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Sophie Coignard Le Pacte immoral
31/01/2011 09:21
Candide est donc parti au pays d’Educ-Nat : il n’en est pas revenu.
Il — ou plutôt Elle, puisque c’est la journaliste Sophie Coignard qui a opéré cette plongée dans l’abîme (1) —, a fait cela avec tout le professionnalisme dont était capable l’auteur (ne m’en voulez pas, ma chère, je suis physiquement incapable d’écrire « auteure ») de l’Omerta française (Albin Michel, 1999 — avec Alexandre Wickham) ou d’Un Etat dans l’Etat (Albin Michel, 2009), son étude sur la Franc-maçonnerie. Mais aucun de ses ouvrages précédents, qui pourtant ne lui ont pas fait que des amis, tant la vérité dérange l’ordre, ne lui aura valu, je le lui prédis, autant de haines et de commentaires vitriolés que celui-ci.
Ça a déjà commencé. Dans le Point de cette semaine (n°2002, 27 janvier 2011), qui publie quelques-unes de ses « bonnes feuilles », Marie-Sandrine Sgherri est allée interviewer quelques-uns des illustres morticoles mis en cause par Mme Coignard. Chœur des demi-vierges ! Levée de boucliers de la bien-pensance ! « Elle reprend les lieux communs sur « l’enfant au centre » sans aller voir ce que font réellement les militants pédagogiques, souvent très mal vus par la hiérarchie qu’elle critique », fulmine Meirieu, jamais à court de contre-vérités (Allons, allons, Philippe, moins de modestie, vous et vos amis tenez le haut du pavé pédagogique depuis 30 ans — et encore aujourd’hui, puisqu’au fond le libéralisme de Luc Chatel va dans le sens des lubies libertaires que vous avez toujours défendues). Ou Jack Lang, jamais en retard d’une insulte : « Ce livre tient à la fois de la malhonnêteté intellectuelle et de l’ignorance crasse » — avant de se lancer dans une démonstration proprement sublime sur la responsabilité de la droite dans la baisse des résultats au classement PISA (ah bon ? Les élèves de 15 ans d’aujourd’hui ont été alphabétisés sous la droite ? J’aurais cru qu’ils étaient entrés à l’école élémentaire sous la houlette d’un certain Lang, successeur d’un certain Allègre — qui avait si bien défini leur programme)) — et l’hécatombe des étudiants en première année de fac, due, on ne s’en serait pas douté, à… la disparition des TPE, qui n’ont jamais disparu.
Et ça a été ministre ?
Ou Antoine Compagnon, qui aurait dû en rester à Montaigne ou à Proust, sur lesquels il a écrit des choses lumineuses. Mais qui plaide à présent dans le Point pour une autonomie accrue des établissements, à l’heure où nous déplorons tous le « moins d’Etat », et pour un recrutement ciblé d’enseignants « différents », — déjà en place dans le dispositif CLAIR, qu’il salue au passage.
Ou Luc Chatel soi-même : « Une caricature truffée d’erreurs grossières », dit notre DRH, qui estime que « le collège unique a été un progrès extraordinaire »… Franchement, Monsieur de Grenelle, vous devriez de temps en temps visiter impromptu, anonyme et sans escorte, tel ou tel établissement que je vous désignerais — il y a le choix. Là où les profs craquent. Là où les élèves trinquent. Vous en reviendriez édifié sur les vertus du collège unique, et sur l'épaisseur de la bulle qu’ont construite autour de vous les premiers communiants frileux qui vous servent de conseillers.
C’est un peu maladroit de la part d’un homme si doué pour la communication. Un livre se grandit par la taille de ceux qui l’insultent — j’en ai fait l’expérience. Et celui-ci pourrait bien bénéficier — je le lui souhaite — des invectives de tous ceux dont Sophie Coignard dénonce les petits complots et les grandes incompétences, avec l’habileté imparable du naïf jeté en grande Carabagne, comme aurait dit Michaux.
Qu’a vu et entendu Candide au cours de ses pérégrinations ? Un président de la République quelque peu Janus, défendant l’élitisme républicain et appliquant pour son héritier le premier principe de la thermo-dynamique, le piston : exemple redoutable pour tous ceux qui ont vu l’ascenseur social dont l’Ecole était l’unique moteur hoqueter, dans les années 1980, et s’arrêter définitivement, depuis que les apprentis-sorciers de la pédagogie ont remplacé le souci d’égalité par l’obsession de l’égalitarisme. Sophie Coignard a constaté le complot, conscient ou non, mené par les élites pour assurer à leurs rejetons les places au soleil des grandes écoles, pendant que les misérables — au sens hugolien du terme — s’échinaient dans des ZEP obscures. Elle a ausculté les instances chargées d’évaluer l’Ecole, toutes « peuplées des créatures qui ont contribué à la dévaster ». « L’école, le collège, le lycée et l’université sont donc devenus des trompe-l’œil où se joue la comédie de la réussite », conclut-elle dès les premières pages, où le ton est donné.
