Rassemblement des Gaullistes Républicains et Sociaux

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Créé le : 10/01/2011 15:32
Modifié : 09/08/2011 09:50

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Communautarisme contre République: une menace en trois dimensions

04/02/2011 09:47

Communautarisme contre République: une menace en trois dimensions


Une tribune de Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), auteur de Contre le communautarisme (Editions Armand Colin, 2007), parue dans le Journal Après-demain n°17 (« La République en danger », janvier 2011)

Un spectre hante la République : le communautarisme a fait son apparition comme catégorie répulsive du discours politique et du champ intellectuel depuis le début des années 80. Se réclamer du communautarisme, c’est, pour un politique ou un intellectuel, la certitude d’un isolement rapide (« Qui est communautariste ? »). Le consensus dominant estime le communautarisme en expansion dans la société et prétend construire des digues contre lui, en même temps que les « valeurs républicaines », ringardisées il y a peu encore, reviennent à la mode (« Nous sommes tous des républicains », pourrait-on paraphraser). D’où vient alors le paradoxe selon lequel le communautarisme, prétendument combattu par tous, serait irrésistiblement en ascension ? Pour répondre à cette interrogation, un essai de définition s’impose. Celle que je proposerai s’articulera autour de trois dimensions.

« Envie du pénal » et « Reductio ad Hitlerum »
Le communautarisme est d’abord un réflexe idéologique, inséparable de l’extension du politiquement correct dans les pays d’Europe et les Etats-Unis. Certains sujets y sont désormais retranchés des règles du débat public en raison de l’implication de « minorités » plus ou moins bien définies, dont le respect inconditionnel est tenu pour acquis. Citons en vrac : la demande d’accroissement sans limite des droits associés à l’« homoparentalité », la demande de « reconnaissance » et de « dignité » des « descendants » de l’esclavage ou de la décolonisation par le vote de lois spécifiques (dites « lois mémorielles »), la revendication de places réservées dans les domaines les plus prestigieux de la politique, de la communication ou de l’entreprise privée pour les femmes et les minorités ethniques (par des politiques dites de « discrimination positive » ou favorisant la « diversité ») ou encore la demande d’intégration des pratiques culturelles et religieuses dans les cahiers des charges du Service public (quasi-disparition de certains plats dans les cantines scolaires, par exemple).

On assiste ainsi, dans les vieilles démocraties libérales, à un rétrécissement stupéfiant de la liberté d’expression, pourchassée jusque devant les tribunaux par des associations groupusculaires, parlant le langage de l’humanisme et de la tolérance, mais d’abord mues par le souci de la censure et réclamant peines de prison et interdits professionnels pour les « mal-pensants ». L’« envie du pénal », selon l’expression de Philippe Muray, semble désormais la passion dominante de la nouvelle ploutocratie du monde associatif et militant, intégrée à la société du spectacle dans ce qu’elle a de plus méprisable et médiocre, usant de la « reductio ad hitlerum » comme d’autres, en leur temps, de l’accusation de « fascisme ».

« Victimes » d'hier, « victimes » d'aujourd'hui
Dans ce contexte idéologique délétère, on reconnaît bien entendu la vieille fascination de la gauche pour la culture de la marge ou de la minorité (avatar du léninisme ?), réflexe qui n’a fait que s’exacerber avec le mépris grandissant de l’intelligentsia de gauche pour les classes populaires autochtones, désormais assimilées à la « majorité »... dominante. Par un étonnant renversement, la cause du communautarisme remplace ainsi les « victimes » d’antan (les travailleurs, dont les caractéristiques ethniques, religieuses ou sexuelles étaient tenues pour négligeables) par les « victimes » d’aujourd’hui (immigrés, femmes, membres de minorités ethniques, religieuses ou sexuelles), au moment même où le système économique mondial relègue effectivement le monde ouvrier dans les marges (du moins en Europe et aux Etats-Unis), rompant ainsi avec la centralité de la figure ouvrière dans le système capitaliste. Cette inversion s’établit en même temps que la question sociale disparaît des écrans radar au profit de questions sociétales plus ou moins légitimes mais qui, sans conteste, ont pour effet d’éjecter la première nommée de l’agenda politique.

