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La monétisation en question
24/01/2011 18:49
C’était un mot que connaissaient seulement les spécialistes du Japon il y a seulement trois ans. En quelques temps, la question de la monétisation des dettes publiques est apparue dans le débat public et promet d’agiter le landernau politique et économique dans les années à venir.
Il y a monétisation et monétisation
C’est grâce à RST que j’ai pu rencontrer l’association « Chômage et Monnaie », fondée par des Polytechniciens progressistes, et peaufiner ma compréhension des mécanismes de la monétisation. En effet, le mot recouvre des réalités complètement différentes. Il faut tout d’abord distinguer la monétisation indirecte (par le rachat de créances publiques par l’intermédiaire du marché, comme le fait la BCE aujourd’hui) de la monétisation directe (sans passer par le marché).
La deuxième variété, spécifiquement interdite par la loi de 1973 et le traité de Maastricht, en supprimant l’intermédiaire du marché, supprime également les commissions… On peut ensuite distinguer la monétisation « orthodoxe » de la monétisation « hétérodoxe ». La première n’est qu’un prêt, comme un autre, accordé par une Banque Centrale à un Etat, remboursé à la fin de l’échéance. La création de monnaie y est équilibrée par sa destruction (lors du remboursement).
C’est cette monétisation que défend André-Jacques Holbecq. Le postulat de départ est assez simple : pourquoi les banques privées peuvent-elles aujourd’hui emprunter à 1% auprès des Banques Centrales pour ensuite prêter plus cher aux Etats ? Pourquoi a-t-on privatisé la création de la monnaie ? En outre, la croissance de la dette en France est le seul résultat du paiement des intérêts depuis trente ans. En clair, si la Banque de France avait prêté à l’Etat, notre dette serait négligeable.
La monétisation est-elle inflationniste ?
En fait, la monétisation orthodoxe n’est pas plus inflationniste que le mécanisme actuel de financement des Etats. Du moment que l’Etat rembourse ses créances, la destruction de monnaie compense sa création. En effet, l’effet inflationniste est créé par le montant du déficit, qui correspond à l’augmentation de l’encours de dette et donc à la création de nouvelle monnaie. Que cette création soit faite par des acteurs privés ou publics n’en change pas le caractère inflationniste.
L’absence d’intérêt rend même la monétisation moins inflationniste (les intérêts étant une création de monnaie supplémentaire). Une monétisation de 10% PIB, si elle permet de rembourser un encours de 8% du PIB (laissant un solde de création monétaire de 2% du PIB) sera donc moins inflationniste qu’une monétisation de 5% du PIB ne remboursant qu’un encours de 1% du PIB. C’est le déficit qui est inflationniste, que la dette soit émise par des banques ou la Banque Centrale.
Le cas des Etats-Unis est très intéressant avec des déficits proches de 10% du PIB et une forte monétisation sans dérapage inflationniste. La raison est assez simple : la masse monétaire diminue au global, la réduction de l’endettement des acteurs privés étant supérieure à l’augmentation de l’encours public. En clair, tout dépend du contexte d’ensemble. Dans un contexte de forte hausse de la masse monétaire, un fort déficit financé par de la monétisation sera forcément inflationniste.
En outre, on voit aujourd’hui également que l’augmentation de la masse monétaire n’aboutit pas forcément à un dérapage des prix à la consommation. En effet, pendant les dix années qui ont précédé la grande crise de 2008, la masse monétaire a cru en Europe d’environ 8% par an, sans dérapage inflationniste sur les prix à la consommation (du fait du chômage et du libre-échange, entre autres). Cela impliquerait une réflexion sur le suivi du prix des actifs, curieusement absente du débat.
En fait, c’est la « monétisation hétérodoxe », qui alimente toutes les peurs des opposants à la monétisation. En effet, le contrôle de la monétisation permet également de créer de la monnaie ex nihilo, sans remboursement à terme, la fameuse « planche à billets ». Cette pratique est de facto inflationniste puisqu’elle revient à augmenter la masse monétaire. Son recours ne peut être envisagé que dans des cas exceptionnels de déflation conjugués à des dettes publiques élevées.
