandis que l’autre serait un hymne irénique à la diversité ? L’islam serait-il plus divers que religieux ? Attention ! Le zemmourisme guette : on vous dit aujourd’hui que les prescriptions alimentaires sont une question de diversité quand elles sont musulmanes, demain on vous chantera que la plupart des musulmans sont arabes ou noirs… Et que faire des coptes, des maronites, des syriaques, des arméniens et des guèzes établis à Strasbourg et qui font maigre le vendredi : ne sont-ils pas aussi « divers » dans leurs provenances et leur pratiques culturelles que le premier musulman venu ?
Pourquoi ce qui est concédé à certains au nom de la « diversité » ne le serait pas à d’autres en vertu du même principe ? C’est que la « diversité » dont il est question n’est pas un principe, mais le un strict synonyme d’islam. Toutes les religions menacent la laïcité, à l’exception de la musulmane. Et ça, ça ne fait pas débat, comme on dit à l’UMP.
N’empêche, affirmer que l’abstinence carnée est une menace contre la laïcité : on n’avait pas vu ça depuis le petit père Combes, quand les laïcards se distinguaient chaque vendredi en faisant ostensiblement bombance de gras. Nous en sommes donc revenus à ces temps-là : le catho qui ne mange pas de viande halal le vendredi, voilà l’ennemi !
Toutes ces questions liées à l’islam rendent fou. Parfois par électoralisme, parfois par simple bêtise, elles font perdre à chacun l’usage du sens commun.
Et le sens commun, en matière de laïcité, c’est que la question religieuse n’entre pas dans l’École de la République. Elle n’a pas à y mettre les pieds, ni à y pointer son nez. Rien à cirer que l’on y serve de la viande le vendredi et qu’elle ne soit pas halal ou casher le reste de la semaine : la seule question qui se pose, dans l’École de la République, c’est de savoir si le petit Pierre, le petit Mohammed ou la petite Sarah savent lire, écrire, compter.
Tout le reste n’a aucune importance. Tu manges ce qu’on te sert ! Et si tu n’en veux pas, c’est la même chose. Il y a une bonne raison à cela : la vocation première de l’École, c’est de nourrir ses élèves, mais pas de nourritures terrestres. À la rigueur, on peut leur servir un verre de lait par jour, aux gosses. Mais uniquement parce qu’on est bon et qu’on a gardé par-devers soi un vieux fond mendésiste.
Lorsqu’on a la cervelle tourneboulée par le multiculturalisme, on en vient à servir du halal dans les cantines, du casher et du je-ne-sais-quoi encore. Un jour, c’est les parents d’un petit hindou qui s’indignent que l’on serve du veau aux repas. Le lendemain, c’est un rastafari végétarien qui pleure à côté de son copain taoïste parce qu’il y a de la viande tout court à la cantoche. Et vous finissez avec le rejeton d’une famille pratiquant le cannibalisme rituel ; et là vous ne savez rien dire d’autre que : « Non, ne bouffe pas le cuistot ! Et retire mes doigts de ta bouche. »
François Miclo
http://www.causeur.fr/le-catholique-voila-lennemi,9489
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La présidentielle, une élection en 3D
12/04/2011 07:50
L’élection présidentielle est un scrutin d’un genre particulier. Dans les pays où elle permet de désigner au suffrage universel direct le véritable chef de l’exécutif, elle revêt même un caractère exceptionnel. Elle met en effet en jeu trois dimensions très différentes de l’action publique que doit impérativement et simultanément maîtriser le candidat s’il veut l’emporter.
La première de ces dimensions, horizontale, est celle de la représentation. Le candidat à l’élection présidentielle est celui d’un camp et le plus souvent d’un parti. Il défend un programme et des propositions qui représentent des intérêts identifiables (ceux de classes sociales traditionnellement) et situés dans l’espace politique national. Il se bat sur des enjeux conflictuels et des clivages ; ceux-ci étant souvent l’héritage d’une tradition et d’un mouvement historique portés par un parti.
La deuxième dimension, verticale, de la présidentielle, c’est l’incarnation. Le candidat est le futur président de tous les Français, il doit donc incarner tout à la fois le pays dans sa diversité, la République et la Nation. Il doit s’adresser à la société dans son ensemble, en mettant en avant voire en exaltant des principes unificateurs et des valeurs qui rassemblent les Français, par-delà leurs différences et au-delà de leurs divisions politiques, économiques et sociales.