La carte qui gagne à tous les coups
Le communautarisme est aussi une stratégie opportuniste, pour le Narcisse en mal de reconnaissance comme pour le filou sans morale. En France, vieille nation politique individualiste, l’apparition d’entrepreneurs communautaires prétendant parler au nom de leur « communauté » d’origine peut s’expliquer aisément. Carte médiatique à coup sûr gagnante (surtout depuis que les entrepreneurs communautaires - tout en réclamant des mesures d’inspiration communautariste - parlent la langue de la République), arme de pression sur des responsables politiques mal conseillés ou simplement couards, le choix d’un positionnement communautaire permet l’acquisition de rentes de situation dans l’appareil médiatique et politique et une exposition sans commune mesure avec l’influence réelle ou la représentativité desdites associations ou des individus. Après tout, Tariq Ramadan, citoyen suisse d’origine égyptienne, n’était-il pas tenu pour un spécialiste des banlieues françaises au seul motif qu’il est musulman ? Jean-Guy Talamoni, l’un des chefs de file du nationalisme corse, n’a-t-il pas été « poussé » par le quotidien Le Monde pendant des années avant que les citoyens français de Corse ne mettent un coup d’arrêt, en juillet 2003, à la logique de séparation institutionnelle proposée alors par les autorités de la République ? Le CRAN (« Conseil Représentatif des Associations Noires » de France) ne bénéficie-t-il pas d’une médiatisation sans rapport avec ses maigres effectifs (une centaine de personnes, selon des sources internes) ? Et, suprême injure faite à la philosophie républicaine, la quasi-totalité des membres du gouvernement et de l’opposition ne prend-elle pas soin, tous les ans, de se rendre au dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), craignant de subir les foudres de responsables ne faisant pourtant guère dans la nuance dès qu’il s’agit de « repentance » ou de défense des intérêts israéliens ?

A l'école du CRIF
Il faut ici se rendre à l’évidence : c’est bien la relation institutionnelle incestueuse entre le CRIF et le monde politique français qui fournit tout à la fois la matrice que les nouvelles organisations communautaires (CRAN, CFCM - Conseil Français du Culte Musulman - oscillant perpétuellement entre son rôle cultuel et une ambition politico-communautaire, etc.) cherchent à imiter et la jurisprudence qui justifie toutes leurs audaces. Constat tragique au pays de Stanislas de Clermont-Tonnerre...

Ce sens de l’opportunité des entrepreneurs communautaires s’allie parfaitement à la première dimension de la dynamique communautariste et fournit à bon compte des solutions faciles et « médiatisables » à des élus ou responsables politiques éprouvant des difficultés réelles à proposer des politiques publiques qui emporteraient l’adhésion collective, dans une société marquée par l’anomie et l’individualisation.

Une séparation destructrice
Le communautarisme est, enfin, une réalité démographique dont il est difficile de mesurer la dangerosité. La séparation de fait des catégories populaires (Français de longue date désormais relégués dans les zones périurbaines et rurales ; immigrés récents vivant dans les banlieues intégrées aux villes-centres) introduit une nouveauté dans la France post-révolutionnaire. Elle porte en effet en germe la destruction de la pratique républicaine à la française, qui réussissait à fusionner un idéal politique élevé (la philosophie républicaine, d’inspiration libérale mais fortement teintée d’égalitarisme ; autrement dit : la tension féconde entre les principes d’inégalité et d’égalité) et une pratique anthropologique culturellement violente mais symétriquement antiraciste : l’assimilation.

On a longtemps constaté l’indifférence des Français à la race, sur une longue durée - en particulier par l’importance des mariages mixtes exogamiques, qui séparaient radicalement l’univers culturel français de l’univers culturel anglo-saxon ou allemand - mais cette particularité française se déployait à des époques d’immigration plus faible, où l’assimilation allait de soi sur le plan anthropologique (elle n’était alors pas perçue par la société française comme une violence insupportable, ou par les nouveaux venus comme un choix parmi d’autres) et où l’immigration était essentiellement masculine.