Ministre de l’Education ? Une punition, lui a expliqué l’un des proches collaborateurs de François Fillon, qui officia rue de Grenelle juste avant Robien, qui y vécut un calvaire. Juste avant Darcos, qui ne veut surtout plus en entendre parler. Juste avant Chatel, qui s’y est impliqué à fond, comme l’on sait. Juste avant… « Tous les ministres qui s’y sont succédé depuis vingt ans sont soit des punis, soit des illuminés », confie à Candide l’un des hiérarques de la maison. En tout cas, des Kleenex. Jetés — à moins qu’ils ne choisissent, comme le dit plaisamment Coignard qui a des lettres en matière d’espionnage, « l’exfiltration ».
Il n’y a guère que Chevènement qui ait constamment manifesté son intérêt pour ce qui se passe rue de Grenelle depuis qu’il n’y est plus. Parce que l’Ecole est le premier maillon de la République — et, aujourd’hui, son maillon le plus faible.
Et c’est ce qui rend ce livre passionnant : l’auteur les a tous rencontrés, ou presque. Comme c’est une femme charmante, et opiniâtre, elle les a fait parler. Enseignants, syndicalistes, responsables politiques, théoriciens, sociologues, inspecteurs divers et variés… Oui, tous. Elle a même des révélations saignantes — par exemple sur les agrégations "au mérite" obtenues par certaines et certains à force de reptations et d'acoquinements. Il est des anecdotes qui en disent long sur la façon dont les politiques s'achètent des hommes et des femmes-liges.
Qu’apprend-on, au passage ? Des confirmations détaillées de ce que l’on subodorait déjà, quand on vit au cœur des ténèbres pédagogiques. Mais presque tout quand on est un consommateur tout juste éclairé du système, ancien élève, parent d’élève ou prof perdu dans les steppes. Darcos, par exemple, après avoir réformé le Primaire, voulait s’occuper du Collège. Mais que cela ne faisait pas les affaires de Bercy, où commence et finit la rue de Grenelle, depuis que l’on demande aux enseignants de payer les économies qui permettront de s’offrir un Airbus privatif : la réforme du lycée était porteuse de bien plus d’économies en puissance. Moins d’heures, moins de postes — une solution que les fédérations de parents d’élèves, aussi bornées fussent-elles, n’auraient pas laissé passer, tant le collège a été, en trente ans, vidé de sa substance (2).
Comme Candide, Sophie Coignard a beaucoup voyagé : la liste des remerciements en témoigne. Elle a voulu voir, sans forcément se fier à ce qu’on lui racontait. Je l’ai rencontrée à Paris, je lui ai raconté une histoire insensée — celle de l’Ecole —, elle n’en a rien cru, elle est descendue voir ce qui se passait dans mes classes, elle a interviewé les élèves de SPE-IEP, cette propédeutique aux IEP réservée, au lycée Thiers, aux élèves massacrés par des années de ZEP. Et ils lui ont raconté — elle le rapporte avec consternation — que l’un de leurs enseignants de Terminale, l’un des ces « profs référents » qui feront la loi dans des établissements définitivement autonomes, avait tout fait pour les dissuader d’oser une prépa — « pas fait pour vous, trop bourgeois ». Sic.
Et c’est prof !
Je ne déflorerai pas un livre de 280 pages foisonnant de détails invraisemblablement vrais, de portraits irrespectueusement malicieux, de réalités trop crues pour être croyables. Le tout écrit dans un style objectif, le style même du géographe cartographiant une terra incognita — on a souvent l’impression que Candide s’est aventuré dans ces zones blanches de la carte, où la main du journaliste n’avait pas encore mis le pied, comme dit l’Autre (3).