SI le tabou est en partie tombé, du fait des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, la monétisation est encore une pratique qui alimente certaines inquiétudes en partie infondées. Utilisée avec responsabilité, elle sera un outil d’autant plus utile que la privatisation de la création monétaire est totalement anormale.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Le cauchemar Etasunien
24/01/2011 12:00
La peine de mort, des taux d’homicides comparables aux pays Africains, près de dix fois plus de personne en prison qu’en Europe, une tentative d’assassinat sur une députée, un ascenseur social bloqué, un revenu médian en baisse de 7% : les Etats-Unis sont de moins en moins un rêve…
Le rêve étasunien
Les Etats-Unis ont longtemps représenté une forme d’idéal pour certains. Et il est vrai que ce pays a libéré l’Europe du joug nazi lors de la Seconde Guerre Mondiale, puis l’a très intelligemment et fraternellement aidé à se reconstruire avec le Plan Marshall, avant de protéger une partie du Continent de la menace soviétique. Enfin, leur position à la pointe du développement technologique et économique renforcer encore une forme de rêve pour une grande partie du monde.
Bien sûr, ce rêve a toujours eu des limites. Au colonialisme de la vieille Europe a succédé un impérialisme pas plus recommandable dont on voit encore les traces en Irak et en Afghanistan. Au début des années 60, quand le président du Sénat en France était un noir, ces derniers subissaient encore une discrimination institutionnelle dans le pays de la Liberté, qui ne sera abolie que dans les années 60. Et les Etats-Unis étaient déjà en retard de plusieurs conquêtes sociales….
Mais malgré tout, les Etats-Unis étaient le pays qui faisait rêver. C’était le pays qui envoyait le premier un homme sur la Lune, dans une démonstration de savoir-faire technique et de volontarisme assez remarquable. C’était le pays où tout semblait possible, où le petit immigré pouvait espérer se construire un destin hors du commun, un pays où la vivacité entrepreneuriale se mesure encore à des noms comme Apple, Microsoft, Google ou Facebook.
Un rêve devenu un cauchemar
Même si les Etats-Unis ont sans doute conservé un certain dynamisme entrepreneurial, sur beaucoup d’aspects, le rêve n’est plus qu’un rêve justement. Contrairement à ce que suggère l’accession de Barack Obama à la présidence de la République (et qui a contribué à son élection), la société étasunienne est beaucoup plus figée que les sociétés de l’Europe continentale. L’ascenseur social fonctionne mieux en France ou en Allemagne, comme le souligne The Economist.
L’explosion du coût des études supérieures provoque une forte reproduction sociale, comme le montre Paul Krugman dans son livre « L’Amérique que nous voulons », à moins d’être surdoué. Pire, une majorité de la population s’appauvrit puisque le revenu médian a diminué de 7% sur les dix dernières années, cette baisse étant compensée par le recours à l’emprunt, qui a mené à la grande crise de 2008. Et que dire d’un système de santé cher et à la couverture non universelle.
En outre, même si les rues de New York sont plus sûres, la société étasunienne est une société extrêmement violente. Avec la libre-circulation des armes à feu, le taux d’homicide y est comparable aux pays Africains et 3 à 8 fois supérieur aux pays européens. Même sur la route, la proportion de victimes rapproche davantage les Etats-Unis des pays en voie de développement des pays d’Europe occidentale. Bref, les Etats-Unis sont une société violente.
Les Etats-Unis ont longtemps été et pour beaucoup un rêve abusivement appelé Américain. Mais quand on regarde la réalité en face aujourd’hui, cette société semble s’être transformée en cauchemar que les autres sociétés occidentales devraient bien veiller à éviter.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
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Le mutisme du Parlement européen sur la Tunisie
24/01/2011 11:50
La scène a eu lieu à Strasbourg. Les députés européens sont réunis pour une session plénière, trois jours seulement après la chute de Ben Ali. Le président du Parlement, le conservateur polonais Jerzy Buzek, demande une minute de silence pour les victimes de la répression en Tunisie. Il propose le concours de l’Union européenne pour l’organisation d’élections libres. Mais les Verts de Daniel Cohn-Bendit et la Gauche européenne du PCF veulent un débat pour voter une résolution de soutien au peuple tunisien.
«Dans une curieuse ambiance où se mêlaient gêne et confusion», selon le communiste Patrick Le Hyaric, la majorité des députés refusent, soutenus par les deux principaux groupes représentés dans l’hémicycle, le Parti populaire européen (PPE), dont est notamment membre l’UMP, et le Parti socialiste européen (PSE), auquel appartient le Parti socialiste de Martine Aubry. Depuis, la vidéo de l’intervention de Daniel Cohn-Bendit a fait le tour de la Toile, y compris en Tunisie, où les dénonciations de la politique étrangère de la France et de l’Union européenne font fureur.
