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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Les fous de la corbeille

17/07/2011 19:09

Les fous de la corbeille


Il y a dix jours, sur RTL, Jean-Pierre Raffarin a osé mettre sur le même plan l’avis des électeurs et l’avis des prêteurs. Gérald Andrieu, de Marianne, a signé un beau papier dénonçant cette prise de position. Malheureusement, il y a d’autres fous de la corbeille, comme le prouve ce papier de Pascal Salin.

L’adoubement de la corbeille

Il fallait avoir le cœur bien accroché pour écouter l’ancien Premier Ministre jeudi dernier : « au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs ». L’UMP semble vouloir indiquer que voter socialiste pourrait remettre en question le crédit de la France sur les marchés financiers et pour les agences de notation.

Ce faisant, ils ne se rendent même pas compte de la schizophrénie de leur discours, puisqu’ils critiquent les agences tout en évoquant leur jugement pour déconsidérer leurs adversaires. Mais le plus hallucinant est clairement le fait de mettre sur le même plan les électeurs et les prêteurs. S’il ne s’agit pas de faire n’importe quoi avec ces derniers, les mettre sur le même plan est extrêmement choquant d’un point de vue démocratique ce qu’un ancien Premier Ministre aurait du voir.

L’ayatollah néolibéral

C’est un commentateur de mon blog qui m’a signalé ce papier proprement incroyable de Pascal Salin, professeur d’économie à Dauphine. Il est toujours intéressant de savoir comment ses adversaires pensent, mais là, j’avoue que cela dépasse complètement tout ce que je pouvais imaginer. Il affirme ainsi que « supprimer la progressivité de l'Impôt sur le Revenu et augmenter un peu la TVA serait donc justifié, mais relever la TVA sans autre contrepartie serait de la pure folie ».

Cette interview a au moins le mérite de dévoiler le fond d’un certain courant de pensée, qui ne recule devant aucun mensonge pour défendre ses idées. L’impôt sur le revenu ne représente que 2.5% du PIB, moitié moins qu’il y a vingt ans. Ensuite, évoquer des taux d’imposition de 80 à 90% est quand même totalement ridicule quand on sait qu’il y a un bouclier fiscal à 50% ou si on suit les travaux de Landais et Piketty qui ont démontré la dégressivité de notre imposition passé un certain seuil.

Malgré tout, on peut remercier Jean-Pierre Raffarin et Pascal Salin de leur franchise : cela permet de comprendre le fond de la pensée néolibérale, sa vision de la démocratie ainsi qu’un certain rapport aux inégalités et à l’impôt.

Laurent Pinsolle

 http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/






Les arbres qui cachent la forêt

17/07/2011 13:25

Les arbres qui cachent la forêt


Nous savons bien, nous , que les tapages médiatiques sont d’opportuns fumigènes

Et pourtant !
Pour la troisième fois , R.T.Erdogan a remporté les élections législatives le 12 juin , et va pouvoir ainsi élaborer la nouvelle constitution dont le principe avait été accepté au referendum du 12 septembre 2010 à 58 %, grâce au vote des anatoliens .Ce qui implique la fin de l’esprit kemaliste , cependant que les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’U.E. se poursuivent , son pavillon à Bruxelles étant déja sorti de terre .
Silence , Kate et William se marient à Londres

Et pourtant !
La guerre supposée « éclair « en Lybie se poursuit , achevant de grossir notre dette et d’user le matériel militaire à disposition de nos soldats malgré les avertissements des responsables; coût pour la France : 87 millions d’ € en trois mois , tout cela pour ne probablement pas empêcher une scission Tripolitaine -Cyrénaïque , la Lybie n’étant qu’un artifice de l’impéritie occidentale .
Silence , Albert épouse à Monaco une charmante Zélandaise

