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Et maintenant vous y croyez toujours aux sondages ?
06/07/2011 08:55
Depuis des mois, les sondeurs nous annonçaient que N.Hulot était ultra-favori dans la primaire écolo, qu’il allait passer au premier tour, qu’Eva Joly était au fond du trou, qu’elle devait se retirer…Et patatra, la mère fouettarde à lunettes rouges est passée à 65 voix de la désignation au premier tour. Sacré claque pour l’animateur reconverti à la dure réalité de la politique. Et tous les sondeurs de nous expliquer la logique de l’erreur, de nous expliquer pourquoi ils se sont trompés hier…
Outre la question de l’échantillon testé, le plus drôle est quand même le raisonnement du fameux J.Fourest de l’IFOP pour justifier l’erreur : la popularité de N.Hulot devait permettre aux Verts de faire un gros score à la présidentielle et que cela valait bien quelques entorses à leurs convictions, N.Hulot était donc logiquement en tête dans les enquêtes sur la primaire écolo. Mais que lorsqu’il a commencé à être testé, les Verts se sont aperçus qu’il ne ferait pas mieux qu’E.Joly et donc les militants se sont reportés sur celle qui était plus proche de leur conviction. Ainsi ce sont donc les sondages qui ont fait que les sondages n’étaient pas bon…Dans ce cas, faut-il vraiment sonder les sondés sur des sondages dont les sondeurs savent que les sondés seront influencés par les futurs sondages ? Vous avez bien compris la manœuvre, vendre du sondage…
Il est intéressant de relever aussi les incohérences des sondages comme par exemple dans le dernier sondage d’IPSOS, les votes pour NDA sont dans l’hypothèse d’Aubry 3,8 pour artisans, commerçants et chefs d’entreprise et cela tombe à 0 quand c’est Ségolène Royal. Ou encore, NDA est à 1.3 chez les 35-44 ans quand c’est Aubry et 0 quand c’est Hollande. A moins que les sondés artisans, commerçants et chefs d’entreprise détestent Aubry au point de voter NDA mais lui préfèrent Royal, je ne vois pas comment cela est possible. De même que les 35-44 ans doivent en vouloir à Aubry mais adorer Hollande. On pourrait multiplier les exemples avec les différents instituts et les croiser entre-eux : là où CSA donne un bon score chez les +65ans, Harris Interactive donne 0 mais 2% chez les -25ans… Et comme par hasard, au final le score de NDA finit dans tous les cas à…0.5% pour IPSOS, à 1% pour Harris Interactive et les autres sondeurs osciellent entre 0.5% et 2%. Si cela n’est pas joli les statistiques…A se demander si cela n’est pas fait exprès et prévu à l’avance.
Ou encore, on peut regarder de plus près l’étude Harris Interactive qui avait tant de bruit en plaçant pour la première fois Marine Le Pen devant Sarkozy. D’ailleurs, vous avez vu comment les sondages sur la présidentielle tombaient tous les 2 jours avant les élections cantonales alors que désormais qu’on se rapproche de la présidentielle, il n’y en a plus qu’un par semaine au maximum. Mais revenons à notre étude Harris Interactive. Donc une 1ère étude faite du 28 février au 3 mars sur un échantillon de 1618 personnes donne 23% à Marine Le Pen (soit 372 personnes). Devant le tollé, Harris Interactive décide de tester DSK et Hollande du 5 au 6 mars sur 1347 personnes et cela porte Marine Le Pen a 24% dans les 2 cas (soit 323 personnes). Et peu de temps après, une étude sort sur les motivations du vote Le Pen faite du 28 février au 6 mars, ce qui laisse penser sans trop se tromper qu’il s’agit d’une sous-étude des 2 précédentes et non pas d’une étude différente. Et là miracle, l’échantillon est de 427 personnes…soit celles qui ont répondu qu’elles voteraient Marine Le Pen au deux précédentes. Mais bien loin des 696 (372+323) auxquels on pourra s’attendre. Si on recalcule le résultat global de Marine Le Pen, on obtient 14.4% (427/(1618+1347)). 23% à la place de 14.4%, jolie correction des sondeurs en faveur de la représentante du FN. Ne posons même pas la question qui fâche : au détriment de qui s’est faite la correction ?
