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Vidéosurveillance : Claude Guéant fait son cinéma
16/03/2011 09:15
Le ministre de l’Intérieur a annoncé 45 000 caméras dans la rue d’ici la fin de l’année. MAM en pourtant annonçait 60 000 pour… 2009. Annoncés comme la solution face à l’insécurité, ce dispositif coûteux masque mal le recul de l'Etat dans ce domaine.
Pour Nicolas Sarkozy, c’était LA solution contre la délinquance. La vidéosurveillance (ou vidéoprotection, c’est selon) était annoncée comme un remède miracle par l’Elysée. Il avait encore prônée cette solution en février dans « Paroles de Français ». Récemment, à l’Assemblée nationale, Claude Guéant a annoncé un objectif de 45 000 caméras de rue d’ici la fin de l’année. Il y en a 35 000 actuellement de ce type. A Orléans, en février, Nicolas Sarkozy parlait d’un objectif de 60 000 d’ici 2012. A Paris, ville socialiste, le nombre de ces caméras devrait bientôt passer à 1000. Sans compter les caméras dans les transports publics et dans les grands magasins par exemple. Mais, hormis les sociétés privées, personne n’y trouve son compte. Ni les élus, ni les victimes de la délinquance.
Car l’inefficacité de la vidéosurveillance a maintes fois été souligné. Y compris au Royaume-Uni, pays souvent cité en exemple. Et le dispositif est surtout compliqué à mettre en place. Pour preuve, l’objectif de 60 000 caméras annoncées pour 2010 par le chef de l’Etat avait déjà été promis pour… 2009 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur en 2007. « C’était moins un objectif qu’un horizon », répond le ministère de l’Intérieur à Marianne2. Mais, pour le cabinet, « on ne peut pas dire que ce soit du retard ». Il en reste que lorsque le ministre annonce un tel chiffre, cela ne veut pas dire que 10 000 caméras vont effectivement être installées d’ici la fin de l’année. En effet, ces caméras urbaines sont sous la responsabilité des communes à travers des Centres de surveillance urbaine, en lien avec la police nationale. Les objectifs annoncés par la Place Beauvau sont donc dépendants de la bonne volonté des maires. Les promesses de Guéant n’engagent donc que lui.
« La gouvernance réelle de la vidéosurveillance appartient encore aux élus (…) Seul le Maire peut installer des caméras », rappelle Emilie Thérouin, adjointe Europe Ecologie au Maire d’Amiens à la sécurité, contactée par Marianne2. Car derrière, il y a souvent un blocage politique. Quoique le PS ait toujours eu une position ambiguë sur le sujet. Au plan national, la rue de Solférino tente tant bien que mal de ménager la chèvre libertaire et le chou sécuritaire. Le parti tergiverse sur l’endroit où les placer : uniquement dans les transports publics ou dans tous les lieux publics. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë assume lui clairement de truffer la capitale de caméras. Pourtant, le ministère de l’Intérieur a conscience de marcher sur des œufs, surtout que ce sont les maires qui vont payer la facture au final. « Avec le recul, les maires commencent à comprendre que cela coûte cher », commente Emilie Thérouin.
Solférino entre la chèvre libertaire et le chou sécuritaire
Car, évidemment, le principal blocage reste financier. Et un maire peut difficilement accepter de sortir le carnet de chèques pour des caméras à l’efficacité discutable alors que 4000 postes de policiers ont déjà été supprimés depuis 2007. Sans compter les fermetures de commissariats ou d’escadrons de gendarmerie mobile. Promouvoir la vidéosurveillance ne relève pas que de l’amour de la technologie mais d’une volonté de faire peser sur les maires les contraintes budgétaires de l’Etat. Pourtant, ce dernier aide les communes à s’équiper.
Cette aide passe notamment par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance. En 2011, il devrait consacrer 30 millions d’euros à cette politique comme en 2010, selon le ministère de l’Intérieur. Un programme exceptionnel de 20 millions d'euros a également été mis en place en 2010. Le FIPD peut financer jusqu'à 50% d'un plan d’installation de caméras. Et ce point est particulièrement sensible, si les autres volets financés par le FIDP sont gérés localement par le Préfet, le volet vidéosurveillance est géré directement par la Place Beauvau.