Et pourtant !
Passé inaperçu en ce soir de bals non plus musette mais « techno » , un bref communiqué a fait état d’une » réflexion sur l’impôt » dans les prochains jours : serait on à la recherche d’un nouveau Joseph Caillaux , radical et inventeur de l’impôt sur le revenu ? Ou du célèbre petit pistolet de son épouse ?
Antique Athéna , que ne nous réclamera t on pas en ton noble nom ?
Silence , le tour de France occupe les écrans….
Non , cette cette fois le feu de Bengale a pris l’eau.
Soixante dix ! Soixante dix morts ‘pour la Patrie », comme certains osent le dire ? Non , soixante dix soldats français morts à la place d’américains , en supplétifs pour zones à haut risque, si ce n’est en distributeurs de tapis de prière ou de la bonne parole . Apres la parade présidentelle filmée de la veille , la tardive concertation ministerielle sur leur sécurité , les figures inquiètes : l’Afghanistan tue proportionnellement plus que la guerre d’Algére , où il fallait protégér un million de Français et de vrais enjeux économiques . Avec quel résultat ?
A l’évidence , on perd à partir sans avoir vaincu , plus qu’à rester sans vraiment vaincre .C’est le piège où il ne fallait pas tomber.
Mais il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne….
ALCESTE , 14 juillet 2011