Peut-être aurai-je une réserve sur le titre, qui n’annonce pas assez la couleur aux yeux du profane. Même s’il dit excellemment ce que nous pouvons penser de ce chaos délibéré qu’est devenue l’Education nationale : tout fonctionne comme si une infime minorité de privilégiés avait délibérément organisé un système déliquescent dont seuls leurs héritiers tireraient profit — enfants de cadres ou enfants d’enseignants, rejetons de démagogues et de pédagogues qui se gardent bien d’inscrire leur progéniture à « l’école publique » qu’ils recommandent aux autres, et adeptes du chèque-éducation, pour lesquels chaque aberration du système est un pas de plus vers l’apocalypse qui justifiera leurs ambitions — et leurs appétits.
Jean-Paul Brighelli
(1) Sophie Coignard, Le Pacte immoral, Albin Michel 2011 (19,50 €)
(2) Pour mémoire, un élève fin troisième de 1976 sortait du collège avec, dans sa besace intellectuelle, 2800 heures de Français depuis le cours préparatoire. En 2004, il en avait eu 800 de moins — soit deux ans et demi de cours de moins. Comme si, dit suavement Sauver les lettres (http://www.sauv.net/horaires.php), « il était passé directement de cinquième en seconde » — ce qui est le sentiment général des profs qui enseignent en Seconde…
(3) On sait que l’Autre est un auteur prolifique auquel on attribue nombre de hauts faits littéraires, sous des identités multiples. Ici, par exemple, il s’appelle Claude Farrère.
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Pour Nicolas Sarkozy, la question de l’euro est "une question d’identité"
31/01/2011 09:14
Communiqué de presse de Nicolas Dupont-Aignan suite au discours de Nicolas Sarkozy à Davos
En déclarant à Davos face aux puissants de ce monde que l’euro n’était pas qu’une question monétaire ou économique, mais avant tout un projet identitaire, Nicolas Sarkozy a enfin fait tomber le masque des intérêts qu’il protège.
En effet, cette déclaration du chef de l’Etat français résonne comme un terrible aveu. S’il tient tant à sauver l’euro, ce n’est donc pas parce que l’euro serait le meilleur instrument monétaire ou économique pour la France, mais bien parce qu’il correspond à un projet plus ambitieux : imposer à la France une "identité" qui n’est pas sienne.
Cette "question d’identité" dont parle Nicolas Sarkozy est en totale cohérence avec la volonté de MM. Van Rompuy et Trichet - bien sûr présents à Davos - de soumettre les budgets nationaux à la censure d’une Commission européenne illégitime et anti-démocratique. Elle s’inscrit dans la droite ligne du viol du peuple français et de son rejet du référendum de 2005. Elle cadre en outre parfaitement avec la volonté de ces dirigeants non élus de nous imposer une gouvernance mondiale, dont ils savent pourtant pertinemment qu’elle signe la mort des démocraties.
Le chef de l’Etat français est donc prêt à sacrifier l’économie française sur l’autel d’une question identitaire pour le moins ambigüe. J’y vois une véritable trahison des intérêts du pays, et c’est pourquoi je demande de nouveau à Nicolas Sarkozy ou François Fillon la tenue d’un débat sur la question fondamentale de la sortie de l’euro. Cette question sera au cœur de l’élection présidentielle de 2012 tant elle symbolise l’affrontement entre ceux qui défendent l’intérêt des français et ceux qui se soumettent aux puissances d’argent.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne et président de Debout la République.
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Hôpital : ne laissez pas faire !
28/01/2011 13:27
L’HÔPITAL PUBLIC EST VOTRE HÔPITAL, DÉFENDEZ-LE AVEC NOUS !

- Défendez-le parce qu’il assure des soins de qualité pour tous quels que soient les moyens de chacun.
- Défendez-le parce que c’est là que se font les grandes recherches d’aujourd’hui qui permettront les progrès de demain.
- Défendez-le parce que c’est lui qui assure 80% des urgences, c’est lui qui a fait face hier à l’épidémie de SIDA et à la canicule et qui pourra faire face à une pandémie grippale.
- Défendez-le parce que c’est lui qui prend en charge les cas les plus graves ou les plus complexes à tous les âges de la vie.
- Défendez-le parce que les autres pays nous l’envient.
La loi HPST dite loi Bachelot a supprimé l’appellation de « Service Public Hospitalier ». Elle ne parle plus que d’ « Etablissement de Santé ». Elle cherche à transformer l’hôpital public en entreprise.
Pour être rentable l’hôpital devra sélectionner les pathologies et les patients, et diminuer le nombre de personnels : moins d’infirmières, moins d’aides soignantes, moins de médecins, moins de secrétaires, moins d’assistantes sociales.
Il est prévu de supprimer 20 000 emplois dans l’ensemble des hôpitaux.