Laïcité molle
L’immigration familiale, depuis les années 1970-80, a bouleversé cet équilibre en changeant radicalement les conditions de l’immigration, déracinement désormais relatif sur les plans affectif et culturel. De plus, le rétrécissement des distances provoqué par les nouvelles technologies entraîne toute une série de conséquences sur les plans culturel et intime, qui se mesurent par exemple par l’importance des mariages conclus avec des hommes ou des femmes du village d’origine. L’affaissement des normes du pays d’accueil - induit mécaniquement par la concentration des populations immigrées et leur constitution en majorités relatives dans leurs quartiers d’habitation - implique la prise en compte, par un Etat républicain mal préparé, de multiples aménagements à caractère ethnique ou religieux, en contradiction avec le principe de laïcité d’une part, mais aussi avec le réflexe national de mise à l’écart de la religion dès lors qu’il s’agit de la sphère publique (réflexe touchant indistinctement les religions catholique, protestante et juive).

Une insécurité devenue culturelle
Cela fournit l’une des dimensions d’une insécurité culturelle ressentie de manière particulièrement violente par les catégories populaires des Français de longue date, dominées sur le plan économique, méprisées par la culture des classes dominantes et, désormais, parfois soumises sur le plan culturel, au sein même des catégories populaires, en voie de communautarisation accélérée. A terme se pose la question de la réalité d’une culture commune, dans un pays où les classes populaires vivent désormais « ensemble mais séparées », selon l’expression lucide de Christophe Guilluy (1).

-------
1) Fractures françaises, Christophe Guilluy, Bourin éditeur, 2010

Le site de la Fondation Seligmann: www.fondation-seligmann.org
 

article_j__landfried_apres_demain.pdf Article J. Landfried-Apres demain.pdf  (126.65 Ko)

http://www.mrc-france.org/Communautarisme-contre-Republique-une-menace-en-trois-dimensions_a221.html






Ecole et reproduction des élites

02/02/2011 15:57

Ecole et reproduction des élites


Grace à M.Chatel, nous avons la parfaite mise en application du proverbe “Le mieux est l’ennemi du bien”.

Le ministre de l’Éducation nationale a proposé d’enseigner l’anglais dès l’âge de 3 ans (voir ici). Les élèves ne maîtrisant pas encore les bases du français se verront confrontés à l’apprentissage d’une autre langue. Le français serait-il donc relégué au rang d’enseignement secondaire, de moins en moins appris en milieu scolaire ? Si c’est le cas, les élèves ne trouvant pas à l’extérieur de l’école un appui (souvent familial) pour apprendre correctement notre langue ne posséderons pas de bases linguistiques suffisantes ; suffisantes
pour ensuite assimiler au mieux le savoir des autres enseignements. L’école n’aurait donc plus comme objectif d’atténuer les inégalités de naissance et de donner à chacun la possibilité d’acquérir le savoir nécessaire à sa réussite scolaire puis professionnelle. Pour éviter que n’advienne ce phénomène, il convient d’intensifier l’apprentissage du français à l’école élémentaire (15 heures hebdomadaires au lieu de 9 actuellement). Voilà une des propositions
de Debout La République dans le domaine de l’Éducation. D’autres mesures seront dévoilées lors d’une convention nationale samedi 5 février 2011 pour que l’école redevienne efficace dans sa mission : former les citoyens de la nation.