« Il y a tout un travail de pédagogie, cela prend du temps », explique le cabinet de Claude Guéant qui estime que les 45 000 caméras en 2011 restent un « objectif raisonnable ». Le problème que certains maires n’ont pas envie de servir d’alibis au discours gouvernemental. « Le FIPD est là pour faire la promotion d’une politique aveugle », déplore de son côté Emilie Thérouin. L’élue note également une évolution des arguments pour vendre le dispositif aux élus : « On a un discours plus élaboré, on parle des effets sur l’élucidation des infractions» plutôt que sur leur prévention. D'ailleurs, les « sources policières » et les procureurs ne se privent jamais de communiquer lorsqu’un délinquant a été arrêté grâce à la vidéosurveillance. Ce fut notamment le cas du voleur du portable.. d’Olivier Besancenot. A croire que certaines fuites n’arrivent pas par hasard.
Recul de l'Etat
Mais il est vrai que l’argument de l’aide à la répression des crimes fait plus mouche que l’argument de la dissuasion. Les opposants à la vidéosurveillance pouvant toujours rétorquer que les délinquants se font que se déplacer vers des lieux non surveillés. Pour autant, malgré ces nouveaux éléments de langage, les maires peuvent avoir des réticences à jouer les supplétifs de la police judiciaire. « Ce n’est pas le boulot du Maire d’aider les enquêtes », dénonce Emilie Therouin. Dans sa ville, la police nationale réquisitionne trois ou quatre fois par mois les images de la vidéosurveillance. A Boulogne-Billancourt, il y a eu 17 réquisitions .. en trois ans.
La vidéosurveillance est donc un vecteur par lequel les municipalités sont amenées à collaborer plus étroitement avec la police nationale. Des éléments qui vont dans le sens d’un certain recul de l’Etat dans ce domaine. Les sociétés de vigiles prennent de plus en plus d’importance. Le gouvernement souhaitait aussi, à travers la Loppsi, que les policiers municipaux puissent procéder à des contrôles d’identités. Mais le Conseil Constitutionnel a censuré cette disposition. Il a également censuré la disposition permettant aux entreprises privées de surveiller les rues aux alentours de leurs bâtiments. Les Sages estiment en effet qu’il s'agit là d' « une délégation à ces personnes de tâches inhérentes à l'exercice par l'État de ses missions de souveraineté » et méconnaît ainsi «les exigences constitutionnelles liées à la protection de la liberté individuelle et de la vie privée».
Il y a en revanche des maires bien plus coopératifs. Comme Pierre-Christophe Baguet, maire UMP de Boulogne-Billancourt. Sa ville, pas forcément la plus criminogène d’Île-de-France, est actuellement équipée de 35 caméras de voie publique et bientôt de 45 d’ici 2012. Récemment, la Chambre régionale des comptes avait attaqué son dispositif trop cher, trop subventionné et peu efficace. Avec notamment un point noir : 5 caméras, installées par l’ancien maire UMP Jean-Jacques Fourcade (et rival de Baguet), n’ont jamais fonctionné. La Ville a pourtant déboursé 124 156,98 euros pour leur installation.
Financement mal orienté
Joint par Marianne2, Pierre-Christophe Baguet renvoie la balle à son prédécesseur. Il affirme que c’est Jean-Jacques Fourcade qui a sorti le chèque pour un dispositif inactif : « Je n’ai jamais payé pour des caméras ne marchant pas », explique Pierre-Christophe Baguet. Mais alors pourquoi ne pas avoir réparé ces caméras ? « Il s’agit d’une technologie obsolète et l’alimentation n’est pas adaptée », répond l’édile parlant d'« opérations malheureuses » de la précédente majorité. Il ajoute : « On aurait dépensé beaucoup trop d’argent en les rénovant, maintenant on est dans un nouveau dispositif ».