«J’aurais aimé que ce Parlement soit à la hauteur de la fierté des Tunisiens qui ont su abattre le dictateur. Le dictateur est tombé mais la dictature existe toujours. La majorité de ce Parlement a soutenu depuis des années le dictateur», a dénoncé Cohn-Bendit à Strasbourg, confondant au passage la ville de Sidi Bouzid d’où sont parties les manifestations massives et Mohamed Bouazizi, le jeune homme qui s’y est immolé le 17 décembre dernier. Joint par téléphone, le député vert enfonce le clou: «Cela fait des années que c’est comme ça. On a déposé des dizaines de demandes et le PSE et le PPE ont toujours refusé. Ils considéraient que Ben Ali était un rempart contre l’islamisme.»
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le débat organisé l’an dernier au Parlement sur l’octroi du statut avancé en termes de coopération entre l’Union européenne et la Tunisie: on y voit par exemple la commissaire Neelie Kroes louer un «partenaire proche et fiable», notamment en matière de «sécurité» et «d’immigration», et la croissance économique, malgré des «lacunes» en matière de respect de la liberté d’expression.
Le député belge, et ancien commissaire européen, Louis Michel ou le Français Dominique Baudis (UMP) sont encore plus radicaux, le premier insistant notamment sur les droits des femmes et le second lâchant que «bien des pays pourraient envier de tels résultats». La Tunisie est le premier pays du sud de la Méditerranée à avoir signé un accord d’association avec l’UE en 1995, en vue d’établir une zone de libre-échange entre les deux parties.
«Nous ne sommes pas une agence de presse»
Du côté des socialistes européens, Armin Machmer, porte-parole du président allemand du groupe Martin Schulz, explique que son groupe n’était pas opposé au vote d’une résolution mais qu’il a jugé qu’une déclaration de M. Buzek «en ouverture de la session avait beaucoup plus de signification». Drôle d’argument lorsqu’on songe que les résolutions votées par le Parlement ont pour objectif de peser sur les gouvernements et sur la politique de la Commission. Surtout, avance M. Machmer, «les événements étaient mouvants» en Tunisie: «Nous ne sommes pas une agence de presse qui fait une déclaration toutes les deux heures. Nous voulons une résolution, mais avec un débat profond et fondé.»
Cette position n’a pourtant pas fait l’unanimité parmi les socialistes: la délégation française s’y est opposée et a lancé mercredi un appel pour que l’Union européenne soutienne la transition démocratique en Tunisie. «En général, on évite de prendre une position différente du groupe, mais là on a vraiment pensé qu’il y avait urgence», explique la députée Françoise Castex.
Selon elle, pour des raisons historiques et géographiques, les Allemands sont moins sensibles à la situation au Maghreb que les Français. «Quand c’est sur la révolution orange en Ukraine, on est en revanche très prompts à réagir», explique-t-elle. A l’instar de Stéphane Le Foll, proche de François Hollande et vice-président du PSE: «La droite nous fait chier avec l’Ukraine et la Biélorussie, avec parfois un anti-communisme primaire. Cette semaine, c’est le PPE italien qui a demandé une résolution sur Cesare Battisti (dont l’extradition a été refusée par le Brésil)! Il fallait une résolution sur la Tunisie, même simple!»
Dans ce contexte, il explique le refus du PSE par la «logique institutionnelle» qui préside au fonctionnement du Parlement européen, où le compromis est constamment recherché par les principaux groupes. La responsable de la diplomatie européenne Catherine Ashton a d’ailleurs pris, elle, des positions beaucoup plus claires ces derniers jours. «Le fonctionnement du Parlement est assez lourd», estime Le Foll. Un argument repris par Armin Machmer pour Martin Schulz: «Pour une résolution, il faut travailler avec toutes les fractions, avoir de nombreux débats pour trouver un compromis, et parfois il n’en sort rien… Les processus au Parlement exigent de la préparation.»
D’autres députés de gauche parlent plutôt d’une «prudence excessive», comme Françoise Castex, qui juge l’épisode révélateur «d’un manque de maturité politique du Parlement, qui passe parfois à côté de certains moments de l’Histoire». «Ils ont été pris de court, tout cela les oblige à repenser et rediscuter leurs positions passées. Il y a une fainéantise intellectuelle et un manque de courage politique. Pour la plupart, la question est d’être du côté du manche, c’est tout…», lâche l’écologiste Hélène Flautre.