Télévision, zapping et barbarie

17/07/2011 13:18

Télévision, zapping et barbarie


Quels sont donc ces enfants que nous avons engendrés, et qui sont tellement insensibles qu’ils peuvent s’entretuer, ou tellement en souffrance qu’ils peuvent se suicider ? Certains diront une fois encore qu’il ne s’agit que de faits divers, et que la société médiatique nous fait apparaître ce qui, autrefois, nous échappait. Certains diront que la violence juvénile, et même enfantine, a toujours existé, mais qu’elle nous frappait moins du temps où personne n’avait l’idée d’imaginer que les enfants étaient forcément innocents. Peut-être.
Mais qui dira qu’il n’est pas inquiet de voir cette jeunesse, qui, plus que tout autre génération, bénéficie d’un accès au savoir inégalé et de conditions de vie plutôt confortables – même dans ces quartiers défavorisés où l’on vit bien mieux que dans les bidonvilles des années 1960 – sombrer parfois dans le nihilisme et la violence, très souvent dans l'angoisse et la souffrance ? Tout en se gardant de trop généraliser, on peut s’interroger sur ces phénomènes, suicides d’enfants, pratiques addictives, coups, blessures et parfois tortures infligées sans la conscience d’avoir commis un acte grave.
Un livre publié au mois de février dernier, TV Lobotomie, apporte une part de réponse à ces interrogations. Dans ce livre vif et d’une clarté confondante, Michel Desmurget, chercheur en neurosciences à l’INSERM, bat en brèche cette idée reçue selon laquelle aucune étude ne prouverait fermement les effets délétères de la télévision, notamment sur la porosité des enfants à toutes ces formes de violences qui défilent sur le merveilleux écran. Car le chercheur a recensé les très nombreuses études – surtout anglo-saxonnes, puisque nous répugnons à voir les choses en face – prouvant que la plus populaire des inventions du siècle passé influence le destin des enfants que l’on colle devant avec bonne conscience, les prédisposant aux carences linguistiques, à l’échec scolaire, à l’obésité, aux grossesses précoces…
Bien sûr, il n’est pas question de prétendre que tous les maux de nos sociétés occidentales proviennent de ce seul outil. L’enfant souffrant au point de mettre fin à ses jours pour une mauvaise note, le garçon suffisamment déstructuré pour frapper à mort un jeune de son âge, sont avant tout le produit d’une déficience grave de l’entourage et de la société dans son ensemble. Mais le moins que l’on puisse dire, à lire les travaux décryptés par Michel Desmurget, c’est que la télévision aide largement à ce résultat. Tous ces scientifiques qui, apprenant que tel village, au Canada ou en Asie du Sud Est, allait être raccordé, se donnaient les moyens d’observer les changements impliqués par la belle modernité, tous ceux qui, patiemment, ont mesuré la corrélation entre le temps passé devant la télévision et la baisse du nombre de mots de vocabulaires employés par les enfants, ou du nombre de mots échangés dans la famille – et tout particulièrement dans les milieux favorisés – tous ces scientifiques ont apporté la preuve formelle que la télévision joue un rôle essentiel dans le délitement du lien familial et social, comme dans la capacité des enfants à maîtriser leurs pulsions. Le supposé « effet cathartique » du spectacle de la violence est un doux rêve que nous servent ceux qui ont intérêt à maintenir à disposition des vendeurs de camelote le temps de cerveau des jeunes générations.
Plus intéressant encore, les études montrent que les enfants ne sont pas demandeurs de la télévision. Ce sont les parents qui les mettent devant le plus tôt possible, qu’ils aient cru les allégations mensongères sur le caractère pédagogique de telle émission ou qu’ils cherchent simplement à les tenir hypnotisés pendant qu’ils vaquent à leurs occupations. Et qui a déjà vu un petit d’un ou deux ans absorbé dans la contemplation de cet écran magique auquel il ne comprend pourtant rien (un enfant, jusqu’à neuf ou dix ans, peut rester deux heures devant un programme sans être le moins du monde capable d’expliquer ce qu’il a vu) sait que la dépendance s’installe très tôt. Or, un enfant de 2 ans qui regarde la télévision une heure par jour double ses chances de présenter des troubles attentionnels. Une statistique parmi tant d’autres…
Pire, l’illusion de contrôle que peuvent avoir les parents s’évanouit devant cette vérité : les enfants regardent majoritairement des programmes qui ne leur sont pas destinés, et qui mettent devant leurs yeux des scènes dont ils sont incapables d’analyser le sens, mais qui les imprègnent profondément. Car, chers parents, les enfants zappent. Et ils le feront d’autant plus qu’ils seront livrés à la télévision sans un adulte pour les accompagner et mettre des mots sur ce qu’ils voient.
Cette culture du zapping fait d’ailleurs l’objet d’un second ouvrage, lui aussi passionnant, et intitulé Zapping Connection. Eric de Ficquelmont, après avoir occupé le poste de directeur général adjoint de Veolia, préside aujourd’hui, à titre bénévole, le comité d’organisation du concours des Meilleurs ouvriers de France. Rien qui puisse prédisposer à porter sa réflexion vers le rôle du court-termisme dans l’organisation des sociétés occidentales contemporaines. Mais c’est sans doute cette absence de spécialisation qui lui permet de déployer une pensée globale et d’offrir au lecteur une vision originale, parce que portant sur tous les domaines de notre vie, de l’alimentation à l’éducation, en passant par les rapports amicaux ou amoureux.
La thèse d’Eric de Ficquelmont a l’apparence du paradoxe : l’être humain porte en lui cette appétence pour le zapping, l’immédiateté, mais l’a enfouie sous des siècles de sédentarité. Et le caractère totalement inédit de notre époque consiste simplement dans le fait que la technologie rend possible comme jamais dans l’histoire de l’humanité l’abandon accéléré de l’existant pour le nouveau, l’oubli de ce qui a été et l’effacement de toute continuité. Le phénomène du zapping, matérialisé par cette télécommande qui nous a sédentarisés dans notre canapé, tout en permettant le nomadisme absolu de l’attention et la dissolution de la concentration, a gagné l’ensemble de nos comportements. Il nous interdit toute véritable construction, tout avenir. A l’appui de sa démonstration, Eric de Ficquelmont multiplie les références, les exemples, et nous offre, à travers les études scientifiques et les chiffres concernant aussi bien notre porosité aux messages publicitaires que le temps que nous passons à table ou le développement de la « twitterature », une masse d’information sur nos us et coutumes de zappeurs inconditionnels.
Cependant, l’auteur n’est pas un pessimiste. Il veut croire que cette propension au changement, cette adaptation au fluctuant, est une chance à saisir. A condition de s’arrimer à des fondations solides. La culture du zapping n’est un danger que pour ces générations à qui nul n’a fourni les anticorps pour résister à pareille invasion. Elle n’est un danger que lorsque l’Education, par la famille et par l’école, n’a pas ancré dans les jeunes cerveaux ces fondamentaux qui leur donneront accès à la pérennité, au temps long, à la profondeur historique. Apprentissage de la lecture, du vocabulaire et de la grammaire : voilà les seuls armes contre ce qui peut se changer en fléau.
Parents inquiets, jetez votre télévision par la fenêtre, vous dit Michel Desmurget, ou du moins, tenez vos enfants éloignés de cette arme de destruction massive. Mais plus que tout, prévient Eric de Ficquelmont, il nous faut nous rendre maîtres de ce flux auquel nous n’échapperons pas, et qui, maîtrisé, permet toutes les audaces. Cela passe par la langue, les livres et le temps.