Programme de la convention

François Lahogue

http://debout-les-jeunes.fr/blog/02/2011/1970/ecole-et-reproduction-des-elites/






Quand les très riches paient moins d’impôt

02/02/2011 15:51

Quand les très riches paient moins d’impôt


C’est une découverte assez étonnante faite par Camille Landais et Thomas Piketty : comme expliqué dans 20 minutes : « les 500 000 personnes les plus riches sont imposées à 35% de leurs revenus alors que les 50% les plus modestes sont imposés à 45% ».
Des résultats stupéfiants
Je vous invite vivement à aller lire l’entretien réalisé par Alternatives Economiques avec Thomas Piketty et le graphique extrêmement parlant montrant le détail de la fiscalité (impôt sur le revenu, cotisations sociales, TVA et impôt sur le capital) pesant sur les Français, en fonction de leurs revenus. C’est ainsi que l’on constate que les prélèvements atteignent 40% pour les 10% les moins riches, puis tournent autour de 47-48% pour les classes moyennes et aisées, avant de baisser pour les 2% les plus riches.
Assez logiquement, les impôts sur le capital sont très progressifs. L’impôt sur le revenu l’est, mais pas tant que cela, et surtout, il est dégressif tout en haut de l’échelle du fait des nombreuses niches fiscales qui l’ont transformé en gruyère. Assez logiquement, les impôts sur la consommation (TVA…) sont dégressifs (passant de 14 à 7% des revenus environ) mais les cotisations sociales le sont encore bien plus (passant de 30% des revenus des classes moyennes à 4% pour les plus riches.
Le besoin d’un Big Bang fiscal
L’étude et les propositions des deux économistes présentent de multiples intérêts. Tout d’abord, cela montre l’urgence d’une refonte de notre fiscalité. Il n’est pas juste que la pression fiscale diminue pour les plus hauts revenus. Cela plaide clairement pour une limitation drastique des niches fiscales dont on constate ici à quel point elles distordent notre fiscalité. Une refonte complète de l’impôt sur le revenu et de la CSG (qui devraient sans doute être fusionnés) apparaît aussi nécessaire.
L’autre intérêt de cette étude est  de tordre le coup à un des arguments majeurs des opposants à la TVA sociale, à savoir qu’une telle réforme serait injuste. On voit ici que la TVA n’est pas moins injuste que les cotisations sociales qu’elle remplacerait en partie. En outre, il reviendrait à l’Etat de proposer une réforme d’ensemble pour ne pas léser les ménages populaires, dont les revenus stagnent en France depuis 10 ans comme le montre Jacques Sapir.
Il faut sans doute un tout petit peu modérer les résultats de cette étude car ils ne prennent pas en compte la redistribution des dépenses faites par l’Etat. Alternatives Economiques avait montré qu’en prenant en compte les dépenses publiques par citoyen, il y a tout de même une redistribution, même si notre impôt reste dégressif pour les très hauts revenus. Mais au global, cela ne retire rien au fait que notre fiscalité est aujourd’hui à la fois trop complexe et pas assez juste.
Merci à Camille Landais et Thomas Piketty pour cette nouvelle analyse en profondeur qui va au-delà de cette moyenne qui ne veut plus rien dire. Ils nous montrent une nouvelle fois qu’il faut aller au-delà de la surface pour bien comprendre ce qui se passe.
Laurent Pinsolle