Et si l’Etat, à travers le FIPD, finance les nouvelles caméras, il ne finance pas l’entretien de l’existant note Emilie Thérouin. Pire, trop faible, ce financement public est de plus mal orienté. Car, le FIPD finance les caméras sur la voie publique, pas dans les transports en commun. Pourtant, même des élus de gauche critiques envers les caméras de voie publique, sont ouverts à des caméras dans ces endroits clos. Il est possible d’échapper à l'objectif en prenant une rue adjacente mais pas de descendre d’un bus en marche. Emilie Thérouin se dit elle « extrêmement pragmatique » sur le sujet. Pour l'élue, « la vidéosurveillance, dans des espaces complexes comme une rue, c’est débile mais dans un espace clos, c’est envisageable ». Les objectifs annoncés par Guéant semblent donc relever du pur affichage. Mais, pour le gouvernement, les seules caméras qui comptent en matière de sécurité, ce sont celles de TF1.
Tefy Andriamanana - Marianne
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La gauche mal armée face au populisme lepéniste
15/03/2011 17:58
Une tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, paru sur Marianne2.fr.
Les réactions consécutives à la publication de sondages favorables à Marine Le Pen montrent que la gauche n’est de toute évidence pas outillée pour répondre à l’offensive de la candidate frontiste. Elle se cantonne dans un réflexe « antifasciste » épuisé au-delà de toutes limites depuis la substitution de l’idéologie antiraciste au logiciel socialiste après le tournant de la rigueur de 1983. Il n’est nul besoin d’être grand clerc pour anticiper que cette stratégie ne produira pas les mêmes effets que dans le passé. Pour deux raisons. Un, la percée de Marine Le Pen va provoquer des mouvements de panique parmi de nombreux élus de la droite parlementaire. Deux, le ralliement des « classes moyennes » aux classes populaires dans le refus de la globalisation financière risque de produire l’effet inverse que celui escompté par l’idée d’un « Front anti-fasciste ». Cette stratégie ne pourrait bien en dernier ressort n’apparaître que comme celle des professionnels du spectacle, des élites de la communication et des banques d’affaires, aux yeux de concitoyens certes sans projet de rechange, mais encore dotés d’un peu de bon sens. Pour paraphraser Marcel Gauchet, la « bonne conscience » n’est pas une politique.
La gauche s’enfonce encore davantage dans le déni en faisant de Nicolas Sarkozy l’artisan principal si ce n’est unique du champ politique laissé béant pour Marine Le Pen. Cet espace n’est pourtant que la conséquence de la décomposition des élites. Ces dernières ont révélé leur incompétence par leur impuissance à enrayer la destruction de l’appareil industriel français, s’il ne s’agit pas purement et simplement d’un ralliement à la globalisation financière. Nos élites ont construit méthodiquement une véritable sécession idéologique et spatiale en stigmatisant les passions populaires et en concentrant le travail dans des « villes monde » productrices de l’idéologie sociale-libérale. Cette double dimension se trouve être partagée aussi bien par les élites de droite que par les élites de gauche, que Jean-Pierre Chevènement appelait déjà à la fin des années 1990 les « élites mondialisées ». On peut sans peine formuler l’hypothèse que leurs tendances inégalitaires ont été encore exacerbées lors de la dernière décennie (néo-conservatisme, sécession fiscale, sécession spatiale).
La nasse dans laquelle se trouve la gauche française, et les difficultés qui s’annoncent pour elle lors de l’échéance de 2012 se nourrissent d’un évitement et d’une incompréhension, qui l’empêchent de vertébrer une candidature républicaine capable d'annihiler la redoutable offensive de Marine Le Pen.
Tout d’abord, il est à craindre, comme le démographe Emmanuel Todd le déclarait récemment, que le Front National de Marine Le Pen ne soit le seul à faire l’effort de présenter un «programme économique raisonnable», après une révision notoire de ses orientations économiques. Les classes populaires et moyennes assistent impuissantes au rétrécissement de notre base industrielle, sous l’effet des délocalisations vers l’Asie et l’Europe de l’Est. Elles sont les vicitimes de l’absence de politique industrielle digne de ce nom, et de la surévaluation de l’euro qui pénalise lourdement la compétitivité de l’industrie française. La priorité d’une gauche de gouvernement responsable devrait être d’abord la mise en place d’une stratégie défensive, freinant la désindustrialisation autant qu’il est possible. (On notera ici qu’il est sans doute plus réaliste de freiner celle-ci que de « relocaliser », comme le croient naïvement des experts trop éloignés des froids calculs du marché).