NE LAISSEZ PAS FAIRE
POUR DÉFENDRE VOTRE HÔPITAL PUBLIC ASSURANT
L’ACCÈS ÉGAL POUR TOUS À DES SOINS DE QUALITÉ,
SIGNEZ LA PÉTITION NATIONALE QUI SERA ADRESSÉE AU PARLEMENT ET AU GOUVERNEMENT:
« Je défends l’Hôpital Public, lieu de formation des professions médicales et paramédicales, de l’innovation et des progrès thérapeutiques, qui offre à tous, sans discrimination, des soins de qualité.
Je m’oppose à son démantèlement qu’annoncent d’une part un nouveau mode de direction qui aura pour souci principal la rentabilité, d’autre part des suppressions d’emplois non justifiées qui altèreront la qualité des soins. L’Hôpital Public doit avoir un financement lui permettant de remplir ses missions.»
JE SIGNE LA PÉTITION
http://www.gaullisme.fr/?p=11887
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La nouvelle envolée du prix des matières premières
28/01/2011 13:23
En moins de deux ans, nous sommes déjà revenus au début de l’année 2008, quand des émeutes de la faim se développaient dans le monde entier et que le prix du baril de pétrole dépassait les 100 dollars. La hausse du prix des matières premières est spectaculaire.
Une envolée générale et durable
Alors que le prix du baril avait dépassé les 140 dollars mi-2008, au pire de la crise, son prix avait été divisé par 4, atteignant les 35 dollars début 2009. Depuis, sa remontée est moins brutale que la course entamée début 2007, mais pas moins spectaculaire. Nous venons d’assister à un quasi-triplement en deux ans (niveau digne des chocs pétroliers). Idem pour le prix des matières premières agricoles, passées d’un indice de 120 en 2006 à un pic de 210 mi-2008, avant de retomber à 140 début 2009 pour approcher 220 en ce début d’année, comme le montre The Economist.
Mais le pire est que cette envolée est sans doute durable, l’effondrement de 2008-2009 s’expliquant par une crise économique d’une ampleur inédite depuis quatre-vingt ans. En effet, l’ensemble des données semblent indiquer que nous entrons dans un monde où les matières premières seront plus chères. Si la hausse des prix va naturellement pousser la production à la hausse, il y a des contraintes physiques qui peuvent freiner cette hausse. Et surtout, l’augmentation de leur consommation devrait continuer dans les années à venir avec la forte croissance des pays en voie de développement.
Risque ou opportunité ?
Bien sûr, les règles du marché devraient permettre une augmentation de la production, des gisements ou des productions qui n’étaient pas rentables le devenant, et étant alors mis en chantier. On estime aujourd’hui que le coût de production des schistes bitumeux du Canada tourne autour de 50 dollars le baril. Les prix actuels garantissent donc une marge qui encourage leur développement. Mais ce n’est pas sans poser de gros problèmes écologiques, comme le souligne la polémique naissante sur les gaz schisteux en France et où l’Etat devrait assurer une plus grande transparence.
Plus globalement, les mécanismes de marché ont une forme de vertu dans le sens où les variations de prix poussent les acteurs économiques à s’adapter. Beaucoup de scientifiques affirment ainsi que nous avons atteint le pic de production de pétrole et s’alarment des conséquences d’une telle perspective, qui pourrait propulser le prix du baril à plusieurs centaines de dollars. Cependant, une telle évolution est aussi le moyen de favoriser l’innovation et la relocalisation des économies (le coût du transport devenant plus prohibitif). Et quel meilleur moyen de « décarboner » nos économies ?
Le besoin d’Etat
A 300 ou 500 dollars le baril, il est probable que l’ingéniosité humaine et la quête du profit permettront de trouver des substituts au plastique et aux multiples dérivés du pétrole. La voiture totalement électrique arrive sur nos routes (avec Renault en pionnier). Cependant, le travers du système actuel est qu’il est extrêmement brutal et que ses conséquences peuvent être dramatiques pour les populations, l’envolée actuelle des prix créant de nouvelles famines et l’exploitation irréfléchie de certaines matières premières créant des désastres écologiques dont la facture est encore invisible.
Pour toutes ces raisons, il est essentiel de ne pas laisser aux seuls marchés la gestion des matières premières par le seul signal d’un prix trop volatil. Il convient à la fois de définir une véritable politique de long terme pour réduire rapidement la dépendance à l’égard des hydrocarbures, développer une politique industrielle ambitieuse pour développer des substituts durables aux produits dérivés du pétrole et surtout stabiliser les marchés agricoles en permettant à la fois aux agriculteurs de gagner leur vie, aux pays d’être auto-suffisants et aux citoyens de se nourrir à un prix décent et moins variable.