Face au tollé, la conférence des présidents de groupe a finalement décidé jeudi d’organiser début février lors de la mini-session du Parlement à Bruxelles le vote d’une résolution sur la Tunisie, avant le départ sur place d’une délégation officielle de députés européens.
Par Lénaïg Bredoux
http://www.gaullisme.fr/?p=11613
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L'Abécédaire des échecs diplomatiques de Nicolas Sarkozy
24/01/2011 11:33
Ce lundi, le candidat Sarkozy reçoit le corps diplomatique pour les voeux, puis enchaîne avec une « vraie » conférence de presse sur les enjeux des prochains G20 et G8. Une belle occasion de revenir sur les échecs diplomatiques du Monarque français avec cet abécédaire non exhaustif.
Afghanistan En avril 2007, Sarkozy expliquait que « la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive.» A peine élu, il change d'avis, et envoie des renforts. La France réintègre le commandement intégré de l'OTAN. En août 2009, un scrutin présidentiel est organisé comme prévu: un coût faramineux, des attentats, une participation médiocre, et pour finir, deux candidats qui se réclament victorieux dès le premier tour. Sarkozy est le seul à applaudir. La France devient la cible de prise d'otages.
Copenhague En 2009, après l'échec UMPiste aux élections européennes, Nicolas Sarkozy s'était décidé à utiliser la cause écologiste pour redorer son blason. En fin d'année, le sommet de Copenhague devait être le point d'orgue de ce renouveau. Comme toujours, Sarkozy promit l'impossible. Comme souvent, il se révéla incapable de convaincre Obama et Hu Jintao, malgré ses grandes déclarations. Il a joué à l'écolo pour rien.
Crise On l'oublie, mais Sarkozy a été complètement dépassé par la crise boursière puis financière de l'automne 2008. Fin août 2008, quelques jours avant la disparition de la banque d'affaires Lehman Brothers, il n'avait rien vu, rien prévu. Pourtant, depuis des semaines, les nouvelles du front américain étaient inquiétantes. Les premières faillites bancaires ont débuté voici des mois. La crise des subprimes envoie déjà des milliers d'Américains au tapis. Tétanisé, Sarkozy met 15 jours avant de réagir officiellement au krach boursier qui suit la disparition de la banque d'affaires. Sans idée ni leadership, il finit par suivre ses collègues Brown (qui a imposé le soutien au crédit intra-bancaire) et Merkel (qui a lancé un plan de relance plus tôt que les autres). Plus tard, il expliquera qu'il a sauvé le monde.
Droits de l'homme Quand Barack Obama reçoit le président Hu Jintao, il impose à son hôte un exercice de questions/réponses avec la presse, il laisse les manifestants pro-Tibet, et il ne s'abstient pas de féliciter le prix N obel de la Paix Liu Xaobo. Quand Nicolas Sarkozy reçoit Hu Jintao, il fait placer des figurants chinois dans les rues de Paris et de Nice, et se couche. En août 2008, Sarkozy fut l'un des rares dirigeants occidentaux à se rendre à l'inauguration des J.O. de Pékin. En décembre 2007, Sarkozy accueille le colonel Kadhafi en grandes pompes à Paris. Sans être naïf sur les contingences diplomatiques, on espérait plus de retenue. Plus généralement, le soutien ostensible aux pires dictatures du moment (Libye, Tunisie, Syrie), le silence prudent face aux exactions israëliennes à Gaza début 2009 ont brouillé l'image de la France. La diplomatie française est désormais raillée pour sa partialité, tantôt donneuse de leçon, tantôt complice silencieuse de ses dictatures-partenaires commerciaux.
Europe En juillet 2007, Sarkozy « débloque » l'Europe en négociant un traité simplifié dit de Lisbonne. Ratifié en janvier, il est retoqué par un référendum irlandais en juillet, puis charcuté en décembre suivant. Entre juillet et décembre 2008, la présidence française de l’union européenne n’a pas servi la cause européenne. Le Monarque a joué les Etats contre l’Europe ; troublé le couple franco-allemand par son rapprochement avec le Royaume Uni pour l'Union de la Méditerranée, avant de tenter de le conforter. En décembre 2009, elle se dote d'un président pour deux ans. Sarkozy suit Merkel et fait élire un inconnu sans charisme qui ne dérangera personne. Financièrement fragilisée, la France n'a plus qu'à suivre l'Allemagne.