Cela exige de toute évidence une réorientation radicale de la gestion interne de la zone euro. Il faut convaincre les Allemands non seulement d’imposer un taux de change soutenable de l’euro par rapport au dollar et au yuan, mais également de réorienter la consommation intérieure de la zone euro vers le marché intérieur allemand. En d’autres termes, une baisse de l’euro et une relance des salaires en Allemagne. Or, celle-ci ne pourrait être acquise que par d’un bras de fer diplomatique avec le gouvernement allemand, que celui-ci soit dirigée par Mme Merkel ou par le SPD après les élections législatives de 2013.
Et si l’Allemagne, pour des raisons qui lui sont propres, ne réussissait pas à «penser européen», ou si le déséquilibre industriel entre les deux pays ne permettait plus en dernier analyse à la France de peser face à son voisin, alors il faudrait un plan B à la France. Il consisterait à éviter à tout prix de nous voir arrimés à une zone euro en réalité zone mark, surtout si, d’aventure, étranglés par les marchés financiers, l’Espagne et l’Italie finissaient par quitter la zone euro, redevenant compétitives, et achevant de donner un coup mortel à l’industrie française, qui ne s’en relèverait pas. Cette hypothèse n’est pas si improbable. Elle est défendue dans des termes assez proches par de nombreux économistes (Jean-Luc Gréau, Christian Saint-Etienne, Patrick Artus), qui soulignent par ailleurs, mais c’est l’évidence même, que le financement du système de protection sociale dépend pour beaucoup de la base industrielle française.
Si le Parti socialiste semble avoir compris depuis quelques mois qu’il fallait réindustrialiser la France, la faiblesse théorique et pratique de ses propositions n’en demeure pas moins patente. Elle s’explique par le refus d’affronter la réalité de l’échec de l’euro, agent accélérateur d’une désindustrialisation de nature catastrophique : l’industrie ne représente actuellement plus que 13% du PIB en France contre encore 30% en Allemagne. Le programme socialiste prône en outre une fuite en avant dans les chimères de l’ « innovation », qui voudrait que l’Asie se contente d’être l’atelier du monde sans en être également le premier centre de recherche et développement. Nos modernes socialistes retrouveraient-ils le sentiment de supériorité coloniale de leurs glorieux ancêtres ? Peut-être, mais cette étrange défaite du PS sur le front de la pensée témoigne aussi d’une génération trop avancée dans ses échecs pour trouver les ressorts d’un rebond.
Les principaux candidats déclarés ou présumés commuent ainsi dans un programme économique petit bras, arc boutés sur une vision technicienne d’une réforme fiscale déconnectée de la réalité de la globalisation financière, et vouant un culte à une sacro-sainte «innovation» inversement proportionnel à leur expérience concrète de l’innovation dans les entreprises.
Mais quand bien même une réorientation significative de leur programme économique serait-elle engagée (on peut toujours rêver !) que la gauche n’en demeurerait pas moins dans l’impossibilité non de gagner l’élection de 2012 (la présence de Marine Le Pen au second tour étant le cas de figure visiblement privilégié par quelques « stratèges » paresseux) mais de gouverner la France dans la durée.