Tout cela pourrait être drôle si cela n’était pas grave. Car dans notre démocratie malade, les sondeurs biaisent totalement le jeu électoral en influençant les électeurs et les médias (qui basent les temps de parole des personnalités politiques sur le poids supposé par les sondages). Ce sont par exemple, ces sondages totalement biaisés qui permettent à Apathie ou Elkabach de dire que NDA est un « n’importe qui » ou encore qu’il ne représente rien et ainsi ne donnent pas à notre président un temps de parole suffisant dans les grands médias pour faire connaitre nos opinions…Il est grand temps que les sondages soient contrôlés strictement avec une obligation de publication des données brutes. Il est grand temps aussi que les médias arrêtent de regarder ces sondages pour en déduire un état de l’opinion…Attendons patiemment l’ouverture de la campagne de la campagne présidentielle où les temps de parole seront mieux équilibrés et nous récolterons les fruits de nos idées, de notre lucidité et de notre engagement, comme lors des européennes ou encore des régionales avec à chaque fois des scores 4 fois supérieurs à ce qu’annonçaient les sondages…
Nicolas Calbrix
DLJ Val d’oise
http://debout-les-jeunes.fr/blog/07/2011/2219/et-maintenant-vous-y-croyez-toujours-aux-sondages/
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Les petits cadeaux « électoraux » du Sénat aux professions de santé ?
06/07/2011 08:42
Mis sous pression par un lobby de syndicats de professionnels de santé, les sénateurs ont récemment supprimé un article, adopté par l'Assemblée Nationale, qui aurait permis aux mutuelles de mieux rembourser leurs adhérents ! « (...) Suivant l'avis de la commission des Affaires sociales, les sénateurs n'ont pas accordé aux mutuelles la possibilité de contracter directement avec des professionnels de santé pratiquant des tarifs raisonnables, ou se conformant à des critères de qualité. Des accords considérés comme gagnants-gagnants par la Mutualité Française car en échange d'engagements, ils profitent de la clientèle des mutuelles (...) » Ecrit la Mutualité Française
Le texte voté en première lecture par l'Assemblée Nationale : « (...) devait remettre les mutuelles sur un pied d’égalité avec les sociétés d’assurances et les institutions de prévoyance, en leur permettant de moduler les remboursements selon le professionnel de santé choisi par les adhérents (...) »
Si cette décision du Sénat a provoqué la colère de la Mutualité Française qui a fait part de son : « vif mécontentement » et du réseau Santéclair (Allianz, Maaf, MMA, MGP et Ipeca) qui affirme que celle-ci : « compromet l’avenir des réseaux de soins et nuit gravement à l’intérêt des complémentaires » Du côté des syndicats professionnels d'opticiens, on crie victoire !
Extraits de l'article publié sur acuite.fr : « Portail des décideurs de l'optique »
« Réseaux : la plupart de vos syndicats saluent une victoire au Sénat et continuent la bataille (...) Christian Roméas, président du SynOpe (Syndicat des opticiens sous enseigne) salue « une victoire », tout comme Dr. Jean-Bernard Rottier, son homologue du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France). Alain Gerbel, président de la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France), se félicite aussi de l'impact de la mobilisation majeure contre cette mesure : la pétition demandant sa suppression a réuni plus de 6 000 signatures et de nombreux élus ont été alertés sur ce dossier. Le Casopi (Syndicat des centrales d'achat au service des opticiens indépendants), qui a largement relayé cette action, sese réjouit également de cette première bataille gagnée (...) »
« de nombreux élus ont été alertés sur ce dossier » et de quelle façon ?