Voilà de beaux projets de coopération européenne. Malheureusement, ils contreviennent sans doute trop à la « concurrence libre et non faussée », le veau d’or des autorités bruxelloises. Il revient donc à l’Etat de reprendre la main sur ces sujets, quitte à proposer des coopérations à d’autres pays.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Tribune de Dominique de Villepin dans Libération: "Moderniser et refondre la République"
27/01/2011 17:33
Pourquoi la politique déçoit-elle toujours ? Pourquoi l’Etat est-il impuissant ? Pourquoi un tel sentiment de dislocation de la nation et de la République ? Nous traversons une crise de régime comme la France en connaît une ou deux fois par siècle. C’est ma conviction de gaulliste et de républicain. C’est mon expérience de serviteur de l’Etat et de Premier ministre.
Nous nous accommodons de pouvoirs si enchevêtrés qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Pourquoi ? Parce que nous n’avons jamais eu l’audace d’aller jusqu’au bout de la République. Nous avons choisi les petits compromis. Nous avons décentralisé mais en retenant les compétences avec un élastique. Nous avons fait le choix de l’Europe, mais sous le manteau.
Ne nous y trompons pas, il y a bien deux voies, celle des aménagements à la marge, avec un peu plus de démocratie participative, délibérative ou représentative ici ou là, au risque de toujours plus de complexité, et de l’autre côté la voie de la refondation, fidèle à l’esprit de notre République. C’est pourquoi nous proposons avec République solidaire un large rassemblement autour d’une grande refondation en douze points.
Allons jusqu’au bout de la séparation des pouvoirs.
1) Coupons le cordon entre l’exécutif et le judiciaire en soumettant le parquet à un procureur de la nation indépendant, nommé par le Conseil supérieur de la magistrature et investi par le Congrès.
2) Coupons le lien entre les intérêts économiques et les médias, en interdisant le contrôle d’un média par une entreprise liée à la commande ou à la régulation publique.
3) Renforçons le Parlement. Il sera plus représentatif par le recours à une dose de proportionnelle, plus efficace par l’interdiction stricte du cumul des mandats et plus audible par une réduction de plus d’un tiers du nombre de sièges aux deux assemblées.
Allons jusqu’au bout de la décentralisation.
4) Créons, à la place de la mosaïque illisible, huit à dix grandes régions aux compétences élargies : environnement, aménagement du territoire, enseignement supérieur, recherche.
5) Réunissons les présidents de régions en un Conseil territorial régulier, présidé par le président de la République.
6) Garantissons l’autonomie et la solidarité entre les territoires en matière de fiscalité, selon la règle : celui qui décide paye.
Allons jusqu’au bout de la modernisation de l’Etat.
7) Resserrons l’Etat autour de ses fonctions régaliennes et républicaines d’autorité et de cohésion sociale en constituant moins de dix grands ministères contrôlant vraiment leurs administrations.
8) Unifions la fonction publique d’Etat pour plus d’efficacité et de cohérence des administrations.
9) Adoptons une programmation stratégique de l’emploi public au lieu de règles comptables absurdes comme le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux.
Allons jusqu’au bout du suffrage universel.
10) Relançons le recours aux référendums, tant à l’échelon national qu’à l’échelon local.
11) Redonnons de la légitimité aux divers échelons exécutifs. Le suffrage universel direct doit être la règle, pour les présidents de région comme pour le président du Conseil européen.
12) Donnons le pouvoir à des conseils de quartiers élus au suffrage universel de piloter des projets territoriaux pour le développement des quartiers sensibles.
Voilà la condition de la renaissance de l’esprit républicain et de la citoyenneté en France, l’union entre la République de la confiance et de l’audace de Jaurès et l’esprit de Bayeux du général de Gaulle, plaçant l’autorité et la stabilité de l’Etat au cœur de la République. Nous pourrons alors fortifier la «république intérieure» en chaque citoyen grâce à un service citoyen, obligatoire pour les jeunes mais ouvert à tous, à tout âge. Nous pourrons faire vivre nos principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, en luttant contre les discriminations, notamment grâce à des parcours intégrés vers les concours de la fonction publique au sein des lycées de ZEP et des universités.
Dominique de Villepin, Ancien Premier ministre
http://2villepin.free.fr/index.php/2011/01/27/1775-tribune-de-dominique-de-villepin-dans-liberation
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