« L’insurrection droitière » (selon l’expression de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin dans leur essai « Voyage au bout de la droite » (Fayard, 2011)) se nourrit en effet, aux Etats-Unis et en Europe, du refus des dirigeants des partis « progressistes » de prendre en compte les «paniques morales» et le sentiment d’insécurité culturelle d’une large majorité des électeurs. De la quasi-disparition de la gauche italienne (qui servait pourtant encore de modèle à certains penseurs du Parti socialiste il y a peu), à l’effondrement de la social-démocratie autrichienne en passant par l’incapacité du SPD allemand de faire face à sa très forte érosion, c’est toute l’Europe qui se trouve dominée, dans son imaginaire, par des représentations collectives produites et nourries par la droite, et renforcées par le déni d’une gauche réduite au «bonisme». La campagne de Barack Obama en 2008 aux États-Unis, sous l’impulsion stratégique de David Plouffe et David Axelrod, a pu répondre partiellement à la question « What’s the matter with Kansas » de Thomas Frank (« Pourquoi les pauvres votent à droite », Agone, 2008). Mais l’irruption du phénomène des « Tea parties » prouve que la contestation demeure à droite sur le sol américain, et sans doute pour longtemps encore. On n’efface pas en quelques mois une bataille culturelle perdue depuis plusieurs décennies.
La gauche devrait réapprendre à produire du « commun », selon l’expression de Stéphane Rozès (séminaire de la Fondation Res Publica, « Que sont devenues les couches populaires ? » du 30 novembre 2009) c’est-à-dire un imaginaire collectif qui inclue les classes populaires et moyennes dans un projet pour l’avenir. Or, depuis longtemps, celles-ci se sentent ignorées ou méprisées par une gauche qui regarde la société française avec des œillères, résumant la question sociale à celle des banlieues à fortes populations d’origine immigrée. Calcul électoral ou déconnexion totale de la réalité sociale et spatiale française ? 85% des ménages pauvres n’habitent pas dans les « quartiers sensibles ». Une forte proportion habite en revanche dans les zones rurales et péri-urbaines, celles qui sont les plus éloignées des services de l'État et des politiques culturelles, et aussi les plus touchées par la désindustrialisation depuis les années 2000. Encore faut-il, pour être tout à fait juste, signaler que si le Parti socialiste ne s’adresse pas à ces citoyens qui sont aussi (s’ils ne s’abstiennent pas) des électeurs, la « gauche de la gauche » ne s’y intéresse pas davantage, pas même un Jean-Luc Mélenchon préférant parler de « petits blancs » que d’affronter politiquement la réalité française.
Cette réalité est bien décrite par le géographe Christophe Guilluy dans « Fractures françaises » (Bourin éditeur, 2010). Il souligne le développement d’un « séparatisme ethnique » en milieux populaires qui répond aux effets de la délinquance et aux impasses du multiculturalisme concret : le multiculturalisme « à 1 000 euros par mois » n’est visiblement pas vécu de la même manière que celui « à 10 000 euros par mois », note-t-il avec une certaine acidité. L’« insécurité culturelle » produite par le basculement des populations de nationaux d’origine d’une situation de majorité à minorité relative dans certains quartiers sous l’effet du regroupement familial et de l’immigration illégale, opère mécaniquement un basculement vers la droite de concitoyens peu sensibles aux discours sur la « diversité ». Ils comprennent en effet intuitivement qu’il s’agit en réalité davantage de prêches de « croyants » du multiculturalisme que de «pratiquants».
Nous touchons là le nœud du problème à gauche. Celle-ci semble avoir cessé d’imaginer construire une coalition sociale majoritaire qui lui permette de gouverner dans la durée, et refuse de voir que le séparatisme en milieux populaires, c’est-à-dire l’ethnicisation des préférences électorales, la condamne non seulement à demeurer structurellement minoritaire, mais encore à chercher des alliances électorales avec des forces d’appoints (aujourd’hui les Verts) qui aggravent encore davantage sa déconnexion d’avec les catégories populaires. Un candidat républicain à l’élection présidentielle de 2012 devrait pourtant articuler son discours autour de deux axes : - la réinsertion des classes populaires et moyennes dans la Nation (« nous ne vous abandonnerons plus »), impliquant que les élites assument leurs responsabilité en n’abandonnant pas leurs concitoyens pour l’hyper classe mondialisée, c’est-à-dire qu’elles redeviennent des élites protectrices. - la prise en compte de l’insécurité culturelle liée à l’immigration de peuplement, par la référence explicite à l’assimilation des populations immigrées, partiellement réalisée aujourd’hui, et qui constitue la clé d’un tassement des tensions ethnico-culturelles : « l’assimilation à la culture française, culture d’accueil, est le socle de notre projet culturel. Cette culture s’enrichit également de l’apport des nouveaux venus ». Ainsi la parole politique, loin d’exacerber les tensions, créerait un cadre référent dans la durée dans lequel nationaux d’origine et immigrés pourraient construire un avenir commun.