Et bien, la Fnof avait rédigé un argumentaire : « à utiliser pour expliquer/appuyer sa démarche auprès d'un député/sénateur » cet argumentaire est toujours disponible dans un des forums daté du 21 Mai 2011 du site acuite.fr
« POUR LA SUPPRESSION DE L’ARTICLE 22 DE LA PROPOSITION DE LOI FOURCADE. Contenu : Cet article modifie le Code de la mutualité. Il autorise les mutuelles à mieux rembourser les adhérents qui se font soigner par un professionnel, un établissement ou un service qui fasse partie d’un réseau de soins avec lequel ces mutuelles ont passé un accord.Origine : Voté par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen de la proposition de loi Fourcade. Initiative du député Yves Bur (député UMP du Bas-Rhin) (...) » et la Fnof de préciser en fin de texte le : « Mode opératoire » à destination des élus
1. Appeler le sénateur ou député (Monsieur le Député/Madame le Député ou Monsieur le Sénateur/Madame le Sénateur) – contacter sa permanence parlementaire. Eventuellement le rappeler s’il n’est pas joignable ou disponible. Insister pour prendre un rendez-vous téléphonique. 2. Lui exposer les raisons de votre appel en allant à l’essentiel : Il faut supprimer l’article 22 de la proposition de loi Fourcade qui lèse les professionnels, les patients en menaçant l’accès aux soins de proximité et en créant un marché captif 3. Puis revenir sur les 3 arguments principaux qui sont ceux qu’il pourra reprendre. 4. Si possible, lui faire parvenir une note qui en fasse le résumé (cf. exemple ci-joint) 5. Remplir le fichier Excel joint pour permettre un suivi de l’opération globalement (...) »
A noter quelques idées et suggestions faites par des participants au forum dont celle-ci : « il me semble qu'il faut mettre aussi comme conséquence , une perte d'emplois - c'est un point + qu'important - et il faudrait le chiffrer (...) que la profession licencie 30% des opticiens , et qu'elle n' offre plus d'emplois aux diplômés sortant tous les ans des écoles ? ça, c'est leur problème et ça les concerne »
Menaces et pressions qui ont été efficaces puisque, les sénateurs ont supprimé l'article en question.
Et même si, nous dit L'Argus de l'assurance : « (...) le texte doit encore être examiné en deuxième lecture à l’Assemblée du 6 au 8 juillet (...) » on ne pourra que constater que les sénateurs sont d'une grande « sensibilité » électorale ces derniers temps.
« Sensibilité » dont ils ont fait preuve à l'égard d'autres professions de santé (clientèle traditionnelle de l'UMP) comme nous l'apprend la Mutualité Française. On été supprimées : « (...) toutes les mesures contraignantes pour les médecins : déclaration des congés, remplacements dans les zones sous-dotées sous peine de sanctions financières, obligation pour les dentistes d'afficher le prix d'achat des prothèses (...) Concernant la taxe de 50 centimes d'euro sur les feuilles de soins papier, les sénateurs ont renvoyé le sujet aux négociations conventionnelles, qui doivent s'achever le 30 septembre (...) »
Navrant, en cette période d'austérité budgétaire qui impose à beaucoup de patients des restrictions de soins. Sensation confirmée par Valérie Segond, journaliste à La Tribune qui constate que : « (...) Décidément, cette grande proximité entre l'élu et le médecin coûte très cher au pays (...) » ... le prix d'un mandat électoral ?
SLOVAR
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Nicolas Sarkozy et la campagne du panda
06/07/2011 08:22
Nicolas Sarkozy a-t-il déjà plié la présidentielle 2012 ? A ce rythme de non révélation d'un prétendant ayant l'audace de dessiner un avenir différent susceptible de lever l'enthousiasme, le Président sortant peut transformer 2012 en une succession de premières fois et soulever une nouvelle adhésion. 2012 pourrait être la campagne du panda : un solitaire au rythme lent qui voit les autres perdre souffle ou même ne pas l'avoir dès l'origine.
"Ils se plantent tous les uns après les autres" : c'est le commentaire le plus répandu chez tous les professionnels actuellement pour parler de la pré-présidentielle.
Pas un prétendant n'installe sa marque.
Parmi les candidats, il n'y avait aucun nouveau né mais ils font déjà usés avant même que la campagne véritable n'ait débuté.
Martine Aubry a raté son faire part de naissance. François Hollande ne trouve pas son second souffle. Ségolène Royal est restée sur la "campagne d'avant".
DSK est durablement ailleurs et probablement définitivement.
A droite, ce sont les alternatives toujours virtuelles mais pas encore affichées expressément comme si le jour d'après était impossible à assumer.
Dans cette pseudo-compétition, Nicolas Sarkozy semble d'une autre division.
Il mène la campagne du panda : solitaire au rythme désormais lent mais terriblement assuré comme s'il observait d'un oeil malicieux la fragilité de tous les autres ...
Plus que jamais la présidentielle 2012 montre bien l'importance du timing.