Egypte : Après la «marche du million», l’opposition cherche sa place

02/02/2011 15:46

Egypte : Après la «marche du million», l’opposition cherche sa place


À quel moment le raïs va-t-il finir par décro-cher ? Comprendre que son heure est passée et qu’il est temps de tourner la page sur trente ans de pouvoir absolu ? Dans les rues du Caire, des centaines de milliers, peut-être un million, peut-être deux millions, de manifes-tants se sont rassem-blés mardi 1er février pour la plus grande démonstration de force populaire qu’a connue l’Egypte depuis des décennies. Le tout bien après l’heure légale du couvre-feu, dans une ambiance de kermesse festive, ponctuée de chants, de danses et de slogans repris à tue-tête. Malgré les banderoles et les pancartes appelant le président Hosni Moubarak à «dégager» – toujours les mêmes, juste en plus grand nombre ,il s’agissait moins de réclamer son départ que de l’entériner.
Dans la soirée, vers 23 heures, une nouvelle intervention télévisée du président égyptien n’y a rien fait. Hosni Moubarak a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat présidentiel, lors de l’élection prévue à l’automne, et qu’il emploierait ces derniers mois à la tête du pays à organiser «une transmission pacifique» du pouvoir en exerçant pleinement les pouvoirs que lui confère la constitution. Ce nouveau recul du raïs est apparu aussitôt décalé et en retard, même s’il peut satisfaire l’armée et les Etats-Unis qui demandent une «transition ordonnée». Mercredi matin, les manifestations se poursuivaient au centre du Caire. Mohamed El Baradei fixait comme une sorte d’ultimatum, estimant que Moubarakavait désormais jusqu’à vendredi pour quitter le pouvoir. Vendredi est annoncé comme une nouvelle journée de manifestations dans tout le pay.
« À mon avis, il s’agit d’une question d’heures, de jours au maximum », estime Salah Adly, le dirigeant du parti communiste égyptien, longtemps interdit, qui remonte le flot des manifestants se dirigeant vers la place Tahrir (« Libération »), afin de trouver un endroit calme où discuter. Il grimpe quelques étages d’un bâtiment vétuste pour se poser au siège du parti d’Ayman Nour, l’ancien candidat à la présidentielle qui a osé défier Moubarak en 2005 et l’a payé de trois ans et demi de prison.
Quelques minutes plus tard, Nour arrive à son tour, après un bain de foule où les gens se précipitaient sur lui pour l’embrasser, lui glisser un encouragement ou le remercier d’être là. Les deux hommes politiques – l’homme de gauche et le libéral, apprécié des Américains – s’isolent un moment pour évaluer leur position. Ayman Nour ne veut pas se prononcer sur le départ de Moubarak, mais il se dit optimiste : « Le régime est fini, on n’a jamais vu autant de monde dans les rues pour demander le départ du président. »
Pour la plupart des dirigeants politiques de l’opposition ou des mouvements de jeunesse à l’origine de cette manifestation monstre, la principale inconnue, celle du rôle de l’armée, est levée. « La déclaration de l’armée disant qu’elle n’userait pas de la force sur les manifestants est extrêmement rassurante », explique Michael Mounier, le porte-parole de la Coalition nationale pour le changement démocratique, la toute nouvelle instance regroupant presque tous les mouvements et partis d’opposition.
« Je pense que l’armée a décidé, avec l’accord des Américains, que Moubarak doit partir. Ses responsables ont dit qu’ils étaient d’accord avec les demandes de la population », renchérit Salah Adly. Bien sûr, il reste toujours des incertitudes, mais personne ne semble avoir envie d’un bain de sang. Les positions de l’armée dans la ville du Caire demeuraient d’ailleurs très discrètes et en faible nombre, face au flot des manifestants. Par ailleurs, les policiers, ceux qui ont causé une centaine de morts depuis la semaine dernière, sont toujours absents du centre de la capitale, à l’exception des agents régulant le trafic.
Tout indique que l’Egypte est entrée dans une phase de transition. Les discussions sont désormais ouvertes entre le vice-président Omar Suleiman, le nouvel homme fort du régime, et les opposants. « C’est la première fois qu’un président ou un vice-président prend son téléphone pour appeler l’opposition et lui dire : “Je veux discuter avec vous», souligne Michael Mounier, confirmant l’annonce faite par le même Suleiman lundi soir qu’il entamait des négociations. Les canaux de discussions sont désormais ouverts, même si les choses ne vont pas se faire aussi facilement.