Bref, pour tenir les « deux bouts » de l’équation politique, un candidat républicain devrait conjuguer une politique économique axée sur la sauvegarde de l’appareil industriel et son redéveloppement et un projet culturel assimilationniste, prenant en compte les tensions culturelles réelles à l’œuvre dans la société française. Telles sont les deux conditions de l’ouverture d’un espace politique susceptible de répondre à l’offensive idéologique de Marine Le Pen. L’énoncé de celles-ci décrit bien, hélas, le gouffre politique ouvert devant nous.
-------- Source : Marianne2.fr
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Dominique de Villepin dans Les 4 Vérités sur France 2
15/03/2011 17:52
Dominique de Villepin était, ce matin, l'invité des 4 Vérités sur France 2. L'ancien Premier ministre a jugé que le gouvernement était "dans le déni" concernant les questions de sécurité nucléaire en France, face à la catastrophe au Japon.
Vous pourrez revoir l'émission dans le courant de la journée en cliquant ici.
Nucléaire: Dominique de Villepin dénonce un "déni"
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin (RS) a jugé aujourd'hui que le gouvernement était "dans le déni" concernant les questions de sécurité nucléaire en France, face à la catastrophe au Japon.
"Le gouvernement a réagi comme souvent les gouvernements, c'est-à-dire qu'il est dans le déni", a déclaré Dominique de Villepin sur France 2. Selon lui, l'exécutif devrait au contraire réagir "en se posant les bonnes questions, en mettant les choses sur la place publique, en faisant preuve de transparence".
Il faut "une analyse et une évaluation de la sécurité de nos centrales qui, à mon sens, n'est pas suffisamment complète et qui doit être renouvelée à la lumière de ce qui vient de se passer au Japon", a préconisé le président fondateur de République solidaire, comme l'a fait la première secrétaire du PS, Martine Aubry.
"Faisons en sorte d'élever nos seuils de protection, d'élever les garanties qui sont demandées pour véritablement prendre en compte tous les risques possibles", a-t-il demandé.
L'ancien chef du gouvernement a notamment proposé l'organisation d'"une conférence internationale sur la sécurité nucléaire à Paris" et le lancement d'un "Grenelle de l'énergie" permettant de "mettre sur la table tous les éléments de notre politique énergétique". "Nous pouvons imaginer par exemple de passer de 80% de la production électrique" par le nucléaire "à une perspective de 50%", a-t-il dit.
Source: AFP
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Japon: foire d'empoigne politique sur le nucléaire français
15/03/2011 17:45
Alors que la situation s'aggrave au Japon, les personnalités politiques françaises s'affrontent sur la question du nucléaire. Avec pour certains, les élections cantonales dans le viseur.
le gouvernement reconnait la catastrophe, mais garde le cap
Après avoir dénoncé le « catastrophisme » de l'opposition, en particulier des écologistes, les membres du gouvernement infléchissent leur position alors que le risque de catastrophe nucléaire est devenu très important. Le ministre de l'Industrie et de l'Énergie Éric Besson a « posé un genou à terre » ce matin face à Jean-Michel Aphatie sur RTL : « On est sur le chemin (de la catastrophe nucléaire), l'explosion très forte du réacteur 3 a provoqué des dégâts matériels et touché les forces sur place, comme les pompiers. » Mais quand Aphatie demande au ministre si cela n'induit pas une remise en cause de la sûreté de l'énergie nucléaire, Besson reste ferme. Le drame japonais vient de ce que la zone touchée est « extrêmement sismique », et que malgré « les précautions immenses qui ont été prises, le pire peut arriver ».