Et si contrairement aux prévisions des dernières années, 2012 devenait une "non-campagne" faute de participants aptes à la faire vivre avec le suspens qui fait le sel de tels matchs ? La question mérite de commencer à être posée.
http://exprimeo.fr/article/6996/nicolas-sarkozy-et-la-campagne-du-panda.htm
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Blair, Trichet ou le rêve d'un « Empire d'Europe »
06/07/2011 08:13
Où l'on apprend que Tony Blair, autrefois «caniche de Busch», fait la promotion de l'Europe-puissance, tandis que Jean-Claude Trichet reçoit le prix Charlemagne. Un parfum d'empire pour Pierre Lévy.
Merci Tony. Depuis qu’il avait dû s’exfiltrer du 10 Downing Street pour cause d’impopularité record, Anthony Blair semblait discret. Le voilà qui réapparait à la faveur d’un entretien tonitruant (1) où il lâche sans ambages : « la raison d’être de l’Europe, ce n’est pas la paix, c’est la puissance ».
Venant de celui qui gagna outre-Manche le sobriquet de « caniche de Bush », cet aveu est le bienvenu : il pulvérise l’ânerie selon laquelle une Europe intégrée permettrait « de tenir tête aux Américains » ; et il constitue un admirable coup de poignard dans le dos des innombrables adeptes de l’inusable antienne selon laquelle « l’Europe, c’est la paix ». Pas du tout, affirme donc celui qui semble toujours guigner le fauteuil d’Herman Van Rompuy : il faut une Europe intégrée pour affronter les puissances émergentes.
Certes, M. Blair est loin d’être le premier à rêver d’une « Europe-puissance » ; mais jusqu’à présent, une telle rhétorique semblait plutôt relever de gesticulations velléitaires. Certes, les agressions occidentales n’ont pas manqué ; mais les principales n’étaient pas conduites sous le drapeau de l’Union européenne, voire soulevaient en son sein plus d’une contradiction.
On aurait tort, cependant, de prendre la sortie de l’ancien premier ministre britannique à la légère. Pour trois raisons au moins. La première est que ce dernier, en matière de guerre, n’est pas qu’un théoricien. La deuxième a trait à la présente configuration géopolitique mondiale. Il y a vingt ans tout juste, 1991 fut l’année charnière : première guerre du Golfe et disparition de l’URSS – l’imminence de celle-ci rendant possible le déclenchement de celle-là. On peut ensuite dérouler le film : 1991-1995, dislocation sanglante de la Yougoslavie, ostensiblement encouragée de l’extérieur ; 1999, trois mois de bombardements sur la Serbie ; 2001, invasion de l’Afghanistan ; 2003, seconde guerre du Golfe. Et ces derniers mois, tout paraît s’accélérer, depuis la capture du président Gbagbo jusqu’au pilonnage de la Libye. Dans ce dernier pays, les dirigeants occidentaux semblent déjà vouloir humer le cadavre du Colonel Kadhafi, mêlé à une charmante odeur de pétrole. Et l’on ne jurerait pas que la Biélorussie ne soit pas bientôt dans le collimateur.
La troisième raison pourrait être trouvée dans un livre de Robert Cooper, présentement conseiller personnel de Catherine Ashton (actuelle chef de la diplomatie européenne, qui doit sa carrière à M. Blair), mais qui fut surtout l’inspirateur de la politique étrangère blairiste. En 2002, le diplomate écrivait : « toutes les conditions pour l’impérialisme sont là (…) le faible a plus que jamais besoin du fort, et le fort a besoin d’un monde ordonné. (…) Ce dont on a besoin, c’est d’une nouvelle sorte d’impérialisme, qui soit acceptable dans le contexte des droits de l’homme et des valeurs cosmopolites ». Quelques lignes plus loin, il précise son propos : « l’Union européenne postmoderne correspond à cette vision d’un empire coopératif ».
Cet éloge de l’état d’esprit impérial n’aurait pas déplu à Jean-Claude Trichet. Celui-ci vient de se voir décerner le prix… Charlemagne. Le président de la Banque centrale européenne a saisi l’occasion pour lancer l’idée d’un ministre européen unique des finances (perspective immédiatement saluée par le Commissaire Michel Barnier, et l’ancien Commissaire Pierre Moscovici). Au fond, rien de plus logique : un empire qui entend affirmer sa puissance à l’extérieur doit veiller à ce que l’ordre économique règne chez ses propres sujets.