La troisième dimension, en profondeur, est celle de la narration. Le candidat à l’élection suprême doit raconter une histoire. La particularité et la difficulté ici est que cette histoire doit être simultanément adressée à son camp et au pays et qu’elle doit être la même. Il doit également s’agir d’une histoire dans laquelle le candidat inscrit la sienne propre, tout en dessinant, par la puissance de son verbe et grâce à la cohérence de cette histoire avec son action et son comportement, une vision d’avenir pour le pays qu’il prétend conduire.
La représentation : un programme de gouvernement et des enjeux conflictuels
Lors d’une élection présidentielle, le candidat est d’abord le porteur des valeurs, des intérêts et des idées de son camp. C’est par lui que passe la synthèse des courants et des sensibilités qui le traversent. C’est pourquoi le programme du candidat doit s’appuyer sur celui de son parti et plus profondément sur sa tradition et son histoire, aussi ancienne et complexe soient-elles. Ce qui implique qu’il puisse librement s’approprier les propositions émanant de son camp quand il n’a pas tout simplement ordonné ou dirigé la rédaction du programme qui sera le sien en même temps que celui de son parti.
La particularité déterminante de cette dimension représentative tient au caractère nécessairement conflictuel des enjeux qu’un tel programme met en avant. Des enjeux qui distinguent, par exemple, nettement la gauche de la droite. C’est en effet dans cette dimension que se joue l’identification du candidat à un camp et la différenciation avec l’autre camp. Un candidat à l’élection présidentielle doit donc être capable de mettre en évidence les points saillants de son programme, ceux qui le distinguent de son ou ses adversaires.
Ainsi, par exemple, pour le candidat du Parti socialiste à l’élection française, un programme présidentiel doit-il impérativement traiter de l’égalité, des mesures fiscales destinées à améliorer la justice sociale, du rôle de l’Etat ou encore de la défense du service public. Sur ce dernier point, en particulier, se démarquer de la droite en la matière suppose notamment de s’opposer à la fois à la réduction aveugle des effectifs, à la privatisation et aux méthodes de management inadaptées.
De tels axes programmatiques, articulés autour de clivages, doivent être peu nombreux afin de jouer pleinement leur double rôle d’identification et de démarcation. L’essentiel étant, dans cette dimension de la représentation, de bien mettre l’accent sur la différence avec l’adversaire, d’insister sur ce qui distingue et sépare, qu’il s’agisse de diagnostic ou de proposition. La représentation des intérêts de son camp et la dimension programmatique ne pouvant en aucun cas faire l’objet d’un discours consensuel.
L’incarnation : des principes communs et des enjeux consensuels
En France, le candidat à la présidence de la République doit se considérer, dès le premier tour, comme le potentiel futur « président de tous les Français » selon l’expression consacrée. Il doit donc dès la campagne du premier tour elle-même – et pas seulement entre les deux tours –, montrer qu’il est capable de dépasser les frontières de son propre camp sur certains enjeux et en certaines occasions. Ceux-ci fonctionnent comme des points de rassemblement des Français qui ne supportent pas qu’on trivialise ou qu’on instrumentalise une telle dimension à des fins partisanes. C’est pourquoi le candidat doit être capable, très rapidement dans la campagne, d’incarner le pays tout entier en mettant en avant les valeurs et les enjeux consensuels. En se posant, par exemple, en garant d’institutions républicaines qu’il doit impérativement respecter et valoriser.
Il s’agit très souvent d’éléments symboliques qui unissent les Français malgré leurs divisions politiques, économiques ou sociales : l’esprit républicain, la continuité historique du pays, la construction nationale, etc. Le candidat doit démontrer, par exemple, sa capacité à saisir, dans la profondeur historique, la construction nationale française. Ainsi, un candidat de gauche à l’élection présidentielle qui proposera, dans la dimension représentative, une vision égalitaire de la société ancrée dans l’héritage révolutionnaire, devra-t-il être capable, dans le même temps, de comprendre et de « dire », comme Péguy : « La République, notre royaume de France ». Il devra montrer qu’il est capable de prendre en charge la totalité de ce qu’est la France, dans son entier et dans sa complexité.