Etats-Unis La situation est paradoxales. Avant 2007, Sarkozy aimait à se présenter comme atlantiste et pro-américain. Son soutien à une administration Bush totalement décrédibilisée et haïe de par le monde était complètement anachronique. Obama élu, Sarkozy fait le jaloux. « On a hâte qu'il se mette au travail et qu'on change le monde avec lui » est son seul commentaire officiel lors de l'intronisation du nouveau président américain. Depuis, Obama le snobe aisément tel qu'il en a l'occasion.
Françafrique C'est en Afrique que l'échec diplomatique de Sarkozy fut le plus flagrant. Dix semaines après son élection, il prononce un incroyable discours aux accents racistes, à Dakar, sur l'homme africain insuffisamment entré dans l'histoire. Plus tard, il vire Jean-Marie Bockel de la Coopération sur instruction d'Omar Bongo. Le successeur Joyandet accumule les bourdes, félicitant les putchistes guinéens (contre l'avis américain), puis la succession truquée d'Omar par Ali Bongo au Gabon. En juillet 2010, Sarkozy promet un nouveau partenariat, plus élargi. La présence militaire française s'est réduite, mais l'influence économique également. Les Chinois ont pris le relais. La Françafrique agonise. En décembre 2010, Wikileaks nous apprend qu'un responsable de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) confiait à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun que le pouvoir Bongo a financé Sarkozy. En France, le ministère de la justice fait tout ce qu'il peut pour bloquer les instructions contre les détournements de fonds de quelques présidents africains alliés.
Géorgie Il « présidait » l'Union européenne depuis le 1er juillet précédent. Quand la Russie envahit la Géorgie voisine, dont le président atlantiste ne cessait de jouer au provocateur, Sarkozy intervient. Il tente de faire croire qu'il avait sauvé le petit Etat. Un peu avant son discours aux ambassadeurs, la Russie annonçait qu'elle reconnaissait l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux anciennes provinces géorgiennes. Sarkozy, désavoué par son ami Medvedev, condamne, mais n'y peut pas grand chose. En août 2010, la Russie déploie des missiles en Abkhazie, et la Sarkofrance se tait.
Gouvernance C'est la grand dada de Sarkozy depuis la crise de 2009. A chaque fois qu'il le peut, il réclame l'arrivée de l'Inde, du Brésil et d'un pays d'Afrique au sein du Conseil de Sécurité. Sur ce coup, il a raison. L'équilibre géostratégique du monde est bouleversé. Mais pour convaincre, Sarkozy s'y prend mal. Il s'attache le soutien de quelques pays dits émergents alors qu'il faut convaincre les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Il promeut également le soutien au développement des pays pauvres. Mais ses belles paroles ne sont jamais suivies d'effet. La Sarkofrance reste mesquine quand il s'agit d'aider le tiers-monde. La France ne consacre que 0,44% de son PIB à l'aide publique au développement. Et le gouvernement Fillon s'amuse à y inclure davantage de prêts rémunérés, tout en réduisant ses dons, notamment en matière sociale afin de gonfler le chiffre.
Iran L'Iran, c'est le Grand Satan de Nicolas Sarkozy, l'incarnation du mal absolu. Depuis son élection, il joue au taurillon, menaçant l'Iran de représailles militaires s'il s'équipe d'armement nucléaire. Quand une Française, Clothilde Reiss, prisonnière à Téhéran après un procès inique, paye l'affront français, Sarkozy continue de hurler sa détermination. En coulisses, la France négocie la rançon. Et quand la Russie équipe l'Iran, Sarkozy se félicite de la mise en service de la centrale de Boucher, alimentée par du combustible russe.
Italie Il s'est remarié avec un Italienne qui n'aime pas Berlusconi, son grand ami. En février 2009, Sarkozy signe avec son copain transalpin un accord nucléaire. De part et d'autre des Alpes, les deux chefs d'Etat font l'objet de multiples comparaisons. Les frasques berlusconniennes avec des mineures et des prostituées ont conduit Sarkozy à s'éloigner de cet ami encombrant.