Pour l’heure, les inventeurs historiques de la démocratie, les Grecs, sèment le trouble. Au point d’inquiéter la diète impériale. Ainsi, l’eurodéputé allemand (chrétien-démocrate) Elmar Brok mettait récemment en garde : « ou bien l’UE devient plus forte et plus efficace ; ou bien, dans trois ans, elle se désagrègera comme le Saint-Empire romain germanique » (2). La comparaison est édifiante.
Et la prédiction, réjouissante.
Pierre Lévy
(1) The Times, 09/06/11 (2) Süddeutsche Zeitung, 16/06/11
Retrouvez Pierre Lévy sur le site du Nouveau BRN.
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L’affaire DSK : leçons de choses
05/07/2011 17:03
A l’heure où l’accusation de viol contre Dominique Strauss-Kahn s’effondre au point qu’on annonce un abandon pur et simple des poursuites, beaucoup de questions se posent encore pour toutes celles et ceux qui dès le début ont exprimé leur scepticisme, à commencer par une majorité de français si on en croit les enquêtes d’opinion publiées depuis son arrestation.
Si l’ancien directeur du FMI a été l’objet d’une manipulation, est-elle antérieure ou postérieure aux faits avérés ? A t-elle pu trouver sa source dans le seul milieu de dealers new-yorkais ? L’instantanéité de l’arrestation, de la mise en accusation sur des charges très lourdes, de l’exhibition télévisée du prévenu en situation de coupable indiscutable relève-t-elle du seul “emballement” judiciaire et médiatique américain ?
Il n’y aura peut-être jamais de réponses à ces questions. Mais ce qui est plus intéressant, c’est ce que l’affaire révèle du climat français sur trois questions essentielles : la dégénérescence de la vie politique, le débat sur l’avenir de notre système judiciaire, et la place du médiatique.
La dégénérescence de notre vie politique
En quelques heures, dans le pays des droits de l’homme et du citoyen, l’individu Dominique Strauss-Kahn a été placé en situation de symbole d’une oligarchie au dessus des lois. Il n’en était pas, nous a t-on dit, à son coup d’essai. S’il fut jusque là épargné de toute poursuite, c’est grâce à la protection multiforme que s’accorde entre eux les puissants.
Eric Woerth, Frédéric Mitterrand, Christine Lagarde, et comme eux autrefois Roland Dumas et bientôt peut-être Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy dans l’affaire de Karachi : tous coupables parce que tous pourris ? Tous innocents ? Peut-être pas. Mais il y a depuis des années ce glissement progressif : de la remise en cause d’un système, en effet oligarchique, où pouvoirs politique, financier et médiatique se concentrent bel et bien dans les mains d’une petite minorité aux revenus exponentiels tandis que la France s’appauvrit. On passe à la criminalisation des individus au nom de la morale. La recherche de boucs émissaires se substitue au débat sur le profond changement de cap politique et économique dont nous avons besoin.
Toute l’histoire de France depuis un siècle, comme celle du monde, devrait pourtant servir de leçon : la substitution de la morale à la politique a toujours été un formidable effet de diversion qui a en définitive servi ceux qu’on prétendait combattre.
La morale -encore faudrait-t-il en définir les contenus - est une dimension du débat public. Mais si elle vient remplacer la loi et la politique, elle conduit à la manipulation des signes et des symboles qui profite à ceux-là mêmes qu’elle dénonce de façon sélective au gré des “affaires”. Et si on veut y réfléchir, on peut observer que la principale charge dans cette direction ne vient pas du “populisme”, mais bien du système oligarchique lui-même, et où le réflexe de Marine Le Pen d’être la plus radicale à faire de Dominique Strauss-Kahn un coupable à l’avance agit comme un appoint et non comme une opposition.
L’avenir du système judiciaire français
La dénonciation du système d’instruction français , où un juge indépendant enquête à charge et à décharge, où le parquet agit au nom du ministère public mais ne prononce pas la mise en examen, a été dénoncé aussi bien par l’oligarchie française ( le pouvoir du juge d’instruction serait exorbitant surtout s’il s’en prend à des personnalités) que par l’Union Européenne qui considère que les procureurs ne sont pas des “vrais” magistrats, soupçonnés d’être aux ordres, comme si les responsables politiques, seuls élus, n’avaient pas pour devoir d’avoir une véritable “politique pénale”, dés lors que la justice n’est justement pas un pouvoir qui est indépendant parce qu’il ne relève pas du suffrage universel, mais une autorité dont les décisions le sont . Quand au secret de l’instruction, au motif qu’il serait bafoué par les médias, il serait obsolète.