C’est un point essentiel pour la gauche et pour les socialistes en particulier, car ils ont largement abandonné depuis François Mitterrand cette dimension d’incarnation et d’unification, par-delà les divisions nationales, en privilégiant quasi-uniquement la dimension représentative – celle-ci étant empreinte de surcroît d’un économisme et d’un technocratisme délétères. Ils ont commis cette erreur fondamentale en raison notamment d’une conception faussée de ces enjeux qu’ils perçoivent comme conflictuels. La Nation a été abandonnée à la droite, et souvent à une droite extrême, en raison du danger nationaliste ; la République a été délaissée de la même manière parce qu’elle ne serait plus un « modèle » efficace pour intégrer les différences identitaires ou encore parce que son « universalisme » a pu être un synonyme d’oppression et de domination plutôt que d’émancipation dans le passé ; la laïcité est souvent apparue comme dépassée en raison de « l’évolution de la société », notamment du fait d’un problème nouveau et spécifique que poserait l’islam par rapport aux autres religions dans le cadre national.
Dans cette perspective, un candidat socialiste à l’élection présidentielle doit au contraire, pour retrouver la dimension d’incarnation, réinvestir ces trois terrains (Nation, République, laïcité). Car ils sont non seulement un élément-clef de la construction historique du socialisme mais surtout, plus largement, un héritage commun des Français, le socle du contrat social qui les unit. Le candidat à l’élection présidentielle doit donc être le porteur de l’idéal républicain et de la continuité de l’exigence laïque tout en étant celui qui comprend l’histoire nationale dans tous ses aspects, et incarne in fine la Nation (et pas seulement l’Etat !) aux yeux de ses concitoyens et à l’étranger. Pour ce faire, le candidat doit impérativement donner tous les signes d’une parfaite compréhension et d’une maîtrise intime de ces valeurs. Son langage et sa tenue en public, l’utilisation de références communes du patrimoine culturel et historique mais aussi la connaissance des débats sur l’Histoire doivent être des préoccupations majeures pour lui dans la campagne, en particulier lors de moments d’expression solennels ou médiatiques.
La narration : la mise en cohérence et la vision d’ensemble
La narration, c’est ce qui permet à la fois d’unir les deux dimensions précédentes et de donner une cohérence à une candidature à l’élection présidentielle. Ce n’est pas seulement de la communication politique ou du storytelling, cela va bien au-delà. C’est à la fois la capacité de dire les choses avec des mots qui parlent à tous, directement, c’est-à-dire un langage qui soit à la fois authentique et prospectif. Cette dimension passe bien évidemment par le candidat lui-même, par sa personnalité propre, par ce qu’il est, par ce qu’il fait et a fait, par ce qu’il dit de lui et ce que son histoire personnelle dit de lui. Il s’agit d’un rapport intime et sincère, entre ce qu’est le candidat (sa vie, sa carrière, les valeurs qu’il a toujours portées…) et ce qu’il propose.
Le moindre décalage, en raison d’une insincérité ou d’un manque d’authenticité notamment, peut le condamner aux yeux de l’opinion, que ce soit immédiatement ou à terme. Cette dimension peut donc difficilement être « jouée ». L’exemple de Nicolas Sarkozy en 2007 est de ce point de vue tout à fait frappant. Il a joué pendant la campagne un personnage en décalage par rapport à ce que ce qu’il est réellement, à la manière dont il perçoit et veut accomplir les choses. Ce jeu a contribué avec d’autres éléments (son programme et son discours d’incarnation) à la réussite de sa campagne et à son élection. Mais ce décalage entre l’image et la réalité ne lui a pas permis ensuite de présider dans de bonnes conditions. On peut mentir, de ce point de vue, pendant quelques semaines mais assurément pas dans la durée et surtout pas une fois au pouvoir lorsqu’il faut agir et décider et plus seulement discourir. Il faut donc que dès la campagne, « l’authenticité à lui-même » du candidat apparaisse aux yeux des Français. Il faut « parler vrai » en parlant de soi.