Kouchner En mai 2007, Sarkozy débauche Kouchner des rangs de la gauche. C'est une prise de guerre à usage politique interne. Pour la diplomatie française, c'est une catastrophe. Kouchner agace les diplomates. Son incompétence énerve. L'homme est rapidement marginalisé par le Sherpa du président. Pire, Sarkozy n'a pas vu venir le scandale. Kouchner était consultant pour quelques potentats africains auxquels il réclame le paiement de quelques factures après sa nomination au ministère des Affaires Etrangères. Il place ses proches, y compris sa compagne à la tête de l'Audiovisuel Extérieur de la France. « «Je les ai suffisamment gavés ces deux là!» commentera Sarkozy plus tard en pensant au couple Kouchner/Ockrent.
Otages Quand deux journalistes de France 3 sont kidnappés par des Talibans, Sarkozy s'énerve contre ... eux. Il ne fallait pas enquêter là-bas. Des mois plus tard, Michel Germaneau, un autre otage, est attrapé en Mauritanie, puis meurt en détention en juillet 2010. En octobre, 7 collaborateurs d'Areva sont faits prisonniers. Sarkozy est prudent. En janvier, deux jeunes Français sont kidnappés dans un restaurant de Niamey. Sarkozy ordonne l'intervention immédiate des Forces spéciales. Les deux Français meurent dans des conditions troubles. L'enquête démarre. On comprend juste que Sarkozy devenu candidat à sa propre réélection a changé d'approche. Comme par hasard.
Paradis fiscaux Passées les premières secousses boursières, Sarkozy endossa un costume de régulateur, qu'il exhibe à chaque rencontre internationale. Grâce à la France, le G20 est créé. Grâce à Sarkozy, on croit pendant quelques mois que les paradis fiscaux ont disparu. En avril 2009, au G20 à Londres, puis au sommet de l'OTAN à Strasbourg, Sarkozy caricature le débat, exagère ses colères et nous faire croire que le G20 a mis un terme à l'évasion fiscale et trouvé une réponse commune à la crise économique : c'est simplement faux. Il n'y a aucun plan coordonné, aucune mesure de rétorsion concertée contre la fraude fiscale, et la liste des paradis fiscaux est ridiculement étroite. On déchante assez vite. Les paradis fiscaux ont simplement changé d'appellation.
Proche-Orient On aurait pu croire que Sarkozy mettrait son crédit personnel auprès des autorités israéliennes au service de la paix. Que nenni ! Sarkozy fut inexistant. En janvier 2009, Israël attaque et bombarde Gaza. Sarkozy file au Proche Orient, pour stigmatiser le Hamas au moment même où les chars israéliens entraient dans la bande de Gaza. L'opération Plomb durci durera une vingtaine de jours et 1400 morts. En mai 2010, quand l'armée israélienne attaque un convoi maritime humanitaire en route pour Gaza bloqué, la Sarkofrance tarde à réagir.
Rom En juillet 2010, il suffit d'un fait divers, dramatique certes, pour Nicolas Sarkozy déclenche au chasse aux Roms. La presse internationale s'indigne. L'ONU et le Conseil de l'Europe protestent. La commission européenne menace de sanctions si la discrimination officielle de la communauté rom est avérée. Même le pape Benoît XVI réagit. Sarkozy s'empourpre. En septembre, on découvre l'existence d'un fichier ethnique de gendarmerie, puis d'une circulaire officielle ciblant explicitement les Roms pour la destruction des camps illicites. L'image de la France est durablement affaiblie.
Russie Quand il était candidat, Sarkozy voulait marquer sa rupture avec Chirac. Il critiquait volontiers la complaisance française avec l'autoritarisme de Vladimir Poutine. A peine élu, Sarkozy fait rapidement ami-ami avec Poutine, devenu allié stratégique. Il insiste pour lui vendre des navires de guerre, suscitant l'inquiétude des Etats-Unis et de l'Allemagne. Et pas un mot sur la dictature russe.
Tunisie L'exécutif français n'a rien venu venir, comme d'autres. Il est allé jusqu'à soutenir jusqu'au bout le régime autocratique local. Ben Ali parti, Sarkozy a attendu 24 heures pour prononcer ses premiers mots d'encouragement officiel en faveur du processus démocratique. En pleine crise, et malgré une soixantaine de morts, la ministre Alliot-Marie propose le soutien de la police française. Ce fiasco questionne la compétence diplomatique française.
Wikileaks En décembre, le site publie, avec l'aide de 5 quotidiens de référence, quelques 250.000 notes diplomatiques américaines. La diplomatie française et Nicolas Sarkozy en prennent pour leur grade. Nicolas Sarkozy y apparaît comme un « Empereur nu », « susceptible » et « autoritaire ». La prétendue intervention syrienne pour faire libérer Clotilde Reiss était un bobard.