Toutes les tentatives récurrentes pour supprimer le juge d’instruction, juge indépendant qui agit et protège aussi bien les présumées victimes que les présumés coupables, tendent toutes à nous faire dériver vers un système “attaque-défense” où les procureurs, devenus une institution indépendante de l’autorité publique, conduisent les enquêtes à charge, tandis que la défense agit en sens inverse.
La complaisance télévisuelle dans l’affaire Strauss-Kahn a été l’occasion rêvée de peser dans cette direction. La mise en scène de l’inculpation a plus que distillé l’idée de l’impartialité de la justice américaine, sévère pour les puissants comme pour les pauvres, alors que notre système “secret” protégerai les nantis.
On a vu ce qu’il en est en fait : un juge, qui plus est élu, et donc à la recherche permanente de sa réélection, est sous la pression constante non pas d’abord de son devoir fixé par la loi, mais de cette pieuvre informe qu’est l’opinion publique du moment. Dans ce système “attaque-défense”, c’est le prévenu fortuné qui est favorisé, lui qui a justement les moyens d’une contre-enquête sérieuse. Que serait devenu dans ce système un prévenu qui n’aurait pas eu les moyens de Dominique Strauss-Kahn ? Poser la question, c’est y répondre.
La morale schizophrène américaine, pays des injustices sociales extrêmes, produit un système judiciaire qui ne protège pas les justiciables, mais remet leur condamnation aux lois du marché, et où les couloirs de la mort sont remplis de pauvres, noirs, et où régulièrement l’innocence des exécutés par une procédure aveuglée par la recherche du bouc émissaire est révélée des années plus tard : voilà où nous ne devons pas aller.
La futilité médiatique
On en dira autant du rôle des médias dans notre société. On pourrait lire avec amusement l’éditorial du “Monde” du 2 Juillet qui fait “l’éloge de la lenteur ”et de la prudence quand on le compare au billet d’un de ses rédactrices en chef un mois plus tôt.
Tirant les leçons de l’affaire le 27 mai 2011, Sylvie Kaufmann y écrivait, au sein d’un article au style faussement nuancé propre aux colonnes de son journal : “ C’est un fait difficilement contestable : en considérant le comportement privé de la classe politique comme hors sujet, même lorsqu’il jette une ombre évidente sur la personnalité de l’élu ou du ministre, la presse ne fait pas son travail ”.
Elle y regrettait que “ Nous avons une loi interdisant l’atteinte à la vie privée, mais nous n’avons pas de loi sur la liberté de l’information (sic) sur le modèle de celle qui, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, force l’administration à s’ouvrir. Lorsqu’il y a évolution en la matière, c’est sous l’effet de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.”
Nous passerions ainsi d’une presse d’information à une presse de surveillance, parachevant ainsi la prise du pouvoir des médias ce sur ce qui n’est déjà plus une démocratie politique, mais deviendrait un système d’opinion ou des citoyens manipulés par des chasses aux sorcières sélectives selon les besoins du moment seraient priés de confirmer dans les urnes, en réalité par un vaste sondage à échelle réelle, les réponses voulues aux questions formatées au préalable.
Exagération ? Mais il suffit de voir comment le même journal relaie la Commission Européenne et la nouvelle directrice du FMI dans leur exhortation à voir l’opposition grecque abdiquer tout refus de la mise sous tutelle de leur pays pour constater que la logique médiatique est une : l’avènement d’une époque post-démocratique qui renvoie le suffrage universel à une pure apparence , tolérée seulement dans la mesure ou elle ne contrarie pas les exigences de la course folle et infinie au profit maximum
Idole d’avant-hier, démon hier, nouvelle idole peut-être demain, on ne nous dit évidemment rien pendant tout ce temps de la réalité de la politique dont Dominique Strauss-Kahn s’est fait le continuateur au FMI et qu’il appliquerait par malheur demain à la tête de la France.
S’il n’y pas de “populisme” dans une partie du monde anglo-saxon, c’est qu’il est déjà organisé par le pouvoir lui-même comme écran de fumée moral et comme meilleur garant en dernier ressort de sa stabilité. C’est là qu’on veut nous entraîner et où nous n’irons pas.
François MORVAN Vice-président de Debout la République
http://www.debout-la-republique.fr/L-affaire-DSK-lecons-de-choses.html
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