Cette dimension prend tout son sens à travers l’histoire que raconte au pays, à ses concitoyens et aux électeurs, le candidat. Non pas simplement une histoire personnelle, sur le mode biographique (et surtout pas hagiographique ou anecdotique…), mais plutôt sur la manière dont cette histoire personnelle peut rejoindre celle du pays, la manière dont elle se fond dans celle-ci et dont elle l’illustre à la fois : héritage familial, parcours scolaire, engagement politique, carrière, goûts…
En s’inscrivant ainsi personnellement dans l’histoire collective, le candidat peut dessiner un avenir pour le pays, et celui-ci peut à son tour se projeter dans cette candidature. C’est cette troisième dimension qui permet de lier les deux premières et de former un ensemble à la fois complet et cohérent : à travers elle, il représente et incarne à la fois. Ce qui favorise l’identification non seulement de ceux qui voteront pour lui parce qu’ils le suivent sur son programme (la représentation) mais également de ceux qui, même s’ils ne votent pas pour lui en raison de ce programme, lui feront malgré tout confiance pour être présent dans les grandes occasions et dans les moments difficiles, qui lui sauront gré de ne pas faire honte au pays mais plutôt d’en exposer aux yeux de tous une image digne, appréciable et respectée (l’incarnation). On peut ne pas être d’accord avec un candidat, trouver que son programme est contraire à ce que l’on pense, croit ou à des intérêts bien compris tout en le respectant, en lui faisant confiance pour l’essentiel. C’est dans cette perspective de décalage entre les deux premières dimensions que la narration joue son rôle primordial.
Laurent Bouvet
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La bataille à la tête d’Europe écologie : Nicolas, Eva, Daniel et les autres
12/04/2011 07:39
La bataille à la tête d'Europe écologie, pour la candidature en 2012, se poursuit. Dans le cadre de la primaire d'Europe écologie - les verts, Nicolas Hulot est toujours déterminé à se présenter à la présidentielle. Alors que pourtant, l'option d'une candidature hors-parti semblait être à l'étude. Il faut dire que Nicolas Hulot n'a pas du tout apprécié, la décision du conseil du mouvement, d'organiser la primaire en juin avec les seuls adhérents, la stratégie étant transparente. En tout cas, Hulot ou Joly, ce n'est pas tranché. Ce qui est l'occasion d'analyser ces querelles internes aux verts, qui ne sont pas inintéressantes. Mais qui dévoilent aussi de nombreuses contradictions.
Un animateur de TF1, présentateur de l'émission Ushuaïa, ou une juge célèbre. Une vedette de la télé et de certains sondages ou une héroïne de film, un truc de communicant ou un truc de communicant. Il faut le reconnaître, les verts ont aussi une posture étonnante. Car ils donnent des leçons de vertu à toute la classe politique, sur le cumul des mandats, la parité ou la démocratie interne / participative. Mais en même temps, ils sont les meilleurs élèves des “spin doctors du marketing politique“. Ils ne respectent même pas la tradition de la gauche, qui privilégie le chef de parti élu par la base partisane, chère historiquement à cette tendance de l'échiquier politique. Et Nicolas Hulot, pas plus qu'Eva Joly, ne sont des militants blanchis sous le harnais, ni des élus locaux ayant oeuvré au service de leurs concitoyens. Ils sont l'un et l'autre de pures inventions médiatiques et sondagières. La fureur dissimulée d'Eva Joly n'est que la fameuse farce de l'arroseur arrosé, voyant débarquer Nicolas Hulot dans sa cour, la logique de la vedette qui trouve sur son chemin, plus médiatique qu'elle.
Par contre, la fureur de Nicolas Hulot est non dissimulée, devant la limitation arbitraire du corps électoral. Qui prouve que les apparatchiks d'Europe écologie, sont prêts à tous les coups tordus pour l'écarter. Les règles du jeu recentrent ainsi la bataille interne, autour des soutiens traditionnels des verts, mais éloignant certains soutiens d'Hulot et le grand public de TF1, au bénéfice d'Eva Joly. D'où le très habile entretien accordé par l'ancienne magistrate, dans le cadre du débat sur la laïcité, en profitant pour défendre ses positions multiculturalistes, très en vogue chez les bobo parisiens et les militants associatifs, mais qui horrifient l'électorat populaire. L'objectif est sinon la présidentielle. Mais dont les verts se moquent, en réalité, comme de leur dernière éolienne. La présidentielle n'est vue par eux, qu'à travers la nécessité impérieuse de pérenniser leur appareil et d'engranger des députés aux législatives, et les subventions qui vont avec, pour alimenter les caisses de leur parti. D'où leur va-et-vient permanent et épuisant, entre grandes fresques millénaristes, de sauveurs de la planète et spécialistes attestés de l'écologie, et leurs querelles mesquines d'appareil. Et les électeurs le sentent, leurs candidats ne faisant d'ailleurs, que de piètres scores à la présidentielle. En 2007, Dominique Voynet avait fait 1,57 %.