Pour 2011, Nicolas Sarkozy nous a promis une année diplomatique utile, avec la présidence française des G20 et G8. Il multiplie les déplacements, avec son nouvel avion. Pour l'instant, on a peine à voir ce qu'il en ressort. En Inde, son voyage fut glamour et people. Aux Etats-Unis, il n'a pas convaincu Obama. Au début, Sarkozy jouait au modeste. Il promettait simplement de discuter de la régulation des marchés (financiers et matières premières). Plus l'année avance, plus il s'emballe. Lors de ses voeux à la Culture, il sort l'idée d'un G20 des droits d'auteur. Aux agriculteurs, il s'engage sur une transparence des marchés. On sait que tout ceci n'est qu'agitation électoraliste. A Séoul, en novembre dernier, il a même préféré sécher l'essentiel du sommet du G20 pour quelques célébrations françaises locales mineures.
On connaît la chanson. http://www.marianne2.fr/sarkofrance/L-Abecedaire-des-echecs-diplomatiques-de-Nicolas-Sarkozy_a330.html
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Devons-nous oublier Céline ?
24/01/2011 11:17
Serge Klarsfeld a finalement obtenu du Ministre de la Culture qu'il retire Louis Ferdinand Céline des célébrations françaises 2011. Michaël Rolland et Renaud Chenu* défendent dans cette tribune le génie du docteur Destouches.
Allez, la France n'est pas avarde. Ni de sa gloire, ni de sa mémoire. Sachons la brader, comme on peut brader le reste. Il y en aura toujours qui la ramasseront. Céline. Oui, Céline ! Si l'oubli pouvait nous le prendre, ce triste machin, on lui refilerait bien, on est même prêt à le payer pour qu'il nous le prenne ! Qu'il nous foute la paix ce vieux démon avec ses oripeaux de génie. Il porte à lui tout seul tous les arrière-mondes de la collaboration. Il est mort aigri, plus antisémite que jamais. Il est mort comme il a vécu en somme, en pourriture. Et pourquoi commémorer la pourriture ? Voilà les termes du débat. Avec tout le respect que nous avons pour Serge Klarsfeld, c'est un peu court.
Un type détestable, Céline. Même les Allemands n'en ont pas voulu, ou si peu. Trop dans l'excès, qu'ils le trouvaient, les nazis. Un solitaire, un incontrôlable, alors l'occupant l'a laissé à ses lubies. Certains se sont vautrés à Weimar, ces belles plumes des Lettres françaises pressées de plaire à la botte qui écrasait leur gueule, dans un fameux voyage : « Le train de la honte », dira-ton plus tard. C'est Goebbels qui invitait. Céline n'a jamais reçu de carton. Ils ont même réussi à le vexer, en supprimant de l'exposition « Le juif et la France » ses infâmes pamphlets Bagatelle pour un massacre et L'école des cadavres. Trop plein « d'obscénités » et « hystériques » selon les commissaires. Il aurait « gâché » l'expo.
Et quand on amnistiait à grosses louches après une brève et magnanime épuration du monde intellectuel pour faire oublier qu'on n'avait pas toujours été chagrin de les voir à la maison, les Allemands, lui on le laissa croupir dans son exil. Sigmaringen dès octobre 1944, ça vous estampille collaborationniste à vie un truc comme ça… Pourtant, sans minimiser, il faisait pas partie du gratin. Médecin des petites gens c’était ça son quotidien… Pour autant pas joli joli sur le CV… Cinq ans les Danois l'ont gardé, avant de nous le rendre. Sale année que cette année 50. « Indignité nationale », voilà pour la douloureuse de la justice, sans compter cette petite année au frais en 1946. Il continua à publier dans cette période, plus prolixe que jamais, dont l'immense Guignol's band, 1 & 2. Et puis un tribunal militaire l'a amnistié, avril 51. Si on pouvait en rester là.