La Coalition nationale pour le changement démocratique, qui comprend également le groupe représenté par l’ancien président de l’AIEA, Mohamed El Baradei, a pour l’instant refusé le dialogue tant que quatre conditions ne sont pas remplies : reconnaître que le pouvoir du président est nul ; rédiger une nouvelle Constitution ; dissoudre le parlement et organiser des élections libres ; former un gouvernement d’union nationale. À l’instar de ce qui s’est passé en Tunisie ces dernières semaines, les manifestants ne veulent pas d’un simple changement cosmétique à la tête de l’État.
Le vieux slogan du «pouvoir dans la rue»
Depuis plusieurs jours, tous les opposants interrogés dans la rue et chez eux soulignent la position timorée des Américains, qui n’ont pas appelé Moubarak à quitter le pouvoir, donnant le sentiment qu’ils continuaient à protéger leur allié. Cela n’a pas surpris grand monde, étant donné le peu d’amour des Égyptiens pour les Etats-Unis. Pourtant, tous ont noté les récentes déclarations d’Hillary Clinton appelant à une «transition ordonnée», et surtout l’arrivée au Caire lundi soir de l’envoyé américain Frank G. Wisner. « Il ne vient certainement pas en vacances », s’amuse un membre de l’entourage d’Ayman Nour, qui refuse toutefois de dire s’il y a déjà des contacts entre les Américains et l’opposition.
« Tant que Moubarak ne sera pas parti, nous continuerons à descendre dans la rue et à manifester. Rien ne peut plus nous arrêter », fanfaronne Abdelassim, un jeune étudiant qui est de tous les rassemblements depuis une semaine. Le nombre atteint mardi est de toute manière l’indicateur le plus clair du fait que la révolte ne faiblit pas. Au contraire, elle augmente.
Il faut dire que face à la fermeture de la quasi-totalité des administrations, des entreprises et des commerces, les Égyptiens se trouvent face à une alternative : rester chez eux ou manifester. Dans les autres villes du pays, les rassemblements de mardi ont également drainé des foules impressionnantes, et l’on parle désormais d’une grève générale qui démarrerait d’ici la fin de la semaine.
Mais au sein de cette transition qui s’organise, il y a un enjeu de taille : comment réconcilier les mouvements de jeunes – celui du 6-avril, ou Kifaya – avec des partis d’opposition qui ont, pour beaucoup, une image discréditée parce qu’ils ont pactisé avec le régime ou se sont courbés devant lui. « Pour l’instant, les jeunes refusent la médiation des partis politiques ou bien une figure qui imposerait ses décisions », admet Ayman Nour. « Il faut que les partis les rejoignent dans la rue, ce qu’ils ont commencé à faire, pour leur démontrer que nous pouvons travailler ensemble. »
Le cas de Mohamed El Baradei pose également problème. L’ancien haut fonctionnaire international a surtout fait campagne auprès des médias étrangers, et bien peu d’Egyptiens lui accordent du crédit. « El Baradei est juste un visage pour nous. Il vit à l’étranger, il vient juste de revenir en Egypte. Nous ne l’avons pas élu président. Je ne suis même pas sûr que nous l’ayons élu comme représentant pour négocier avec le gouvernement », assène Ahmad, un jeune pharmacien. En se déclarant mandaté par cinq groupes d’opposition pour dialoguer avec le pouvoir, il a été un peu vite en besogne, et il n’est pas sûr qu’il soit vraiment représentatif.
Le vieux slogan du « pouvoir dans la rue » se vérifie jour après jour dans celles du Caire. Mardi, plus que jamais. Mais il reste maintenant à organiser son transfert. Depuis un régime sclérosé et dépassé vers une nouvelle génération et de nouvelles figures. Il y a énormément de monde en embuscade pour ne pas souhaiter de trop grands bouleversements – les Etats-Unis, les Européens, Israël et le reste des autocraties arabes – mais il est désormais difficile d’imaginer un retour en arrière ou même un statu quo, sauf à vouloir user de la force brute pour écraser la révolte populaire, à la Tiananmen.