Michel Desmurget : TV Lobotomie, Max Milo
Eric de Ficquelmont : Zapping Connection, Timée Editions

Natacha Polony

Post-Scriptum: Amis internautes, je m'éloigne de Paris et de mon ordinateur pour la période estivale, mais vous retrouve avec plaisir au mois de septembre pour d'autres réflexions, d'autres débats, d'autres échanges. Bon été à tous.





De la (bi)nationalité

17/07/2011 13:12

De la (bi)nationalité


Voilà plusieurs semaines que cette note sur la question de la nationalité me démange. J'ai en effet hésité à me lancer, comme à chaque fois qu'il s'agit d'une opinion personnelle - que j'exprime en tant que citoyen - et non d'une analyse - avec une expertise journalistique et scientifique (n'étant pas diplômé d'une école de journalisme et me destinant originellement à la recherche universitaire). La polémique autour d'Eva Joly et de la suppression du défilé militaire du 14 juillet me fait finalement sauter le pas à la lecture d'échanges sur Twitter (entre @auroreberge, @Clio_Rouge et @nobr_).

1) Je répugne tout ce qui remet en cause l'égalité entre les citoyens Français (expression "Français de souche", extension des cas de déchéances de la nationalité pour crimes ou délits, etc.). Une personne ayant acquis la nationalité française par la procédure de naturalisation est en effet un Français comme tout compatriote l'ayant acquise par le "droit du sang" ou par le "droit du sol". Il serait donc antirépublicain de faire de cette origine un argument électoral au cas où ladite personne serait, par exemple, candidate à l'élection présidentielle.

2) J'estime toutefois que pour diriger un État il faut exclusivement posséder la nationalité de cet État. C'est vrai en France comme à l'étranger: cela me choque qu'une personne possédant une double nationalité (en l'occurrence Eva Joly) soit candidate à la présidence de la République si elle conserve son autre nationalité, de même que Salomé Zourabichvili aurait dû automatiquement être déchue de sa nationalité française lorsqu'elle avait été nommée ministre des Affaires étrangères d'un État étranger (la Géorgie).

3) Je ne suis pas un adversaire de la binationalité en soi lorsqu'une personne possède les deux nationalités de ses parents. Ce serait n'importe quoi (enfin, tant que cette personne n'est pas candidate à la présidence de la République ou à la députation, ou nommée à une fonction ministérielle). En revanche, lorsque la nationalité française est le fruit d'un acte volontaire (par la naturalisation ou par le mariage), cette personne devrait automatiquement perdre sa nationalité d'origine. C'est toute la différence, fondamentale dans ma philosophie personnelle, entre l'essence et l'existence.

Laurent De Boissieu

http://www.ipolitique.fr/






Combattre Marine Le Pen, oui, mais comment ?

17/07/2011 13:10

Combattre Marine Le Pen, oui, mais comment ?


Ni bonne conscience, ni inconscience

Disons-le clairement : attaquer Marine Le Pen ne nécessite aucun courage. La critiquer ne fait pas de moi un antifasciste méritant à l’égal de Matteotti.