Il a tué qui, Céline ? Il hésitait pas sur les certificats de complaisance pour échapper au STO le docteur Destouches… Les résistants qui vivaient dans son immeuble, il savait foutrement ce qu'ils bidouillaient, ces lascars. Et quitte à avoir un voisin collabo, ces héros ont tiré le bon numéro. La vieille carne qu'ils croisaient tous les jours ne transmit jamais de message à la Gestapo. Car il s'en foutait des « messages », Céline, il a toujours refusé d'être ce genre de type, un « homme à message », un intellectuel. Il les méprisait trop. Pourtant il en a laissé un, de message, à la postérité. Tout en paradoxes. Un message bien ambivalent, qui colle aux doigts. La France a collaboré, et plus que l'ennemi l'exigeait d'ailleurs ! Comme lui. La France a été antisémite, vraiment antisémite ! Comme lui. Lui, tendance racisme biologique… odeurs nauséabondes… L’excès, encore et toujours… En 1946, il ira même jusqu'à écrire que les juifs devraient lui ériger une statue pour le mal qu'il ne leur a pas fait et qu’il pouvait leur faire… dans le texte… ah la provocation il aimait ça « le vieillard clochard dans la merde ». Pas fou, il tentera de jouer par la suite profil bas… Ce qui n’excuse rien… C'est ça qu'il faudrait oublier ? Que folie, haine et génie fassent parfois bon ménage dans la tête d'un homme ? Surtout dans les périodes où la morale qui fait les civilisations s'effondre ? Ou il faudrait oublier qu'on pouvait être profondément patriote et collabo, pacifiste et engagé volontaire, détester les juifs et avoir toujours rejeté la solution finale, être raciste et soucieux des pauvres, n'apprécier les Allemands qu'en regard des soviétiques et de son obsession de la décadence française ?
Ne différencions pas l’homme et ses écrits, ses pamphlets et ses romans. Il pose problème et continue de susciter un gros malaise chez le lecteur lambda sinon chez l’exégète ? C'est très bien, ces problèmes sont un défi pour la mémoire et l'histoire. Il est évident qu'on est plus à l'aise avec des parangons de la collaboration intellectuelle tels Pierre Drieu La Rochelle ou Robert Brasillach. A l’aune du géant des lettres françaises leurs talents littéraires semblent minimes. Ainsi l’embarras est moindre et la bien-pensance peut s’exprimer à loisir. Surtout ils ont « assumé » leurs erreurs et n’ont pas choisi la fuite. Drieu, dans un élan de fierté ostentatoire et autodestructeur, n’a-t-il pas écrit : « Soyez fidèles à l’orgueil de la Résistance comme je suis fidèle à l’orgueil de la Collaboration. Ne trichez pas plus que je ne triche. Condamnez-moi à la peine capitale. [...] Oui, je suis un traître. Oui, j’ai été d’intelligence avec l’ennemi. J’ai apporté l’intelligence française à l’ennemi. Ce n’est pas ma faute si l’ennemi n’a pas été intelligent. » ? Il se donna la mort le 16 mars 1945. Robert Brasillach est condamné à mort et exécuté le 6 février 1945 au terme d’un procès qui divisera les écrivains de la Résistance. Céline n’a pas endossé ses responsabilités. Il n’a pas « payé » pour son engagement. Pire, il a cherché à minimiser ses fautes sans jamais se repentir. Il demeure ce marginal qui souhaite provoquer, choquer et continue d’aborder les problèmes collectifs sous l’angle individuel. Il reste également ce raciste maladif qui ne se tait pas lors de l’Occupation. C'est ça, ce dont nous devons nous rappeler, en plus de redécouvrir son œuvre, pour ne pas se priver du plaisir de lire ce maestro du verbe, de la révolution syntaxique, cet auteur qui nageait le crawl quand tous les autres étaient à la brasse.
Que certains veuillent sa disparition, il restera. Car les génies traversent les siècles, et pas de bol, lui en était un. Et c'est tant pis … ou tant mieux. Il y en aura encore des millions, des ados comme nous fûmes, à être saisis de vertiges à la première lecture de Voyage. Et l’histoire sans mémoire comme la mémoire sans l’histoire, messieurs les prudes de la commémoration, ça ressemble à quoi ? A une Ministre des Affaires étrangères qui se prend pour un caporal de la Coloniale cinquante ans après la décolonisation ?
* Michaël Rolland est agrégé d'histoire et auteur d'un mémoire de recherche sur Céline et la collaboration (2003). Renaud Chenu est journaliste, auteur de Porcus Soviéticus (roman historique, 2010) et 18 mois chrono avec Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann (fiction politique, 2010). Ils ont étudié l'histoire ensemble à l'Université Nancy.
Michaël Rolland et Renaud Chenu
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