Flandre et Palestine : même combat!

02/02/2011 15:37

Flandre et Palestine : même combat!


Comment naissent les Etats-nations au XXIe siècle

Je le concède bien volontiers : il est quelque peu téméraire de mélanger dans une même marmite le houmous palestinien et la carbonade flamande pour mitonner une soupe analytique pouvant se révéler gravement indigeste. Pourtant, en considérant l’évolution, ces derniers mois, de la « question belge » et du processus de paix israélo-palestinien il est tentant d’établir un parallèle entre deux les deux situations.
Première similitude : dans les deux cas, on constate un blocage des discussions entre les parties concernées. En Belgique, on en est à plus de deux cents jours de palabres entre Flamands et Francophones pour constituer un gouvernement fédéral. Le dernier « conciliateur » nommé par le roi, le socialiste flamand Johan Van de Lanotte vient de jeter l’éponge, sa mission se heurtant aux exigences de plus en plus exorbitantes des indépendantistes de Flandre. Interrompues depuis l’opération « Plomb durci » à Gaza, les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens n’ont pas repris, en dépit des efforts de Washington et du Quartet (ONU, Russie, UE, Etats-Unis).
Deuxième similitude : ce blocage apparent n’empêche pas l’évolution de la situation sur le terrain et dans les esprits. En Belgique, l’homme fort de la Flandre, le nationaliste Bart De Wever s’est servi des négociations post-électorales pour pratiquer auprès de ses concitoyens, la pédagogie par le fait : en mettant toujours plus haut la barre des revendications flamandes, il acculait les Francophones à dire « non » à des exigences qui, en fait, signaient l’arrêt de mort de la Belgique fédérale. Comme il n’y a plus rien à négocier, le « plan B », c’est-à-dire la mise en marche d’un processus de scission du royaume va s’imposer de lui-même…
En Israël-Palestine, l’impasse diplomatique n’empêche pas Mahmoud Abbas et Salem Fayyad de construire une structure étatique pierre par pierre, avec l’aide financière de l’Europe et l’encouragement, tacite mais bien réel, du gouvernement israélien. Ce qu’ont révélé les fameux « Palestine papers » au grand-public – c’était déjà bien connu des spécialistes – ce sont les liens d’intimité qui existent entre les négociateurs, et cela quel que soit le parti israélien au pouvoir. Saëb Erekat, chef des négociateurs palestiniens et l’ancien conseiller diplomatique d’Ariel Sharon Dov Weisglass ne fréquentent pas seulement le même tailleur londonien, ils ont en commun quelques convictions qu’il leur est difficile de faire passer brut de décoffrage auprès de leurs mandants. Saëb Erekat, par exemple est un supporter acharné de la « coopération sécuritaire » entre Israël et l’Autorité palestinienne, qui a permis, sans être trop regardant sur les méthodes1, de démanteler l’organisation du Hamas en Cisjordanie. Et même plus que cela : au vu de ce qui se passe au Liban, ce même Erekat ne serait pas opposé à ce que la sécurité du futur Etat palestinien soit, d’une manière ou d’une autre, garantie par Israël, car le « frère » syrien a de grandes dents… Ni Erekat, ni Weisglass (ou ses successeurs au bureau de Netanyahou) ne sont dupes de la propagande déversée de par le monde par leur propre camp. Lorsqu’un sondage effectué par une institution indépendante (c’est à dire ni israélienne, ni palestinienne) auprès de la population arabe de Jérusalem-Est révèle que, dans le cas de la proclamation d’un Etat palestinien, 39% des personnes interrogées souhaiteraient rester sous administration israélienne, 30 % sous administration palestinienne, tandis que 30 % refusent de répondre, les choses deviennent plus compliquées…
Ce que souhaitent in petto les dirigeants palestiniens, c’est que leur futur Etat reste arrimé à l’économie israélienne, ce qui leur garantirait le maintien d’un niveau de vie de la population propre à leur éviter les mésaventures récentes de Ben Ali et Moubarak… Peu importent alors les dogmes frontaliers, hiérosolymitains, du droit au retour des réfugiés. Peu importe, pour les « réalistes » de la droite israélienne, le sort des implantations messianiques au cœur de la Judée et de la Samarie. Nous sommes d’accord sur presque tout, parce que nos intérêts convergent, mais nous sommes paralysés par un corset langagier – droit imprescriptible, capitale éternelle unifiée, et autres mantras indéfiniment ressassés : tel est le dilemme auquel sont confrontés Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou ainsi que leurs négociateurs officiels et officieux.
Dans le cas belge comme dans celui du conflit israélo-palestinien tout le problème est de sortir du paradigme qui place la « communauté internationale » dans la position du juge suprême en matière de création d’Etats nouveaux. Le modèle « Congrès de Vienne », modifié « Traité de Versailles » et « accords de Potsdam » est encore dominant dans le fonctionnement de la diplomatie internationale. Ce modèle a encore été appliqué dans le démembrement étatique de l’ex-Yougoslavie. Dans ce contexte, nul Etat n’a le droit de naître hors du cadre fixé par les compromis entre les grandes puissances. La volonté rigide affichée par ces dernières à faire appliquer le « droit international » dans la résolution du contentieux territorial entre Israël et les Palestiniens est aujourd’hui le principal blocage à la réussite de la formule « deux Etats pour deux peuples ».
Les Flamands ont été prévenus à maintes reprises que l’Union européenne n’est pas du tout, mais alors pas du tout, favorable à la scission de la Belgique. On brandit même la menace d’un départ de Bruxelles des institutions de l’UE. L’éclatement de la Belgique mettrait trop cruellement en lumière l’échec du projet européiste d’emmener le Vieux continent dans les verts pâturages de l’ère post-nationale…
Alors que reste-t-il à ces peuples qui veulent entrer dans le club des Etats-nations en dépit des obstacles mis sur leur chemin par les cadors de la « communauté internationale » ? Quand on n’est pas le plus fort, il faut être le plus malin, et faire en sorte que, petit à petit, la situation sur le terrain évolue de telle manière qu’il n’y ait plus d’autre solution que de s’en accommoder.
 
Luc Rosenzweig
  1. le général américain Keith Dayton, chargé de la coordination sécuritaire entre Israël et l’Autorité palestinienne ne tarit pas d’éloge sur l’efficacité des services de sécurité palestiniens en charge de la lutte contre le terrorisme, à ce bémol près que leur usage immodéré de la torture suscite l’énervement de quelques ONG…





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