Mais Marine Le Pen pose tout de même problème : sa plasticité idéologique, le fait qu’elle ait préempté la contestation de l’ordre établi et que les sujets dont elle se saisit deviennent immédiatement illégitimes (libre-échange, euro etc…) soulèvent une question inquiétante sur le tour que prend « notre démocratie » – mot dont la fortune croissante coïncide avec le délitement de la chose qu’il désigne.

Examinons les choses telles qu’elles sont : le Front National réalise des scores autour de 20% (19,2% en moyenne dans les cantons où il était présent en mars dernier). Ce n’est pas rien mais c’est loin d’être tout. Marine Le Pen a au moins compris une chose : pour faire gagner l’extrême droite, elle doit se fondre dans la nouvelle géographie sociale de la France grâce à un récit national culturellement majoritaire. Par ce biais, elle adopte – consciemment ou non -les méthodes de certains conservateurs américains qui ont repris les vieilles recettes contestataires de l’extrême gauche.

L’extrême droite change : quelle découverte !

À l’image de ce qu’a toujours été l’extrême droite dans notre pays, le Front National s’appuie sur une idéologie composite. Aussi, pour consolider son virage stratégique, Marine Le Pen a demandé aux militants frontistes les plus « extrémistes » de se taire et/ou d’évoluer sans remettre en cause leur radicalité doctrinale. Toutefois, facile et prête à l’emploi, la thèse de la mutation « cosmétique » du FN écarte la possibilité d’une mutation réelle de la radicalité. En réalité, le monde change, l’extrême droite aussi : quelle découverte !

Marine Le Pen est astucieuse. Elle cherche à se légitimer. À cette fin, elle n’a pas recyclé les tactiques éculées d’un Bruno Mégret ou d’un Jean-Claude Martinez : point de « Conseil scientifique du Front National » ni de « Documents pour la France » vaguement bidonnés pour faire croire au développement d’une expertise propre au FN. Elle préfère adopter la technique du coucou en faisant couver ses œufs électoraux par les autres partis. Et ça marche !

Pour une bonne et simple raison : les partis « de gouvernement » n’absorbent que lentement les idées nouvelles alors que la candidate frontiste accompagne rapidement l’évolution de notre société. Ainsi s’approprie-t-elle les thèses économiques hétérodoxes de Jacques Sapir et Jean-Luc Gréau, tout en clamant sa proximité de vues avec Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg.

À ce sujet, certains médias contribuent à son entreprise de légitimation en observant un peu hâtivement que Marine Le Pen parle « elle aussi » de démondialisation. En fait, alors qu’Arnaud Montebourg s’est saisi du concept inventé par Walden Bello depuis de longs mois, Marine Le Pen ne l’a évoqué que fort tardivement, après la publication du livre éponyme de Jacques Sapir1. À croire que certains ont intérêt à disqualifier l’idée de démondialisation en la « lepénisant ». Mais refermons la parenthèse.

Comme tout parti politique, le Front National veut faire des voix. Historiquement, son premier électorat était une droite radicalisée née sur les décombres du vichysme et de l’Algérie Française. Vinrent ensuite des électeurs issus des classes populaires, de droite d’abord, de gauche ensuite. Aujourd’hui, Marine Le Pen s’adresse aux classes moyennes déclassées – fonctionnaires ou diplômés précarisés. Son nouveau cœur de cible est constitué de ces millions d’actifs qui, passé l’âge de vingt-cinq ans, se retrouvent confrontés à l’extrême violence du système économique. Pour continuer sa progression dans cette frange de la société, Madame Le Pen a besoin de carburant idéologique. Cherchant à conquérir des secteurs sociologiques traditionnellement réfractaires au FN, elle s’empare de tous les impensés de la gauche – le libre-échange, la domination de la finance, la laïcité – pour en faire son miel. La contestation du système étant passée à droite, la reconversion droitière de ces thématiques s’annonce riche en potentialités électorales.