Seul Daniel Cohn-Bendit pourrait paradoxalement incarner le destin national du mouvement - bien que citoyen allemand -, fondé sur son passé passé mythifié d'héros générationnel de Mai 68. Auquel s'ajoute ses positions politiques d'aujourd'hui, libérales, européistes et multiculturalistes. Il n'est pas le meilleur, mais peut-être le seul candidat politique, de cette mouvance écologique. Mais hélas pour eux, il refuse d'incarner le père, même indigne.
JD
http://llanterne.unblog.fr/
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Exclusif: Guéant a-t-il accusé trop vite Estrosi ?
12/04/2011 07:34
Soupçonné de vouloir faire payer aux contribuables une note personnelle de blanchisserie, Christian Estrosi est rapidement la cible des critiques, notamment de Claude Guéant. Seulement voilà, la facture correspondait bien à une dépense pour les employés du ministère de l'Outre-mer, ministère qui a eu à sa tête le maire de Nice.
Lorsqu’il s’agit de prendre la défense de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, mise à mal dans le dossier Tapie, le gouvernement se dresse comme un seul homme. Epinglé pour une sombre histoire de facture de blanchisserie par la Cour des Comptes, ancien ministre de l’Industrie et maire UMP de Nice, n’a pas bénéficié du même traitement. C’est le Journal du Dimanche qui a ouvert le feu contre le perdant du dernier remaniement, qui ne compte pas que des amis dans la majorité. Cible : les frais de pressing qu’il aurait engagé alors qu’il était ministre de l’Outre mer, en 2007. « Les magistrats s’interrogent sur 40 000 euros de dépenses, dont 14 000 euros de blanchisserie », annonce le JDD le 3 avril dernier. Et tous de tomber à bras raccourcis sur le vilain petit canard amateur de beaux costumes…
D’où est partie cette torpille ? Dans son courrier, le socialiste Didier Migaud, patron de la cour des Comptes, explique que « L’Etat ne doit pas prendre à sa charge des dépenses de caractère privé, quelle qu’en soit la nature », après avoir expliqué que le montant total des dépenses de blanchissage s’élevait à 7 600 euros pour 2007, « dont 4 600 imputés sur les dépenses de cabinet à la rubrique "frais de représentation" ».
Sans prendre la peine de vérifier plus avant, Claude Guéant, à peine arrivé Place Beauvau, venait deux jours plus tôt d’adresser un courrier sévère à Estrosi, lui intimant l’ordre de solder ses frais de pressing. Lettre à laquelle l’élu n’avait pas encore eu le temps de répondre…
Vérifications faites, l’histoire est un peu plus compliquée. Les factures en question ne concernent pas seulement Christiant Estrosi, mais également François Baroin et Hervé Mariton, ses deux prédécesseurs au ministère de l’Outre-mer, auxquels Guéant aurait également dû demander leur part. L’imperméable Burberry, le gilet de complet, le pantalon, la cravate en soie et le manteau nettoyés le 3 janvier 2007 ne peuvent en effet appartenir qu’au ministre alors en poste Rue Oudinot, en l’occurrence Baroin, aujourd’hui porte-parole du gouvernement et ministre du Budget. « Factures manifestement personnelles », tranche la Cour des comptes. Comme celles concernant les vestes, pantalons, parkas et cravates en soie nettoyés à sec le 2 novembre 2007, cette fois pour le compte d’Estrosi.
Ulcéré par le traitement que lui a réservé la Place Beauvau, l’ancien ministre est monté à Paris pour une séance d’explication au sommet. Les factures de la boutique Sèvres Pressing (extrait ci-dessous), conservées dans les archives du ministère de l’Outre mer, montrent que les fameuses cravates en soie sont en réalité celles que portent les huissiers, alors que les vestes en toile seraient celles du « petit » personnel. De quoi alimenter moult discussions de chiffonniers dans les alcôves gouvernementales.
De source sûre, l’affaire a été jugée assez sérieuse par le ministre de l’Intérieur pour que soit déclenchée une inspection générale de l’administration… A suivre.
Frédéric Ploquin - Marianne
Facture de « Sèvres Pressing »
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