Pourtant, la décision d'Angela Merkel de suspendre la durée de vie de ses centrales lundi, que rappelle Aphatie, semble embarrasser le ministre, qui défend « l'exigence de sûreté » française, « toutes les précautions possibles » étant prises. En bref, en France nous devons éviter le radicalisme - ou le débat ? - car nos centrales sont plutôt à l'abri des risques sismiques que connait le Japon. C'était peu ou prou la position de Nathalie Kosciuzko-Morizet lundi matin sur Europe 1, qui pouvait encore tant bien que mal se défendre en arguant que « nous n'avons pas assez d'informations » sur la catastrophe nucléaire japonaise.
les écolos veulent donner le la
Côté écolo, on se défend de tout catastrophisme, de toute indécence, mais le militantisme anti-nucléaire reste ferme. Alors qu'Eric Besson avançait ce matin que « le lobby pro-nucléaire était un mythe absolu », Dominique Voynet, chez Daniel Cohen sur France Inter, prouvait que celui des militants pour la sortie du nucléaire était très actif. Réagissant sur la sortie de Ségolène Royal qui estimait l'attitude des écologistes « indécente », l'ancienne ministre de l'Ecologie avançait au contraire que les écolos avaient « recadré la discussion quand certains journalistes parlaient d'explosion nucléaire », preuve de leur professionnalisme et de leur tempérance.
Voynet met toutefois de l'eau dans le vin de sa famille politique, ayant compris que l'activisme à chaud d'Europe-Ecologie sur les dangers du nucléaire risquait de les discréditer. « Je ne sais pas, je suis dans l'incertitude et cette catastrophe va rebattre les cartes », concède-t-elle. Une attitude plus mesurée que celle qui consistait à appeler « a minima à un référendum » sur la question, comme le fait Nicolas Hulot.
«l'indécence» des écolos contre «l'audit» du PS
La rupture est en tout cas consommée entre les écolos et le PS, et dessine un clivage net qui pourrait servir d'argument électoral lors des prochaines élections cantonales, ou au moment des présidentielles. Europe Ecologie-Les Verts pourrait très bien désigner le PS comme un suppôt inavoué du nucléaire et de ses dangers. Lundi, Benoit Hamon refusait de trancher en faveur d'une sortie sans autre forme de procès du nucléaire. Ce matin, Royal demandait à la classe politique « un délai de décence et de respect » nécessaire avant l'entame d'un débat sur le nucléaire - un débat que Royal ne veut surtout pas avant les cantonales. C'était aussi le cas de Martine Aubry face à Raphaëlle Duchemin de France Info, qui à chaque occurrence du mot « nucléaire » ou presque, y répondait par le mot d' « audit ». Une façon d'exister entre une « sortie du nucléaire du jour au lendemain » proposée par les écolos - quand le PS table sur environ 25 ans de sortie progressive - et « les propos lénifiants du gouvernement » que réfute Martine Aubry.
Et pendant ce temps-là, Thierry Breton - ancien ministre de l'Economie et patron d'Atos Origin (entreprise qui revendique des activités dans le nucléaire ) - se livrait sur RMC à un éloge vibrant du peuple japonais. « Voilà un peuple qui inspire le respect, un peuple qui est au combat, un peuple qui doute, et un peuple qui se relèvera car c’est son histoire » : les auditeurs de RMC ont probablement eu du mal à réprimer une petite larme. D'autant plus lorsque l'appel de Nathalie Kosciuzko-Morizet, au milieu de l'entretien, vient très sérieusement interrompre les violons et annoncer une réunion de crise, la situation s'étant, comme on le sait, aggravée. Le risque de dé-confinement n'est pas exclus, et l'ancien ministre, en réponse au ton grave de NKM, loue ces « héros de l'ombre » du nucléaire japonais. Tout juste à la fin de l'interview a-t-il concédé qu'il fallait un débat... « à froid ». On a connu Bourdin, qui est resté assez spectateur, plus incisif. Il faut toutefois reconnaître que sur ce point, Breton a raison, et que tout débat qui sera mené dans les jours à suivre aurait tout à gagner à être dépassionné. Et d'éviter une regrettable foire d'empoigne électorale.
Maxime Bellec - Marianne
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