L’extrême droite de gouvernement : le modèle Bossi

Reste à savoir si Marine Le Pen peut réaliser cette mutation stratégique en se « recentrant ». Ceux qui croient ou feignent de croire à sa volonté de normalisation rappellent le précédent de l’italien Gianfranco Fini, qui a transformé le mouvement néo-fasciste MSI en Alleanza Nazionale pour en faire un parti de droite libérale classique – rebaptisé Futuro e Liberta – et aspire désormais à gouverner avec le « centre-gauche » boboïsant de Francesco Rutelli.

Seulement, Marine Le Pen ne veut pas faire du FN un parti comme un autre. Elle n’y a pas intérêt. Pour garder le parallèle avec l’Italie, la présidente du Front prend plutôt modèle sur l’« extrême droite de gouvernement » qu’incarne Umberto Bossi. Le leader de la Ligue du Nord accumule les paradoxes : à la fois contestataire et gestionnaire de 400 communes de l’Italie septentrionale, co-inspirateur des lois Bossi-Fini sur l’immigration, meilleur soutien du gouvernement Berlusconi qui lui a confié le ministère de l’Intérieur, il n’a rien renié de son extrémisme. Au contraire, Bossi parvient à prendre en otage le Cavaliere par sa surenchère anti-immigrationniste qui lui a même permis de faire de la très méridionale Lampedusa la vitrine de son action municipale et nationale. Tout compte fait, se muer en « extrême droite de gouvernement » implique un pari assez peu risqué. Grâce à l’hégémonie idéologique de la droite, la Ligue du nord peut spéculer sur l’inertie de la « gauche » tout en restant aux avant-postes du pouvoir. Résultat des courses : « Dans le nord de l’Italie, plus aucun ouvrier ne vote à gauche ! », ainsi qu’Umberto Bossi le déclarait crânement en mars 2010.

Ses meilleurs alliés : la bonne conscience de gauche et l’inconscience de droite

Face aux nouvelles extrêmes droites incarnées par Bossi et Marine Le Pen, la « gauche Minc » fait une erreur d’analyse manifeste en se déportant vers le centre libéral sans fournir de réponse crédible aux questions économiques et sociales posées par la mondialisation. Mais le bruyant collectif de la Droite populaire n’est pas mieux armé pour contrer la percée du FN. Faute de critique de la mondialisation, ces députés UMP n’ont aucune chance d’enrayer la progression de la dame de Montretout. Ils répondent davantage au Le Pen de 1986 qu’à la Le Pen de 2011. Moralité : Marine et Umberto trouvent de solides renforts avec la bonne conscience de gauche et l’inconscience de droite !

Conséquence de ce choix stratégique, Madame Le Pen fuit un débat qui pourrait lui être fatal – politiquement. Elle surfe sur des impensés, ce qui la dispense de démontrer la justesse de son projet. En revanche, elle ne craint pas de passer devant le tribunal d’Inquisition antifasciste de Caroline Fourest et Laurent Joffrin. Par leurs imprécisions et une finesse d’analyse très relative, ces derniers lui rendent le service qu’elle attend : incarner l’unique opposition à l’« UMPS » !

Dans un univers fonctionnant à la posture ou à la petite phrase, Marine Le Pen n’affronte que les feux de Bengale d’un antiracisme incantatoire doublé d’un antifascisme d’opérette. Si elle refuse d’exposer ses lacunes aux regards des penseurs qu’elle cite (Todd, Sapir, Montebourg, Chevènement), c’est bien pour dissimuler l’insigne vacuité de la politicienne post-loftienne qu’elle est.

En conséquence, elle nous en dit plus sur la politique française, la gauche et la République que sur l’extrême droite.

Gaël Brustier

  1. Qui ne l’a du reste pas épargnée dans plusieurs textes parus sur Marianne2

http://www.causeur.fr/combattre-marine-le-pen-oui-mais-comment,10593






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